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Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud

personnalité politique saoudien

Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud
Illustration.
Portrait de Fayçal.
Titre
Roi d'Arabie saoudite
–
(10 ans, 4 mois et 23 jours)
Prédécesseur Saoud ben Abdelaziz Al Saoud
Successeur Khaled ben Abdelaziz Al Saoud
Premier ministre d'Arabie saoudite
–
(12 ans, 4 mois et 22 jours)
Monarque Saoud ben Abdelaziz Al Saoud
Prédécesseur Saoud ben Abdelaziz Al Saoud
Successeur Khaled ben Abdelaziz Al Saoud
–
(6 ans, 4 mois et 5 jours)
Monarque Saoud ben Abdelaziz Al Saoud
Prédécesseur Saoud ben Abdelaziz Al Saoud
Successeur Saoud ben Abdelaziz Al Saoud
Biographie
Dynastie Dynastie saoudienne
Date de naissance
Lieu de naissance Riyad (Nejd)
Date de décÚs  Consultez la documentation du modÚle

Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud (en arabe : ÙÙŠŰ”Ù„ ŰšÙ† ŰčŰšŰŻŰ§Ù„ŰčŰČيŰČ ŰąÙ„ ŰłŰčÙˆŰŻ) nĂ© le Ă  Riyad et mort assassinĂ© le dans la mĂȘme ville est roi d'Arabie saoudite de 1964 Ă  1975. Issu de la dynastie saoudienne, il est le fils d'Ibn SĂ©oud, le fondateur du troisiĂšme État saoudien, et succĂšde Ă  son demi-frĂšre Saoud, forcĂ© Ă  l'abdication.

En Arabie saoudite, il est connu à la fois pour avoir sauvé le pays du naufrage financier, mais aussi pour son programme de réforme et de modernisation de la société saoudienne. Sur la scÚne internationale il est connu pour sa défense du panislamisme, son anticommunisme radical ainsi que son soutien aux nationalistes palestiniens[1],[2]. Bénéficiant d'un soutien populaire dans son pays[3], il est assassiné par son neveu Fayçal ben Moussaid.

Naissance

Fayçal né à Riyad est le troisiÚme fils du fondateur de l'Arabie saoudite, Ibn Saoud. Sa mÚre, Tarfa bint Abdallah ben Abdallatif Al Cheikh, est la sixiÚme épouse d'Ibn Saoud, qui l'a épousé en 1902 aprÚs la capture de Riyad[4], et la fille d'un des principaux conseillers et enseignants de la famille des Saoud[5].

AprÚs la mort de sa mÚre, cinq mois aprÚs sa naissance, Fayçal est élevé par sa grand-mÚre maternelle et son mari le Cheikh Abdellah ben Abdelatif as-Cheikh. Il passera son enfance dans un vieux palais de Riyadh avec ses deux frÚres aßnés, Turki et Saoud. Son pÚre étant absorbé par ses activités politiques et militaires, ce sont ses deux frÚres qui le forment au sabre et à l'équitation. Son grand-pÚre lui apprend quant à lui le Coran et la poésie.

Jeunesse

Fayçal en 1919, en Angleterre.

Étant l'un des aĂźnĂ©s d'Ibn Saoud, Fayçal fut chargĂ© de nombreuses responsabilitĂ©s durant la quĂȘte du roi pour la consolidation de son pouvoir. DĂšs 1919, il reprĂ©sente son pĂšre, alors wali du Nejd, aux nĂ©gociations qui aboutiront au traitĂ© de Versailles. ÂgĂ© de treize ans, il est assistĂ© dans son voyage par l'un de ses cousins, Ahmad Al Thunaiyan qui avait dĂ©jĂ  une expĂ©rience politique[6]. Sa tournĂ©e europĂ©enne dĂ©bute Ă  Plymouth le , il s'agit alors de sa premiĂšre apparition sur la scĂšne internationale. À Londres, il est reçu avec sa suite comme « DĂ©lĂ©gation de l'Arabie centrale » ; quant Ă  lui on lui reconnaĂźt le titre de prince et le rang d'Altesse royale.

Son voyage en Europe a plusieurs objectifs. Il doit d'abord mettre fin Ă  l'animositĂ© existant entre sa famille et celle du ChĂ©rif Hussein, tracer une frontiĂšre dĂ©finitive entre le Hedjaz et le Nejd et enfin trouver un accord politique avec les Britanniques pour que ceux-ci ne s'opposent plus Ă  la domination de la dynastie sur la pĂ©ninsule. À Paris, les Britanniques tentent d'organiser une rencontre entre lui et Fayçal ibn Hussein. Il ne participera pas directement Ă  cette entrevue, puisqu'il sera reprĂ©sentĂ© par son cousin Thunaiyan. Les pourparlers seront de courte durĂ©e, la dĂ©lĂ©gation husseinite n'Ă©tant pas prĂ©venue de la venue des gardes du corps des Saoud — les Ikhwans —, il refuse de discuter avec eux, provoquant un incident diplomatique et la fin des nĂ©gociations[6].

L'émir Fayçal en visite au camp militaire de Satory en France, mai 1932.
Le prince Fayçal à Djeddah en tant que vice-roi d'Hedjaz.

De retour en Arabie, son pĂšre le place Ă  la tĂȘte d'expĂ©ditions militaires. Il fait ses premiĂšres armes avec le gĂ©nĂ©ral Khalid ibn LuwaĂŻ, avec qui il devra notamment faire reconnaĂźtre aux Idrissides de l'Asir, la suzerainetĂ© des Saoud sur Abha, TaĂŻma et le Nord de l'Asir (1921 et 1924). En 1925, Fayçal, Ă  la tĂȘte d'une armĂ©e de loyalistes saoudiens, remporte une victoire dĂ©cisive au Hedjaz dont il est nommĂ© vice-roi un an plus tard[1]. Neuf ans plus tard, les relations se tendent entre les Saoud et le YĂ©men gouvernĂ© par l'imam Yahia, entraĂźnant un conflit militaire ouvert entre les deux pays.

Crise du YĂ©men

En 1934, la crise entre le YĂ©men de l'imam Yahia et le roi Ibn Saoud Ă©clate. Un diffĂ©rend rĂ©gional oppose les deux hommes, chacun revendiquant la souverainetĂ© sur la province de l'Asir. Devant l’incursion rĂ©pĂ©tĂ©e des YĂ©mĂ©nites dans cette province, le roi Saoud dĂ©cide de lancer une grande campagne militaire contre le YĂ©men.

L'armĂ©e est alors divisĂ©e en trois corps, le premier est commandĂ© par Fayçal[7], il aura pour objectif de s'emparer des villes d'Haradh et d'al-HodeĂŻda, le plus grand port du pays. Le second est commandĂ© par le roi, qui se chargera de prendre Najran. Quant au troisiĂšme c'est un Ikwan, qui est Ă  sa tĂȘte, Khalid ibn-Mohammed. Celui-ci devra prendre Sanaa, la capitale du pays.

Devant cette invasion, les Anglais et les Italiens envoient leurs navires de guerre, et ouvrent dans le mĂȘme temps des nĂ©gociations avec le roi. Fayçal prend en main les nĂ©gociations, et parvient Ă  trouver une sortie Ă  cette crise. Il obtient que l’Asir soit rattachĂ© au domaine de la famille Saoud, que le YĂ©men offre d’importantes compensations financiĂšres, et qu'enfin le Royaume d'Arabie saoudite soit reconnu.

Ce succĂšs diplomatique inespĂ©rĂ© permet non seulement au Royaume d’ĂȘtre reconnu par les EuropĂ©ens, mais Ă©galement de sortir le pays de la dĂ©route financiĂšre dans lequel il se trouvait[8]. En reconnaissance de ses bons et loyaux services, Fayçal devient le Premier ministre des Affaires Ă©trangĂšres de l'État saoudien nouvellement crĂ©Ă©, poste qu'il conservera jusqu'Ă  sa mort[9].

Ministre des Affaires Ă©trangĂšres

Fayçal en 1941.

Devenu ministre, c'est sous son influence que le roi Ibn SĂ©oud accepte l’invitation du prĂ©sident amĂ©ricain Roosevelt sur le croiseur USS Quincy[6]. Le pacte du Quincy permet aux Saoudiens de se placer dans l'orbite Ă©conomique et militaire amĂ©ricaine. Ils cĂšdent l'exploitation de leurs ressources pĂ©troliĂšres aux États-Unis contre la protection de leur Royaume. Cet accord stratĂ©gique a permis Ă  Fayçal de mettre en pratique sa politique de rapprochement arabo-amĂ©ricaine qu'il prĂŽnait depuis plusieurs annĂ©es.

Lors de la fondation de l'ONU en 1945, il salue Ă  nouveau le rĂŽle des États-Unis au Moyen-Orient. À la tribune de l'AssemblĂ©e, il rend hommage Ă  l'opposition amĂ©ricaine Ă  toutes les formes de colonisation et fait part de sa pleine et entiĂšre confiance en la politique des États-Unis. C’est une nouvelle occasion pour lui de faire l'Ă©loge de la solide amitiĂ© amĂ©ricano-saoudienne[6].

Partage de la Palestine

En 1947, Ă  la suite des nombreux conflits opposants les nationalistes, sionistes et Arabes palestiniens, les Britanniques dĂ©cident d’abandonner leur mandat en Palestine. L'abandon du mandat entraĂźne une profonde inquiĂ©tude chez les Arabes. Ils craignent en effet que les sionistes profitent du dĂ©part des Britanniques pour proclamer leur État.

Fayçal est choisi par les dĂ©lĂ©gations arabes Ă  l'ONU pour les reprĂ©senter. Il tente de rassurer les diplomates trĂšs inquiets d'un soutien des puissances occidentales aux sionistes. Il leur assure que les AmĂ©ricains ne reconnaĂźtront aucun « État d’IsraĂ«l », il en veut pour preuve ses nombreux contacts avec la diplomatie amĂ©ricaine et notamment avec l'ambassadeur et conseiller pour les affaires du Proche-Orient de la dĂ©lĂ©gation amĂ©ricaine Ă  l'ONU George Wadsworth (en). Il va jusqu'Ă  s'en porter garant devant les diplomates arabes[6].

MalgrĂ© les garanties amĂ©ricaines, le prĂ©sident Truman se prononce pour le partage et reconnaĂźt l'État d'IsraĂ«l quinze minutes aprĂšs sa proclamation. Pour Fayçal, c'est un vĂ©ritable camouflet. Il perd tout crĂ©dit devant les dĂ©lĂ©gations arabes qui dĂ©noncent son « inexplicable naĂŻveté ». Il rĂ©alise pour la premiĂšre fois que sa politique d'amitiĂ© arabo-amĂ©ricaine a ses limites, et il en aura une nouvelle preuve avec le soutien amĂ©ricain aux rĂ©publicains yĂ©mĂ©nites.

RĂ©volution en Égypte et guerre civile du YĂ©men du Nord

Contrairement Ă  son frĂšre, Saoud — qui deviendra roi d'Arabie saoudite en 1953 —, Fayçal voit tout d’abord la rĂ©volte des officiers libres d'un bon Ɠil[6]. D’abord cordiales, les relations entre Nasser et lui vont se dĂ©tĂ©riorer rapidement. Fayçal ne comprend pas pourquoi Nasser se montre si opposĂ© aux États-Unis et surtout, il s'oppose vigoureusement au rapprochement entre l'Égypte et Moscou, le soutien aux « rĂ©publiques progressistes » face aux « monarchies traditionalistes ». Le soutien qu’apportera Nasser Ă  la rĂ©volution irakienne, ses discours de plus en plus anti-monarchistes, et sa volontĂ© d'hĂ©gĂ©monie sur le monde arabe vont sĂ©rieusement Ă©branler les relations entre les deux pays. Mais l’antagonisme entre l'Égypte et l’Arabie saoudite culmine lors du soutien de Nasser Ă  la rĂ©volution au YĂ©men.

GouvernĂ© depuis plusieurs dizaines d'annĂ©es par un monarque, le YĂ©men de l’imam Yahia est devenu un alliĂ© de poids de l’Arabie saoudite. SuccĂ©dant Ă  son pĂšre en 1948, Ahmad bin Yahya est victime d’un coup d’État en . Sur le modĂšle Ă©gyptien, le coup est menĂ© par un jeune officier inconnu du grand public, Abdellah Sallal (en). Il proclame la RĂ©publique et s’attribue le grade de MarĂ©chal.

L’Arabie voit d’un trĂšs mauvais Ɠil la proclamation d’une RĂ©publique Ă  sa frontiĂšre. Fayçal, qui Ă©tait alors aux États-Unis, rencontre Ă  cette occasion le prĂ©sident Kennedy Ă  qui il fait part de ses inquiĂ©tudes. Il essaye de le persuader que le coup n’est pas le rĂ©sultat d’une volontĂ© populaire, mais qu’il s’agit d’un nouveau stratagĂšme de Nasser et des SoviĂ©tiques visant Ă  dĂ©stabiliser le royaume saoudien. MalgrĂ© toutes ses suppliques, Kennedy reconnaĂźt la rĂ©publique du YĂ©men pour ne pas laisser le champ libre aux SoviĂ©tiques.

De retour Ă  Riyad, Fayçal tente d’organiser la rĂ©sistance. Quelques semaines aprĂšs le coup d’État il apprend que l’imam Badr n’est pas mort. Il a rĂ©ussi Ă  s’enfuir et Ă  gagner les montagnes oĂč il appelle les Saoudiens Ă  le soutenir. RĂ©pondant Ă  cet appel, Fayçal envoie aux hommes de l’Imam toute l’aide possible, vivres, armes, nourritures, mĂ©dicaments, tandis que dans le mĂȘme temps, les Égyptiens envoient leurs soldats dans le pays, 20 000 hommes d'abord et prĂšs de 100 000 hommes au total quelques semaines plus tard.

À la suite des bombardements des routes de ravitaillement par les Égyptiens, Fayçal ordonne la mobilisation gĂ©nĂ©rale et suspend toutes les relations diplomatiques avec Le Caire. La tension qui monte inquiĂšte les États-Unis qui craignent qu’un conflit ouvert Ă©clate entre l'Égypte et l’Arabie saoudite. Pour empĂȘcher que cela ne se produise, Fayçal obtient des AmĂ©ricains que l’ONU intervienne au YĂ©men pour mettre fin au conflit. Cependant, l’ONU ne parvient pas Ă  contrĂŽler les frontiĂšres et Ă  faire cesser le trafic d’armes et les combats entre les deux camps se poursuivent.

En 1964, Sallal tente d’internationaliser le conflit en cherchant du soutien chez les SoviĂ©tiques et les Chinois ; au grand dĂ©sarroi de Fayçal, qui obtient toujours la mĂȘme rĂ©ponse des AmĂ©ricains : ne pas laisser le champ libre aux Russes.

Devant cet Ă©chec, Fayçal quitte le devant de la scĂšne, et laisse plus de libertĂ© au roi Saoud pour rĂ©gler le conflit. L’administration du pays par le roi entraĂźnera une vague de mĂ©contentement qui le mĂšneront Ă  sa perte.

Premier ministre

L’administration du pays par le roi Saoud a toujours Ă©tĂ© contestĂ©e au sein mĂȘme de la sociĂ©tĂ© saoudienne. On l’accuse de gouverner le pays de façon trop personnelle, puisant dans les fonds publics pour se construire des palais fastueux, plus intĂ©ressĂ© par la chasse au faucon et les promenades Ă  cheval que par les affaires du pays. En quelques annĂ©es, il vide les caisses de l’État, le riyal n’est plus acceptĂ© sur les places Ă©trangĂšres, et la signature de l’État n’est plus honorĂ©e.

En 1958, Fayçal est nommĂ© Premier ministre afin de redresser l’économie du royaume. Les dĂ©saccords avec Saoud le forcent Ă  dĂ©missionner en 1960, mais Saoud le rappelle en 1962[10].

En matiĂšre de politique Ă©trangĂšre, on critique le manque de sens politique de Saoud. Sa tentative d’assassinat de Nasser, sa volontĂ© de rompre tout lien diplomatique avec les États-Unis pendant la crise du YĂ©men et son opposition Ă  laisser son frĂšre gouverner le pays en son absence finissent de lui faire perdre ses derniers partisans. Devant cet Ă©tat de fait, les princes se concertent durant tout le mois d’, et le ils se rassemblent au bureau du vice-premier ministre, Khaled ben Adbelaziz. AprĂšs des heures de dĂ©bats, ils dĂ©cident de transfĂ©rer le pouvoir temporel Ă  Fayçal. Quatre jours plus tard, les oulĂ©mas se rassemblent chez le Grand Mufti et lui confient le pouvoir spirituel. Le roi Saoud qui ignorait ce qui se passait en coulisse, est contraint de renoncer Ă  son trĂŽne. Il quitte l’Arabie en direction du Caire, puis d’AthĂšnes oĂč il s’éteint en 1969.

Roi d’Arabie saoudite

Fayçal est fait roi d’Arabie saoudite le , il quitte Djeddah pour prendre ses quartiers à Riyad.

RĂ©formes

RĂ©formes sociales

À son arrivĂ©e au pouvoir, l'Arabie saoudite Ă©tait largement considĂ©rĂ©e comme un « empire patriarcal »[6]. Encore au stade fĂ©odal, les affaires se traitaient entre chefs de tribus. C’est sous son rĂšgne que l’Arabie est passĂ©e d’une condition de mosaĂŻque de tribus Ă  celle d’un État fort et centralisĂ©.

Fayçal entreprend de moderniser la sociĂ©tĂ© saoudienne, en s’attelant tout d’abord Ă  la rĂ©forme du gouvernement. Il modifie en profondeur le fonctionnement de l’administration, dĂ©finit les devoirs et les attributions de chaque ministĂšre, rend les ministres responsables de leur bilan. Il s’entoure de « princes-managers » formĂ©s dans des Ă©coles amĂ©ricaines et britanniques. Politique, technocrate, mĂ©decin, professeur ou haut fonctionnaire, ces princes constitueront la colonne vertĂ©brale du nouvel État saoudien.

Il rĂ©forme Ă©galement l’armĂ©e, dissout l’Ikhwan, et la remplace par une armĂ©e rĂ©guliĂšre et la Garde nationale. Suivi par l’agriculture, il lance un vaste plan de « fertilisation du dĂ©sert » qui devait permettre Ă  l’Arabie d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Ainsi, le budget du ministĂšre de l’Agriculture passe de 21 millions de riyals en 1960 Ă  382 millions dix ans plus tard[6]. Cette politique s’accompagne de la sĂ©dentarisation des populations nomades travaillant maintenant dans l’agriculture.

RĂ©formes Ă©conomiques

Les dix premiĂšres annĂ©es de son rĂšgne sont marquĂ©es par l’assainissement des finances du Royaume. ArrivĂ© dans la capitale, il s’attelle Ă  la rĂ©solution du dĂ©ficit de l’État, en menant une sĂ©rie de rĂ©formes. C’est ainsi qu’en trois ans, il fait une distinction entre le budget de l’État et sa liste civile, et entre les dĂ©penses publiques et les subventions privĂ©es. AprĂšs avoir rĂ©tabli la balance commerciale, il rend sa valeur au riyal, met fin aux gaspillages des fonds publics, lutte contre la corruption, le favoritisme et le trafic d’influence[6]. Il rĂ©duit Ă©galement le train de vie de la famille royale et renforce ses pouvoirs et celui du gouvernement.

Cette politique porte rapidement ses fruits, les finances du Royaume sont largement assainies. L'importante manne financiĂšre est particuliĂšrement utile en matiĂšre de politique Ă©trangĂšre et permet Ă  l’Arabie saoudite de revenir sur le devant de la scĂšne Ă  l’occasion de la guerre des Six Jours.

Politique Ă©trangĂšre

Guerre des Six Jours

La guerre des Six Jours dĂ©clenchĂ©e en par IsraĂ«l contre l’Égypte, la Syrie, la Jordanie et l’Irak est une vĂ©ritable dĂ©bĂącle pour les armĂ©es arabes. L’Égypte est dĂ©bordĂ©e par l’armĂ©e israĂ©lienne qui est parvenue Ă  prendre le SinaĂŻ et le canal de Suez. La puissance militaire Ă©gyptienne est anĂ©antie, et l'Ă©conomie nationale ruinĂ©e. Cette situation conduit Nasser Ă  demander l’aide de l’Arabie saoudite, seul pays de la rĂ©gion Ă  pouvoir renflouer les caisses de l’État. Une confĂ©rence est alors convoquĂ©e Ă  Khartoum en 1967, pour sceller la rĂ©conciliation inter-arabe et dĂ©cider d'une stratĂ©gie pour faire face Ă  IsraĂ«l. Fayçal, en position de force, acceptera de prendre Ă  sa charge 37 % des pertes rĂ©sultant de l’obstruction du canal (il sera suivi par les KoweĂŻtiens et les Libyens). Il accepte de verser chaque mois une somme Ă©quivalente Ă  plus du tiers de celle que lui aurait rapportĂ©e l’exploitation de la voie d’eau, jusqu’à sa remise en Ă©tat dĂ©finitive[6].

Par la force des choses Nasser est contraint de mettre fin Ă  ses attaques rĂ©pĂ©tĂ©es contre les monarchies du Golfe et cesse de soutenir les rĂ©publicains yĂ©mĂ©nites. La dĂ©bĂącle Ă©gyptienne et sa dĂ©pendance vis-Ă -vis de l’Arabie saoudite permettront Ă  Fayçal de prendre la tĂȘte du monde arabe.

Amitié américano-saoudienne

Lamine Bey, Habib Bourguiba, le prince Fayçal et Richard Nixon, le 20 mars 1957.

En matiĂšre de politique Ă©trangĂšre, la grande ambition de Fayçal Ă©tait de faire basculer le monde arabe dans le « camp amĂ©ricain »[6]. À la fin de l’annĂ©e 1973, il expose clairement sa politique aux diplomates saoudiens : ne jamais lĂ©ser les intĂ©rĂȘts amĂ©ricains ou porter atteinte Ă  leur amour-propre, lutter contre l’influence communiste ou prosoviĂ©tique au Moyen-Orient, et faire comprendre aux Arabes que leur salut ne viendra pas de Moscou mais de Washington. En contrepartie, il s’engage Ă  avoir une attitude intransigeante vis-Ă -vis d’IsraĂ«l, de toujours soutenir le peuple palestinien et d’user de son influence sur les cercles dirigeants amĂ©ricains en faveur de la cause palestinienne. Il rĂ©sume sa politique en cette phrase : « Mon pĂšre a voulu ĂȘtre le garant des AmĂ©ricains Ă  l’égard des Arabes. Moi, je veux ĂȘtre le porte-parole des Arabes auprĂšs des AmĂ©ricains »[6].

C’est dans cette optique qu’il invite le prĂ©sident Sadate Ă  rompre les liens avec Moscou, Ă  abandonner la politique nassĂ©rienne hostile aux AmĂ©ricains, et Ă  rĂ©tablir les relations diplomatiques avec les États-Unis. Lors de la guerre du Kippour, il s’entend avec le raĂŻs Ă©gyptien pour que la guerre ne soit pas totale, mais plutĂŽt un moyen pour l’Égypte de faire valoir ses droits sur le canal de Suez et le SinaĂŻ. Plus tard, lors des nĂ©gociations pour un cessez-le-feu avec IsraĂ«l, il servira d'intermĂ©diaire entre Kissinger, Sadate et le prĂ©sident syrien, Hafez el-Assad.

Son action politique est globalement un succĂšs, l’Égypte de Sadate rejoint le camp occidental et la Russie est fortement affaiblie sur la scĂšne arabe. Cependant, les relations diplomatiques entre l’Arabie et les États-Unis vont se dĂ©tĂ©riorer avec l’arrivĂ©e de Gerald Ford au pouvoir.

Tension entre les États-Unis et l’Arabie saoudite

Le roi Fayçal à la Maison-Blanche avec Nixon et son épouse Pat.

Nixon, avec qui Fayçal entretenait des relations cordiales est contraint Ă  la dĂ©mission Ă  la suite du scandale du Watergate. Il est remplacĂ© par le vice-prĂ©sident Gerald Ford qui prĂȘte serment le . Ford, qui est connu pour ses positions pro-israĂ©liennes, s’attire la dĂ©fiance des Saoud. Le , Fayçal fait savoir son irritation au gouvernement amĂ©ricain, le sommant de changer de politique, sans quoi, la politique de son pays vis-Ă -vis de l’AmĂ©rique changera.

N’ayant reçu aucune rĂ©ponse, il met en place une sĂ©rie de sanctions. Le volume d’extraction du pĂ©trole est rĂ©duit de 10 Ă  20 %, puis le , il procĂšde au retrait progressif des rĂ©serves d’or saoudienne entreposĂ©es aux États-Unis[6]. Dans le mĂȘme temps, l’Aramco est sur le point d’ĂȘtre nationalisĂ©. Dans un entretien Ă  Newsweek, Fayçal rĂ©pĂšte son souhait de voir une inflexion de la politique amĂ©ricaine au Moyen-Orient au profit de la Palestine. Il menace une nouvelle fois d’avoir recours Ă  l’arme pĂ©troliĂšre, ce qui lui attire les foudres de Kissinger qui parle d’un « étranglement du monde industrialisé » et d’une possible solution militaire pour rĂ©gler ce diffĂ©rend[6].

Le ton monte entre les pays de l’OPEP et les États-Unis, les uns menacent de fermer les puits de pĂ©trole en cas d’invasion, et les autres d’envahir les champs pĂ©trolifĂšres d’Arabie. Des manƓuvres militaires sont menĂ©es par le commandement amĂ©ricain dans le Golfe et des simulations de dĂ©barquement ont lieu Ă  Oman. Pour dĂ©samorcer la crise, Fayçal envoie son ministre de la DĂ©fense, l’Émir Sultan, Ă  Washington rencontrer de hauts responsables amĂ©ricains. Sur place, il recrute un millier de conseillers militaires amĂ©ricains, qui formeront Ă  la fois la Garde nationale saoudienne, protĂšgeront les puits de pĂ©trole et la famille royale. C’était un signe de bonne volontĂ© de Fayçal, qui par ce geste voulait montrer que son sort, et celui de sa famille, dĂ©pendait entiĂšrement des États-Unis. Cependant, le geste n'a pas eu l'effet escomptĂ© sur le gouvernement amĂ©ricain, qui continue de prĂ©parer un plan d'invasion[6].

Assassinat

Le , jour du Mawlid pour les musulmans, Fayçal reçoit la visite de son jeune neveu, le prince Fayçal ben Moussaid. ÂgĂ© alors de vingt-six ans, le jeune homme parvient Ă  entrer dans le palais avec son arme. Conduit devant le roi aux cĂŽtĂ©s d'une dĂ©lĂ©gation koweĂŻtienne, il attend d'ĂȘtre assez proche de son oncle pour sortir son revolver, et tirer trois balles Ă  bout portant, dont une qui le touche Ă  la tĂȘte.

CeinturĂ© et assommĂ© par les soldats de garde, le prince est arrĂȘtĂ©, tandis que le roi est Ă©vacuĂ© en urgence vers le King Fayçal Hospital de Riyad. Toujours vivant dans l’ambulance malgrĂ© ses blessures, le roi s’éteint sur la table d’opĂ©ration.

Les motivations du prince restent floues. Plusieurs thĂ©ories ont Ă©tĂ© Ă©mises, celle d'une vengeance familiale (pour venger la mort d'un de ses frĂšres abattu par la police lors d'une manifestation), d'un diffĂ©rend financier, ou d'un complot politique (Ă  la suite d'un discours dans lequel le roi appelait les musulmans au « djihad » pour libĂ©rer la Palestine[11]). À la suite de son interrogatoire par des experts et des policiers, le prince a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© sain d'esprit. Il est condamnĂ© Ă  mort puis dĂ©capitĂ©, conformĂ©ment Ă  la charia en vigueur dans le pays.

Le successeur de Fayçal, Khaled, devient roi, tandis que Fahd devient le nouveau prince-héritier.

Descendance

Fayçal a eu huit fils et dix filles[12] avec quatre épouses, dont la derniÚre, Iffat ben Ahmad Al Thounayyan (en), dite « reine Iffat » a défendu le droit à l'éducation des femmes en Arabie saoudite, notamment en créant en 1956 la premiÚre école du pays accueillant des jeunes filles[13].

Parmi ses fils, Khaled ben Fayçal (en) est gouverneur de la province de La Mecque de 2007 Ă  2013 et depuis 2015, Saoud ben Fayçal a Ă©tĂ© pendant quarante ans ministre des Affaires Ă©trangĂšres de 1975 Ă  2015, et Tourki ben Fayçal a Ă©tĂ© directeur de l'Agence saoudienne de renseignements de 1979 Ă  2001 puis ambassadeur au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Notes et références

  1. (en) « Faisal ibn Abd al Aziz ibn Saud Biography », dans Paula K. Byers et Suzanne Michele Bourgoin, Encyclopedia of World Biography, Gale, 1997 (ISBN 978-0-7876-2221-3) [présentation en ligne].
  2. (en) King Faisal: Oil, Wealth and Power - Time, 7 avril 1975 (abonnement requis)
  3. (en) Steffen Hertog, Princes, Brokers, and Bureaucrats: Oil and the State in Saudi Arabia, Cornell University Press, 2011 (ISBN 978-0-8014-7751-5), 312 pages.
  4. (en) R. Bayly Winder, « FayáčŁal b. ÊżAbd al- ÊżAzÄ«z b. ÊżAbd al- Raáž„man āl SuÊżĆ«d (ca. 1323–95/ca. 1906–75) », Encyclopaedia of Islam, Ă©ditĂ© par P. Bearman, Th. Bianquis, C.E. Bosworth, E. van Donzel et W.P. Heinrichs, Brill, 2007.
  5. (en) Bligh, Alexander, « The Saudi religious elite (Ulama) as participant in the political system of the kingdom. », International Journal of Middle East Studies, vol. 17,‎ , p. 37–50 .
  6. Jacques Benoist-MĂ©chin, Fayçal : Roi d'Arabie, Éditions Albin Michel, 1975 (ISBN 978-2-2260-0189-4), 302 pages.
  7. (en) « Monarchs in War », Yunan Labib Rizk, Al-Ahram Weekly Online no 681, 11–17 mars 2004.
  8. Le trésor saoudien tenait dans une mallette que le ministre des Finances cachait sous son lit.
  9. (ar) Site officiel du MinistĂšre des Affaires Ă©trangĂšres saoudien, 27 mars, 2007 (voir archive).
  10. « Fayçal d’Arabie saoudite - Les clĂ©s du Moyen-Orient », sur www.lesclesdumoyenorient.com (consultĂ© le ).
  11. Discours du roi Fayçal avant son assassinat sur la Palestine.
  12. (en) Family Tree of Faysal bin Abd al-Aziz bin Abd al-Rahman Al Saud, Datarabia, Saudi Royal Family Directory.
  13. « OĂč en est la condition des femmes en Arabie saoudite ? - Les clĂ©s du Moyen-Orient », sur www.lesclesdumoyenorient.com (consultĂ© le ).

Liens externes