Fabien Engelmann
Fabien Engelmann, né le à Algrange (Moselle), est un syndicaliste et homme politique français.
Fabien Engelmann | |
Fabien Engelmann Ă Hayange en 2021 | |
Fonctions | |
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Conseiller régional du Grand Est | |
En fonction depuis le (7 ans, 5 mois et 26 jours) |
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Élection | 13 décembre 2015 |
RĂ©Ă©lection | 27 juin 2021 |
Circonscription | Moselle |
Président | Philippe Richert Jean-Luc Bohl Jean Rottner |
Groupe politique | FN puis RN |
Maire d'Hayange | |
En fonction depuis le (9 ans, 2 mois et 24 jours) |
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Élection | 6 avril 2014 |
RĂ©Ă©lection | 24 mai 2020 |
Prédécesseur | Philippe David |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Algrange (France) |
Nationalité | Française |
Parti politique | LO (2001-2008) NPA (2009-2010) FN/RN (depuis 2010) |
Syndicat | CGT (jusqu'en 2011) |
Profession | Ouvrier territorial |
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Maires d'Hayange | |
Membre du Rassemblement National, il est Maire de Hayange depuis 2014 et Conseiller régional du Grand Est depuis 2016.
Après avoir été responsable syndical à la Confédération générale du travail (CGT) et engagé à l'extrême gauche à Lutte Ouvrière (LO) puis au Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), il rejoint le Front National en 2010, ce qui a provoqué son exclusion de la CGT.
Biographie
Famille et vie privée
Fabien Engelmann naît le [1], une commune située à 15 km de Thionville et à 5 km de Hayange. Il est d'ascendance pied-noire, ses grands-parents sont des rapatriés d'Algérie, installés dans la vallée de la Fensch dans les années 1960[2]. Son père est comptable, sa mère auxiliaire de vie.
Végétarien[3], il est un défenseur de la cause animale[4].
Début de carrière et engagement syndical
Après l'école, il commence à travailler sur une chaîne de montage dans une usine automobile, plus tard comme vendeur dans un magasin de vêtements, puis comme jardinier paysagiste[5], à la mairie de Nilvange en Moselle, où il est ouvrier fonctionnaire territorial[6]. Il fonde la section CGT des agents territoriaux de la commune, dont il devient le secrétaire[6]. Il milite à l'époque à la fondation Brigitte-Bardot.
DĂ©buts et ascension
Fabien Engelmann est adhérent à Lutte ouvrière (LO) entre 2001 et 2008[7]. Il est tête de liste LO aux élections municipales de 2008 à Thionville, où il recueille 6,9 % des voix[6]. En 2009, il adhère au NPA[2] - [8]. Il est candidat à l'élection régionale de 2010 en Lorraine en seconde position sur la liste du parti[6]. En raison de la candidature d'une femme portant le hijab sous les couleurs du NPA dans le Vaucluse, il quitte le parti avec les trois quarts de sa section et rejoint le Front national (FN) en octobre 2010, ainsi que Riposte laïque[6] - [9].
Après la publication d'un article du Figaro le 24 janvier 2011, la CGT entame une procédure d'exclusion à son encontre et la fédération à laquelle il appartient demande aux militants de sa section de le désavouer[6]. Mais il obtient le soutien de 23 des 26 adhérents de cette dernière, ce qui conduit l'union départementale CGT de la Moselle et la fédération des services publics du syndicat à suspendre la section et provoquer un conseil de discipline au siège de la confédération[6] - [10]. La direction du syndicat diffuse à partir d'avril 2011 un document de dix pages intitulé Le Front national ou l'imposture sociale, qui revient en conclusion sur l'affaire Engelmann[11]. En janvier 2012, l'Institut d'histoire sociale de la CGT organise une journée « anti-FN » à laquelle assiste le secrétaire général Bernard Thibault : celui-ci revient également sur l'affaire et souligne que son exclusion a été suivie d'un courrier à l'ensemble des secrétaires de syndicats de la CGT[12].
Il devient conseiller politique de Marine Le Pen pour le dialogue social[13], membre du bureau départemental de Moselle du FN et du bureau politique du FN de 2011 à 2014, ainsi que responsable de la huitième circonscription de la Moselle pour le parti[14].
En , peu avant son élection à la mairie d'Hayange, il participe à une manifestation du Bloc identitaire en faveur de la « remigration »[15].
Lors des élections régionales de décembre 2015, il est élu conseiller régional d'Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine.
Maire d'Hayange
Aux élections municipales de 2014, Fabien Engelmann est candidat tête de liste Front national à Hayange. Élu au second tour à la majorité relative (34,7 %), il devient le nouveau maire de la ville le [16]. Il est du même coup élu conseiller communautaire de la communauté d'agglomération du Val de Fensch (CAVF). L'élection d'un maire encarté au FN cause la rupture du jumelage avec la ville d'Arlon (Belgique) et celle de Diekirch (Luxembourg)[17] (l'édile clôt l'affaire en déclarant : « bon débarras ! »)[4].
Fabien Engelmann voit ses comptes de campagne des élections municipales rejetés en octobre 2014 par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP)[18]. Le litige concerne 1 575 euros de frais de création et d'impression de tracts électoraux[19]. En décembre 2014, le tribunal administratif de Strasbourg estime que la CNCCFP a rejeté « à bon droit » ses comptes de campagne et le déclare inéligible pour une durée d'un an[20] - [21]. En juin 2015, le Conseil d'État confirme le rejet des comptes mais annule la peine d'inéligibilité, considérant que le montant des dépenses litigieuses était « demeuré limité »[22].
Les premières mesures de Fabien Engelmann portent sur la création d'un pigeonnier municipal, d'une rue Brigitte-Bardot, ainsi que sur le retrait du drapeau européen des mâts de l'hôtel de ville[4].
En 2014, jugeant la sculpture « lugubre » et « affreuse », Fabien Engelmann fait repeindre en bleu une œuvre de l'artiste Alain Mila, hommage au passé sidérurgique de la ville. Contrevenant aux règles de la propriété intellectuelle qui interdit de modifier une œuvre sans l'accord de son auteur, son acte provoque des remous[23]. L’œuvre est finalement décapée, puis remisée au fond d'un parc. L'édile fera également repeindre aux couleurs tricolores trois wagonnets de charbonnage exposés sur un rond-point[4].
Fabien Engelmann institue une « Fête du cochon » dans sa ville. L'initiative est vue par ses opposants locaux comme une manière de stigmatiser les musulmans. L’affiche de la quatrième édition de la manifestation prévue le , provoque la polémique. Les chanteurs programmés (Enzo Enzo, Ana K, Caroline Loeb, Eric Morena et Eve Angeli) annulent leur participation à l’événement, « compte tenu du caractère particulièrement politique et polémique de [celui]-ci dont nous n’étions absolument pas informés » » déclarent les artistes par la voie de leur producteur[24], « sous la pression médiatique » selon Fabien Engelmann. Les Forbans assurent cependant leur prestation[25], en qualifiant de « sombres crétins », « d'abrutis » et de « chroniqueurs de merde » les journalistes ayant commenté la polémique, et « d'abrutis » les artistes ayant refusé de venir jouer à Hayange - sous les applaudissements du public[26].
En décembre 2016, une prise de position du maire contre le Secours Populaire fait débat. Il accuse ainsi l'association - installée dans un local qu’elle partage depuis 2005, à titre gracieux, avec les Restos du cœur - d'être trop « pro-migrant » et trop « communiste », et supprime les subventions municipales qui étaient de 1 700 euros en 2014. À l'approche de Noël, l'association se voit interdire l'accès aux locaux de la mairie, où elle organise traditionnellement un repas à l'occasion des fêtes. L'association proteste, estimant que la récolte et la distribution de jouets et de nourriture aux familles étaient désormais compliquées à organiser à Hayange. En décembre 2017, un juge des référés du tribunal de grande instance de Thionville a ordonné mardi à la commune frontiste de Hayange (Moselle) de rétablir le gaz et l'électricité, coupés depuis un an dans le local du Secours populaire. Fabien Engelmann se déclare alors « déçu » par la décision de justice[27].
En février 2017, il est mis en examen, soupçonné de ne pas avoir respecté les règles du code des marchés publics, au sujet d'un contrat de plusieurs dizaines de milliers d'euros[28].
À l'occasion des élections municipales de 2020, la liste conduite par Fabien Engelmann l’emporte au premier tour avec 63 % des suffrages exprimés, dans un contexte de forte abstention (64 %) due à la pandémie de Covid-19 en France[29].
En , durant la pandémie de Covid-19, il écrit une lettre aux représentants de l'État pour demander de l'aide concernant l'hébergement des SDF français et européens[30].
Profil et positionnement
L'historienne Valérie Igounet l'estime typique des nouveaux élus FN marinistes qui rompent avec « l'image traditionnelle de l'extrémiste »[31].
Pour Pascal Perrineau, Fabien Engelmann est représentatif des « fils de mineurs communistes du Pas-de-Calais ou de sidérurgistes de la vallée de la Fensch, dans la Moselle, qui ont quitté l'univers de référence de la gauche politique ou syndicale pour rejoindre directement la protestation frontiste. » Il est, selon lui, révélateur d'une mutation au terme de laquelle le Front national, et non plus le Parti communiste, assume la fonction tribunitienne qui neutralise les forces opposées au régime en les intégrant politiquement dans un rôle de défense des intérêts des catégories sociales les plus défavorisées. Il considère qu'il « montre à la fois la manière dont des valeurs de gauche (défense des services publics, rejet des licenciements, attachement à la laïcité, maintien des salaires…) peuvent s'investir au Front national et comment un jeune ouvrier peut abandonner les références classiques de la gauche en se rangeant aux solutions de la "préférence nationale"[32]. »
Affaires judiciaires
Selon un élu d’opposition, les dépenses judiciaires d'Hayange s'élèveraient à 270 000 euros entre 2014 et 2019. Le maire Fabien Engelmann, dont les frais de justice sont pris en charge par la ville, « use et abuse de tous les recours pour attaquer les gens qu'il considère comme des ennemis », d’après Gilles Wodebo, membre du collectif Hayange au cœur[33].
En août 2016, en première instance, Fabien Engelmann est condamné pour diffamation envers un représentant syndical CGT[34].
En septembre 2020, poursuivi pour conduite en état d'ivresse à Luxembourg-Ville, il est condamné à 1 000 € d’amende et à deux interdictions avec sursis de conduire au Luxembourg, de 18 mois chacune[35]. D'après les policiers, Fabien Engelmann aurait tenté de se soustraire au contrôle en invoquant sa position de maire et ses relations avec le Premier ministre Xavier Bettel, menaçant les agents de devoir « en supporter les conséquences »[36].
Publication
- Du gauchisme au patriotisme. Itinéraire d'un ouvrier élu maire de Hayange, préface de Pierre Cassen, Riposte laïque, 170 p., 2014[37].
Notes et références
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- Nicolas Bastuck, « Le tyran de Lorraine », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- (de) Fabian Federl, « Lächerlich, aber trotzdem gefährlich : Wie könnte Frankreich unter der Regierung des Front National aussehen ? In Hayange kann man es sehen. Der Bürgermeister Fabien Engelmann regiert die Stadt wie ein Irrer. », sur zeit.de, (consulté le ).
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- Anne Muxel, « Quand un homme de gauche migre vers le Front national », dans Temps et politique, Presses de Sciences Po, , 208 p. (ISBN 9782724618327)
- Amaury Brelet, « Enquête. Le Front des atypiques », sur valeursactuelles.com, (consulté le ).
- « Chez les nouveaux lepénistes », sur lepoint.fr, (consulté le ).
- Claire Guélaud, « La CGT et la CFDT font face à l'« entrisme » du FN », Le Monde, (consulté le ).
- Dominique Andolfatto et Thierry Choffat, « Le Front national et les syndicats : une stratégie d'entrisme ? », dans Sylvain Crépon, Alexandre Dézé, Nonna Mayer, Les Faux-semblants du Front national : sociologie d'un parti politique, Presses de Sciences Po, , p. 82-83
- Dominique Andolfatto et Thierry Choffat, « Le Front national et les syndicats : une stratégie d'entrisme ? », dans Sylvain Crépon, Alexandre Dézé, Nonna Mayer, Les Faux-semblants du Front national : sociologie d'un parti politique, Presses de Sciences Po, , p. 83
- « Fabien Engelmann, de militant CGT à maire FN », sur europe1.fr, (consulté le ).
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- Igounet 2014.
- Perrineau 2014.
- Chloé Demoulin, « Les folles dépenses judiciaires des maires RN », sur lepoint.fr, .
- L. BO., « Le maire de Hayange condamné pour diffamation », Le Républicain lorrain,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Le maire RN d’Hayange condamné pour conduite en état d’ivresse au Luxembourg », sur ouest-france.fr, .
- « "Juste un verre de trop" : Le maire RN d'Hayange risque une interdiction de conduire au Luxembourg », sur rtl.lu, (consulté le ).
- « Avalanche de propos anti-islam et immigrés dans le livre d'un élu FN », sur liberation.fr, (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- [Igounet 2014] Valérie Igounet, Le Front National de 1972 à nos jours : Le parti, les hommes, les idées, Le Seuil, , 502 p. (ISBN 9782021171419, lire en ligne).
- [Perrineau 2014] Pascal Perrineau, La France au front, Fayard, , 240 p.
- Leïla de Comarmond, Les vingt ans qui ont changé la CGT, Denoël, , 464 p.
- Frédéric-Joël Guilledoux et Laurent d'Ancona, Le Vrai Gilbert Collard : Mission « casse-couilles démocratique », Fayard, , 460 p.
- Sylvain Crépon, Enquête au cœur du nouveau Front National, Nouveau Monde, , 302 p.
- Élisabeth Lévy, La Gauche contre le réel, Fayard, , 324 p.
- Caroline Fourest et Fiammetta Venner, Marine Le Pen, Grasset, , 432 p.