Extraction d'ADN
L'extraction de l'ADN est une technique permettant d'isoler l'acide dĂ©soxyribonuclĂ©ique (ADN) des cellules ou des tissus. L'ADN ainsi extrait peut ensuite ĂȘtre utilisĂ© pour des recherches de biologie molĂ©culaire, telles que le sĂ©quençage, la PCR ou le clonage. Il existe diffĂ©rents protocoles pour extraire l'ADN, qui suivent approximativement le mĂȘme schĂ©ma de principe :
- Lyse des cellules
- Elimination des protéines
- Elimination des autres acides nucléiques (acide ribonucléique (ARN), etc.)
- Concentration de l'ADN par précipitation à l'éthanol
DiffĂ©rentes variantes sont employĂ©es, suivant que l'on cherche Ă extraire de l'ADN gĂ©nomique (issu du ou des chromosomes des cellules analysĂ©es) ou de l'ADN plasmidique (provenant de plasmides portĂ©s le plus souvent par des cellules bactĂ©riennes comme Escherichia coli). Il existe aujourd'hui des kits commerciaux permettant de rĂ©aliser rapidement ces extractions Ă l'aide de rĂ©actifs prĂȘts Ă l'emploi.
Préparation d'ADN génomique
On commence en général par une lyse des cellules ou des tissus, consistant éventuellement en un broyage, suivi d'une extraction par des détergents, qui vont disperser les bicouches lipidiques des membranes et dénaturer les protéines, et en particulier celles qui sont associées à l'ADN dans la chromatine. La solution obtenue est en général trÚs visqueuse, car l'ADN ainsi libéré forme de trÚs longs filaments qui s'opposent aux écoulements hydrodynamiques.
L'étape suivante est la déprotéinisation de la solution qui se fait par une extraction au moyen de solvants organiques, en général du phénol additionné de plus ou moins de chloroforme. Les protéines dénaturées forment un précipité à l'interface phénol-eau, tandis que l'ADN reste en solution dans la phase aqueuse qui est récupérée par décantation ou par centrifugation.
L'ADN est ensuite précipité par addition d'éthanol ou d'isopropanol dans la phase aqueuse, collecté par centrifugation et dissout dans du tampon. Pour éliminer les traces de phénol et d'autres contaminants, on peut enfin pratiquer une dialyse ou une étape de purification par chromatographie préparative.
Préparation d'ADN plasmidique
La prĂ©paration d'ADN plasmidique Ă partir de bactĂ©ries est l'une des techniques les plus courantes de la biologie molĂ©culaire, Ă©galement connue sous les noms abrĂ©gĂ©s de miniprep, midiprep et maxiprep en fonction du volume de la culture bactĂ©rienne utilisĂ©e. Le principe de l'extraction est connu sous le nom de lyse alcaline[1]. Cette mĂ©thode permet de prĂ©parer sĂ©lectivement l'ADN du plasmide contenu dans les bactĂ©ries, tout en Ă©liminant l'ADN du chromosome bactĂ©rien. Le principe de cette mĂ©thode consiste Ă effectuer la lyse des cellules au moyen d'un dĂ©tergent (dodĂ©cyl sulfate de sodium) en prĂ©sence de soude, Ă pH 13. Ă ce pH trĂšs alcalin, l'ADN est dĂ©naturĂ©, câest-Ă -dire que les deux brins de la double-hĂ©lice sont sĂ©parĂ©s. On neutralise ensuite rapidement la solution, ce qui provoque la renaturation brutale (rĂ©appariement des brins du duplex d'ADN). L'ADN chromosomique, trĂšs long (~10ⶠpaires de base), ne parvient pas Ă se rĂ©apparier complĂštement et forme des enchevĂȘtrements insolubles. L'ADN plasmidique, court (~10Âł paires de base), parvient Ă se rĂ©associer complĂštement et reste en solution. On sĂ©pare alors les espĂšces par centrifugation. Les protĂ©ines prĂ©cipitĂ©es, sont Ă©galement Ă©liminĂ©es avec le dĂ©tergent et l'ADN chromosomique. L'ADN plasmidique, restĂ© en solution, est alors concentrĂ© par prĂ©cipitation Ă l'alcool.
Différentes variantes ou améliorations de cette méthode existent notamment dans un grand nombre de kits commerciaux. Ces derniers contiennent souvent des petites colonnes de résine chromatographique échangeuse d'ion, permettant d'améliorer la pureté de l'ADN obtenu. Pour éliminer les ARN, on ajoute fréquemment des ribonucléases qui vont hydrolyser sélectivement ces acides nucléiques, en laissant l'ADN intact.
ContrĂŽle de l'extraction
- Par électrophorÚse sur gel d'agarose, on peut analyser la présence et la taille des acides nucléiques contenus dans la préparation. Ceux-ci sont révélés par le bromure d'éthidium, un colorant dont la fluorescence augmente trÚs sensiblement quand il interagit avec l'ADN. Dans le cas d'une préparation d'ADN plasmidique, on observe sous UV une ou plusieurs bandes colorées discretes dans le gel, correspondant à l'ADN du plasmide. Dans le cas d'ADN chromosomique, on observe un continuum de bandes, correspondant aux fragments d'ADN issus de la coupure statistique du chromosome résultant des traitements mécaniques lors de l'extraction de L'ADN.
- Par mesure de l'extinction dans l'UV au moyen d'un spectrophotomĂštre. L'ADN possĂšde un maximum d'extinction Ă 254 nm. 1 unitĂ© d'absorbance Ă 254 nm correspond Ă environ 50 ÎŒg d'ADN double-brin par millilitre.