Eugénie Sokolnicka
Eugénie Sokolnicka, née Eugénie Kutner le à Varsovie et morte le à Paris, est une psychanalyste française d'origine polonaise. Elle est considérée comme celle qui a introduit cette discipline en France et a été l'une des fondatrices de la Société psychanalytique de Paris.
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(Ă 49 ans) 7e arrondissement de Paris |
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Michał Sokolnicki (d) |
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Biographie
Elle naît à Varsovie dans une famille juive aisée et libérale[1]. Elle est éduquée par une gouvernante française et passe le baccalauréat. Elle a eu, en tant que femme, de la difficulté à faire admettre à son entourage son droit d'aller à l'université[2].
Elle rejoint Paris à 20 ans, où elle obtient une licence en sciences et biologie à la faculté des sciences de Paris et suit les cours de Pierre Janet, de Théodule Ribot et de Jean-Martin Charcot[3]. Elle rencontre à Paris son futur époux, Michel Sokolnicki, et se marie en Pologne[4]. Elle se consacre à la vie de famille jusqu'en 1911, date à laquelle elle commence une formation en psychiatrie à la clinique du Burghölzli, où elle rencontre Carl Gustav Jung[4].
En 1913, elle séjourne à Vienne, et fait une analyse avec Freud, avec lequel la relation est plutôt hostile[4], et participe à plusieurs séances de la Société psychanalytique de Vienne, qui l'accepte comme membre le . Dès 1914, elle établit sa pratique analytique à Munich, où elle réalise l'analyse de Felix Boehm. Elle regagne Varsovie lorsque la Première Guerre mondiale commence, et tente de créer une société psychanalytique[5]. Après la guerre, elle séjourne à Budapest où elle fait une analyse avec Sándor Ferenczi, dont celui-ci rapporte des éléments dans sa correspondance avec Freud. Elle participe au VIe congrès de l'Association psychanalytique internationale à La Haye, en 1920, et fait une communication sur la névrose, intitulée « Zur Symptomatologie und Diagnostik in der psychoanalytischen Neurosenlehre »[6].
En 1921, elle rejoint son frère à Paris, où elle s'installe définitivement, et coopère à La Nouvelle Revue française[4]. Plusieurs écrivains « gravitent autour d'elle », dont Jacques Rivière qui « restera son ami jusqu'à sa mort »[7]. Élisabeth Roudinesco rapporte qu'« elle analyse André Gide qui laisse un portrait d'elle dans Les Faux-monnayeurs »[7]. Elle participe dans ce cadre littéraire aux « séances Freud », puis fait partie, en 1926, des membres fondateurs de la Société psychanalytique de Paris, dont elle est nommée vice-présidente, en novembre 1926[4]. Elle fait la connaissance du professeur Georges Heuyer grâce à son ami, l'écrivain Paul Bourget, et Georges Heuyer l'invite aux réunions de service durant lesquelles sont présentés des cas cliniques[4]. Elle doit laisser la direction du mouvement psychanalytique français à Marie Bonaparte et René Laforgue, malgré l'appui de Freud, et se consacre à des activités d'enseignement, et réalise l'analyse didactique de René Laforgue et d'Édouard Pichon[8]. Elle est également l'analyste de Blanche Reverchon. Elle est pionnière de la psychanalyse des enfants. Elle est progressivement atteinte d'un état dépressif, et se suicide le , probablement par une intoxication au gaz[9].
Publications
- (de) Eugenia Sokolnicka, « Analyse einer infantilen Zwangsneurose », Internationale Zeitschrift für Psychoanalyse, vol. VI, no 3,‎ , p. 228-241 (lire en ligne). Traductions :
- (en) Eugenia Sokolnicka, « Analysis of an Obsessional Neurosis in a Child », International Journal of Psycho-Analysis, vol. 3,‎ , p. 306-319 (lire en ligne)
- Eugénie Sokolnicka, « L'Analyse d'un cas de névrose obsessionnelle infantile », Revue de neuropsychiatrie infantile et d'hygiène mentale de l'enfance, vol. 16,‎
- Eugénie Sokolnicka, « Quelques problèmes de la technique psychanalytique », Revue française de psychanalyse, vol. 3, no 1,‎ , p. 1-49 (lire en ligne)
- Eugénie Sokolnicka, « Sur un cas de guérison rapide », Revue française de psychanalyse, vol. 5, no 3,‎ , p. 440 (lire en ligne)
- Eugénie Sokolnicka, « Le dynamisme des névroses et la psychanalyse », Prophylaxie mentale, vol. VI, no 17,‎ , p. 417-425 (lire en ligne)
Notes et références
- Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, « Sokonilcka Eugénie, née Kutner (1884-1934). Psychanalyste française », Dictionnaire de la psychanalyse, Fayard, 2011, p. 1469-1470.
- Claudine et Pierre Geissmann (dir.), Histoire de la psychanalyse de l'enfant : mouvements, idées, perspectives, Paris, Bayard, Nouv. éd. 2004, coll. « Compact », (ISBN 2227473282)
- Édouard Pichon, « Eugénie Sokolnicka », Revue française de psychanalyse, vol. VII, no 4,‎ , p. 590-603 (lire en ligne).
- Mijolla 2002, p. 1610.
- Lettre de S. Freud à Sándor Ferenczi,
- (de) « Work in progress - IPV 1910-2010 / Kongresse 1908-1918 p. 6 », sur http://www.psyalpha.net, IPV congresse 1920-1932, (consulté le ).
- Élisabeth Roudinesco, Histoire de la psychanalyse en France. 1. 1885-1939, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1993, p. 286-289.
- Alain de Mijolla, Freud et la France 1885-1945, Paris, PUF, 2010, p. 898, (ISBN 9782130545156)
- Mijolla 2002, p. 1611.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Alain de Mijolla, « Sokolnicka-Kutner, Eugénie », p. 1609-1611, in Alain de Mijolla (dir.), Dictionnaire international de la psychanalyse 2. M/Z. Calmann-Lévy, 2002, (ISBN 2-7021-2530-1).
- Élisabeth Roudinesco, Histoire de la psychanalyse en France. 1. 1885-1939, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1993, notamment p. 286-289.
- Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, « Sokonilcka Eugénie, née Kutner (1884-1934). Psychanalyste française », Dictionnaire de la psychanalyse, Fayard, 2011, (ISBN 978-2-253-08854-7)
- Michelle Moreau Ricaud, « Eugénie Sokolnicka et Marie Bonaparte », Topique, no 115, 2011/2, [lire en ligne].
- Chantal Talagrand, « Sokolnicka, Eugénie (née Kutner) [Varsovie 1884 — Paris 1934 », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque, Mireille Calle-Gruber (éd.), Le Dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, , p. 4045.
Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :