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Eugène Le Fer de La Motte

Eugène-Louis-Marie Le Fer de La Motte (né à Saint-Servan, le et mort à Saint-Étienne-de-Montluc[1], le ), est un prélat français des XIXe et XXe siècles.

Eugène Le Fer de La Motte
Image illustrative de l’article Eugène Le Fer de La Motte
Biographie
Naissance
Saint-Servan
Ordination sacerdotale
Décès
Saint-Étienne-de-Montluc[1]
Évêque de l'Église catholique
Ordination Ă©piscopale
Par Albert Nègre
Évêque émérite de Nantes
ÉvĂŞque titulaire (« in partibus ») d'Ionopolis (de)
–
Évêque de Nantes
–
Supérieur des Cordeliers de Dinan[2]
–

Jhesus Maria, Pour vos âmes.
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Il est Ă©vĂŞque de Nantes de 1914 Ă  1935.

Biographie

Descendant du maire de Saint-Malo Pierre Le Fer de La Motte, Eugène Le Fer de La Motte est le neveu de Paul Pointel. Après ses études à l'école secondaire des Cordeliers de Dinan, il est admis au séminaire de Saint-Brieuc en 1887[1]. Il part, l'année suivante, poursuivre ses études à Rome[3] où, pendant quatre ans, il suit les cours du séminaire français. Son apprentissage est couronné de succès : docteur en théologie et en philosophie à l'académie Saint-Thomas d'Aquin, bachelier en droit canonique, il obtient la reconnaissance de ses pairs et est lauréat de divers concours internationaux de sciences religieuses[1].

Le portail gothique de l'ancien couvent des Cordeliers de Dinan, où est installé le collège des Cordeliers[2].

Ordonné prêtre, le , en l'archibasilique Saint-Jean-de-Latran[4], il rentre en France où il retrouve les établissements qu'il avait fréquentés comme élève. Il enseigne d'abord la philosophie au séminaire de Saint-Brieuc (1892-1896), avant de devenir, à la rentrée de 1896, supérieur de son ancienne école des Cordeliers. Il dirige cette école pendant dix-huit ans, la développe et la défend âprement lors de la séparation des Églises et de l'État (1905)[4].

La Motte est appelé à succéder à Pierre-Émile Rouard au siège épiscopal de Nantes le [5].

« Sans ambition, il fit tout ce qu'il put pour éviter cette promotion, mais il dut s'incliner, alors qu'il eut bien préférer rester aux Cordeliers »

— Mayeur, Hilaire & Lagrée, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine

Il est tout de même sacré, le en sa cathédrale de Nantes, par son métropolitain, Albert Nègre (archevêque de Tours), assisté d'Alcime-Armand-Pierre-Henri Gouraud (évêque de Vannes) et de Jules-Laurent-Benjamin Morelle (évêque de Saint-Brieuc).

Son épiscopat entamé au moment de la Première Guerre mondiale, La Motte a d'excellents rapports avec le commandement des troupes américaines qui débarquent à Nantes[6].

Fête-Dieu à Nantes en 1926 avec Eugène de La Motte

Comme beaucoup de catholiques Ă  cette Ă©poque, il soutient la droite aux Ă©lections lĂ©gislatives françaises de 1919 : il est donc accusĂ© d'intĂ©grisme par la gauche[6]. Comme le pape Pie X, c'est un adversaire rĂ©solu « de la politique anticlĂ©ricale et l'un des derniers reprĂ©sentants de cet Ă©piscopat de combat, mĂŞme s'il admet la lĂ©gitimitĂ© des institutions rĂ©publicaines[7] ». « D'une intelligence pĂ©nĂ©trante, de culture Ă©tendue, Ă  la fois thĂ©ologien et juriste, cet Ă©vĂŞque au caractère ferme ne transigea jamais dès que les droits de l'Église lui semblaient menacĂ©s, aussi parut-il, Ă  son Ă©poque et yeux de ses diocĂ©sains, comme le champion des idĂ©es ecclĂ©siastiques[4] ». Il est par exemple l’instigateur de la manifestation du , qui rĂ©unit, d'après certaines estimations[4] 80 000 personnes. Au fait de la lĂ©gislation française, il va jusqu'Ă  recourir au conseil d'État afin de rĂ©tablir les processions de la FĂŞte-Dieu de Nantes, Saint-Nazaire et Trignac[4].

Vers 1928, La Motte décide d'interdire, dans les représentations théâtrales organisées par ses paroissiens, la présence simultanée d'acteurs de sexe opposé, contraignant les hommes à jouer le rôle des femmes[8]. Homme attaché au passé, il rencontre des difficultés lorsque l'Action française[4] est condamnée par Pie XI.

En tant qu'évêque de Nantes, il préside les congrès des syndicats chrétiens en 1924 et 1928, mais ses allocutions traduisent des réserves à l'égard de la CFTC. Réserves que nous retrouvons chez les patrons catholiques de son diocèse[9]. Le Fer de la Motte est également peu favorable aux mouvements spécialisés, style JOC, ACJF[10], … Le clergé nantais est souvent favorable à la propagation de la foi outre-mer[11], à commencer par l'évêque de Nantes, Le Fer de La Motte, ou le père Martin, qui fonde une société de missionnaires.

Inauguration de l'école du Sacré-Cœur à Montbert, 1932.
Sur le fronton : « Nous voulons Dieu dans nos écoles ».

Il développe d'autre part l'enseignement catholique dans son diocèse. Évêque bâtisseur d'écoles, il apporte tous ses soins, après avoir reconstitué ses séminaires, à l'extension de l'enseignement libre, suscitant la fondation de plus d'une centaine d'écoles primaires paroissiales, développant l'enseignement secondaire, tant à Saint-Nazaire qu'à Nantes, favorisant enfin dans ces deux villes l'essor de l'enseignement technique : institut catholique technique, écoles industrielles et ménagères. Il fait allusion, dans sa lettre d'adieu à ses diocésains à « cette grande œuvre de l'éducation par l'école chrétienne que j'ai tant aimée »[4]. En 1930, l'« Ordo » diocésain indique que sur 265 paroisses, il n'en reste plus que 31 à ne pas être dotées d'écoles chrétiennes. Par son travail, il y a plus de 80 instituteurs-vicaires dans son diocèse.

L'évêque organise aussi des pèlerinages à Lisieux. C'est à la suite de l'un de ces pèlerinages, effectué par l’abbé Larose, que Le Fer de La Motte prend la décision de placer sous le patronage de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus la nouvelle paroisse Sainte-Thérèse érigée (1935) pour faire face à l'urbanisation de ce quartier nord-ouest de la ville de Nantes.

Le Fer de la Motte démissionne le , à l'âge de 67 ans. Jean-Joseph-Léonce Villepelet lui succède.

Publications

L'Ă©vĂŞque de Nantes est l'auteur de :

  • Allocution prononcĂ©e par M. l'abbĂ© E. Le Fer de La Motte : au mariage de Mlle Marie Pleuvier de La Pontais et de M. Albert Le Fer de La Motte, dans l'Ă©glise de Notre-Dame Ă  Rennes, le , Impr. E. Prost, , 20 p. (lire en ligne) ;
  • Lettre pastorale de Mgr l'ÉvĂŞque de Nantes sur la guerre et le retour Ă  Dieu et Mandement pour le CarĂŞme, Impr. de C. Mellinet, , 31 p. (lire en ligne) ;
  • Lettre pastorale de Mgr l'ÉvĂŞque de Nantes et Mandement de CarĂŞme, Mellinet, , 29 p. (lire en ligne) ;
  • Lettre pastorale de Mgr l'ÉvĂŞque de Nantes sur N.T.S.P. le Pape et Mandement pour le CarĂŞme, Impr. de BirochĂ©, , 37 p. (lire en ligne) ;
  • Eugène Le Fer de La Motte et Gonzalve Gonzalve VallĂ©e, Une Enfant de Notre-Dame : mère Élisabeth de la TrinitĂ©, prieure du Carmel de Nantes (1881-1919), TĂ©qui, , 331 p. (lire en ligne) ;
  • Lettre pastorale de Mgr l'ÉvĂŞque de Nantes sur Dieu, suprĂŞme lĂ©gislateur, et Mandement pour le CarĂŞme, Impr. de BirochĂ©, , 54 p. (lire en ligne) ;
  • Allocution prononcĂ©e dans la cathĂ©drale de Saint-Brieuc, Impr. R. Prud'homme, , 8 p. ;
  • Lettre pastorale de Mgr l'ÉvĂŞque de Nantes après son pèlerinage Ă  Rome et Mandement pour le CarĂŞme, Impr. C. Mellinet, JĂ©go et Mas, , 29 p. (lire en ligne) ;
  • Allocution prononcĂ©e par Mgr Le Fer de La Motte : au mariage de M. Pierre HĂ©ron de Villefosse et de Mlle Marguerite Le Fer de La Motte le , Impr. F. Simon, , 18 p. (lire en ligne) ;
  • AbbĂ© Marcel Gauthier et Eugène Le Fer de La Motte, Une âme sacerdotale, : le chanoine Jean-Marie Tessier, curĂ© d'Erbray (1843-1927), Impr. du Nouvelliste, , 64 p. (lire en ligne) ;
  • Lettre pastorale : La première des Ĺ“uvres (l'enseignement chrĂ©tien), Impr. C. Mellinet, JĂ©go et Mas, , 27 p. (lire en ligne) ;

Lignée épiscopale

Le Fer de La Motte fut consacré, le , par Albert Nègre.

  1. Eugène-Louis-Marie Le Fer de la Motte (1914)
  2. l'archevêque Albert Nègre (1908)
  3. Charles du Pont de Ligonnès (1906)
  4. Giuseppe Melchiorre Sarto (pape sous le nom de Pie X) (1884)
  5. Lucido Maria Parocchi (1871)
  6. Costantino Patrizi Naro (1828)
  7. Carlo Odescalchi (1823)
  8. Giulio Maria della Somaglia (1788)
  9. Hyacinthe-Sigismond Gerdil (1777)
  10. Marcantonio Colonna (1762)
  11. Carlo della Torre di Rezzonico (pape sous le nom de Clément XIII) (1743)
  12. Prospero Lorenzo Lambertini (pape sous le nom de Benoît XIV) (1724)
  13. Pietro Francesco (Vincenzo Maria) Orsini de Gravina (pape sous le nom de Benoît XIII) (1675)
  14. Paluzzo Paluzzi Altieri Degli Albertoni (1666)
  15. Ulderico Carpegna (1630)
  16. Luigi Caetani (1622)
  17. Ludovico Ludovisi (1621)
  18. l'archevĂŞque Galeazzo Sanvitale (it) (1604)
  19. Girolamo Bernerio (1586)
  20. Giulio Antonio Santorio (1566)
  21. Scipione Rebiba ;

Armoiries

Image Armoiries

Armes de la famille Le Fer

Échiqueté d'or et de gueules, [12]

Ou
Échiqueté d'argent et d'azur.[12]
Armes de Le Fer de La Motte, telles qu'elles sont représentées dans le chœur de l'église de Montbert :

Écartelé : aux I et IV, échiqueté d'or et de gueules (Le Fer) ; au II, de gueules au vaisseau équipé d'or, habillé d'hermine, voguant sur une mer de sinople mouvant de la pointe et ondée d'argent, au chef aussi d'hermine (Nantes) ; au III, d'argent de chef de gueules.

Notes et références

  1. Mayeur, Hilaire & Lagrée 1990, p. 253.
  2. Cordeliers, La Victoire, 2012.
  3. Durand & Faugeras 1985, p. 263.
  4. Mayeur, Hilaire & Lagrée 1990, p. 254.
  5. Le d'après Mayeur, Hilaire & Lagrée 1990, p. 254.
  6. Fontaine 1928, p. 44 et 50.
  7. Bulletin 1978.
  8. Bulletin 1978, p. 247.
  9. Bulletin 1978, p. 275.
  10. Debès & Poulat 1986, p. 283.
  11. Missions catholiques, p. 173.
  12. Rietstap 1884.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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