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Erythrina variegata

Erythrina variegata est une espĂšce d’arbre de la famille des FabacĂ©es, originaire d'Asie et d'OcĂ©anie subtropicale et tropicale (Chine, Cambodge, Inde, IndonĂ©sie, Japon (Ăźles Ryukyu), Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Sri Lanka, ThaĂŻlande, Vietnam, Australie, Ăźles du Pacifique comme la Nouvelle-CalĂ©donie). Elle s’est naturalisĂ©e dans beaucoup de pays tropicaux ou subtropicaux oĂč elle a Ă©tĂ© introduite.

Cette espĂšce est aussi appelĂ©e Peuplier kanak en Nouvelle-CalĂ©donie, Arbre Ă  baleine ou ‘atae, Ă  Tahiti[1] - [2] et Immortelle (crĂ©ole : MĂČtĂšl), Holocauste aux Antilles françaises[3] - [4] , Nourouc, Pignon d’Inde Ă  La RĂ©union[5].

L’arbre est plantĂ© sous forme de bouture pour faire des haies vives ou comme arbre ornemental. Diverses parties de l’arbre servent en mĂ©decine traditionnelle.

Étymologie

Le nom de genre Erythrina vient du grec ጐρυΞρός, eruthros « rouge (nectar, vin, cuivre, sang etc.) » (Bailly[6]), par rĂ©fĂ©rence Ă  la couleur des fleurs du genre.

L’épithĂšte spĂ©cifique variegata vient du latin variego « varier ».

Nomenclature

En 1741, est publiĂ© post-mortem par le botaniste nĂ©erlanday Rumphuis, une description de l’espĂšce sous le nom de Gelala alba, dans Herbarium amboinense, 2: 234, t. 77 (un catalogue de la flore de l'Ăźle d'Amboine dans l'archipel des Moluques, dans l'actuelle IndonĂ©sie).

En 1754, Carl Linné et Olof Strickman publient une liste de correspondance entre les noms donnés aux plantes par Rumphius et les noms latins de Linné[7]. Le lectotype est donc : "Gelala Alba" in Rumphius, Herb. Amboin., 2: 234, t. 77, 1741.

Synonymes

Variété alba (Inde)

L’espĂšce est largement rĂ©pandue et a donc pu ĂȘtre l’objet de descriptions indĂ©pendantes nombreuses, Ă  une Ă©poque oĂč l’information circulait peu.

Tropicos reconnait 37 synonymes. En voici quelques-uns[8] - [9] :

  • Chirocalyx candolleanus Walpers
  • Corallodendron divaricatum (SessĂ© & Moc. ex DC.) Kuntze
  • Erythrina alba Cogniaux & Marcha
  • Erythrina divaricata DC.
  • Erythrina indica Lam.
  • Erythrina variegata fo. alba Mahesh.
  • Erythrina variegata fo. orientalis Mahesh.
  • Gelala alba Rumph.
  • Tetradapa javanorum Osbeck

Description

L'espĂšce se prĂ©sente comme un arbre Ă©lancĂ©[10], pouvant atteindre 20 m de hauteur[11]. L’écorce est brun foncĂ© Ă  noirĂątre. Les racines restent en gĂ©nĂ©ral en surface, Ă  moins de 30 cm de profondeur, toutefois chez les sujets ĂągĂ©s les racines sont plus profondes[12].

Les branches et rameaux sont couverts d’aiguillons bruns, droits et petits mais acĂ©rĂ©s.

Les feuilles sont pennĂ©es Ă  3 folioles, gĂ©nĂ©ralement groupĂ©es Ă  l’extrĂ©mitĂ© des branches. Elles sont portĂ©es par des pĂ©tioles de 10 Ă  15 cm. Les folioles de 15–30 cm de long et de large, sont largement ovales ou rhomboĂŻdes-ovales, glabres sur les deux faces[11]. Les feuilles tombent en gĂ©nĂ©ral juste avant et durant la saison de floraison[2].

L’inflorescence est un racĂšme terminal de 10–16 cm, Ă  pĂ©dicelles trĂšs rapprochĂ©s. La fleur est zygomorphe papilionacĂ©e, avec le calice en forme de spathe, de 2–3 cm, la corolle rouge Ă©carlate (ou blanche) de 6–7 cm, dont le pĂ©tale supĂ©rieur (Ă©tendard) de 5–7 cm de long sur 2,5–3 cm, est fortement rĂ©flĂ©chi dans la fleur complĂštement Ă©panouie[3].

Le fruit est une gousse, subcylindrique, lĂ©gĂšrement Ă©tranglĂ©e entre les graines, de 12-20(-30) cm de long sur 2–3 cm de diamĂštre. Les graines sont brunes, rĂ©niformes, de 13–20 mm de long sur 8–12 mm[3]. Elles flottent et peuvent ĂȘtre dispersĂ©es par les courants ocĂ©aniques.

En Chine, la floraison a lieu en février-mars et la fructification en avril-août[11]. Aux Antilles françaises, la floraison a surtout lieu en mars-mai[3].

Variétés[2] :

  • var. variegata se reconnait facilement par ses folioles panachĂ©es de jaunĂątre, trĂšs dĂ©coratives, commune comme plante ornementale dans le Pacifique
  • var. orientalis (L.) Merr. est le type sauvage
  • var alba, possĂšde des fleurs blanches
  • cv ‘Tropic Coral’ est le cultivar utilisĂ© pour les piquets de clĂŽture et les brise-vents, en raison de sa forme colonnaire et de ses branches Ă©rigĂ©es. Ce cultivar est probablement originaire de Nouvelle-CalĂ©donie et a Ă©tĂ© rĂ©pandu dans d’autres rĂ©gions tropicales et tempĂ©rĂ©es chaudes comme l’Australie, le sud de la Floride.
  • E. variegata (avec albatros), Îles Midway
    E. variegata (avec albatros), Îles Midway
  • Tronc
    Tronc
  • Arbre en fleur, sans feuille
    Arbre en fleur, sans feuille
  • Arbre en fleur, appelĂ©  Indian coral tree, KĂ©rala
    Arbre en fleur, appelé Indian coral tree, Kérala
  • Inflorescences (Inde)
    Inflorescences (Inde)
  • ćˆșæĄ E. variegata (Hong Kong)
    ćˆșæĄ E. variegata (Hong Kong)
  • E. variegata variegata, folioles panachĂ©es de blanc jaune (Colombie)
    E. variegata variegata, folioles panachées de blanc jaune (Colombie)
  • Gousses
    Gousses
  • Graines
    Graines

Distribution

L’espĂšce est originaire de Chine (Fujian, Guangdong, Guangxi, Hainan), TaĂŻwan, du Bangladesh, du Cambodge, d’Inde, d’IndonĂ©sie, du Japon (Ăźles Ryukyu), Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Sri Lanka, ThaĂŻlande, Vietnam ; Australie, Ăźles du Pacifique[11].

Elle a Ă©tĂ© introduite dans les rĂ©gions tropicales, subtropicales et tempĂ©rĂ©es chaudes : en Afrique et en AmĂ©rique centrale, dans les Antilles et l’AmĂ©rique du Sud.

Elle est cultivée comme plante ornementale et pour faire des haies vives. Elle s'est naturalisée dans beaucoup de pays tropicaux[3].

Écologie

E. variegata croit le mieux dans les plaines tropicales avec des prĂ©cipitations modĂ©rĂ©es de 1 000–1 500 mm[2].

L'espĂšce prĂ©fĂšre les sols sableux, mais croit aussi dans une large gamme de textures et de pH du sol. C'est un arbre qui fixe l'azote, il peut donc tolĂ©rer un sol pauvre. C‘est une espĂšce Ă  croissance rapide dans des conditions favorables, avec une croissance de 1,50 m par an.

TempĂ©rature annuelle moyenne 20–32 °C. TolĂšre bien la taille. Se multiplie par bouturage et semis de graines[2].

En Nouvelle-Calédonie, ses fleurs rouges sont trÚs appréciées des roussettes[10].

Utilisations

Arbres cultivés, West Bengal, Inde
Arbres taillés, Wailea

Plantation

E. variegata est souvent propagĂ© vĂ©gĂ©tativement pour faire des haies vives, des brise-vents, lĂ  oĂč du bĂ©tail est prĂ©sent. De grandes branches de 2 Ă  3 m sont directement piquĂ©es en terre pour faire des boutures. Les arbres sont souvent taillĂ©s tous les ans quand ils servent Ă  faire de l’ombre aux plantations ou comme haies. Les feuilles sont mangĂ©es par le bĂ©tail. Les arbres utilisĂ©s pour faire de l’ombre dans les plantations de cafĂ©, bĂ©nĂ©ficiant des pratiques culturales associĂ©es, peuvent produire chacun jusqu’à 100 kg de fourrage par an.

En Inde, les agriculteurs les utilisent comme support pour des plantes grimpantes comme la noix de bétel (Piper betel), le poivre noir (Piper nigrum), la vanille (Vanilla planifolia) et l'igname (Dioscorea)[2].

L’arbre fournit du bois de feu.

MĂ©decine traditionnelle

La plante contient des alcaloĂŻdes, des glycosides cyanogĂšnes et des saponines, tous toxiques; toutes les parties de l'arbre sont toxiques. Les graines crues sont toxiques et ne peuvent ĂȘtre consommĂ©es qu'aprĂšs cuisson[13].

En Chine, Erythrina variegata (ćˆșæĄ citong) est utilisĂ© comme plante ornementale et pour le bois ainsi que comme plante mĂ©dicinale[11]. Le mĂ©decin du XVIe siĂšcle Li Shizhen indique que l’écorce bouillie est utilisĂ©e pour « Ă©liminer le cholĂ©ra, la dysenterie, la gale et les douleurs dues aux vers des dents (caries). Pour laver les yeux avec de l'eau et pour Ă©liminer les rougeurs de la peau (Kai Bao) »[14]. La feuille qui contient des saponines est utilisĂ©e comme vermifuge, antisyphilitique, diurĂ©tique, emmĂ©nagogue, lactagogue et laxatif ; jus de feuilles pour les maux d'oreilles, les maux de dents et les vers. L'Ă©corce de tige est utilisĂ©e comme analgĂ©sique pour l'arthrite, la nĂ©vralgie et le rhumatisme; aussi comme fĂ©brifuge, cholagogue, expectorant, ophtalmique, hĂ©patique et vermifuge[15].

En Inde, la plante est utilisĂ©e en Ayurveda et Sidha[13]. L’écorce est utilisĂ©e pour les convulsions, la paralysie de la langue (avec deux autres plantes) [16]. Le jus des feuilles est mĂ©langĂ© avec du miel et ingĂ©rĂ© pour traiter les vers ronds, les vers Ă  fil et les tĂ©nias en Inde. Les femmes prennent ce jus pour stimuler la lactation et la menstruation ; il est couramment mĂ©langĂ© avec de l'huile de ricin pour traiter la dysenterie[2].

Aux Antilles françaises, pour se « rĂ©chauffer », on prĂ©pare un vin chaud dans lequel macĂšrent des feuilles d’immortelle auquel on ajoute de la cannelle[4].

Symbolique

En Nouvelle-CalĂ©donie, cet arbre est frĂ©quemment implantĂ© au sein des tribus (il est inconnu Ă  l'Ă©tat sauvage) oĂč il dĂ©limite l'espace cĂ©rĂ©moniel et borde parfois l'allĂ©e centrale[10].

D’aprĂšs Tahiti-info[1] « L’arbre Ă  baleines avait une fonction trĂšs importante, puisque lorsque sa floraison dĂ©butait, en gĂ©nĂ©ral Ă  la fin du mois de juin, elle coĂŻncidait toujours avec l’arrivĂ©e, dans les eaux polynĂ©siennes, des grandes baleines Ă  bosse ».

Notes

    Références

    1. Tahiti-info, « Carnet de voyage - Floraisons de nos arbres tahitiens (2e partie et fin) » (consulté le )
    2. Species Profiles for Pacific Island Agroforestry, W. Arthur Whistler, Craig R. Elevitch, « Erythrina variegata (coral tree) » (consulté le )
    3. Jacques Fournet, Flore illustrée des phanérogames de Guadeloupe et de Martinique, Gondwana éditions, Cirad,
      Tome 1 (ISBN 2-87614-489-1) ; Tome 2 (ISBN 2-87614-492-1).
    4. Sastre C., Breuil A., Plantes, milieux et paysages des Antilles françaises. Écologie, biologie, identification, protection et usages., Biotope, Mùze,
    5. Bosser, Cadet, Guéhot, Marais, Flore des Mascareignes, La Réunion, Maurice, Rodrigues, 80. Légumineuses, SIRI, ORSTOM, Kew, , 236 p.
    6. Dictionnaire Bailly, « ጐρυΞρός, ÎŹ, όΜ [áż ] » (consultĂ© le )
    7. Référence Biodiversity Heritage Library : 43963197#page/15
    8. (en) Référence Tropicos : Erythrina variegata L. (+ liste sous-taxons)
    9. (fr) Référence Catalogue of Life : 605861 Erythrina
    10. Emmanuel Kasarhérou, Béalo Wedoye, Roger Boulay, Claire Merleau-Ponty, Guide des plantes du chemin kanak, Nouméa, Agence de développement de la culture kanak, , 77 p. (ISBN 9782909407760), p. 38-39
    11. (en) Référence Flora of China : Erythrina variegata Linnaeus, Herb. Amboin. 10. 1754.
    12. Useful Tropical Plants, « Erythrina variegata » (consulté le )
    13. Umberto Quattrocchi, CRC World Dictionary of Medicinal and Poisonous Plants: Common Names, Scientific Names, Eponyms, Synonyms, and Etymology (5 Volume Set), CRC Press, , 3960 p.
    14. 李时珍, æœŹè‰ç¶±ç›ź /朚äč‹äșŒ, zh.wikisource,‎ (lire en ligne)
    15. Duke JA, Ayensu ES, Medicinal Plants of China. 2 Vols., Reference Publications, Inc., Algonac.,
    16. Jain SK, DeFilipps RA, Medicinal Plants of India. 2 Vols., Reference Publications, Inc, Algonac.,

    Liens externes

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