Emmanuel de Lalaing
Emmanuel-Philibert de Lalaing, né le à Valenciennes et mort à Mons le , est un chef militaire et homme d'État des Pays-Bas espagnols.
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(Ã 33 ans) Mons |
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Marie de Montmorency (d) |
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Anne de Croÿ (d) |
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Marie Jeanne de Lalaing (d) |
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Distinction |
Issu de la famille noble de Lalaing, il est baron de Montigny, marquis de Renty, seigneur de Condé, chevalier de l'ordre de la Toison d'or, grand bailli et gouverneur du Hainaut et amiral de la flotte des Pays-Bas espagnols[1].
Biographie
Naissance
Emmanuel de Lalaing est le fils de Charles de Lalaing (1506-1558) et de Marie de Montmorency (†1570). Il est porté sur les fonts baptismaux par Emmanuel-Philibert de Savoie, gouverneur général des Pays-Bas, George d'Egmont, évêque d'Utrecht, Anne d'Egmont, princesse d'Orange et Walburge de Neuenahr, comtesse de Hornes.
Il est le demi-frère Philippe de Lalaing et le frère de Philippote-Christine de Lalaing.
Au service des États généraux
Emmanuel de Lalaing s'engage tôt dans la carrière des armes, au service des États généraux. En 1576, on le trouve déjà à la tête d'une enseigne de deux cents têtes d'infanterie wallonne sous la charge de George de Lalaing, puis il passe lieutenant-colonel au régiment du duc d'Arschot.
En 1577, à Mons, il rencontre Marguerite de Valois qui, prenant prétexte d’une cure aux eaux de Spa, parcourt les Pays-Bas pour s’entretenir avec des gentilshommes hostiles à l’Espagne et vanter les mérites de son frère, le duc d'Anjou. Emmanuel de Lalaing promet à ce dernier de lui livrer le Hainaut s'il vient aux Pays-Bas. Jouant sur plusieurs tableaux, il fait aussi partie, un peu plus tard, des membres de la noblesse qui appellent l'archiduc Mathias à venir remplacer Don Juan d'Autriche comme gouverneur des Pays-Bas, après que ce dernier s'est emparé de la citadelle de Namur.
Nommé colonel de son régiment, Emmanuel de Lalaing fait partie de la petite armée des États campée à Temploux pour surveiller don Juan, et assiste, avec Antoine de Gongnies et le colonel écossais Henry Balfour, à la bataille de Gembloux (janvier 1578). À la suite de cette défaite, il se retire à Mons.
Soutien au duc d'Anjou
Nommé gouverneur d'Avesnes, le désormais baron de Montigny part en juin 1578 à Alençon, pour demander au duc d'Anjou, malgré l'avis des États généraux, de devenir le protecteur du Hainaut : le 12 juillet, ce dernier entre dans Mons avec ses troupes.
Ne recevant plus aucune aide financière des États pour payer ses régiments wallons, il s'empare de Menin, et laisse ses troupes rançonner les régions flamandes soumises à la République calviniste de Gand[2] : Ypres, Dixmude, Hazebrouck, Hondschoote, etc. Dans toutes les localités qu'il occupe, il s'empresse, en invoquant la Pacification de Gand, de rétablir le culte catholique interdit par les troupes gantoises.
À la tête des Malcontents
Soutenu par les prélats et les nobles catholiques, Montigny, désolidarisé des États généraux et adversaire tant des Espagnols que des calvinistes, devient une personnalité politique de premier ordre à la tête d'un parti : les Malcontents[2].
Tant les États généraux que le duc d'Anjou ne parviennent à étouffer ce mouvement politique. Entretemps, les Gantois ont appelé à leur secours le duc Jean-Casimir du Palatinat et ses reîtres. Montigny, avec la compagnie de lances de son frère Philippe et cent chevau-légers du comte de Gongnies, reprend Lannoy, met Casimir en déroute près de Courtrai.
Aidé par les troupes françaises du duc d'Anjou, il tente de reconquérir les villes flamandes alors aux mains des calvinistes gantois, mais des tensions avec les Français et une entrevue, le 13 novembre 1578, à l'abbaye de Watten, avec Valentin de Pardieu, le décide à rentrer dans le giron espagnol.
Au service de l'Espagne
Ainsi, le 6 avril 1579, après d'âpres négociations avec les différents partis, Montigny, à la tête de quelque 6 à 7 000 hommes de pied, 400 cavaliers et bon nombre de pionniers, jure obéissance au roi d’Espagne à l'abbaye du Mont-Saint-Éloi.
Les États généraux tenteront encore de ramener à leur parti les chefs des Malcontents, notamment en lui montrant des lettres interceptées du contador Alonso de Curiel (en) au prince de Parme[3], démontrant la mauvaise foi des Espagnols, mais tenu par le traité d'Arras (17 mai 1579), Montigny ne peut plus faire marche arrière. Il reçoit du roi une pension de 4 000 florins et devient un des meilleurs lieutenants du prince de Parme.
En effet, ses faits d'armes permettront à l'Espagne de reconquérir petit à petit les provinces méridionales des Pays-Bas. Ainsi, il remet au roi les villes en sa possession, et, lors de l'année 1580, s'empare de Courtrai (nl), accompagne le comte de Mansfeld au siège de Bouchain et reprend le contrôle de Condé avec Alexandre Farnèse[4]. En 1581, il est blessé alors qu'il dirige l’assaut des Tours au siège de Tournai. En 1582, il est présent au siège d'Audenarde (nl), où, lors d'un banquet donné par le prince de Parme, un boulet explose, blesse divers officiers et décapite un jeune capitaine wallon, le baron Lamoral de Licques.
Avec Pardieu et Mondragon, il bloque d'Anjou à Dunkerque, qui tombe entre leurs mains le 16 juillet 1583. Ensuite, il prend le Sas de Gand, Axel, Hulst et Rupelmonde. Après la prise d'Ypres, il négocie la réconciliation des quatre membres de Flandre, mais ne peut convaincre Gand. Devant ce refus, la ville est assiégée et tombe 17 septembre 1584.
Après la capitulation de Bruxelles (nl) le 10 mars 1585, c'est Malines qui se rend (19 juillet 1585). Ensuite, Emmanuel de Lalaing, désormais marquis de Renty, rejoint Alexandre Farnèse au siège d'Anvers. Ce dernier, après avoir ravitaillé Zutphen assiégée par le comte de Leicester, est contraint par la maladie de se retirer à Bruxelles, et laisse le commandement de ses troupes à Emmanuel de Lalaing.
Lorsque Philippe II envisage d'envahir l’Angleterre, il devient primordial de reconquérir Ostende, L’Écluse et Berg-op-Zoom. En 1587, au siège de L'Écluse (en), le marquis de Renty remplace Valentin de Pardieu, qui y perd un bras, et est également blessé lors d'un assaut.
Ensuite, il faut mettre sur pied un corps expéditionnaire chargé d’aller rejoindre l'Invincible Armada. Pour ce faire, sur recommandation du prince de Parme, Renty est fait amiral en mai 1588. Il embarque avec 16 000 hommes à Nieuport, mais cette flottille ne parvient pas à faire la jonction avec celle de Dunkerque et les vaisseaux de Médina Sidonia, et l'invasion de l'Angleterre échoue.
En 1588, Emmanuel-Philibert, à moitié enseveli dans la fange, manque perdre la vie en tentant de s’emparer, sans succès, de l’île de Tholen. Il ne parvient pas non plus à prendre Berg-op-Zoom, défendue par la garnison anglaise du colonel Thomas Morgan (en).
Enfin, en 1590, il suit le prince de Parme dans sa campagne de France pour secourir Paris, assiégée par le roi de Navarre Henri III, mais est blessé au siège de Corbeil. Ramené à Mons, il y meurt le 27 décembre 1590, à l'âge de 33 ans. Il est enterré au milieu du chœur de la collégiale Saint-Wasnon (détruite à la Révolution), à Condé.
Descendance
En 1581, il épouse Anne de Croÿ (1557-1609), marquise de Renty, dame de Chièvres, fille de Guillaume III de Croÿ (1527-1565) et d'Anne de Renesse (1535-1586).
De cette union naîtront :
- Alexandre (1583-1604), baron de Montigny, né à Valenciennes et mort au siège de L'Écluse (1604) (en) ;
- Marguerite (1584-avant 1590) ;
- Jeanne (1588-1649), dame de Condé, qui épouse Jean de Croÿ, comte de Solre, baron de Molenbaix et de Beaufort (1588-1640).
Voir aussi
Bibliographie
- Yves Delannoy, « Trois tapisseries d’Enghien aux armes d’Emmanuel-Philibert de Lalaing et d’Anne de Croÿ (1589) », Annales du Cercle Royal Archéologique d'Enghien, vol. 36,‎ , p. 75-91 (lire en ligne [PDF])
- Paul Henrard, « Montigny (Emmanuel-Philibert de Lalaing, baron de) », Biographie Nationale, XV, Bruxelles, 1899, p. 175-187. (lire en ligne)
Articles connexes
Notes et références
- Emmanuel de Lalaing (baron de Montigny.), Mémoires sur Emmanuel de Lalaing, baron de Montigny, avec notice et annotations par J.-B. Blaes, (lire en ligne)
- Violet Soen, « Les malcontents au sein des États-Généraux aux Pays-Bas (1578-1579). Défense du pouvoir de la noblesse ou défense de l'orthodoxie ? », dans Ariane Boltanski et Franck Mercier (dir.), Le salut par les armes : noblesse et défense de l'orthodoxie, XIIIe – XVIIIe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 302 p. (ISBN 978-2-7535-1315-0, lire en ligne), p. 135-149.
- Alonso de Curiel, Lettres interceptes du contador Alonso de Curiel au prince de Parme, par lesquelles on peult ... discouvrit [sic] les ... traits, dont l'Espagnol tasche d'abuser ceux de pardeça, pour les armer contre leur patrie, Christofle Plantin, (lire en ligne)
- « Moyen-Age », sur Cercle d'histoire et d'archeologie des Deux Vernes - Peruwelz (consulté le )
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :