Elodea callitrichoides
Elodea callitrichoides
RĂšgne | Plantae |
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Sous-rĂšgne | Tracheobionta |
Division | Magnoliophyta |
Classe | Liliopsida |
Sous-classe | Alismatidae |
Ordre | Hydrocharitales |
Famille | Hydrocharitaceae |
Genre | Elodea |
- E. ernstiae (St John).
L'élodée à feuilles allongées (Elodea callitrichoides, autrefois aussi dénommée E. ernstiae[1]), est une espÚce de plantes monocotylédones de la famille des Hydrocharitaceae.
C'est une plante herbacée aquatique sud-américaine (originaire d'Argentine, selon Muller & Thiébaut (2004) [2]).
Elle est parfois considĂ©rĂ©e comme potentiellement envahissante lĂ oĂč elle a Ă©tĂ© introduite hors de son aire normale de rĂ©partition.
Elle est, ou a été, utilisée comme plante d'aquarium (pour les eaux fraiches à tempérées car la plante régresse à partir de 25 °C[3]).
Ătymologie
- Le mot « Ă©lodĂ©e » provint du grec helĂŽdĂȘs, « des marais ».
- Le nom d'espĂšce, callitrichoides Ă©voque la forme d'un callitriche
Description
- Feuilles : Comme son nom commun l'indique, LâElodĂ©e Ă feuilles allongĂ©es a des feuilles plus longues (0,2 Ă 1,5 mm de large et de 8,1 Ă 13,0 mm de long) que celles de ses cousine[2], ces feuilles sont environ 4 fois plus longues que larges et leur apex se termine en pointe (Blamey & al., 1991)[4] ou pinceau (Sell, 1968)[5] mais comme chez toutes les Ă©lodĂ©es, ces feuilles sont verticillĂ©es et disposĂ©es par trois (c'est l'un des critĂšres dâidentification des Ă©lodĂ©es). Aux extrĂ©mitĂ©s des tiges (prĂšs du bourgeon apical), les feuilles sont « linĂ©aires Ă linĂ©aires-lancĂ©olĂ©es, toujours souples, dont le sommet est aigu Ă acuminĂ© ». Ă la diffĂ©rence de lâĂlodĂ©e de Nuttall et de lâĂlodĂ©e du Canada cette plante a des feuilles non-arquĂ©es ou trĂšs peu arquĂ©es, et jamais tire-bouchonnĂ©es[2].
- Fleurs : elles sont petites (3 Ă 4 mm selon Peltre & al (1997)[6] et blanches (celles de lâĂlodĂ©e de Nuttall sont violacĂ©es[2]).
Confusions possibles
De maniĂšre gĂ©nĂ©rale et au premier abord, les Ă©lodĂ©es peuvent ĂȘtre confondues avec :
- les plantes de la famille Hydrillae (Hydrocharitaceae)[7].
- les espĂšces du genre Egeria
Les élodées ont toujours 3 feuilles opposées par segment de tige. Les espÚces des gendres ci-dessus en ont 4 ou plus.
Habitats
Comme les autres élodées, cette espÚce montre une préférence pour les eaux fraßches à tempérées (elle régresse à partir de 25 °C selon Haury et al. (2010)[3], et selon Muller & Thiébaut (2004) elle n'est trouvée que dans des eaux calcaires, dures, eutrophes[8] à hypertrophes et bien ensoleillées[2].
Elle pourrait donc ĂȘtre bioindicatrice de milieux en cours de dystrophisation, devenus communs en Europe et dans toutes les zones d'agriculture intensive du monde.
Reproduction & dispersion
Comme chez les autres élodées, il s'agit d'une plante submergée à fleur émergente, produisant de nombreuses ramifications, et survivant en hiver par ses parties enfouies dans le substrat sédimentaire.
Les rĂ©seaux de tiges (longues de 20 cm Ă 1 m) se fragmentent aisĂ©ment en produisant de nombreuses propagules emportĂ©s par le courant, les oiseaux, les pĂȘcheurs[3]. Ils sont en outre faiblement enracinĂ©s dans le substrat, ce qui facilite leur dĂ©placement en cas d'inondations ou travaux en zones humides[3].
De petites racines adventives se forment sur les tiges et vers les sommets des tiges de l'année, favorisant la production permanente de boutures capables de se fixer plus loin ou à proximité du pied-mÚre dans le substrat (selon Haury & al. 2010)[3].
Biologie et Ă©cologie
Comme toutes les élodées, cette plante est dioïque, mais la plupart des pieds observés en Europe sont femelles et formant des populations presque monoclonales[9] (ce qui n'est pas le cas en Amérique notent Muller & Thiébaut, 2004 [2] et Peltreet al. (1997) [6].
En Amérique la reproduction sexuée est la rÚgle, mais en Europe, les pieds sont essentiellement femelles ; ils se bouturent spontanément (en se fragmentant) de maniÚre végétative.
Des hibernacles et bourgeons rĂ©sistants Ă la mauvaise saison permettent Ă la plante de passer l'hiver et de se multiplier Ă nouveau en fin de printemps (mai-juin selon Muller & ThiĂ©baut en 2004[2]), c'est-Ă -dire plus tardivement que les autres espĂšces printaniĂšres, ce qui limite peut-ĂȘtre sa prolifĂ©ration estivale. Inversement, elle produit des herbiers subaquatiques denses qui restent les derniers prĂ©sents en fin d'automne.
CaractĂšre envahissant
L'introduction d'autres espĂšces d'Ă©lodĂ©es hors de leur aire naturelle de rĂ©partition, dans des lacs, mares ou cours d'eau d'Europe et d'autres parties du monde (ex : Ă©lodĂ©e de Nuttall) a Ă©tĂ© suivi de phĂ©nomĂšnes de prolifĂ©rations biologiques incontrĂŽlable de ces Ă©lodĂ©es, qui peuvent en outre crĂ©er une augmentation du pH lorsqu'elles sont en surnombre, provoquant parfois des alcaloses fatales chez les poissons Ă partir dâun pH de 9[10].
En Europe cette espĂšce aurait Ă©tĂ© introduire probablement Ă la mĂȘme Ă©poque que lâElodĂ©e de Nuttall (E. nuttallii), soit environ 100 ans aprĂšs l'ElodĂ©e du Canada (E. canadensis). Elle tend Ă se disperser d'un bassin versant Ă l'autre, dont en France dans le Bassin Rhin-Meuse oĂč l'on craint qu'elle ne devienne - au moins localement - invasive.
Historiquement, on l'a d'abord repéré en Angleterre durant l'aprÚs-guerre (en 1948) et peu aprÚs en France (en 1959[5]).
Selon Invabio.fr, cette espĂšce est encore vendue en Europe comme plante ornementale de bassin (ainsi que l'ĂlodĂ©e de Nuttall) dans certaines jardineries et comme plante d'aquarium[11], mais le risque de nuisance par prolifĂ©ration est considĂ©rĂ© comme plutĂŽt faible pour cette espĂšce car, hormis dans quelques cas trĂšs locaux, l'espĂšce semble s'ĂȘtre intĂ©grĂ©e aux biocĂ©noses locales, et dans les contextes oĂč elle risque de pulluler elle semble presque toujours « supplantĂ©e par l'ElodĂ©e de Nuttall », selon Greulich & TrĂ©moliĂšres en 2006[12].
En France, elle est actuellement nettement plus rare que les deux Ă©lodĂ©es invasives. Elle aurait Ă©tĂ© observĂ©e dans le nord du pays[13], mais pourrait dans ces cas avoir Ă©tĂ© confondue avec lâĂ©lodĂ©e de Nuttall selon Vanderporten & al (2000)[14]. Elle a Ă©tĂ© observĂ©e et confirmĂ©e au Sud du Royaume-Uni et dans l'Ouest de l'Allemagne (Lambinon & al., 1992) et depuis les annĂ©es 1970 dans le bassin Rhin-Meuse (en Plaine d'Alsace selon Engeletal (1975) et Geissertet & al, 1985) ou Muller & ThiĂ©baut (2004)[2].
Elle semble la plus prĂ©sente dans les bras latĂ©raux du Rhin, mais y a Ă©tĂ© rendue minoritaire par la rapide extension de sa cousine, l'Ă©lodĂ©e de Nuttall[12]. De mĂȘme pour les bras morts lorrains de la Moselle selon Dardaine (en 1988).
Gestion du risque d'invasion
LĂ oĂč un risque de pullulation semble exister, le faucardage n'est pas prĂ©conisĂ©, mais l'arrachage manuel en dĂ©but de prolifĂ©ration est possible Ă faible profondeur (Haury & al., 2010)[3]. La pose de filet retenant les propagules dĂ©rivant vers l'aval est Ă©galement possible. Il suffit ensuite de laisser se dessĂ©cher ces propagules au soleil sur un sol bien sec, sans risque d'apparition de forme terrestre car la plante n'en produit pas.
Dans tous les cas le matĂ©riel et les vĂȘtements (bottes notamment) doivent ĂȘtre bien nettoyĂ©s aprĂšs chaque chantier[3]. « Lâutilisation de produits phytosanitaires (herbicides ou autres) est Ă proscrire dans la lutte contre les espĂšces invasives, au vu des problĂšmes de pollution des eaux superficielles ou souterraines quâils peuvent engendrer !) »[15]
Voir aussi
Notes et références
- Cook C.D.K & Urmi-Konig K (1984) Elodea ernstae back to E. callitrichoides. Watsonia, 15(2), 117.
- Muller, S. & ThiĂ©baut, G. (2004) Elodea canadensis, Elodea Nuttalli & Elodea callitrichoides. In : Muller, S. (coord). Plantes invasives en France : Ătat des connaissances et propositions d'actions. MusĂ©um National d'Histoire Naturelle, Paris. 169 p. (Patrimoines naturels, 62)
- Haury, J., Hudin, S., Matrat, R., Anars, L. et al. (2010) Manuel de gestion des plantes exotiques envahissant les milieux aquatiques et les berges du bassin Loire-Bretagne ; FĂ©dĂ©ration des conservatoires dâespaces naturels. 136 p
- Blamey, M., Grey-Wilson, C., Anglade, P., Garnaud d'Erzu, V. & Goutier, J. (1991) La Flore dâEurope Occidentale. Plus de 2400 Plantes dĂ©crites et illustrĂ©es en couleurs. Les Ăditions Arthaud, Paris. 544 p
- Sell, Y. (1959) Ătude comparative de quelques espĂšces du genre Elodea Ă propos de lâapparition Ă Strasbourg et ses environs d'une espĂšce nouvelle pour lâEurope continentale. Bulletin de lâAssociation philomathique dâAlsace et de Lorraine 10 : 121-133
- Peltre, M-C., Dutartre, A., Barbe, J., Ollivier, M., Petitdidier, D., Muller, S., Haury, J., TremoliÚres, M. (1997) Biologie et écologie des espÚces végétales aquatiques proliférant en France. SynthÚse bibliographique. (G.I.S. Macrophytes des eaux continentales). Les études de l'Agence de l'eau n°68, 199 p.
- Wolff, P. (1980). Die Hydrillae (Hydrocharitaceae) in Europa. Göttinger (résumé)
- Gross, E. M., Feldbaum, C., & Graf, A. (2003). Epiphyte biomass and elemental composition on submersed macrophytes in shallow eutrophic lakes. Hydrobiologia, 506(1-3), 559-565.
- Riis, T., Lambertini, C., Olesen, B., Clayton, J. S., Brix, H., & Sorrell, B. K. (2010). Invasion strategies in clonal aquatic plants: are phenotypic differences caused by phenotypic plasticity or local adaptation?. Annals of botany, mcq176.
- Elodea canadensis, description sur Aquaportail
- Brunel, S. (2009) Pathway analysis: aquatic plants imported in 10 EPPO countries. Bulletin OEPP/EPPO Bulletin 39: 201-213
- Greulich, S. & Trémoliéres, M. (2006) Present distribution of the genus Elodeain the Alsatian Upper Rhine floodplain (France) witha special focus on the expansion of Elodea nuttallii St. John during recent decades. Hydrobiologia 570: 249-255
- Pohl H. (1993) Elodea callitrichoides a Louvroil (departement du Nord, France). Nat. Mosana, 46(4), 146-147.
- Vanderporten & al (2000) in Sell, Y. (1968) Les élodées. Aquarama, 2, 18-23. Voir aussi Vanderporten, A., Lambinon, J & Tignon, M. (2000) Morphological and molecular evidence of the confusion between Elodea callitrichoides and Elodea Nuttalli in Belgium and Northern France. Belgian Journal of Botany 133: 41-52
- http://www.invabio.fr/vegetaux/204-elodea-ernstiae
Articles connexes
Bibliographie
- Blamey, M., Grey-Wilson, C., Anglade, P., Garnaud dâErzu, V. & Goutier, J. (1991) La Flore dâEurope Occidentale. Plus de 2400 Plantes dĂ©crites et illustrĂ©es en couleurs. Les Ăditions Arthaud, Paris. 544 p.
- Brunel, S. (2009) Pathway analysis: aquatic plants imported in 10 EPPO countries.Bulletin OEPP/EPPO Bulletin 39: 201-213.
- Dardaine, P. (1988) MĂ©tamorphose du paysage aquatique lorrain. EspĂšces nouvelles : Elodea ernstiae St John, Najas minor All., Potamogeton obtusifollus Mert. Et Koch. Le Monde des Plantes 432 : 22â 23.
- Engel, R., Jaeger, P., Kapp, E., Ochsenbein, G. & Rastetter, V. (1975) Contributions Ă la connaissance de la flore dâAlsace et des Vosges.3 e sĂ©rie.Bulletin de lâAssociation philomathique dâAlsace et de Lorraine 15 : 61 -â 83.
- Geissert, F., Simon, M. & Wolff, P. (1985) Investigations floristiques et faunistiques dans le Nord de lâAlsace et quelques secteurs limitrophes. Bulletin de lâAssociation philomathique dâAlsace et de Lorraine 21 : 111 -â 127.
- Greulich, S. & Trémoliéres, M. (2006) Present distribution of the genus Elodeain the Alsatian Upper Rhine floodplain (France) witha special focus on the expansion of Elodea nuttallii St. John during recent decades. Hydrobiologia 570: 249-255.
- Haury, J., Hudin, S., Matrat, R., Anars, L. et al. (2010) Manuel de gestion des plantes exotiques envahissant les milieux aquatiques et les berges du bassin Loire-Bretagne ; FĂ©dĂ©ration des conservatoires dâespaces naturels. 136 p.
- Lambinon, J., De Langh e, J-E., Delvosalle, L. & Duvigneaud, J. (1992) Nouvelle Flore de la Belgique, du Grand-DuchĂ© du Luxembourg du Nord de la France et des RĂ©gions voisines (PtĂ©ridophytes et Spermatophytes). 4e Ă©dition Ăditions du Patrimoine du Jardin botanique national de Belgique, Meise .1092 p.
- Muller, S. & ThiĂ©baut, G. (2004) Elodea canadensis, Elodea Nuttalli &Elodea callitrichoides .In : Muller, S. (coord). Plantes invasives en France : Ătat des connaissances et propositions dâactions. MusĂ©um National dâHistoire Naturelle, Paris.169p. (Patrimoines naturels, 62).
- Sell, Y. (1959) Ătude comparative de quelques espĂšces du genre Elodea Ă propos de lâapparition Ă Strasbourg et ses environs d'une espĂšce nouvelle pour lâEurope continentale. Bulletin de lâAssociation philomathique dâAlsace et de Lorraine 10 : 121-133.
- Wolff, P. (1980). Die Hydrillae (Hydrocharitaceae) in Europa. Göttinger (résumé).
Références taxinomiques
- (en) Référence JSTOR Plants : Elodea callitrichoides (consulté le )
- (en) Référence Catalogue of Life : Elodea callitrichoides (Rich.) Casp. (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Elodea callitrichoides (Rich.) Casp. (consulté le )
- (en) Référence The Plant List : Elodea callitrichoides (Rich.) Casp. (source : KewGarden WCSP) (consulté le )
- (en) Référence Tropicos : Elodea callitrichoides (Rich.) Casp. (+ liste sous-taxons) (consulté le )
- (en) Référence uBio : site déclaré ici indisponible le 7 avril 2023