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Dynastie des HĂ©raclides

La dynastie des HĂ©raclides (610 – 711) a vu se succĂ©der cinq empereurs qui ont rĂ©gnĂ© pendant un siĂšcle, allant du fondateur de la dynastie, HĂ©raclius (610–641), jusqu’au deuxiĂšme renversement de Justinien II en 711.

L’empire byzantin en 626 aprĂšs la reconquĂȘte des provinces de l’Est par HĂ©raclius.

Les HĂ©raclides durent affronter une pĂ©riode de profonds bouleversements tant Ă  l’intĂ©rieur qu’à l’extĂ©rieur de l’empire. L’empire des Justiniens[1] avant eux Ă©tait encore le digne successeur de Rome, dominant la MĂ©diterranĂ©e et hĂ©ritiĂšre de la civilisation urbaine qui caractĂ©risait l’AntiquitĂ© tardive. Ce monde fut Ă©branlĂ© par une vague d’invasions qui devait se solder par la perte d’une bonne partie des possessions byzantines, un effondrement financier, des Ă©pidĂ©mies de peste qui dĂ©peuplĂšrent les villes pendant que diverses querelles religieuses et politiques affaiblissaient le pouvoir.

À la fin de la dynastie, l’empire prĂ©sentait un visage bien diffĂ©rent de celui que lui avait donnĂ© HĂ©raclius au dĂ©but du VIIe siĂšcle : les campagnes Ă©taient maintenant plus importantes que les villes et l’empire. AprĂšs avoir perdu ses possessions d’Italie et d’Afrique du Nord, l'empire Ă©tait engagĂ© dans un long combat avec le califat musulman Ă  l’Est, avec les Bulgares et les Slaves au nord. Toutefois, il Ă©tait aussi devenu plus homogĂšne, la langue grecque, dominante sur tout son territoire, avait remplacĂ© le latin et la querelle monophysite s’apaisait. L’agitation religieuse devait toutefois reprendre sous une autre forme, l’iconoclasme, qui marquera la dynastie suivante, celle des Isauriens.

Toile de fond

La pĂ©riode des Justiniens (518 – 602) avait commencĂ© avec un retour aux frontiĂšres traditionnelles de l’Empire romain grĂące Ă  la reconquĂȘte de l’Italie et de l’Afrique du Nord sous Justinien Ier. Cette glorieuse pĂ©riode ne devait pas survivre Ă  Justinien et bientĂŽt l’empire se trouva attaquĂ©e de tous cĂŽtĂ©s : Lombards en Italie, Avars et Serbes dans les Balkans, Perses en Orient.

Cette extension territoriale avait coutĂ© trĂšs cher au trĂ©sor impĂ©rial et les deux derniers empereurs, TibĂšre II Constantin et Maurice par leurs largesses envers certains secteurs de la sociĂ©tĂ© achevĂšrent de le ruiner[2] - [3]. Dans les grandes villes de l’empire, les conflits religieux perduraient, alimentant les querelles sociales entre les Bleus et les Verts, les premiers gĂ©nĂ©ralement associĂ©s Ă  l’aristocratie et aux grands propriĂ©taires terriens, les deuxiĂšmes aux commerçants, industriels et fonctionnaires[4]. Le dernier empereur, Maurice, devait du reste ĂȘtre renversĂ© aprĂšs qu’à court d’argent pour payer la solde de ses soldats, il avait ordonnĂ© Ă  ceux-ci d’hiverner en pays barbare oĂč ils devaient vivre aux frais de l’habitant[5].

L’interlude de Phocas (602 – 610) devait s’avĂ©rer catastrophique. Sur le plan intĂ©rieur, aprĂšs l’assassinat de Maurice et des membres de sa famille, son rĂšgne ne sera qu’une longue suite de complots rĂ©primĂ©s dans le sang[6]. Les Verts qui s’étaient dĂ©clarĂ©s en sa faveur lors du renversement de Maurice ne tarderont pas Ă  se retourner contre lui, le conspuant Ă  l’Hippodrome et brulant certains Ă©difices publics[7]. Sur le plan extĂ©rieur, les Perses sassanides en paix avec l’empire depuis 591, prirent prĂ©texte du renversement de Maurice pour envahir les provinces de l’est en 603 [8]. Il n’en fallait pas plus pour que les Avars et les Slaves ne reprennent leurs attaques dans les provinces balkaniques de l’empire. Si Phocas parvint Ă  signer un traitĂ© avec les premiers pour garantir la paix[9], les Slaves poursuivirent leur avance jusqu’à Thessalonique [10].

Mais c’est de l’Afrique byzantine, seule province Ă  ĂȘtre politiquement stable et Ă©conomiquement prospĂšre depuis la crĂ©ation de l’Exarchat de Carthage que viendra le coup fatal. L’exarque, HĂ©raclius l’Ancien, se rĂ©volta et envoya d'abord son neveu NicĂ©tas conquĂ©rir l'Égypte, grenier Ă  blĂ© de la capitale [11]. Puis son fils, aussi nommĂ© HĂ©raclius, prit la tĂȘte d'une flotte pour attaquer Constantinople.

HĂ©raclius (610 – 641)

Héraclius retournant la Sainte Croix à Jérusalem, accompagné (de façon anachronique) par sainte HélÚne qui en aurait fait la découverte.

NĂ© vers 575 en Cappadoce, HĂ©raclius avait passĂ© une bonne partie de sa jeunesse auprĂšs de son pĂšre, alors magister militum per Armeniam. C’est lĂ  qu’il acquit une bonne connaissance de la rĂ©gion et de ses habitants, connaissance trĂšs utile par la suite lors des campagnes armĂ©niennes qu'il mĂšnera contre les Perses au dĂ©but de son rĂšgne[12]. Vers 600, HĂ©raclius l'Ancien est nommĂ© exarque de Carthage, l'un des postes les plus Ă©levĂ©s de l'Empire[13]. Lorsque Maurice sera renversĂ© par Phocas, la plupart des hauts fonctionnaires civils et militaires, dont HĂ©raclius l’Ancien, seront maintenus en poste mais manifesteront de plus en plus ouvertement leur hostilitĂ©.

En 608, la famille d’HĂ©raclius fomente une conspiration : le pĂšre et le fils sont nommĂ©s consuls, dĂ©fi au pouvoir de l'empereur qui seul dĂ©tenait ce titre depuis de longues dĂ©cennies[14]. BientĂŽt l’Égypte leur est acquise. Phocas de son cĂŽtĂ© fait emprisonner Fabia Eudocia, promise d'HĂ©raclius le Jeune et fille d'un riche propriĂ©taire terrien[15]. Au printemps 610, Ă  la tĂȘte d’une flotte, HĂ©raclius se dirige vers Constantinople oĂč les principaux soutiens de Phocas l'abandonnent l'un aprĂšs l'autre alors que le parti des Verts soutient de plus en plus ouvertement HĂ©raclius. Le 3 octobre, HĂ©raclius dĂ©barque, s’empare de Phocas qu’il fait exĂ©cuter, et est couronnĂ© le 5 octobre[16].

Les premiĂšres annĂ©es de son rĂšgne seront tout entiĂšres consacrĂ©es Ă  la guerre contre les Perses (610-633). Une premiĂšre pĂ©riode (610-622) sera marquĂ©e par une sĂ©rie de dĂ©faites. En 611 les Perses s’emparĂšrent d’Antioche et l’annĂ©e suivante de la Syrie [17]. Mais le coup le plus sĂ©rieux pour le prestige de Byzance est la perte de JĂ©rusalem prise en mai 615 aprĂšs un siĂšge de trois semaines : les Ă©glises sont brulĂ©es et des reliques vĂ©nĂ©rĂ©es comme la Sainte Croix et la Sainte Lance sont emportĂ©es dans la capitale perse, CtĂ©siphon[18]. Puis ce fut au tour de l’Égypte (617-619) dont le blĂ© Ă©tait nĂ©cessaire Ă  l’alimentation de la capitale. HĂ©raclius tenta, mais sans succĂšs de nĂ©gocier la paix; conscients de leurs succĂšs, les Perses s’avançaient jusqu’à ChalcĂ©doine Ă  quelques kilomĂštres de Constantinople[19].

HĂ©raclius dĂ©cide alors de faire la paix (619) avec les Avars, lesquels, aprĂšs s’ĂȘtre rĂ©pandus dans les Balkans capturant Singidunum (Belgrade), Naissus (NiĆĄ) et Sardica (Sofia), Ă©taient apparus aux portes de Constantinople en 617[17] - [20]. Ceci lui permet de faire passer ses troupes d’Europe en Asie et de rĂ©organiser une armĂ©e profondĂ©ment perturbĂ©e par les dĂ©faites en sĂ©ries. En mĂȘme temps, sur le plan intĂ©rieur, il diminue la solde des fonctionnaires, crĂ©e une nouvelle monnaie, l’hexagramme, augmente les impĂŽts, prend des mesures contre la corruption pour assainir les finances impĂ©riales et arrive Ă  contenir les factions des Bleus et des Verts. L’Église est aussi sollicitĂ©e et le patriarche met Ă  sa disposition une large quantitĂ© d’objets d’or et d’argent qui, une fois fondus, contribuent Ă  remettre Ă  flot le TrĂ©sor public[21] - [22].

En 622, HĂ©raclius est prĂȘt Ă  prendre la contre-offensive. Quatre ans seront nĂ©cessaires pour atteindre le tournant dĂ©cisif[23]. Se mettant personnellement Ă  la tĂȘte des troupes d’ArmĂ©nie et d’Orient, il parvient en 624 Ă  infliger trois dĂ©faites aux Perses et Ă  capturer le camp du gĂ©nĂ©ral Schahrbaraz prĂšs du lac Van. En 626, pour faire diversion, KhosrĂŽ aprĂšs s’ĂȘtre entendu avec les Avars, lance ses forces contre Constantinople. Sans se laisser dĂ©tourner de son but, l’empereur fait alors alliance avec les Khazars et envahit la Perse en suivant la vallĂ©e du Tigre. Alors qu’il n’était qu’à quelques lieues de la capitale (juin 628), il apprend que KhosrĂŽ avait Ă©tĂ© dĂ©trĂŽnĂ© par l’un de ses fils, Kawadh, lequel se hĂątera de nĂ©gocier la paix (avril 628) rendant aux Byzantins tous les territoires leur ayant appartenu. AprĂšs sa rentrĂ©e triomphale Ă  Constantinople (aout 629), HĂ©raclius put rapporter lui-mĂȘme la Vraie Croix Ă  JĂ©rusalem (mars 630)[24] - [25].

HĂ©raclius est alors au sommet de sa gloire. Suivent quelques annĂ©es d’accalmie (628 – 633) pendant lesquelles il procĂšde Ă  diverses rĂ©formes. Entre autres, le latin jusque-lĂ  langue de l’administration, cĂšde la place au grec et HĂ©raclius adopte le titre de basileus qui remplace progressivement celui d’Imperator Caesar[26] il confĂšrera le mĂȘme titre Ă  ses deux fils, HĂ©raclius-Constantin et HĂ©raclonas, la dignitĂ© de coempereur remplaçant ainsi celle de cĂ©sar pour dĂ©signer le successeur de l’empereur[27]. Il en profite Ă©galement pour rembourser l'Église des efforts qu'il lui a rĂ©clamĂ©s pour financer la guerre, laquelle prend une importance accrue dans l’État. Il stabilise les finances publiques largement perturbĂ©es et dĂ©mobilise une partie de son armĂ©e pour diminuer les dĂ©penses militaires[28] - [29] - [30].

HĂ©raclius ne devait pas profiter trĂšs longtemps de cette accalmie. Ses derniĂšres annĂ©es seront marquĂ©es par un nouveau conflit, cette fois avec les Arabes musulmans (634-641). Alors mĂȘme qu’avec l’aide du patriarche Serge, HĂ©raclius comme ses prĂ©dĂ©cesseurs tentait de rĂ©concilier monophysites et chalcĂ©doniens, commença l’invasion arabe qui ne menaçait plus l’existence de l’orthodoxie, mais cette fois, celle du christianisme dans son ensemble[31] - [32]. Quittant l’Arabie, les forces arabes en 634 entrĂšrent en Syrie et s’emparĂšrent de Damas; JĂ©rusalem devait tomber en 637 [33].

Ce dĂ©sastre devait convaincre HĂ©raclius que Dieu lui-mĂȘme l’avait abandonnĂ© [34]. Ayant tout juste le temps de rĂ©cupĂ©rer la Vraie Croix durant le siĂšge, HĂ©raclius reprit le chemin de Constantinople, affaibli physiquement et mentalement. Ses derniers jours seront marquĂ©s par un retour de la peste Ă  Constantinople, la cruautĂ© Ă  l’endroit de son frĂšre ThĂ©odore et de son fils bĂątard, Athalaric, soupçonnĂ©s de tentative de coup d’État, et, dernier coup, la condamnation par le pape Jean IV de l’EkthĂ©sis, par laquelle il avait tentĂ© avec le patriarche Serge de rĂ©concilier les chrĂ©tiens des deux parties de son empire[35] - [36].

Il devait s’éteindre le 11 fĂ©vrier 641 et ĂȘtre enseveli dans l’église des Saints-ApĂŽtres, nĂ©cropole des empereurs byzantins, Ă  cĂŽtĂ© du fondateur de l’empire, Constantin le Grand[37].

Constantin III / HĂ©raclonas (641)

Solidus Ă  l'effigie d'HĂ©raclius et de ses fils Constantin III et HĂ©raclonas.

Quelque temps aprĂšs la mort de sa premiĂšre Ă©pouse Fabia Eudocia en aoĂ»t 612, HĂ©raclius Ă©pousa sa niĂšce Martine (entre 614 et 623 selon les historiens) au grand scandale de l'Église et de l'opinion publique. Ce mariage incestueux passa aux yeux de beaucoup pour maudit : parmi leurs onze enfants, quatre moururent en bas Ăąge et deux Ă©taient handicapĂ©s, ce qui aggravera la certitude qu’avait HĂ©raclius Ă  la fin de sa vie que Dieu l’avait abandonnĂ© [38] - [39].

Pour Ă©viter des conflits entre les enfants des deux mariages, HĂ©raclius avait prĂ©vu qu’à sa mort le trĂŽne serait occupĂ© conjointement par son fils ainĂ©, HĂ©raclius-Constantin alors ĂągĂ© de vingt-neuf ans et par le premier fils qu’il avait eu de Martine, HĂ©raclonas, qui n’avait que quinze ans. HĂ©raclius-Constantin monta donc sur le trĂŽne sous le nom de Constantin III. Toutefois le nouvel empereur souffrait de tuberculose avancĂ©e et ne devait rĂ©gner que quelques mois. Dans les circonstances, HĂ©raclius avait prĂ©vu qu’en cas de dĂ©cĂšs de Constantin III, le trĂŽne reviendrait non au fils de celui-ci, Constantin, mais Ă  HĂ©raclonas le fils de Martine. Ceci Ă©tait trĂšs mal vu dans la population qui considĂ©rait les enfants de Martine comme bĂątards[40] - [38] - [41].

Au cours de ses trois mois de rĂšgne, Constantin n’eut que le temps de confisquer le fonds secret qu’HĂ©raclius avait crĂ©Ă© en faveur de sa veuve et d’en distribuer le contenu aux soldats Ă  titre de cadeau d’avĂšnement (donativum), ce qui lui valut les faveurs de l’armĂ©e. Au cours des mĂȘmes mois, les Arabes rĂ©ussissaient Ă  s’emparer de Babylone Ă©gyptienne et mirent le siĂšge devant Alexandrie[42].

À la mort de Constantin III, Martine devint rĂ©gente au nom de son fils HĂ©raclonas alors que se rĂ©pandait dans la population la rumeur que celle-ci avait fait empoisonner l’empereur. N’ayant plus de fonds Ă  sa disposition pour marquer l’avĂšnement de son fils, elle perdit non seulement l’appui de l’armĂ©e mais aussi de la population de Constantinople qui exigea l’avĂšnement du fils de Constantin III, le jeune HĂ©raclius. Sous la pression de l’armĂ©e et de la population, HĂ©raclonas n’eut d’autre choix que de couronner Constant[N 1] comme coempereur Ă  la fin du mois de septembre 641. Dans le but de rĂ©duire la portĂ©e de cet acte, HĂ©raclonas Ă©leva Ă©galement deux de ses jeunes frĂšres, David et Marinus, au rang de coempereurs. DĂ©posĂ©s sur ordre du SĂ©nat, puis arrĂȘtĂ©s en septembre, Martine eut la langue coupĂ©e et HĂ©raclonas le nez fendu, ce qui les rendaient indignes de rĂ©gner; les deux furent exilĂ©s Ă  Rhodes[43] - [44] - [45].

Constant II (641 – 668)

Constant II dit « le barbu » (ÎšÏ‰ÎœÏƒÏ„Î±ÎœÏ„áż–ÎœÎżÏ‚ ᜁ Î Ï‰ÎłÏ‰ÎœÎŹÏ„ÎżÏ‚).

Le SĂ©nat qui avait dĂ©crĂ©tĂ© la dĂ©position de l’impĂ©ratrice et de son fils ainsi que l’avĂšnement de Constant II vit son importance confirmĂ©e lorsque les sĂ©nateurs firent dire Ă  l’enfant de onze ans qu’il ferait d’eux « ses conseillers et les avouĂ©s du bien communs des sujets[46]". RefoulĂ© Ă  l’arriĂšre-plan par l’absolutisme de Justinien, le SĂ©nat retrouva son lustre antique sous les HĂ©raclides en devenant le conseil de la couronne et la cour suprĂȘme de justice [47].

Rapidement toutefois, le jeune empereur devint son propre maitre et prit une sĂ©rie de dĂ©cisions devant avoir par la suite d’importantes rĂ©percussions pour la gestion de l’empire. Entre 659 et 662, il procĂ©da Ă  une rĂ©organisation de l’armĂ©e qui devait perdurer durant les trois siĂšcles suivants. Les armĂ©es mobiles furent assignĂ©es Ă  rĂ©sidence dans des endroits spĂ©cifiques qui reçurent comme les armĂ©es elles-mĂȘmes le nom de « thĂšmes » et leur appellation fut hellĂ©nisĂ©e. Ainsi la garde de l’empereur, appelĂ©e jusque-lĂ  Obsequium, fut cantonnĂ©e dans le sud de la Thrace et le nord de la Cappadoce devenant le thĂšme de l’Opsikion (Opsikion), l’armĂ©e de l’ArmĂ©nie devint le thĂšme des ArmĂ©niaques (Armeniakon), l’armĂ©e d’Orient celui des Anatoliques (Anatolikon), etc. [N 2].

L’empereur devait cependant avoir moins de succĂšs sur le plan religieux. Dans le but d’unifier les chrĂ©tiens de l’empire face aux menaces perse, puis arabe, l’empereur HĂ©raclius, avec l’aide du patriarche Serge avait Ă©laborĂ© une doctrine Ă  mi-chemin entre le monophysisme et la doctrine de ChalcĂ©doine : le monothĂ©lisme. Cette doctrine devait ĂȘtre Ă©dictĂ©e en 638 dans une profession de foi Ă©manant de l’empereur, l'EcthĂšse (en grec ጜÎșΞΔσÎčς, exposition). Non seulement les monophysites ne s’y ralliĂšrent pas, mais elle devait ĂȘtre le point de dĂ©part d’une controverse entre les patriarcats de Rome et de Constantinople. L’Église d’Afrique avait Ă©tĂ© au cours des luttes religieuses la championne de l’orthodoxie. Toutefois, nombre de monophysites chassĂ©s par les invasions arabes Ă©taient venus s’y rĂ©fugier. L’exarque Georges aidĂ© d’un moine, Maxime le Confesseur, tentĂšrent de convertir les nouveaux venus et bientĂŽt la querelle religieuse se doubla d’une querelle politique entre Constantinople et Rome. Des conciles provinciaux en Afrique condamnĂšrent le monothĂ©lisme, alors qu’à Rome, les papes Jean VI (640-642) et ThĂ©odore Ier (642-649) manifestĂšrent leur rĂ©probation Ă  l’endroit de l’EcthĂšse [48]. Pour apaiser les tensions Constant II publia en 648 le « Typos », solution de compromis qui tout en faisant enlever l’EcthĂšse du narthex de Hagia Sophia interdisait sous peine des plus graves sanctions toute discussion sur le sujet [49].

Le nouveau pape Martin Ier (649-655), montĂ© sur le trĂŽne sans avoir sollicitĂ© comme le voulait la coutume la ratification impĂ©riale, convoqua un concile qui condamna aussi bien l’EcthĂšse que le Typos, en rejetant la responsabilitĂ© sur les patriarches de Constantinople Serge (610-638), Pyrrhus (638-641; 654) et Paul (641-653) qui furent anathĂ©misĂ©s[49]. La rĂ©action de l’empereur fut immĂ©diate : il commanda Ă  l’exarque de Ravenne de s’emparer du pape et de l’amener Ă  Constantinople pour y ĂȘtre jugĂ©. L’exarque Olympius s’y refusa et dĂ©tacha l’Italie de l’empire pour la faire passer sous sa propre autoritĂ©. Olympius Ă©tant mort en 652, un nouvel exarque fut envoyĂ© l’annĂ©e suivante se saisir du pape pour l’amener Ă  Constantinople oĂč il fut accusĂ© d’avoir conspirĂ© avec Olympius contre l’empereur. D’abord condamnĂ© Ă  mort, le pape fut graciĂ© grĂące Ă  l’intercession du patriarche Paul et exilĂ© Ă  Cherson oĂč il mourut quelques mois plus tard, de faim et de mauvais traitements[50] - [51] - [52].

L’empire byzantin en 650 sous Constant II.

Cette querelle religieuse qui mettait en cause l’appartenance de l’Italie et de l’Afrique du Nord Ă  l’empire se dĂ©roulait avec comme toile de fond les invasions arabes qui le menaçaient de plus en plus sĂ©rieusement. AprĂšs la Palestine et la Syrie, ce fut au tour de l’Égypte de tomber en 642. Peu aprĂšs, c'est une grande partie du littoral de l'Afrique du Nord correspondant Ă  l'actuelle Libye qui tomba aux mains des Arabes[53].

Pendant ce temps, le gouverneur militaire de Syrie, le futur calife Mu'awiya Ier comprit que Constantinople ne pouvait ĂȘtre conquise sans une flotte puissante. Peuple du dĂ©sert n’ayant jusque-lĂ  aucune expĂ©rience dans ce domaine, les Arabes se lanceront dans un programme forcĂ© de construction navale qui prendra deux ans, temps qu’ils utiliseront pour lancer des offensives en ArmĂ©nie, puis en 647, en Cappadoce avançant jusqu’à Caesarea (aujourd’hui Kaiseri). La flotte complĂ©tĂ©e et les marins entrainĂ©s, Mu’awiya se dirigera d’abord vers Chypre, l’une des plus importantes bases navales byzantines. Ce sur quoi Constant parvint Ă  nĂ©gocier une trĂȘve de deux ans dont profita Mu’awiya pour consolider sa flotte et attaquer Rhodes en 654[54]. Il ne put toutefois poursuivre son avantage : en juin 656, le calife Othman fut assassinĂ©. Le beau-fils du ProphĂšte fut alors choisi pour lui succĂ©der avec l’appui des tribus de MĂ©dine, pendant que Mu’awiya Ă©tait Ă©lu par ses partisans en Syrie. La dispute qui s’ensuivit et qui devait se terminer par l’assassinat d’Ali en 661 assura aux Byzantins un rĂ©pit de cinq ans [55] - [53] - [56].

Constant en profita pour se tourner vers les territoires europĂ©ens de l’empire et entreprit en 658 une campagne dans les Balkans occupĂ©s par les Slaves, la premiĂšre dans la rĂ©gion depuis l’empereur Maurice[57]. Puis il tourna son attention vers les rĂ©gions occidentales les plus Ă©loignĂ©es de l’empire : l’Afrique et l’Italie oĂč les disputes religieuses se transformĂšrent en rĂ©bellions politiques tel que mentionnĂ© plus haut.

La victoire de Mu’awiya sur les partisans d’Ali en 661 signifiait la reprise du conflit entre Byzance et les Arabes. C’est alors que Constant II prit la dĂ©cision de s’établir en Sicile, laissant Constantinople entre les mains de son fils, Constantin. Son but Ă©tait probablement de supprimer les tendances autonomistes dans les exarchats [N 3] ainsi que de battre les Lombards (Italie) et Arabes (Afrique) qui les menaçaient[58].

Mais les campagnes contre les Lombards qui lui valurent quelques succĂšs au dĂ©but, l’entretien de la cour et de l’armĂ©e Ă  Syracuse, constituaient une charge trĂšs lourde pour la population des territoires occidentaux qu’aggravait le caractĂšre despotique de l’empereur; celui-ci perdit progressivement tous ses appuis. En septembre 668, une conspiration fut ourdie au sein des grandes familles byzantines et armĂ©niennes, et l’empereur fut assassinĂ© par un de ses chambellans alors qu’il Ă©tait dans son bain. L’un des conspirateurs, le chef de la garde impĂ©riale, Mezezius fut alors proclamĂ© empereur par les troupes, mais la rĂ©bellion fut Ă©crasĂ©e au dĂ©but de 669 par les troupes de l’exarque de Ravenne avec l’appui du pape Vitalien, demeurĂ© fidĂšle Ă  l’empereur[59] - [60] - [61].

Constantin IV (668 – 685)

Constantin IV d’aprùs une mosaïque dans la basilique Saint-Apollinaire-in-classe de Ravenne.

SitĂŽt Ă©crasĂ©e, la rĂ©volte de Mezezius, Constantin, le fils ainĂ© de Constant qui avait administrĂ© ce qui restait des provinces de l'est durant l'absence de son pĂšre, prit le pouvoir, mĂȘme si ses deux frĂšres HĂ©raclius et TibĂšre, couronnĂ©s coempereurs en mĂȘme temps que lui, demeuraient associĂ©s au trĂŽne[60] - [62]. Les onze premiĂšres annĂ©es du rĂšgne de Constantin IV furent consacrĂ©es Ă  la lutte contre les Arabes de Mu’awiya et accessoirement contre les Slaves. Un court intermĂšde en 680 permit de rĂ©gler le conflit religieux avec Rome causĂ© par le monothĂ©lisme, alors que les quatre derniĂšres annĂ©es furent consacrĂ©es Ă  la lutte contre un nouvel ennemi : les Bulgares.

En 670, les Arabes menĂšrent leurs attaques Ă  la fois en Sicile, oĂč ils mirent Syracuse Ă  sac, et en Afrique oĂč ils fondĂšrent la ville fortifiĂ©e de Kairouan qui leur servira de base contre l’exarchat de Carthage Ă  150 km du chef-lieu byzantin. En Asie mineure, aprĂšs s’ĂȘtre emparĂ© de Chypre, Rhodes, Kos et Chio, un gĂ©nĂ©ral de Mu’awaya s’empara de la presqu’ile de Cyzique sur la mer de Marmara, base idĂ©ale pour mener des attaques dans toute la rĂ©gion de Constantinople[63] - [64]. Ils s’y installeront de façon permanente en 674, alors que commencera le « siĂšge de Constantinople de 674 Ă  678 », improprement nommĂ©, car il s’agira plutĂŽt d’une sĂ©rie d’attaques annuelles sur la ville et ses environs. Mais alors que les siĂšges prĂ©cĂ©dents avaient Ă©tĂ© des siĂšges terrestres constamment mis en Ă©chec par la puissance des remparts de la ville, il s’agissait cette fois d’attaques venant de la mer. Au printemps 674, une grande flotte arabe franchit l'Hellespont (les Dardanelles) et, pendant six mois, terrorisa toute la cĂŽte europĂ©enne de la mer de Marmara jusqu'aux murailles de Constantinople. Les Byzantins y rĂ©pondirent en utilisant pour la premiĂšre fois en 677 l’invention d’un architecte et chimiste d’HĂ©liopolis (aujourd’hui Baalbek) rĂ©fugiĂ© Ă  Constantinople du nom de Callinicus, le feu grĂ©geois[65] - [60].

Profitant du fait que les armĂ©es byzantines Ă©taient occupĂ©es Ă  se dĂ©fendre contre les Arabes, les Slaves se prĂ©paraient Ă  attaquer Thessalonique. Leur chef, Perbundus, fut arrĂȘtĂ© et exĂ©cutĂ©, provoquant la colĂšre des Slaves qui se jetĂšrent sur la ville. Pendant ce temps, en Italie, les Lombards s’emparaient de la plus grande partie de la Calabre byzantine [66].

Les attaques des deux premiĂšres annĂ©es n’ayant produit aucun rĂ©sultat, Mu’awaya envoya une nouvelle armĂ©e, cette fois sous le commandement de son fils, YazĂŻd, qui n’eut guĂšre plus de succĂšs[67]. Sur terre, Mu’awaya Ă©tait toutefois l’objet d’attaques des MardaĂŻtes, flibustiers chrĂ©tiens en rĂ©volte ouverte qui menaient une guerre de guĂ©rilla en Syrie, au Mont Liban et jusqu’à JĂ©rusalem. DĂ©moralisĂ© et dĂ©couragĂ©, il se dĂ©cida en 678 Ă  lever le siĂšge de Constantinople et Ă  accepter une paix de trente ans offerte par Constantin : non seulement dut-il abandonner les iles grecques rĂ©cemment conquises, mais encore payer Ă  l’empereur un tribut de 3 000 livres d’or en plus de cinquante esclaves et cinquante chevaux[68] - [69] - [70].

Ce succĂšs eut un effet extraordinaire dans la rĂ©gion; pour la premiĂšre fois l’avancĂ©e des Arabes Ă©tait arrĂȘtĂ©e. Le khagan des Avars et les chefs de tribus slaves envoyĂšrent des ambassades Ă  Constantinople pour requĂ©rir l’amitiĂ© de l’empereur et reconnaitre les droits de l’empire[70].

Constantin profita de cette accalmie pour rĂ©gler le vieux conflit du monophysisme. Il Ă©tait devenu Ă©vident que l’Égypte et la Syrie oĂč se concentrait la majoritĂ© des monophysites Ă©taient maintenant dĂ©finitivement perdues et que le Typos de Constant II n’avait plus d’utilitĂ©. DĂšs 678, l’empereur Ă©crivit au pape pour proposer la tenue du TroisiĂšme Concile de Constantinople (aussi appelĂ© SixiĂšme Concile ƓcumĂ©nique). Il fallut dix-huit sessions, dont onze prĂ©sidĂ©es par l’empereur, pour qu’un consensus soit atteint. En septembre 681, le concile condamnait le monophysisme et ses anciens champions dont les patriarches Serge, Pyrrhus et Cyr, ainsi que le pape Honorius[71] - [72] - [73].

L’empereur en profita Ă©galement pour rĂ©gler le conflit qui l’opposait Ă  ses deux frĂšres et assurer l’accession au trĂŽne de son propre fils, Justinien. Peu avant le concile, il avait prononcĂ© la dĂ©position de ceux-ci, dĂ©cision qui s’était heurtĂ©e Ă  l’hostilitĂ© d’une partie de l’armĂ©e et qu’il avait dĂ» rescinder. Une fois assurĂ© des rĂ©sultats du concile, il dĂ©posa effectivement ses frĂšres dont il fit couper le nez, les rendant ainsi impropres Ă  gouverner. Ce n’était guĂšre la premiĂšre fois que des disputes fraternelles mettaient le trĂŽne en danger. MalgrĂ© la brutalitĂ© du geste, Constantin consacrait ainsi le principe de succession monarchique en faveur du fils ainĂ© du souverain [71] - [74].

La création du premier empire bulgare.

Mais dĂ©jĂ  se profilait Ă  l’horizon un nouvel ennemi devant lequel Constantin devait avoir moins de succĂšs : les Bulgares.

Vers 642, ce peuple turc, Ă©tabli prĂšs de la mer d’Azov Ă©tait attaquĂ© par les Khazars. Une partie d’entre eux, commandĂ©e par Asparoukh parut dans les annĂ©es 770 sur les bouches du Danube. AussitĂŽt conclu le traitĂ© de paix avec les Arabes, Constantin prĂ©para une expĂ©dition maritime dont il prit lui-mĂȘme le commandement, traversa la mer Noire pour dĂ©barquer au nord des bouches du Danube pendant que la cavalerie byzantine le rejoignait par terre Ă  travers la Thrace. La nature marĂ©cageuse du terrain rendait toutefois difficile la poursuite des opĂ©rations alors que l’empereur, souffrant de goutte, dut quitter momentanĂ©ment ses troupes pour se soigner Ă  Messembria]. Il n’en fallait pas plus pour que la rumeur d’une dĂ©faite ne se rĂ©pande et que l’armĂ©e fuit en dĂ©bandade. Les Bulgares rĂ©alisant leur chance franchirent le Danube et poursuivirent les troupes en dĂ©route dans l’ancienne province de MĂ©sie. RĂ©alisant que cette rĂ©gion Ă©tait beaucoup plus riche que celle qu’ils venaient de quitter, ils se soumirent les sept peuples slaves qui s’y trouvaient dĂ©jĂ  et, adoptant leur langue, jetĂšrent les fondements de ce qui devait devenir le premier empire bulgare. Constantin n’eut d’autre choix que de reconnaitre le nouvel État auquel il acceptait mĂȘme de payer un tribut annuel[75] - [76] - [77].

Constantin IV devait mourir subitement de dysenterie en septembre 685, ĂągĂ© de trente-cinq ans, mais non sans avoir profitĂ© des troubles intĂ©rieurs affaiblissant le califat pour reconquĂ©rir la Cilicie lors d’une derniĂšre campagne Ă  la tĂȘte de son armĂ©e[78].

Justinien II (685 – 695; 705 – 711)

Solidus datant du deuxiĂšme rĂšgne de Justinien II

Premier rùgne (685 – 695)

Fils ainĂ© de Constantin IV, Justinien Ă©tait ĂągĂ© de seize ans lorsqu’il devint empereur. Intelligent, douĂ© d’une Ă©norme Ă©nergie, il Ă©tait dĂ©terminĂ© Ă  suivre l'exemple de son aĂŻeul, Justinien Ier et Ă  laisser sa marque dans tous les domaines, quels que soient les moyens Ă  prendre pour y arriver[79].

Justinien commença son rĂšgne en consolidant les succĂšs remportĂ©s par son pĂšre contre les Arabes. Une campagne en ArmĂ©nie, IbĂ©rie (GĂ©orgie d’aujourd’hui) et Syrie lui permit de signer un traitĂ© de paix plus avantageux que le prĂ©cĂ©dent avec le nouveau calife Abd Al-Malik, dont une clause prĂ©voyait que les MardaĂŻtes seraient Ă©vacuĂ©s du Mont Liban et installĂ©s, sans doute comme matelots Ă  Antalya en Pamphylie[80] - [81]. La paix conclue en Asie, Justinien se tourna vers les Balkans oĂč il envoya une expĂ©dition contre les Slaves en 688 et 689, laquelle se solda par une entrĂ©e triomphale Ă  Thessalonique, deuxiĂšme ville de l’Empire, obligeant les tribus slaves Ă  reconnaitre l’autoritĂ© de Byzance. À nouveau, Justinien dĂ©plaça quelque 250 000 Slaves pour repeupler le thĂšme d’Opsikion (Bithynie) ravagĂ© par les Arabes[82]. Les bĂ©nĂ©fices de cette opĂ©ration Ă©taient doubles. D’une part il repeuplait des rĂ©gions et rouvrait celles-ci Ă  l’agriculture, d’autre part il augmentait le bassin de population oĂč aller puiser de nouvelles troupes pour les thĂšmes. En mĂȘme temps, il modifiait la composition sociale de la sociĂ©tĂ© : la paysannerie libre s’accrut de l’apport de cultivateurs Ă©trangers et prit une importance beaucoup plus considĂ©rable qu’autrefois, d’autant plus que la communautĂ© villageoise Ă©tait maintenant considĂ©rĂ©e non seulement comme une unitĂ© administrative, mais qu’elle Ă©tait solidairement responsable du paiement des impĂŽts[83] - [84].

Toutefois ces rĂ©cents immigrĂ©s n’éprouvaient guĂšre de loyautĂ© Ă  l’endroit de l’empire byzantin. La guerre reprise contre les Arabes en 691 coutait cher et Justinien augmenta les taxes pour financer le conflit. Au caractĂšre autoritaire et impĂ©tueux de l’empereur s’ajouta la brutalitĂ© de ses deux ministres favoris, le sacellaire Étienne et le logothĂšte du trĂ©sor ThĂ©odote[85] - [86]. Les prisons se remplirent et quelque 20 000 soldats slaves dĂ©sertĂšrent au profit des Arabes. En rage, Justinien ordonna l’extermination de tous les Slaves de Bithynie.

Prince profondĂ©ment croyant[N 4], Justinien dĂ©cida en 691 de convoquer un concile destinĂ© Ă  rĂ©former le dĂ©sordre et l’indiscipline qui rĂ©gnaient tant dans la sociĂ©tĂ© laĂŻque qu’ecclĂ©siastique, Ă©lĂ©ments dont ne s’étaient pas occupĂ©s les Ve et VIe conciles, d’oĂč son nom de « Quinisexte »[N 5] - [87]. Toutefois, composĂ© uniquement d’évĂȘques orientaux, le concile prĂ©tendit parler pour l’Église entiĂšre sans tenir compte des diffĂ©rences politiques, sociales et coutumiĂšres entre l’Orient et l’Occident, comme celles autorisant en Orient le mariage des prĂȘtres ou obligeant un jeĂ»ne le samedi en Occident. L’union dogmatique rĂ©alisĂ© Ă  grand peine dix ans auparavant lors du VIe concile fut brisĂ©e lorsque le pape Serge refusa de souscrire Ă  ses 102 canons. Furieux, l’empereur ordonna (comme l’avait fait Justinien Ier) que le pape soit amenĂ© Ă  Constantinople. Mais contrairement Ă  ce qui s’était passĂ© alors, tant les milices de Rome que de Ravenne refusĂšrent d’obĂ©ir Ă  l’exarque Zacharias qui ne dut qu’à l’intervention du pape de pouvoir quitter Rome avec la vie sauve[88] - [89] - [90].

DĂ©jĂ  dĂ©testĂ©, alors qu’il n’avait que vingt-trois ans par la population rurale en raison du fardeau fiscal, de l’armĂ©e du fait de ses cruautĂ©s Ă  l’endroit des soldats slaves, l’empereur perdit Ă©galement l'appui de l’aristocratie qui se voyait dĂ©pouillĂ©e de ses privilĂšges en faveur des paysans[91].

Usurpateurs : LĂ©once (695 – 697);TibĂšre III (698 – 705)

Le ressentiment explosa lorsque le gĂ©nĂ©ral LĂ©once qui s’était illustrĂ© dans les campagnes d’ArmĂ©nie et du Caucase, mais qui croupissait en prison depuis trois ans, fut libĂ©rĂ© et nommĂ© gouverneur du nouveau thĂšme d’Hellade. Le jour mĂȘme de sa libĂ©ration, avec l’aide des Bleus et la complicitĂ© du patriarche, il se rendit Ă  Hagia Sophia oĂč il fut acclamĂ© basileus. ArrĂȘtĂ©s, les deux ministres de Justinien furent brulĂ©s vifs et l’empereur dĂ©posĂ© fut paradĂ© Ă  l’hippodrome oĂč il eut le nez coupĂ© avant d’ĂȘtre envoyĂ© en exil Ă  Cherson, en CrimĂ©e[86] - [92] - [85].

Profitant de l’agitation rĂ©gnant Ă  Constantinople, les Arabes reprirent leurs attaques contre l’exarchat de Carthage dont ils rĂ©ussirent Ă  s’emparer en 697. À la suite de ce dĂ©sastre, la flotte byzantine se rĂ©volta et acclama comme empereur le drongaire (commandant d’une division) Apsimar. GrĂące Ă  l’appui de la milice du parti des Verts, il put entrer dans Constantinople, dĂ©poser LĂ©once et ĂȘtre couronnĂ© sous le nom de TibĂšre III[85] - [93].

Se dĂ©sintĂ©ressant de Carthage Ă  partir de laquelle les Arabes allaient progresser vers l’Espagne, TibĂšre III, grĂące Ă  l’aide de son frĂšre HĂ©raclius, concentra ses Ă©nergies sur l’Anatolie; en 700, il entrait en Syrie et parvenait Ă  reprendre une partie de l’ArmĂ©nie. En 703 et 704, il rĂ©ussit Ă  contenir les invasions arabes en Cilicie, mais dut prĂ©cipitamment rappeler son frĂšre : les Bulgares, ayant Ă  leur tĂȘte le khan Tervel et dans leurs bagages l’ancien empereur Justinien, s’approchaient de Constantinople[94] - [92] - [95].

Deuxiùme rùgne (705 – 711)

Le siĂšge ne dura que trois jours : profitant d’une canalisation oubliĂ©e de l’aqueduc de Valens, Justinien pĂ©nĂ©tra dans la ville pendant que TibĂšre III s’enfuyait Ă  Sozopolis en Thrace. ConfrontĂ©e Ă  l’alternative ou bien de rĂ©tablir l’ancien empereur en dĂ©pit de son nez coupĂ© ou d’ĂȘtre livrĂ©e aux troupes bulgares et slaves, la population se hĂąta d’acclamer son ancien empereur. Tervel fut rĂ©compensĂ© de son aide en obtenant le titre de cĂ©sar, titre rĂ©servĂ© jusque-lĂ  Ă  quelques membres de la famille impĂ©riale[96] - [97] - [98].

Les annĂ©es qui suivirent furent occupĂ©es tant Ă  l’intĂ©rieur qu’à l’extĂ©rieur Ă  assouvir sa vengeance. LĂ©once, et TibĂšre III furent immĂ©diatement exĂ©cutĂ©s Ă  l’hippodrome. Puis ce fut le tour d’HĂ©raclius, le frĂšre de TibĂšre, probablement le meilleur gĂ©nĂ©ral de l’époque, ainsi que ses principaux officiers. Nombre de hauts fonctionnaires furent pendus aux murs de Constantinople et le patriarche Callinique qui avait couronnĂ© LĂ©once eut les yeux crevĂ©s[99] - [100].

Il n’en fallait pas plus pour que les voisins de Byzance, profitant de l’affaiblissement de l’armĂ©e et du climat de terreur Ă  Constantinople, ne reprennent leurs attaques aussi bien en Europe qu’en Asie mineure. Le fils d’Abd Al-Malik, WalÄ«d, envahit la Cappadoce et razzia la Cilicie[99] - [100]. Au lieu de faire face Ă  ces dangereux voisins, Justinien prĂ©fĂ©ra rĂ©gler ses comptes avec ses ennemis. Pour une raison qui reste obscure, il envoya une expĂ©dition punitive contre Ravenne. SitĂŽt celle-ci sur place, le chef de l’expĂ©dition convoqua tous les dignitaires locaux Ă  un banquet pendant lequel il se saisit d’eux et les expĂ©dia Ă  Constantinople pendant que ses troupes pillaient la ville. Quant aux malheureux dignitaires ils furent tous condamnĂ©s Ă  mort sauf l’évĂȘque qui fut aveuglĂ©. Il en rĂ©sulta une rĂ©volte ouverte au sein de la population [101] - [102] - [103].

Puis, il envoya une expĂ©dition semblable contre son premier lieu d’exil, Cherson, dont les autoritĂ©s avaient dĂ©noncĂ© Ă  TibĂšre III ses plans pour regagner son trĂŽne; c’est Ă  ce moment que Justinien avait quittĂ© Cherson pour se rĂ©fugier chez les Khazars. Nombre de citoyens furent simplement noyĂ©s et sept d’entre eux brĂ»lĂ©s vifs. Le gouverneur nommĂ© par le khagan fut envoyĂ© Ă  Constantinople avec trente de ses fonctionnaires. Mais lorsque l’empereur ordonna Ă  ses troupes de rentrer Ă  Constantinople, une tempĂȘte frĂ©quente en mer Noire engloutit toute la flotte et, quoique ce chiffre soit sans doute exagĂ©rĂ©, ses 73 000 soldats. Justinien s’apprĂȘtait Ă  envoyer une seconde expĂ©dition, lorsque la nouvelle arriva Ă  l’effet que les Khazars avaient envoyĂ© des troupes Ă  Cherson oĂč le gouverneur et toute la garnison s’étaient rangĂ©s du cĂŽtĂ© des ennemis et avaient acclamĂ© un gĂ©nĂ©ral d’origine armĂ©nienne du nom de BardanĂšs, exilĂ© Ă  Cherson, comme empereur. Cette deuxiĂšme expĂ©dition conduite par le patricien Maurus tenta en vain d’assiĂ©ger Cherson. Maurus fit alors allĂ©geance Ă  BardanĂšs et le ramena Ă  Constantinople. Justinien avait alors quittĂ© la capitale pour mettre un terme Ă  une rĂ©volte en ArmĂ©nie; il se hĂąta de rebrousser chemin, mais il Ă©tait trop tard, la population de la capitale avait accueilli BardanĂšs Ă  bras ouvert et celui-ci devint empereur sous le nom de Philippicos[104] - [105] - [106].

Apprenant que BardanĂšs revenait Ă  Constantinople, Justinien se hĂąta de regagner la capitale. Il Ă©tait arrivĂ© Ă  ChalcĂ©doine lorsque Philippicos entra dans la ville. Il promit l’immunitĂ© aux soldats de Justinien si ceux-ci se ralliaient Ă  lui; abandonnĂ©, Justinien fut arrĂȘtĂ© et dĂ©capitĂ©, sa tĂȘte Ă©tant envoyĂ©e au nouvel empereur et son corps jetĂ© Ă  la mer. Le jeune fils de Justinien, TibĂšre, trouva refuge dans l’église de la Vierge des Blachernes. Il s’était agrippĂ© Ă  l’autel et tenait un fragment de la Vraie Croix lorsqu’un dĂ©tachement arriva. L’un des gardes se saisit de l’enfant, lui enleva le fragment de la Vraie Croix qu’il dĂ©posa respectueusement sur l’autel avant d’amener celui-ci Ă  l’extĂ©rieur de l’église, puis l’ayant dĂ©pouillĂ© de ses vĂȘtements, lui trancha la gorge. La dynastie des HĂ©raclides qui avait rĂ©gnĂ© pendant un siĂšcle et cinq gĂ©nĂ©rations s’achevait ainsi sur le meurtre d’un enfant de six ans [107] - [106] - [105].

Arbre généalogique

Certains rapports de parentĂ© sont trĂšs incertains, en raison du nombre d’homonymes et de sources contradictoires.

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Notes et références

Notes

  1. En fait l’empereur lors de son couronnement prit le nom de Constantin et rĂ©gnera sous ce nom; ce fut la foule qui lui donna celui de ΚώΜστας ou « petit Constantin » qui lui restera attachĂ© ; HĂ©raclonas pour sa part Ă©tait le diminutif de HĂ©raclius (Ostrogorsky (1983) p. 144.
  2. Voir Ă  ce sujet Treadgold (1997) « Constant II and the themes », pp. 314-322. Ostrogorsky pour sa part faisait plutĂŽt remonter l’origine des thĂšmes Ă  HĂ©raclius lui-mĂȘme (Ostrogorsky (1983) pp. 127-128. Il semble toutefois qu’il se soit agi d’une lente Ă©volution transformant graduellement le systĂšme des petites provinces de Justinien en grands ensembles oĂč le gouverneur militaire (strategos) jouissait Ă  la fois des pouvoirs civils et militaires sur le modĂšle des exarchats de Ravenne et de Carthage crĂ©Ă©s par HĂ©raclius (Kazhdan (1991) « Themes », vol. III, pp. 2034-2035.)
  3. En 646, l'exarque de Carthage GrĂ©goire le Patrice, cousin de Constant, s’était proclamĂ© empereur.
  4. S’intitulant Servus Christi, il sera le premier empereur à faire graver à l’avers de ses monnaies l’effigie du Christ, nouvelle cause de friction dans le paiement du tribut par les Arabes.
  5. Son autre nom de « in Trullo », vient du fait qu’il se rĂ©unit dans une salle du palais surmontĂ©e d’un dĂŽme (trullo).

Références

  1. Voir "PĂ©riode des Justiniens (518 – 602)"
  2. Norwich (1989) p. 272
  3. Cheynet (2013) p. 42
  4. Ostrogorsky (1983) pp. 95-96
  5. Treadgold (1997) pp. 275-276
  6. Treadgold (1997), pp. 236-237
  7. Sur les attitudes des factions à l'égard de Phocas, voir Yvonne Janssens, « Les Bleus et les Verts sous Maurice, Phocas et Héraclius », Byzantion, vol. 11, 1936, pp. 499-536
  8. Kleinhenz (2017), p. 890
  9. Pohl (2018) p. 281
  10. Treadgold (1997), p. 238
  11. Martindale, Jones et Morris (1992), pp. 239-240
  12. Kaegi (2003), p. 23
  13. Martindale, Jones et Morris (1992), pp. 511, 585, 622
  14. Mitchell (2007) p. 411
  15. Kaegi (2003), p. 36
  16. Kaegi (2003), pp. 49-50.
  17. Bréhier (1969) p. 54
  18. Ostrogorsky (1983) p. 124
  19. Kaegi (2003), p. 88-89
  20. Haldon (1990), p. 42
  21. Treadgold (1997), pp. 290-293
  22. Ostrogorsky (1983) p. 128
  23. Ostrogorsky (1983) p. 129
  24. Bréhier (1969) pp. 55-56
  25. Ostrogorsky (1983) pp. 131-132
  26. Norwich (1989) p. 311;
  27. Ostrogorsky (1983) pp. 134-135
  28. Bréhier (1969) p. 57
  29. Morrisson (2004), p. 47
  30. Haldon (1990), p. 16
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  44. Ostrogorsky (1983) p. 144
  45. Norwich (1989) p. 313
  46. Théophane 342, 10-20, cité par Ostrogorsky (1983) p. 145 et Norwich (1997) p. 314
  47. Voir Charles Diehl, « Le Sénat et le peuple byzantin aux VIIe siÚcle et VIIIe siÚcle, Byzantion I, 1924, pp. 201 et sq.
  48. Bréhier (1969) p. 61
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  90. Norwich (1989) pp. 331-332
  91. Norwich (1989) p. 333
  92. Norwich (1989) p. 334
  93. Ostrogorsky (1983) p. 170
  94. Ostrogorsky (1983) pp. 170-171
  95. Treadgold (1995) pp. 339-340
  96. Treadgold (1995) pp. 335-337
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  98. Norwich (1989) pp. 337-338
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  100. Treadgold (1995) p. 341
  101. Norwich (1989) pp. 339-340
  102. Ostrogorsky (1983) pp. 172-173
  103. Bréhier (1969) p. 70
  104. Norwich (1989) pp. 343-344
  105. Treadgold (1995) p. 342
  106. Ostrogorsky (1983) p. 173
  107. Norwich (1989) p. 345

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