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Drapeau de la Russie

Le drapeau de la Russie (en russe : Флаг России), ou drapeau de la fédération de Russie, est le drapeau national de la fédération de Russie. Il lui sert aussi de pavillon pour sa marine marchande.

Drapeau national et pavillon civil de la Russie
Drapeau
Utilisation Symbole décrivant l'usage, explicité ci-après Symbole décrivant l'usage, explicité ci-après
Caractéristiques
Proportions 2:3
Adoption
Éléments Tricolore de bandes horizontales de même hauteur blanche, bleue et rouge.
Pavillon de guerre de la Russie
Drapeau
Utilisation Symbole décrivant l'usage, explicité ci-après Symbole décrivant l'usage, explicité ci-après
Caractéristiques
Proportions 2:3
Adoption Première fois en 1712

Depuis le

Pavillon de beaupré de la Russie.

Le drapeau actuel russe remonte au règne du tsar Pierre le Grand, de 1682 à 1725 : il est déployé pour la première fois en 1693 lorsque le tsar explore la mer Blanche à bord d'une flottille, avec ses trois couleurs — blanche, bleue et rouge —, orné d'une aigle bicéphale. Pierre le Grand le définit ensuite selon son format simple aux trois couleurs blanc-bleu-rouge en 1720 en tant que pavillon de la marine marchande russe. Le drapeau actuel a été adopté par décret du .

Histoire

Premiers blasons

Avant Pierre le Grand, la Russie, unifiée par les Moscovites, n’avait pas de drapeau officiel mais utilisait le blason des princes de Moscovie, représentant saint Georges terrassant le dragon sur fond rouge. Cet emblème d'un chevalier muni d'une lance apparaît en 1390 sur le sceau de Vassili Dmitrievitch mais ce n'est que sous le règne d'Ivan III que l'image du dragon terrassé au sol est ajoutée, donnant au cavalier la figure de saint Georges.

En épousant Sophie Paléologue, en 1472, Ivan III adopte les armes des empereurs byzantins, manière d'affirmer que Moscou devient la « Troisième Rome ». C'est ce symbole, l'aigle bicéphale, qui donnera en 1858 ses couleurs au drapeau impérial.

Les bannières de jadis

À côté de l'emblème personnel du tsar, les Russes utilisaient des étendards (« знамя ») confectionnés à l'occasion de grands événements. Ces bannières, d’inspiration religieuse, étaient caractérisées par des nuances de couleurs non héraldiques, de longues inscriptions slavonnes, des étoiles à multiples branches ou des bordures au dessin compliqué. Ces étoiles, généralement à huit rais, ont persisté dans l'emblématique : elle se trouvent sur certaines armoiries signalant des établissements russes (Priamurie, etc.) La croix grecque (aux branches égales) de la bannière ci-dessous fut concurrencée très tôt par la croix légèrement pattée mais non arrondie (du type des ordres de Saint-Alexandre Nevski, de Sainte-Anne ou de Saint-Georges). Le rouge est réputé être la couleur qui représente les Russes (Russkie) en tant que peuple.

Le drapeau hissé en 1560 pour Ivan le Terrible, avec ses 6,30 m de long pour une largeur de 2,20 m, fut un des plus grands drapeaux russes. Actuellement conservé au Kremlin à Moscou, il représentait la légitimité des conquêtes militaires du tsar, image sur terre de l’archange Michel, conduisant ses cavaliers et conduit par les anges.

Par la suite, les drapeaux ont continué d'être des bannières militaires de circonstance tout en reprenant cette même composition, une image du Christ sur terre du côté de la hampe, le plus souvent le calvaire, et un motif céleste en pointe, en général réduit au symbole des étoiles.

Création par Pierre Ier

Pour représenter l'État russe, les successeurs d'Ivan le Terrible, y compris le tsar Pierre le Grand, continuent d'utiliser l'aigle bicéphale.

Pavillon de l'expédition navale en mer Blanche de 1693.

Dans les années 1660, sur oukaze du tsar Alexis Ier est lancée la construction d'un premier navire de guerre appelé Orel (Орёл, « aigle » en russe), cette tâche est confiée à l'ingénieur nautique néerlandais David Butler qui demande entre autres matériaux du tissu rouge, blanc et bleu clair pour le drapeau dont la première utilisation remonte à 1668[2]. Le dessin du drapeau est alors une croix bleue délimitant des quartiers alternativement blancs et rouges[3].

En 1693, une flottille explorant la mer Blanche, à bord de laquelle se trouve Pierre le Grand, arbore trois drapeaux :

  • un grand à trois bandes tricolores horizontales blanche-bleue-rouge, orné d'une aigle bicéphale surmontée de trois couronnes d'or — dit « drapeau du tsar de Moscou », c'est le prototype du drapeau actuel — ;
  • deux plus petits portant une croix de Jérusalem[4].

De retour de son voyage en Europe où Pierre a en particulier étudié les chantiers navals des Pays-Bas, il décide de se doter d'une flotte moderne. L'annexe d'un décret daté du normalise l'emploi d'un pavillon de marine russe sans en préciser la description. Ressemblant au drapeau des Pays-Bas (tricolore, comportant les couleurs blanc-bleu-rouge), le nouveau drapeau de la marine marchande russe est officialisé le par Pierre le Grand.

Le , soit plus d'un siècle et demi plus tard, l'utilisation de ce drapeau tricolore blanc-bleu-rouge est autorisée à terre et il devient drapeau national lors du couronnement de Nicolas II en 1896. Symboliquement, les trois bandes sont interprétées comme le tsar (blanc), le ciel (bleu) et le peuple (rouge).

  • Drapeau de l’Orel (1668).
    Drapeau de l’Orel (1668).
  • Prise de la forteresse d'Azov, gravure de 1696 d'Adriaan Schoonebeek, où l'on voit les navires portant des panneaux rectangulaires sur les mâts, dont l'ombrage héraldique montre que certains des drapeaux sont bleus avec une croix rouge droite, et les autres sont blancs avec une croix rouge droite
    Prise de la forteresse d'Azov, gravure de 1696 d'Adriaan Schoonebeek, où l'on voit les navires portant des panneaux rectangulaires sur les mâts, dont l'ombrage héraldique montre que certains des drapeaux sont bleus avec une croix rouge droite, et les autres sont blancs avec une croix rouge droite[alpha 1]
  • Photographie de ce qui reste de la bannière du tsar de Moscou (Pierre le Grand) levée en 1693 à bord d'une flottille explorant la mer Blanche (bannière aujourd’hui exposée au Musée militaire de Moscou).
    Photographie de ce qui reste de la bannière du tsar de Moscou (Pierre le Grand) levée en 1693 à bord d'une flottille explorant la mer Blanche (bannière aujourd’hui exposée au Musée militaire de Moscou).
  • Bannière reconstituée du tsar de Moscou de 1693 (elle apparaît au Kremlin derrière le président russe, sur sa gauche, avec le drapeau de la fédération de Russie sur sa droite).
    Bannière reconstituée du tsar de Moscou de 1693 (elle apparaît au Kremlin derrière le président russe, sur sa gauche, avec le drapeau de la fédération de Russie sur sa droite).
  • Pavillon dont l'utilisation est attestée à partir de 1709, dans la marine (marchande ou militaire) de Pierre le Grand.
    Pavillon dont l'utilisation est attestée à partir de 1709, dans la marine (marchande ou militaire) de Pierre le Grand.

Variantes postérieures

Le drapeau russe héraldique de 1858.
Le drapeau russe à usage privé de 1914 à 1917.

Du XVIIIe au XXe siècle, le drapeau change plusieurs fois. Au XVIIIe siècle, sur les drapeaux apparaît le symbole de l’ordre de Saint-André (croix de saint André) :

  • parfois à la manière écossaise mais avec les couleurs inversées (croix bleue sur fond blanc) — comme sur le pavillon de la marine militaire russe depuis 2001 — ;
  • parfois la croix bleue sur le drapeau de Pierre le Grand (le drapeau tricolore blanc-bleu-rouge officialisé en 1720) ;
  • sur l'Union Jack aux couleurs inversées (croix de saint Georges blanche sur fond rouge et croix de saint André bleue avec bords blancs).

Aux XIXe et XXe siècles, le drapeau à bandes horizontales noire, jaune orangé et blanche, hissé entre 1858 et 1883, est un « drapeau héraldique » c'est-à-dire qu'il reprend, pour la décoration des bâtiments lors de cérémonies, les couleurs des armoiries impériales, une aigle bicéphale de sable sur champ d'or, ainsi que la cocarde d'argent de l'armée impériale. Les deux drapeaux, noir-jaune-blanc et blanc-bleu-rouge, sont alors utilisés, dans leurs usages respectifs, impérial et national.

Entre 1883 et 1914, seul le drapeau de Pierre le Grand (blanc-bleu-rouge) est hissé. Puis un nouveau drapeau à usage privé apparaît en 1914, drapeau encore une fois inspiré de celui de Pierre : un tricolore blanc-bleu-rouge avec, près de la hampe, carré et recouvrant une partie des deux premières bandes horizontales, l'aigle impériale sur fond or.

URSS

Mais avec l'arrivée des bolcheviks au pouvoir à l'issue de la révolution russe et la création de l'Union des républiques socialistes soviétiques en 1922, la Russie a, de 1921 à 1991, un drapeau rouge avec la faucille et le marteau surplombés d'une étoile couleur or. Le drapeau soviétique inspira de nombreux pays communistes comme la république populaire de Chine, la Corée du Nord, le Viêt Nam, la RFS de Yougoslavie et la RDA.

Pendant la Seconde Guerre mondiale le drapeau tricolore blanc-bleu-rouge fut utilisé par les troupes collaborationnistes qui combattirent aux côtés du Troisième Reich[6].

Le drapeau tricolore, associé au pouvoir impérial et aux armées blanches, continua à être employé de façon marginale par l’émigration blanche.

Russie moderne

Le drapeau de Pierre le Grand fut arboré de nouveau par la fédération de Russie après la dislocation de l'URSS en 1991, et adopté officiellement par décret du [7].

Drapeau de la RSFS de Russie de 1991 à 1992 puis de la fédération de Russie jusqu'en 1993, remplacé par le drapeau actuel.

Le drapeau actuel de la Fédération de Russie, d'après la norme en vigueur GOST R 51130-98 doit suivre le code couleur exact suivant[8] :

Système de couleur Blanc Bleu Rouge
Pantone Blanc 286C 485C
RVB 255-255-255 0-57-166 213-43-30
Hexadécimal #FFFFFF #0039A6 #D52B1E

Interprétations

Le drapeau de la Russie reprend les couleurs panslaves : le rouge signifierait « la souveraineté, la puissance » ; le bleu, la couleur de la Vierge Mère, protégeant la Russie ; le blanc, la couleur de la liberté et de l’indépendance. Ces couleurs signifieraient aussi la communauté des trois Russies : la Russie blanche, la petite Russie et la grande Russie[9].

Aujourd’hui, on utilise l’interprétation suivante (non officielle pour cette troisième) des couleurs du drapeau de la Russie : la couleur blanche serait celle de la paix, la pureté, l’innocence et la perfection ; le bleu serait la couleur de la foi, la fidélité et la permanence ; le rouge symboliserait l’énergie, la force et le sang versé pour la Patrie[7].

Notes et références

Notes

  1. Cependant, un certain nombre de chercheurs doutent de l'exactitude de la gravure de Schoonebeek parce qu'il n'a pas été témoin des événements[5].

Références

  1. Adam Olearius, Description du voyage sur la Moskova de Mosçou à la Perse et retour., 1636.
  2. Degtiarev et Iarochenko 1997, p. 45.
  3. Degtiarev et Iarochenko 1997, p. 46.
  4. Degtiarev et Iarochenko 1997, p. 51.
  5. (ru) Оленин Р. М. (Olenin R. M.), Карманов В. В. (Karmanov V. V.), От первого корабля до первого Устава. История морских флагов России (1669–1725 гг.) [« Du premier navire à la première Charte. Histoire des drapeaux russes (1669-1725) »], Шатон (Chaton), , p. 54.
  6. Lilia Chevtsova: Putin's Russia. Carnegie Endowment, 2010. p. 114
  7. « 22 août - “Fête du drapeau” en Russie. », sur artcorusse.org, (consulté le ) : «
    La couleur rouge signifiait dans la tradition byzantine « la souveraineté, la puissance », la couleur bleue celle de « la Vierge Mère », protégeant la Russie, et la couleur blanche celle de « la liberté et de l’indépendance ». Ces couleurs signifieraient aussi la communauté [des] Russie blanche, petite et glorieuse. »
    .
  8. Alexandre et Alexandre, « Drapeau de la Russie », sur Alexandre de Russie, (consulté le )
  9. (ru) « Государственный флаг РФ » [« Pavillon de la fédération de Russie »], sur statesymbol.ru, 2005-2022 (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • (ru) Alexandre Degtiarev et Viktor Iarochenko, История Российского флага [« Histoire du drapeau russe »], Paris, musée du Drapeau russe, , 144 p. (OCLC 491190827), p. 45.
  • Patrice de La Condamine, Les Couleurs de l'empire éclaté, Montfort (Pyrénées-Atlantiques), Les Enclaves libres, 2008 (ISBN 978-2-915625-21-9).

Articles connexes

Liens externes

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