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Doggerland

Doggerland est le nom donné par les géologues à l'étendue émergée au début de l'holocÚne, qui se situait jadis dans la moitié sud de l'actuelle mer du Nord, reliant la Grande-Bretagne au reste de l'Europe durant les glaciations quaternaires[1]. Le nom « Doggerland » est emprunté au Dogger Bank, un banc de sable situé à la hauteur du Yorkshire.

Carte supposée de Doggerland, qui représentait une étendue émergée entre le Royaume-Uni et l'Europe continentale.
La ligne rouge indique le Dogger Bank, reste d'un plateau émergé au Mésolithique.

Cette zone était émergée lors de chaque glaciation à cause de la baisse du niveau de la mer provoquée par la formation de grand inlandsis dans les régions les plus froides de la Terre. Suivant les millénaires, elle était partiellement recouverte par les calottes glaciaires scandinave et britannique ou respectivement par un lac périglaciaire formé par les eaux des fleuves d'Europe du Nord dont l'écoulement était barré par les glaciers. Elle a aussi été habitée par des hommes de la période mésolithique[2].

Histoire

Au dernier maximum glaciaire il y a un peu plus de 20 000 ans, le niveau de la mer Ă©tait plus bas qu'Ă  l'Ă©poque actuelle, d'environ 120 mĂštres, ce qui faisait Ă©merger une grande partie de l'actuelle mer du Nord et la totalitĂ© de la Manche. DiffĂ©rents fleuves comme le Rhin, la Tamise, la Seine, la Somme, se rejoignaient et formaient le fleuve Manche qui se jetait dans l'Atlantique (expliquant que l'on retrouve les mĂȘmes poissons d'eau douce dans ces fleuves actuellement isolĂ©s)[3]. D'autres fleuves comme le Trent coulaient vers le nord. La ligne de partage des eaux se situait au niveau des Pays-Bas (et non dans le pas de Calais)[4].

Ensuite, la derniĂšre glaciation prend fin et le niveau des eaux commence Ă  monter lors de la transgression flandrienne. Cette augmentation aurait Ă©tĂ© lente (un ou deux mĂštres par siĂšcle) et le niveau passe de -80 mĂštres en 15 000 av. J.-C au niveau actuel en 5000 av. J.-C. aprĂšs avoir stagnĂ© Ă  – 40 mĂštres entre -12 000 et – 8000[2]. Pendant ce temps, la montĂ©e des eaux est aussi influencĂ©e par le rĂ©Ă©quilibrage isostatique. Toujours est-il que le Doggerland se retrouva totalement sous l’eau vers la fin du VIe millĂ©naire av. J.-C., faisant de la Grande-Bretagne une Ăźle (Ă  partir de -6500[5]). En 6 200 av. J.-C., les terres encore Ă©mergĂ©es ont Ă©tĂ© touchĂ©es par un tsunami provoquĂ© par un glissement de terrain au large de la NorvĂšge, celui de Storegga[5].

De nos jours, des chalutiers en mer du Nord ont rĂ©cupĂ©rĂ© des restes d'animaux terrestres tels que des mammouths ou des lions des cavernes, ainsi que des outils et des armes prĂ©historiques. En janvier 2015, l'ocĂ©anographe britannique Dawn Watson a dĂ©couvert une forĂȘt engloutie au large des cĂŽtes du Norfolk[6].

Cartographie

Le Doggerland s'étend aujourd'hui et depuis environ 8000 à 6000 ans sous l'eau entre le Royaume-Uni et la Scandinavie. Les progrÚs en géophysique marine ont permis de commencer à en cartographier le paysage de pré-submersion. Dans les années 2000, on en connait quelque reliefs, des chenaux et vallées et zones d'archives paléoécologiques. Mais peu d'informations sont disponibles sur les communautés humaines qui y vivaient.

Mi-2019, un navire spĂ©cialisĂ© a cartographiĂ© en 3D une surface Ă©quivalente Ă  la moitiĂ© de la France mĂ©tropolitaine, tout en collectant des Ă©chantillons de fonds marins oĂč l'on pourrait Ă©ventuellement trouver des indices de prĂ©sence humaine ainsi que des restes d'ADN de plantes et d’animaux du mĂ©solithique. La carte devrait rĂ©vĂ©ler des collines, vallĂ©es, estuaires et anciennes cĂŽtes du Doggerland, et pourrait aider Ă  positionner les lieux de vie probables d'anciennes colonies humaines de chasseurs-cueilleurs. Ceci permettrait de mieux comprendre ce qui se passe en cas de perte par immersion de vastes Ă©cosystĂšmes, ce qui risque d'arriver avec la montĂ©e de la mer attendue dans le cadre du rĂ©chauffement climatique.

[réf. nécessaire]

Études

Les fossiles et micro fossiles remontés par les chalutiers ou collectés via diverses campagnes scientifiques (pollen[7], foraminifÚres, macrofossiles de plantes, insectes et autres animaux dont ceux de la grande faune préhistorique) commencent à permettre de préciser les paléopaysages et leur évolution aprÚs la fin de la derniÚre glaciation[8].

Source d'inspiration

Ce territoire a inspirĂ© le roman Doggerland, d'Élisabeth Filhol[9].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

The dating of Doggerland–post-glacial geochronology of the southern North Sea. Environmental archaeology, 11(2), 207-218.

  • Wenninger, B., Schulting, R. et al. (2008) The catastrophic final flooding of Doggerland by the Storegga slide tsunami. Documenta Praehistorica, 35, 1–24.
  • Whitehead, H. & Goodchild, H. (1909) Some notes on ‘Moorlog’ a peaty deposit from the Doggerbank in the North Sea. Essex Naturalist, 16, 51–60.

Notes et références

  1. Doggerland Project, University of Exeter Department of Archaeology
  2. [PDF] Patterson, W, Coastal Catastrophe (paleoclimate research document)
  3. H. Persat et P. Keith, La rĂ©partition gĂ©ographique des poissons d'eau douce en France : qui est autochtone et qui ne l'est pas ?, Bull. Fr. PĂȘche Piscic. (1997) 344-345 : 15-32.
  4. Coles, BJ, Doggerland : a speculative survey (Doogerland : une prospection spéculative), Proceedings of the Prehistoric Society, ISSN 0079-497X, 1998, vol. 64, p. 45-81 (3 p.1/4).
  5. (en) Bernhard Weninger et al., The catastrophic final flooding of Doggerland by the Storegga Slide tsunami, Documenta Praehistorica XXXV, 2008.
  6. "Une forĂȘt sous-marine vieille de 10 000 ans dĂ©couverte au large de l'Angleterre", Maxiscience
  7. Behre K-E & Menke B (1969) Pollenanalytische Unter-suchungen an einem Bohrkern der su ́dlichen Doggerbank. Beitra ̈ge zur Meereskunde 24, 25, 122–129.
  8. KrĂŒger, S., Dörfler, W., Bennike, O., & Wolters, S. (2017). Life in Doggerland–palynological investigations of the environment of prehistoric hunter-gatherer societies in the North Sea Basin. E & G Quaternary Science Journal, 66(1), 3-13.
  9. Filhol E (2019), Doggerland, 352 pages, 140 x 205 mm ; Gallimard, Collection Fiction, P.O.L | 01-12-2018 ; (ISBN 9782818046258) - Gencode : 9782818046258
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