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Direct Stream Digital

Direct Stream Digital (DSD) est un procédé de stockage des signaux audio sur un média numérique utilisé notamment sur le Super Audio CD lancé dès 1999 par Sony et Philips.

Logo du format DSD.

Il est en concurrence directe avec le PCM (codage sonore utilisé pour les Compact Discs) haute définition présent sur les DVD-Audio, lancés commercialement peu après le Super Audio CD.

Histoire

Lorsque le processus de conversion Sigma-Delta a Ă©tĂ© dĂ©crit pour la première fois dans le brevet 2 927 962 de C. C. Cutler en 1954 (mais il ne fut nommĂ© ainsi que dans l'article de H. Inose, Y. Yasuda, et J. Murakami en 1962), la dĂ©cimation n'existait pas et l'intention Ă©tait de transfĂ©rer telles quelles des donnĂ©es sur-Ă©chantillonnĂ©es.

C'est en 1969 que D.J. Goodman propose dans son article « The Application of Delta Modulation of Analog-to-PCM encoding », pour la toute première fois dans l'histoire du son, de décimer des données Sigma-Delta sur-échantillonnées pour ensuite les convertir en Modulation d'impulsion codée[1] (en anglais PCM, acronyme de Pulse Code Modulation).

Tout juste trente ans plus tard, en 1999, Sony et Philips réutilisent le principe 'Delta-Sigma Direct' pour leur nouveau type de données audio surnommé Direct Stream Digital, et l'associe au format Super Audio CD, dont l'objectif est de succéder au Compact Disc et, si succès commercial, le supplanter.

Description

Comparaison entre l'encodage LPCM et DSD.

Le DSD est une méthode de stockage de signal Sigma-Delta avant application d'un décimateur qui le convertit en PCM.

Sa technologie consiste en un codage de son Ă  très haute frĂ©quence d’échantillonnage, 64 fois supĂ©rieure Ă  l'Ă©chantillonnage PCM du Compact Disc, soit 64 fs (1 fs = 44100 Hz, donc 44 100 Hz Ă— 64 = 64 fs = 2,822 4 MHz). Il est quantifiĂ© sur bit unique, autorisant une bande passante allant jusqu’à 80 kHz voire 100 kHz et une dynamique de 120 dB ; elle est donc bien supĂ©rieure Ă  celle recommandĂ©e par le thĂ©orème d’échantillonnage de Nyquist-Shannon. Ce procĂ©dĂ© n'ayant pas besoin de filtres dĂ©cimateurs et d'interpolation, il assure une haute fidĂ©litĂ© de reproduction du signal original ainsi qu'une bonne cohĂ©rence de la phase.

Les conversions analogique-numérique et numérique-analogique sont ainsi simplifiées, assurant une qualité de conversion du signal accrue pour un coût de production moindre. Il permet par ailleurs une spatialisation multicanale en plus de la stéréophonie utilisée jusqu’ici.

Pour accroître la capacité d’enregistrement du Super Audio CD, le flux audio-numérique subit une compression sans perte appelée DST ((en)Direct Stream Transfer) autorisant jusqu’à 80 minutes d’enregistrement de pistes DSD stéréo et multicanales combinées[2].

Les techniques mises en jeu à cet effet emploient le Noise Shaping, ou mise en forme du bruit de quantification, par lesquelles ce bruit est repoussé dans les gammes de fréquences situées en dehors de la zone utile. Ces fréquences sont inaudibles à l'oreille humaine, mais souvent atténuées par les lecteurs au moyen d'un filtre coupe-haut du fait qu'elles risquent en contrepartie d'endommager (parfois fatalement) les tweeters qui ne sont pas super-tweeters, c'est-à-dire non conçus pour reproduire les ultrasons.

La modulation 1 bit (tout ou rien) n’est pas nouvelle : elle s’apparente Ă  la modulation de largeur d'impulsion (Pulse Width Modulation utilisĂ©e dans les onduleurs, les amplificateurs de classe D, les dispositifs Ă  valve de lumière : micro-miroirs DMD, etc.) pour laquelle le rapport cyclique varie en fonction de l’amplitude du signal Ă  transcrire (voir schĂ©ma comparatif Ă  droite). Le flux numĂ©rique 1 bit (DSD) doit cependant suivre un rythme d’horloge imposĂ© (qui correspond Ă  la frĂ©quence sur-Ă©chantillonnĂ©e) on parle alors de PDM (Pulse Density Modulation) ou modulation de densitĂ© d’impulsions. Toutes les platines CD-A et DVD-A bĂ©nĂ©ficient d’un modulateur « un bit » permettant de retrouver, Ă  partir d’un flux PCM (16, 20 ou 24 bits), un flux de type DSD (1 bit) qui est très simple Ă  convertir en analogique (filtrage passe-bas d’ordre peu Ă©levĂ©). Il n'est donc pas nĂ©cessaire de recourir Ă  un convertisseur Sigma Delta lors de la lecture du flux DSD du Super Audio CD.

Évolutions apportĂ©es pour succĂ©der au PCM 44,1 kHz / 16 bits du Compact Disc

Le CD avec sa frĂ©quence d’échantillonnage de 44,1 kilohertz, très proche de la limite haute de la plage de frĂ©quences Hi-Fi (20 kilohertz), oblige Ă  disposer d'un filtre Ă  frĂ©quence de coupure brutale dans les hautes frĂ©quences (20 db/octave). Un tel filtrage dĂ©truit une grande partie de la richesse et la finesse de certains enregistrements (pas seulement dans les aigus) : ce problème fut très tĂ´t identifiĂ© et les premières gĂ©nĂ©rations de lecteurs CD furent Ă©quipĂ©s de circuits d'interpolation afin de surĂ©chantilloner le signal numĂ©rique, et ainsi limiter la destruction des harmoniques et hautes frĂ©quences.

Afin de pallier cette lacune, le DSD fut fixĂ© Ă  un haut taux d'Ă©chantillonnage (voir plus haut) et son principe de modulation permet avec un simple filtre du premier ordre (6 db/octave) de ne pas « Ă©craser » les harmoniques[2]. Compte tenu de sa frĂ©quence d'Ă©chantillonnage et son mode de fonctionnement, le CD est par exemple incapable de reproduire correctement un signal rectangulaire (riche en harmoniques) de 10 kilohertz, le rĂ©sultat Ă©tant plus proche d'une sinusoĂŻde (les harmoniques de rang supĂ©rieur Ă  2 sont Ă©liminĂ©s)[2], malgrĂ© le surĂ©chantillonnage. Le traitement du signal opĂ©rĂ© avec le SA-CD permet de conserver les harmoniques et d'obtenir un signal respectant la source et donc une grande finesse de dĂ©tails[2].

L'Ă©chantillonnage retenu Ă  l'origine pour le CD reposait sur des critères technologiques, la qualitĂ© de reproduction des harmoniques n'ayant pas Ă©tĂ© jugĂ©e primordiale devant les impĂ©ratifs de l'Ă©poque. La frĂ©quence d’échantillonnage de 44,1 kHz Ă©tait hĂ©ritĂ©e d'une mĂ©thode de conversion numĂ©rique d'un signal audio en signal vidĂ©o pour un enregistrement sur cassette vidĂ©o.

CD SACD
Format 16 bit PCM 1 bit DSD
FrĂ©quence d'Ă©chantillonnage 44 100 Hz 2 822 400 Hz[3]
Plage dynamique 96 dB 120 dB sur toute la plage de frĂ©quences[3]
Gamme de frĂ©quence[4] 20 Hz–20 kHz 20 Hz–50 kHz en gĂ©nĂ©ral[3], jusqu'Ă  100 kHz avec certains lecteurs[5]
CapacitĂ© du disque 700 MB 7,95 GB
Stéreo Oui Oui
Son multicanal Non Oui

Technologie de compression sans pertes : le DST

Afin de réduire l'espace de stockage et la bande passante requises, une méthode de compression sans pertes appelée Direct Stream Transfer (DST) est utilisée. Elle est obligatoire pour le programme multicanal, mais seulement optionnelle pour le programme stéréophonique. Le facteur de compression se situe entre deux et trois, ce qui permet, comme vu plus haut, de combiner 80 minutes d'un même programme en stéréo et en multicanal[6].

Le Direct Stream Transfer est notamment devenu un des points techniques du standard MPEG-4 Audio (également appelé MP4) (ISO/IEC 14496-3:2001/Amd 6:2005 - Lossless coding of oversampled audio) en 2005[7] - [8]. Celui-ci comporte les définitions du DSD et du DST telles que décrites dans les spécifications du Super Audio CD.

Le MPEG-4 DST fournit un codage sans pertes des signaux audio sur-échantillonnés[9] - [10]. Une implantation référentielle du MPEG-4 DST fut publiée en tant que ISO/IEC 14496-5:2001/Amd.10:2007 en 2007.

Sécurité du code

Le DSD, pour les besoins du Super Audio CD, comprend plusieurs mesures de protection des données qui rendent ce format impossible à copier de façon directe, au même titre que la couche CD conventionnelle 700 mégaoctets des disques hybrides. Cela inclut un chiffrement des données audio sur 80 bits à l'aide d'une clé codée dans une région spéciale du disque qui n'est lisible que par un lecteur Super Audio CD sous licence. La couche haute définition d'un SA-CD ne peut être lue par un lecteur CD/DVD d'ordinateur, tout comme il est impossible de créer un Super Audio CD autrement qu'aux deux sites de fabrication spécifiquement agréés, qui se trouvent à Shizuoka et Salzbourg[11].

Le Pit Signal Processing

Outre les mesures de sécurité du Super Audio CD susvisées, on trouve principalement le PSP ou Pit Signal Processing (pit signifiant « fosse » ou « fossé » en français, dans le contexte d'un disque numérique il se traduit par « encoche »), une empreinte physique qui consiste en une modulation de profondeur des encoches du disque (les données, elles, sont stockées dans la longueur des encoches comme sur un Compact Disc). Le capteur optique doit être doté d'un circuit spécial afin de la détecter et l'interpréter, puis est comparée avec les informations sur le disque afin de s'assurer de sa validité (il s'agit donc d'un chiffrement à double clé). Bien que la majorité des lecteurs DVD, DVD Audio et DVD-Rom puissent théoriquement lire les données d'un Super Audio CD (même galette, même densité de gravure et laser de lecture), ils ne peuvent les interpréter puisqu'ils ne sont pas équipés du circuit de décodage nécessaire, et ne les reconnaissent donc pas[12].

En ce qui concerne les Super Audio CD hybrides, le Pit Signal Processing s'applique uniquement à la couche SA-CD haute densité, et non à la couche CD.

Les contournements qui sont apparus

Un certain nombre de nouveaux lecteurs de Super Audio CD sont équipés de sorties numériques IEEE 1394 (également appelées FireWire ou i.Link) ou HDMI transportant des données DSD (dont certains modèles de la première ère de la PS3 de Sony font partie), d'où il serait possible d'obtenir le flux DSD en brut. Le mécanisme de protection utilisé est le DTCP (Digital Transmission Content Protection) et peut être sollicité dans les modes « Copier une fois » ou « Ne jamais copier ».

Une compagnie installée en Suisse, DVD Upgrades, a proposé à la fin années 2000 un circuit imprimé de sortie modifié qui prélève le signal numérique dans le flux de données juste avant l'étape de conversion numérique/analogique, ainsi qu'un port S/PDIF permettant de recueillir le flux DSD converti préalablement en PCM[13]. Cela permettait d'obtenir un signal numérique non DRM aussi bien d'un Super Audio CD que d'un DVD Audio.

Après l'arrivée début des années 2010 des téléchargements de fichiers DSD lisibles sur ordinateurs et transmissibles via S/PDIF ou câble Toslink vers un convertisseur, les tentatives de contournements des sécurités du disque deviennent inutiles aux yeux des pirates. Ces téléchargements offrent effectivement l'alternative de simples copies de fichiers, ce qui détourne toutes les protections du disque SA-CD.

Concurrence avec le PCM

L'avenir

Aspects commerciaux

En raison de l'échec commercial à grande échelle du Super Audio CD, celui-ci n'étant guère plus édité qu'à des fins audiophiles, mais à rythme régulier, le DSD ne semble pas voué à devenir un futur format majeur, sinon à demeurer dans l'audio haut de gamme et inconnu du grand public.

La qualité de fabrication d'un Super Audio CD est supérieure à un simple CD (le support physique en lui même est plus dense et un peu plus lourd qu'un simple CD).

Seul Sony possède les usines de pressage compatibles pour en fabriquer selon un processus de fabrication très précis, dont celle basée en Autriche, Sony DADC.

Sony a commercialisé fin janvier 2014, un enregistreur numérique de poche, le PCM-D100, compatible avec le format DSD (2,8 MHz/1 bit).


En avril 2014, AudioFEEL présente un projet proposant d'associer le principe DSD à un support média de type solid state (carte SD). L'idée est de créer un nouveau format 'populaire' capable de succéder aux formats optiques vieillissants : CD, SA-CD, DVD, etc[14].

Devant le peu d'intĂ©rĂŞt suscitĂ© par le format DSD trop 'exclusif', ce projet sera finalement rebaptisĂ© DA[SD]. Le premier lecteur proposĂ© (d-play) sera compatible avec les formats DSD64 (2,8 MHz), DSD128 (5,6 MHz) et PCM/Flac de 16 bits/44,1 kHz Ă  24 bits/192 kHz.

Le DSD double taux et au-dessus

Le Korg MR-1000 est un enregistreur numĂ©rique 1-bit calibrĂ© sur un Ă©chantillonnage de 5 644 800 bits par seconde (communĂ©ment simplifiĂ© en 5,6 MHz), soit le double de l'Ă©chantillonnage DSD existant actuellement. Il est Ă©galement appelĂ© DSD128 puisque le taux normal Ă©tant de 64 fs (1 fs = Ă©chantillonnage CD = 44,1 kHz), il est ici doublĂ© Ă  128 fs. Il est prĂ©vu que le DSD Ă  double taux soit exploitĂ© par d'autres marques et soit prochainement utilisĂ©, mais dans une moindre mesure que le DSD classique (voir section prĂ©cĂ©dente).

Depuis fin 2010, les studios d'enregistrement s'Ă©quipent de plus en plus de convertisseurs et stations MAO capables du DSD double taux, et l'exploit a Ă©tĂ© rĂ©ussi en mai 2013 d'accomplir un enregistrement symphonique cadencĂ© Ă  11 289 600 bits par seconde (communĂ©ment simplifiĂ© en 11.2 MHz ou 256 fs)[15].

Références

  1. Data Converter Architectures Chapter 3 page 3.136 Consulté le 10 juin 2009
  2. « Connaître le SACD »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le )
  3. (en) Surround Sound – The High-End: SACD and DVD-Audio – Super Audio CD (SACD), sur le site extremetech.com.
  4. Généralement donnée pour un signal simplement sinusoïdal.
  5. (en) www.SA-CD.net, site référençant les Super Audio CD
  6. practical-home-theater-guide.com Direct Stream Digital Technology, consulté le 3 juin 2009
  7. ISO/IEC, « ISO/IEC 14496-3:2001/Amd 6:2005 - Lossless coding of oversampled audio », ISO, (consulté le )
  8. ISO/IEC, « ISO/IEC 14496-4:2004/Amd 15:2007 - Lossless coding of oversampled audio », ISO, (consulté le )
  9. ISO/IEC JTC 1/SC 29/WG 11 N7465, « Description Lossless coding of oversampled audio », chiariglione.org, (consulté le )
  10. ISO/IEC JTC 1/SC 29/WG 11 N7465, « Description Lossless coding of oversampled audio », archive.org, (consulté le )
  11. « Sony Starts Hybrid Super Audio CD Production Facilities in Europe », SA-CD.net, (consulté le )
  12. « Details of DVD-Audio and SACD », DVDdemystified.com (consulté le )
  13. dvdupgrades.ch
  14. « AudioFEEL - "FEEL the Music!" », sur audiofeel.fr (consulté le ).
  15. « Taking DSD from 2.8 MHz to 11.2 MHz doesn't just step it up to the next level, it catapults it! », sur le site , consulté le vendredi 10/05/2013.
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