Difluorure de dioxygĂšne
Le difluorure de dioxygĂšne est le composĂ© du fluor de formule O2F2. Sous sa forme solide, il est de couleur orange et fond Ă â163 °C en un liquide rouge[2]. C'est un puissant oxydant qui se dĂ©compose en difluorure d'oxygĂšne OF2 et oxygĂšne O2 mĂȘme Ă â160 °C (4 % par jour)[3].
Préparation
Le difluorure de dioxygĂšne peut ĂȘtre obtenu un injectant un mĂ©lange 1:1 de fluor gazeux et d'oxygĂšne Ă basse pression (7â17 mmHg est optimal) avec une dĂ©charge Ă©lectrique de 25â30 mA Ă 2,1â2,4 kV. C'est la rĂ©action utilisĂ©e lors de la premiĂšre synthĂšse de difluorure de dioxygĂšne par Otto Ruff en 1933[4]. Une autre synthĂšse est un mĂ©lange d'oxygĂšne O2 et de fluor F2 dans un rĂ©cipient en acier inoxydable refroidit Ă â196 °C, suivi par une exposition Ă rayonnement continu de freinage de 3 MeV pendant plusieurs heures.
Structure
Dans O2F2, l'Ă©tat d'oxydation de l'oxygĂšne, de +1, est inhabituel. Dans la plupart des autres composĂ©s, lâĂ©tat d'oxydation de l'oxygĂšne est de -2.
La structure du difluorure de dioxygÚne ressemble à celle du peroxyde d'hydrogÚne H2O2, dans son angle diÚdre, qui approche 90°. Cette géométrie est conforme aux prédictions de la théorie VSEPR.
Les liaisons dans le difluorure de dioxygĂšne ont fait l'objet de nombreuses spĂ©culations au cours des annĂ©es, en particulier Ă cause de la trĂšs courte longueur de la liaison OâO et des longues liaisons OâF. Bridgeman a proposĂ© une structure dans laquelle OâO a une liaison triple et OâF une liaison simple qui est dĂ©stabilisĂ©e et allongĂ©e par la rĂ©pulsion entre les doublets non liants des atomes de fluor et la liaison Ï OâO[5]. Cette rĂ©pulsion est aussi la cause de la longueur et de la faiblesse du rayon de covalence de la molĂ©cule (en). Le dĂ©placement chimique RMN 19F du difluorure de dioxygĂšne est de 865 ppm, ce qui est de loin le plus grand dĂ©placement chimique enregistrĂ© pour un atome de fluor, soulignant ainsi les extraordinaires propriĂ©tĂ©s Ă©lectroniques de ce composĂ©.
Réactivité
La propriĂ©tĂ© fondamentale de ce composĂ© instable est son pouvoir d'oxydation, malgrĂ© le fait que toutes les rĂ©actions doivent ĂȘtre effectuĂ©es Ă environ â100 °C[6]. Avec le trifluorure de bore BF3 et le pentafluorure de phosphore PF5, il donne les sels de dioxygĂ©nyle O+
2 correspondant[7] :
Il convertit les oxydes d'uranium et de plutonium en hexafluorure d'uranium UF6 et hexafluorure de plutonium PuF6[8].
Notes et références
- Masse molaire calculĂ©e dâaprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- (en) A. D. Kirshenbaum et A. V. Grosse, « Ozone Fluoride or Trioxygen Difluoride, O3F2 », Journal of the American Chemical Society, vol. 81, no 6,â , p. 1277 (DOI 10.1021/ja01515a003)
- (en) A. F. Holleman et E. Wiberg, Inorganic Chemistry, Academic Press, (ISBN 0-12-352651-5)
- (en) O. Ruff et W. Mensel, « Neue Sauerstofffluoride: O2F2 und OF », Zeitschrift fĂŒr anorganische und allgemeine Chemie, vol. 211, nos 1â2,â , p. 204â208 (DOI 10.1002/zaac.19332110122)
- (en) A. J. Bridgeman et J. Rothery, « Bonding in mixed halogen and hydrogen peroxides », Journal of the Chemical Society, Dalton Transactions, vol. 1999, no 22,â , p. 4077â4082 (DOI 10.1039/a904968a)
- (en) A. G. Streng, « The Chemical Properties of Dioxygen Difluoride », Journal of the American Chemical Society, vol. 85, no 10,â , p. 1380â1385 (DOI 10.1021/ja00893a004)
- (en) I. J. Solomon, « New Dioxygenyl Compounds », Inorganic Chemistry, vol. 3, no 3,â , p. 457 (DOI 10.1021/ic50013a036)
- (en) D. A. Atwood, Encyclopedia of Inorganic Chemistry, John Wiley & Sons, (DOI 10.1002/0470862106.ia076), « Fluorine: Inorganic Chemistry »
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Dioxygen difluoride » (voir la liste des auteurs).
Voir aussi
- (en)« Fluoride and compounds fact sheet », sur National Pollutant Inventory
- (en)« WebBook page for O2F2 », sur NIST
- (en)« Things I Won't Work With: Dioxygen Difluoride », sur sciencemag.org