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Dessa

Deborah Petroz-Abeles (née Deborah Sharon Abeles le 20 décembre 1948 à Bulawayo, Rhodésie du Sud, aujourd'hui Zimbabwe), connue professionnellement sous le nom Dessa, ou DESSA, est une artiste suisse, qui vit à Pully[1].

Dessa
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Biographie

Dessa est née dans une famille juive de Rhodésie du Sud, de mère polonaise et père hongrois. Médecin, celui-ci a complété sa formation médicale en Italie et ouvert à Bulawayo le premier cabinet médical privé multiracial.

Dans son enfance, Dessa a pris des cours de danse et de piano, qui ont joué un rôle central dans le développement de son art. Après son baccalauréat, elle vit en Israël de 1965 à 1976 et étudie l’ergothérapie. En 1977, elle déménage à Paris, puis en Suisse où elle devient citoyenne suisse par mariage à Lausanne en 1983.

Elle partage son temps entre ses deux ateliers en Suisse et à Berlin (depuis 2015). Elle est mère de deux enfants et grand-mère de quatre petits-enfants.

Thématiques artistiques

Dessa a grandi dans une société minée par les divisions raciales et ce vécu se reflète aussi dans son art. Elle cherche dans son travail à réunir plutôt qu’à séparer en dépassant les frontières culturelles. Artiste interdisciplinaire, multiculturelle, elle intègre ses intérêts pour la musique, les sciences humaines, la médecine et la nature dans son travail. Ainsi elle explore sa propre identité et sa relation au passé, présent et futur par la peinture, le collage et les installations.

The World of Wilfrid Israel (2015)
Fieramente (2009)
Passacaglia l (2012)
Moonlight ll (2012)
Adagio XXIV (1997)

Peinture en dialogue avec la composition musicale

Dessa explore la relation entre l'art visuel et la musique. Ses œuvres expriment une méditation spécifique, complétée par une recherche musicologique, avec pour résultat des tableaux dans lesquels la musique guide son expression artistique. Parmi les compositeurs dont la musique a inspiré cette réponse visuelle il y a Béla Bartók, Leonard Bernstein, Ernst Bloch, Benjamin Britten, Unsuk Chin, Detlev Glanert, Dominique Gesseney-Rappo, Erich Korngold, Gustav Mahler, Olivier Messiaen, René Oberson et Nino Rota.

« Les travaux de Dessa sont, en fait, des dialogues devenus peinture qui souvent ressemblent Ă  des exercices spirituels. Parce que – si ce n'est pas en communication directe avec un musicien comme lors d'improvisations musicales – ils demandent beaucoup de solitude, concentration et sacrifice. Car avec des interlocuteurs comme Mahler, Schreker, Ullmann ou Britten, on ne peut pas bavarder. On doit les aimer, bien les connaĂ®tre Ă  fond, leurs idĂ©es, leur destin, leur tragĂ©die. Sinon ils ne s'ouvrent pas Ă  nous. Â»[2]

Son projet MĂ©moire de Theresienstadt (1997), a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© au Berliner Dom en 2000 et Ă  Theresienstadt en 2002. Ses peintures reprĂ©sentent sa lecture de la musique Ă©mouvante de Viktor Ullmann, sa dernière Sonate no 7 pour piano qui ravive Ă©galement la perte de ses propres grands-parents maternels Ă  Auschwitz. Ullmann a Ă©tĂ© dĂ©portĂ© au camp de concentration de Theresienstadt, oĂą il a pu composer ses dernières Ĺ“uvres avant d'ĂŞtre assassinĂ© Ă  Auschwitz-Birkenau le 18 octobre 1944.

« La musique donne son rythme au geste et porte la couleur Ă  sa plĂ©nitude. Dessa y empoigne ses peintures a bras le corps. Elle y dĂ©clenche de puissantes dĂ©ferlantes avec leurs Ă©claboussures Ă©chevelĂ©es, soulève des lames de fond qui trouent la surface de leurs poussĂ©es irrĂ©sistibles... La ferveur instinctive et la passion impĂ©tueuse qui l'habite sont celles d'un vrai tempĂ©rament de peintre. Â»[3]

Ces peintures font Ă©galement partie de son exposition Dessa - Abstraction lyrique 1990 - 2000 que le musĂ©e d'art de Pully lui consacre en 2000.

En 2013 Ă  l’occasion du centenaire de la naissance du compositeur Benjamin Britten, elle crĂ©e en collaboration avec Boosey & Hawkes,  Do We Smile or Do We Weep ?  : peintures & collages basĂ©s sur The Four Sea Interludes de son opĂ©ra Peter Grimes. Une exposition de ses tableaux fait partie des cĂ©lĂ©brations et est prĂ©sentĂ©e Ă  la Galerie Petra Lange Ă  Berlin.

L'Ă©tendue de sa collaboration musicale s'est Ă©largie avec la collaboration de compositeurs vivants, Unsuk Chin et Detlev Glanert[4]. De plus elle fait plusieurs collaborations de « Musiques et Pinceaux Â» (live-painting) avec le compositeur Dominique Gesseney-Rappo et le Flying Brass en 2008, et en 2015 elle crĂ©e le terme « Transoundart Â» pour son dialogue entre peinture et musique (violon ou piano)[5].

Son art et l'histoire berlinoise

La dĂ©couverte en 2000, chez un antiquaire d'un album sur l'hygiène, Ă©ditĂ© par le Grand Magasin Nathan Israel en 1912, l'amène vers une nouvelle voie artistique. Pour rendre hommage Ă  cette famille philanthrope, elle crĂ©e son projet A Tribute to Kaufhaus N. Israel 1815-1939 qui est prĂ©sentĂ© Ă  la Galerie Bremer Ă  Berlin en 2004 et au MusĂ©e Juif de Westphalie en 2005. Afin de cĂ©lĂ©brer les 200 ans de ce Grand Magasin disparu, elle crĂ©e en 2015 un second hommage, en particulier Ă  Wilfrid Israel, en insĂ©rant des « pierres fières Â» dans chaque tableau[6].

Elle invente le mot en allemand Stolzesteine (pierre fière) pour dĂ©crire cette forme de commĂ©moration et honorer la mĂ©moire de ces disparus. Ce projet est aussi une rĂ©action aux Stolpersteine (pierres d'achoppement) de Gunter Demnig, qu'elle voit sur les trottoirs de Berlin. Pour elle, les Stolpersteine sont une mĂ©thode particulièrement problĂ©matique pour commĂ©morer les Juifs assassinĂ©s. Non seulement on marche continuellement dessus en les salissant, mais aussi ce projet de « masse Â» rappelle symboliquement comment les nazis ont marquĂ© les Juifs avec une mĂŞme signalisation comme l'Ă©toile jaune.

« J'ai cherchĂ© le mot Stolpersteine dans le dictionnaire et le mot suivant Ă©tait stolz (fier) – c'Ă©tait une inspiration pour le titre de mon nouveau projet. Pendant ma recherche sur N. Israel, j'ai appris qu'ils Ă©taient fiers que leur entreprise se trouvait en plein centre-ville. Je suis fière aussi – d'ĂŞtre Juive, femme et de l'Afrique. Ainsi, j'ai crĂ©Ă© « les pierres fières Â» comme alternative aux pierres d'achoppement. »[7]

L'artiste insère une Stolzesteine comme pierre commĂ©morative dans ses peintures pour qu'on regarde vers « le haut Â» (look up). Ainsi on honore et respecte la vie de la personne. Quand on voit une Stolpersteine qui est toujours placĂ©e dans le trottoir on regarde « en bas Â» (look down = mĂ©priser). Dessa est dĂ©rangĂ©e par le symbolisme de cet acte et elle est très claire concernant le message donnĂ© par les Stolpersteine dans la sociĂ©tĂ© :

« Je dĂ©fie chaque Allemand de se poser la question comment les nazis rĂ©agiraient en voyant les Stolpersteine. Ce projet (Stolpersteine) rĂ©alise leur vĹ“u ultime en proclamant : Regarde le nombre de Juifs que nous avons rĂ©ussi Ă  assassiner... Â»)[8].

Ces deux hommages au Kaufhaus N. Israel, ainsi que les publications qui les accompagnent, ont été présentés au Mitte Museum à Berlin entre octobre 2015 et mars 2016.

En 2018, elle rend hommage à la féministe berlinoise Alice Salomon, avec une exposition au Frauen museum Wiesbaden, The Art of Remembrance - Alice Salomon.

Expositions principales

Années 1990

  • 1990 : Galerie Chomel, Paris, France
  • 1991 : Galerie West, Bern –  Les Chants de la Terre - Mahler
  • 1992 : Galerie Lilian AndrĂ©e, Basel – TurangalĂ®la  - Messiaen
  • 1992 : Galerie de Couvaloup, Morges – Schelomo  - Bloch
  • 1993 : Galerie West, Bern – Musique chinoise pour « er-hu Â»
  • 1994 : Galerie Bremer, Berlin – L’âge de l’anxietĂ©  - Bernstein
  • 1994 : Galerie Lilian AndrĂ©e, Basel – Concerto pour Orchestre  - Bartok
  • 1995 : Galerie Tribeca, Milano – Concerto per Archi  – Rota
  • 1995 : Galerie de Couvaloup, Morges – L’âge de l’anxiĂ©tĂ©  â€“ Bernstein
  • 1997 : Galerie Lilian AndrĂ©e, Basel – MĂ©moire de Theresienstadt - Symphony 2 basĂ©e sur Piano Sonata N.7 Â» - Ullmann
  • 1998 : Goethanum, Dornach – MĂ©moire de Theresienstadt - Ullmann
  • 1998 : Galerie Aulos Musica, Geneva – MĂ©moire de Theresienstadt - Ullmann
  • 1999 : Galerie de Couvaloup, Morges –  Abschiedslieder  - Korngold
  • 1999 : Galerie Bremer, Berlin – Abschiedslieder - Korngold

Années 2000

  • 2000 : MusĂ©e de Pully, Suisse – Abstraction lyrique 1990 - 2000
  • 2004 : Galerie Bremer, Berlin – Hommage Ă  Kaufhaus N. Israel 1815 – 1939
  • 2005 : JĂĽdisches Museum Westfalen – Hommage Ă  Kaufhaus N. Israel 1815 – 1939
  • 2005 : Galerie Ollier, Fribourg – Dessa et Schwartz - La peinture rencontre la photographie 
  • 2006 : Galerie Bremer, Berlin – Land Escapes - 60 ans de la Galerie Bremer
  • 2006 : MusĂ©e de Pully, Suisse – De l’hygiène Ă  l’art
  • 2008 : Musique et Pinceaux : Live-Painting, 5 concerts avec le compositeur Dominique Gesseney-Rappo, chef d’orchestre Blaise Heritier et le Flying Brass. Film: Bernard Villat.
  • 2008 : Concerts de Monbenon, Lausanne – 10e anniversaire de Ph+Arts magazine. Lala Isakova, piano. Video-projection de MĂ©moire de Theresienstadt 
  • 2008 : Foyer Amtsgericht, Stuttgart-Bad Cannstatt – Land Escapes 
  • 2008 : Centre Judaicum, Cracovie, Pologne – 20e anniversaire du Festival International de musique contemporaine – peintures inspirĂ©es par la musique d’Olivier Messiaen et Viktor Ullmann

Années 2010

  • 2010 : JayKay Gallery, Carrouge, Vaud – Dessa : 2000 – 2010
  • 2011 : Galerie Petra Lange, Berlin – Dessa Komposition
  • 2013 : Galerie Petra Lange, Berlin –  Do we smile or do we weep? Peintures basĂ©es sur Four Sea Interludes & Passacaglia de Benjamin Britten's issus de Peter Grimes
  • 2013 : Shanghai Art Fair, reprĂ©sentĂ©e par Galerie Steiner, Vienna
  • 2015 : Espace culturel Assens – Dessa : Peinture / Musique / IdentitĂ©
  • 2015 : Galerie Petra Lange, Berlin – Dessa : Dans l’obscuritĂ© la lumière – en collaboration avec le Mitte-Museum Berlin
  • 2015 : Mitte Museum, Berlin – Dessa – Kaufhaus Nathan Israel 1815–1939 – Eine KĂĽnstlerin erforscht Geschichte[9]
  • 2017 : Fondation l’EstrĂ©e, Ropraz. Suisse – Dessa & Viktor Ullmann - Je vous ai entendu et je vous rĂ©ponds[10]
  • 2018/19 : Frauen museum Wiesbaden – The Art of Remembrance - Alice Salomon[11]
  • 2018 : Ausstellungszentrum Pyramide Berlin – Kunst und Erinnern: Exposition commĂ©morant les pogroms antisĂ©mites en novembre 1938 [12]

Années 2020

  • 2022: Parlement de Berlin DESSA: The Art of Remembrance - Alice Salomon[13]

Publications

  • A Legacy from Theresienstadt. Berlin 1997 (ISBN 2-940223-00-9)
  • A Tribute to Kaufhaus N. Israel. Berlin 2003 (ISBN 2-940223-03-3)
  • Land Escapes. Berlin 2006 (ISBN 2-940223-04-1)
  • Composition (Musique et peinture). Berlin 2010 (ISBN 2-940223-05-X)
  • Do we smile or do we weep? Paintings based on Benjamin Britten's Four Sea Interludes and Passacaglia from Peter Grimes. Berlin 2013 (ISBN 2-940223-06-8)
  • Stolzesteine – Stones of Pride. Berlin 2015 (ISBN 978-3-95565-112-1)
  • The Art of Remembrance : Alice Solomon. Berlin 2018 (ISBN 978-3-95565-293-7)

Références

  1. « DESSA, Deborah Petroz-Abeles, dite - Le Delarge -Le dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains », sur www.ledelarge.fr (consulté le )
  2. Frank Harders-Wuthenow. Do we smile or do we weep? Paintings based on Benjamin Britten's Four Sea Interludes and Passacaglia from Peter Grimes, Assens, May 31, 2015.
  3. Françoise Jaunin. Abstraction lyrique, , Lausanne, 1992.
  4. (de) « Boosey & Hawkes: The Classical Music Specialists », boosey.com
  5. (de) « Dominique Gesseney-Rappo, compositeur », gesseney-rappo.ch
  6. Alice Lanzke. "Ich folge meinem Weg – Deborah Petroz-Abeles ist stolz auf ihr Judentum und ihre afrikanische Herkunft", Jüdische Allgemeine, Berlin, 12 November 2015.
  7. Deborah Petroz Abeles. , Stolzesteine – Stones-of-Pride, Berlin, November, 2015.
  8. Alice Lanzke. Schweizer KĂĽnstlerin Dessa: Stolpersteine in der Kritik", Deutschlandradio Kultur, Berlin, Februar 5, 2016.
  9. Mitte Museum, Berlin
  10. « L'Estrée, Exposition | Lausanne - Ropraz », sur L'Estrée, Exposition | Lausanne - Ropraz (consulté le )
  11. (en) « DESSA | frauen museum wiesbaden », sur www.frauenmuseum-wiesbaden.de (consulté le )
  12. Ausstellungszentrum Pyramide Berlin
  13. Abgeordnetenhaus von Berlin

Liens externes

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