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Cyrillique roumain

L'alphabet cyrillique roumain a été utilisé pour écrire la langue roumaine jusqu'en 1865. Cet alphabet est le suivant[1] :

Lettre de Neacșu, plus ancien texte conservé en cyrillique roumain.
Grammaire musicale de 1845 d'Anton Pann.
LettreNom de la lettreValeur numériquePrononciationCorrespondant actuel
1A аaz1/a/a
2Б бbuche/b/b
3В вvede2/v/v
4Г гglagoli3/ɡ/g, gh
5Д дdobru4/d/d
6Є єiest5/e/e
7Ж жjivete/ʒ/j
8Ѕ ѕdzelo / dzialu6/d͡z/[2]
9З зzemlia7/z/z
10И и[3]ije8/i/i
11І і[4]I10/i/i
12К кcaco20/k/c, ch
13Л лliudie / lude30/l/l
14М мmislite / mislete40/m/m
15N ɴnaș50/n/n
16О oon70/o/o
17П пpocoi80/p/p
18Р рriți / râță100/r/r
19С сslovo / slovă200/s/s
20Т тtvirdo / ferdu300/t/t
21Ѹ ѹ[5]Ucu400/u/u
22У ȣ[6]u/u/u
23Ф фfârtă500/f/f
24Х хheru600/h/h
25Ѡ ѡ[7]ot800/o/o
26Щ щști / ște/ʃt/șt
27Ц цți900/t͡s/ț
28Ч чcervu90/t͡ʃ/c[8]
29Ш шșa/ʃ/ș
30Ъ ъieru/ə/
/ʷ/[9]
ă
pas de lettre
31Ы ыieri/ɨ/
/ʲ/
/ʷ/
â, î
i

pas de lettre

32Ь ьier/ə/
/ʲ/
/ʷ/
ă
i
pas de lettre
33Ѣ ѣeti/e̯a/[10]ea
34Ю юiu/ju/iu
35Ѩ ѩiaco/ja/ia
36Ѥ ѥie/je/ie
37Ѧ ѧia/ja/
/e̯a/
ia
ea
38Ѫ ѫ[11]ius/ɨ/â, î
39Ѯ ѯ[12]csi60/ks/x
40Ѱ ѱ[12]psi700/ps/ps
41Ѳ ѳ[12]fita9/θ/, /ft/
42Ѵ ѵ[12]ipsilon / ijiță400/i/
/u/
i
u
43Ꙟ ꙟîn/ɨn/, /ɨm/în, îm
44Џ џgea/d͡ʒ/g[8]

Le seul diacritique utilisé était la brève (˘) pour marquer une semi-voyelle, sur и, i, ȣ, ѡ.

Voici à titre d’exemple de texte Notre Père en cyrillique roumain (vers 1850) translittéré en alphabet roumain actuel :

Татъль ноструTatăl nostru
Translittération de "Notre père" :
Tatăl nostru, carele ești în ceriuri, Sfințascăse / numele tău, vie împărățiia ta, fie voia ta, pre cum în / ceriu și pre pământ. Pâinea noastră cea de toate zilele / dăneo noao astăzi. Și ne iartă noao datoriile / noastre, pre cum și noi ertăm datornicilor / noștri. Și nu ne duce pre noi în ispită. Ci ne / izbăveaște de cel rău. Că ata iaste împărățiia, și / Putearea, și mărirea în veaci, amin.

L'usage de l'alphabet cyrillique par les Roumains remontait à l'adoption, au Moyen Âge, du christianisme oriental d'obédience orthodoxe par les élites bulgares et coumanes dont ils dépendaient avant l'arrivée des Magyars en Transylvanie au XIe siècle et l'indépendance des principautés de Valachie et Moldavie au XIVe siècle. Cet alphabet et la langue slavonne eurent un usage tant liturgique que politique et commercial jusqu'au XVIIIe siècle lorsqu'il fut progressivement abandonné au profit du roumain (qui en conserva néanmoins l'alphabet) et du grec phanariote. En 1780, après le traité de Koutchouk-Kaïnardji et à la veille du projet grec de l'impératrice Catherine II, l'évêque transylvain Samuil Micu Klein publie à Vienne le premier livre roumain en lettres latines : Elementa lingua dacoromana sive valachica (« Élements de la langue daco-roumaine dite valaque »). En Transylvanie, l'alphabet latin fut traditionnellement utilisé tant par le royaume de Hongrie que par le monarchie des Habsbourg dont la religion d'état était catholique. Le remplacement de l'alphabet cyrillique par le latin dans les principautés de Valachie et de Moldavie fut un processus délibéré et géopolitique après le Traité d'Unkiar-Skelessi et la Convention de Londres (1841)[13].

Après le traité de Passarowitz et la révolution transylvaine de 1784 l'alphabet latin et l'écriture civile furent des moyens de limiter, chez les Roumains de l'empire d'Autriche et dans les principautés roumaines, l'influence russe et celle des Phanariotes usant de l'alphabet grec. Après la révolution roumaine de 1821 et la guerre de Crimée de 1855-1856, l'unification de la Valachie et de la Moldavie, l'un des idéaux de la renaissance culturelle roumaine, devient possible : elle sera effective en 1859 mais sans la Moldavie orientale[14]. Pour sa part, l'Église orthodoxe roumaine n'a abandonné l'alphabet cyrillique qu'en 1881, trois ans après l'indépendance de la Roumanie et la libération de la Bulgarie.

Il ne faut pas confondre le cyrillique roumain avec le cyrillique soviétique moldave en usage du au en République socialiste soviétique de Moldavie et jusqu'à aujourd'hui en Transnistrie : cet alphabet est adapté à la « langue moldave » à partir du cyrillique russe[15].

Voir aussi

Notes et références

  1. Ion-Aurel Candrea, Dicționarul enciclopedic ilustrat [« Dictionnaire encyclopédique illustré »], 1re partie, éditions Cartea Românească, Bucarest 1931, p. 36.
  2. Phonème qui ne fait plus partie du système phonologique du roumain standard.
  3. Dans les emprunts au grec, correspondait à η, dans les mots roumains et slaves apparaissait devant une consonne ou en fin de mot.
  4. À la différence de И, dans les emprunts au grec, I correspondait à ι, et dans les mots roumains et slaves apparaissait devant une voyelle.
  5. Au début des mots.
  6. À l’intérieur et à la fin des mots.
  7. S’employait en parallèle avec О, aussi bien dans les emprunts que dans les mots roumains.
  8. Devant e et i.
  9. En fin de mot, semi-voyelle à peine perceptible correspondant à /u/, qui n’est plus prononcée aujourd’hui.
  10. Diphtongue, donc /e̯/ est une semi-voyelle correspondant à /e/.
  11. Transcrivait /ɨ/ médiane ou finale de mot.
  12. Utilisée pour transcrire les mots d’origine grecque, surtout les noms propres.
  13. Grammaire pratique roumaine-française depuis 1833
  14. L'alphabet, la langue et l'identité en Bessarabie de la seconde moitié du XIXe - début XXe siècles.
  15. Gheorghe Negru : Politica lingvistică din R. S. S. Moldovenească (« Politique ethnolinguistique en R.S.S. Moldave »), ed. Prut international, Chișinău 2000, (ISBN 9975-69-100-5), 132 pp. et Ce que vous devez savoir sur les langues du monde: Le roumain.
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