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Cyrille d'Alexandrie

Cyrille d'Alexandrie (grec ancien : ΚύρÎčÎ»Î»ÎżÏ‚ áŒˆÎ»Î”ÎŸÎ±ÎœÎŽÏÎ”ÎŻÎ±Ï‚), nĂ© vers 375, est Ă©vĂȘque d'Alexandrie en 412 et meurt le . Saint pour les orthodoxes et les catholiques, il est aussi, depuis la proclamation du pape LĂ©on XIII en 1882, PĂšre et Docteur de l'Église catholique.

Cyrille d'Alexandrie
Saint chrétien
Image illustrative de l’article Cyrille d'Alexandrie
Cyrille d'Alexandrie.
Ă©vĂȘque, PĂšre et Docteur de l'Église
Naissance v. 375
DĂ©cĂšs
VĂ©nĂ©rĂ© par Église catholique et Église orthodoxe
FĂȘte (catholiques)
et (orthodoxes)
Saint patron DĂ©clarĂ© docteur de l'Église par LĂ©on XIII (1882)

Considérant les valeurs de l'époque contemporaine, il est aussi un personnage polémique au regard de ses actions à l'encontre des juifs, et pour son implication dans la tentative de meurtre d'Oreste puis dans le meurtre d'Hypatie.

Histoire et tradition

Patriarche d'Alexandrie le , neveu et successeur de ThĂ©ophile, Cyrille s'attache Ă  Ă©radiquer le paganisme, le judaĂŻsme et ce qu'il considĂšre comme des hĂ©rĂ©sies : il Ă©crit contre les Ariens et les Antiochiens, et fait fermer les synagogues et les Ă©glises des novatiens. Il anĂ©antit ainsi la communautĂ© juive et s'en prend de la mĂȘme maniĂšre aux autres communautĂ©s chrĂ©tiennes qualifiĂ©es d'hĂ©rĂ©tiques[1]. Ces mesures brutales l'opposent Ă  Oreste, prĂ©fet d'Égypte (chrĂ©tien lui aussi), et sont l'occasion de pogroms et autres scĂšnes sanglantes, au cours desquelles pĂ©rit en 415 la philosophe Hypatie, victime d'un lynchage par des moines chrĂ©tiens, les parabalani.

Vers 440, l'historiographe chrétien Socrate le Scolastique relate comment Cyrille a cautionné le meurtre d'Hypatie :

« Comme en effet elle commençait Ă  rencontrer assez souvent Oreste, cela dĂ©clencha contre elle une calomnie chez le peuple des chrĂ©tiens, selon laquelle elle Ă©tait bien celle qui empĂȘchait des relations amicales entre Oreste et l’évĂȘque. Et donc des hommes excitĂ©s, Ă  la tĂȘte desquels se trouvait un certain Pierre le lecteur, montent un complot contre elle et guettent Hypatie qui rentrait chez elle : la jetant hors de son siĂšge, ils la traĂźnent Ă  l’église qu’on appelait le CĂ©sareum, et l’ayant dĂ©pouillĂ©e de son vĂȘtement, ils la frappĂšrent Ă  coups de tessons ; l’ayant systĂ©matiquement mise en piĂšces, ils chargĂšrent ses membres jusqu’en haut du CinarĂŽn et les anĂ©antirent par le feu. Ce qui ne fut pas sans porter atteinte Ă  l’image de Cyrille d'Alexandrie et de l’Église d’Alexandrie ; car c’était tout Ă  fait gĂȘnant, de la part de ceux qui se rĂ©clamaient du Christ que des meurtres, des bagarres et autres actes semblables soient cautionnĂ©s par le patriarche[2] . »

Théologie

Cyrille promut la formule « Une est la nature incarnĂ©e de Dieu le Verbe[3] » : « ÎŒÎŻÎ± φύσÎčς Ï„ÎżáżŠ ΞΔοῊ Î»ÏŒÎłÎżÏ… σΔσαρÎșωΌέΜη » (mĂ­a phĂœsis toĂ» theoĂ» lĂłgou sesarkƍmĂ©nē), par laquelle il s'opposait Ă  la dualitĂ© des natures dĂ©fendue par les Antiochiens[3]. Cette formule sera largement utilisĂ©e lors de la crise et du schisme miaphysite [4].

Ses positions christologiques sont rĂ©sumĂ©es dans le Symbole d'union qu'il signe, en 433, deux ans aprĂšs les affrontements du concile d'ÉphĂšse, avec Jean, le patriarche d'Antioche[5].

Sa table pascale de 114 ans

Cyrille essaya d'obtenir les faveurs de l'empereur chrĂ©tien dĂ©vot ThĂ©odose II (AD 408-450) en lui dĂ©diant sa table pascale[6]. Il est aussi important de noter que la table pascale de Cyrille Ă©tait pourvue d’une structure de base mĂ©tonique sous la forme d’un cycle lunaire mĂ©tonique de 19 ans adoptĂ© par lui vers l’an 425, qui Ă©tait trĂšs diffĂ©rent du tout premier cycle lunaire mĂ©tonique de 19 ans inventĂ© vers l’an 260 par Anatolius, mais exactement Ă©gal au cycle lunaire similaire qui avait Ă©tĂ© introduit vers l’an 412 par Anniane d'Alexandrie ; l’équivalent julien de ce cycle lunaire alexandrin adoptĂ© par Cyrille et actuellement dĂ©nommĂ© le ‘cycle lunaire (alexandrin) classique de 19 ans’ ne rĂ©apparaĂźtrait que beaucoup plus tard: un siĂšcle plus tard Ă  Rome comme la structure de base de la table pascale de Denys le Petit (vers l’an 525) et encore deux siĂšcles plus tard en Angleterre comme la base de la table de PĂąques de BĂšde le VĂ©nĂ©rable (vers l’an 725)[7].

Vénération

Reconnu comme saint par les orthodoxes et les catholiques, il est fĂȘtĂ© respectivement le [8] et le [9] par les orthodoxes, et le par les catholiques[10]. Il a Ă©tĂ© proclamĂ© docteur de l'Église en 1882 par le pape LĂ©on XIII.

Dans une audience du , BenoĂźt XVI lui rend hommage pour son importante contribution au culte marial[11].

ƒuvre

Il a Ă©crit contre ManĂšs (Mani), Plotin, Apollinaire ; il est l’auteur d’un traitĂ© Contre Julien l’Apostat, dans lequel il commente la mĂ©taphysique des EnnĂ©ades de Plotin[12]. On connaĂźt surtout son traitĂ© intitulĂ© Le TrĂ©sor, contre les ariens. Il a laissĂ© en outre 60 Lettres et des Commentaires sur saint Jean, publiĂ©s en syriaque par P. Smith Ă  Oxford, 1860.

Ses ƒuvres ont notamment Ă©tĂ© Ă©ditĂ©es par Jean Aubert (abbĂ©), Paris, 1638, 7 volumes in-folio, grec-latin, rĂ©imprimĂ©s en 1859 dans la Patrologie de l'abbĂ© Jacques Paul Migne. Ses HomĂ©lies ont Ă©tĂ© traduites en français par Morelle, 1604.

Écrits

Cyrille, Ă©vĂȘque d'Alexandrie et docteur de l'Église, participa activement au Concile d'ÉphĂšse (431), qui donna Ă  Marie le titre de « MĂšre de Dieu ». Il fut un exĂ©gĂšte prolifique en mĂȘme temps qu'un dĂ©fenseur ardent de la foi au Christ[13].

MĂ©fiez-vous des faux prophĂštes

Cyrille, répond ici à certaines théories émises par l'empereur Julien, dit « l'Apostat », quelques décennies plus tÎt[14].

« Ce qui m'étonne, c'est que Julien prenne la couleur de la peau comme preuve qu'il faut considérer que les nations ont « un substrat de nature différente ».
S'il croit en cela penser ou dire quelque vĂ©ritĂ©, il se trompe sans s'en rendre compte : il faudrait dans ce cas, me semble-t-il, que ceux qui ont une couleur de peau dĂ©terminĂ©e soient tous du mĂȘme avis et s'accordent dans leurs pensĂ©es ; et si quelqu'un a la peau blanche et qu'il est bon, qu'aucun de ceux qui ne sont pas blancs ne soit bon ! Pareillement si quelqu'un est basanĂ© ou noir et qu'il est bon, qu'aucun de ceux qui ont un corps blanc ne le soit !
N'y a-t-il pas là déjà de quoi rire ? »

— Cyrille d'Alexandrie. Contre Julien IV, 42. trad. J. Bouffarigue, M.-O. Boulnois, P. Castan, Cerf, Coll. « Sources ChrĂ©tiennes » 582, 2016, p. 429.

Commentaire selon Jean (Jn 14, 1-6)

Le chemin vers le ciel

« « Dans la maison de mon PĂšre, il y a de nombreuses demeures ; sinon vous aurais-je dit : "Je pars vous prĂ©parer une place" ? » Si les demeures auprĂšs du PĂšre n'avaient pas Ă©tĂ© nombreuses, le Seigneur aurait dit qu'il partait en avant-coureur, manifestement afin de prĂ©parer les demeures des saints. Mais il savait que beaucoup Ă©taient dĂ©jĂ  prĂȘtes et attendaient l'arrivĂ©e des amis de Dieu. Il donne donc un autre motif Ă  son dĂ©part ; prĂ©parer la route Ă  notre ascension vers ces places du ciel en frayant un passage, alors qu'auparavant, cette route Ă©tait impraticable pour nous. Car le ciel Ă©tait absolument fermĂ© aux hommes, et jamais aucun ĂȘtre de chair n'avait pĂ©nĂ©trĂ© dans ce trĂšs saint et trĂšs pur domaine des anges.

C'est le Christ qui inaugura pour nous ce chemin vers les hauteurs. En s'offrant lui-mĂȘme Ă  Dieu le PĂšre comme les prĂ©mices de ceux qui dorment dans les tombeaux de la terre, il permit Ă  la chair de monter au ciel, et il fut lui-mĂȘme le premier homme apparu Ă  ses habitants. les anges ne connaissaient pas le mystĂšre auguste et grandiose d'une intronisation cĂ©leste de la chair. Ils voyaient avec Ă©tonnement et admiration cette ascension du Christ. Presque troublĂ©s Ă  ce spectacle inconnu, ils s'Ă©criaient : Quel est celui-lĂ  qui arrive d'Édom ? (cf. Is 63, 1), c'est-Ă -dire de la terre ? »

— Cyrille d'Alexandrie. Commentaire sur Jean, IX, PG 74, 182-183, in Les Pùres de l’Église commentent l'Évangile, trad. dir. H. Delhougne, Turnhout, Brepols, 1991, no 166[15].

Notes et références

  1. Frédéric Lenoir, Comment Jésus est devenu Dieu, ArthÚme-Fayard, Paris, 2010.
  2. Socrate le Scolastique, Histoire ecclésiastique (vers 440), VII, 15 lire en ligne
  3. Formule d'Apollinaire de LaodicĂ©e qu'il attribuait, Ă  tort, Ă  Athanase d'Alexandrie. (Pierre Maraval, Le christianisme de Constantin Ă  la conquĂȘte arabe, PUF, 1997, p. 355)
  4. Cf. Miaphysisme.
  5. Les douze chapitres cyrilliens au Concile d'ÉphĂšse (430-433) AndrĂ© de Halleux. Revue ThĂ©ologique de Louvain, AnnĂ©e 1992/23-4, p. 425-458.
  6. Mosshammer (2008) 193-194
  7. Zuidhoek (2019) 67-74
  8. « Saints pour le du calendrier ecclésiastique », sur Forum orthodoxe.com (consulté le ).
  9. site officiel Orthodox Church in America
  10. « Saint Cyrille d'Alexandrie », sur Nominis (consulté le )
  11. Audience générale, mercredi , Saint Cyrille d'Alexandrie , consulté le .
  12. Marie-Nicolas Bouillet, « Plotin, Ennéades V, 1 (Notes et éclaircissements) ».
  13. Site Persée (portail), Cyrille d'Alexandrie. Contre Julien. consulté le .
  14. Lucien Jerphagnon. Julien dit l'Apostat. Robert Turcan. Revue de l'histoire des religions, Année 1987/204-3, p. 296-297. Persée (portail).
  15. Recension: Cyrille d’Alexandrie, « Commentaire sur saint Jean ».

Bibliographie

ƒuvres

  • Clavis Patrum GrĂŠcorum 5200-5438.
  • Lettres festales (Epistulae Homiliae paschales, 414-424), trad. L. Arragon et al., Cerf, coll. "Sources chrĂ©tiennes", 1991-1998, 3 vol.
  • Lettres Festales. Lettres 1 Ă  6, Edition bilingue français-grec, Cerf, 1991. (ISBN 978-2204042741)
  • Christ est un (Quod unus sit Christus, v. 435-444), trad;, Cerf, coll. "Sources chrĂ©tiennes", 1964.
  • Contre Julien (v. 412-444), trad. P. BurguiĂšre et P. Evieux, Cerf, coll. "Sources chrĂ©tiennes", 1985-2016, 2 vol. (ISBN 978-2204024662)
  • Dialogues sur la TrinitĂ© (v. 424-428), trad. Georges Matthieu de Durand, Cerf, coll. "Sources chrĂ©tiennes", 1976-1978, 3 vol.
  • Deux dialogues christologiques, trad. Georges Matthieu de Durand, Cerf, coll. "Sources chrĂ©tiennes", 1964. (ISBN 978-2204034395)
  • Les catĂ©chĂšses baptismales, trad., Editions Migne, coll. "PĂšres dans la foi".
  • Le Christ de Cyrille d'Alexandrie: L'humanitĂ©, le salut et la question monophysite, Editions Beauchesne, Coll. ThĂ©ologie historique, 1997. (ISBN 978-2701013541)

Études

  • Hans von Campenhausen, Les PĂšres grecs (Griechische KirchenvĂ€ter), Paris, Éd. de l'Orante, 1963, p. 209-223.
  • Marie-Odile Boulnois, Le paradoxe trinitaire chez Cyrille d'Alexandrie. HermĂ©neutique, analyses philosophiques, argumentation thĂ©ologique, Études Augustiniennes, Paris, 1994.
  • François Nau, Saint Cyrille et Nestorius. Contribution Ă  l'histoire des origines des schismes monophysite et nestorien, in Revue de l'Orient chrĂ©tien, 1910, p. 365-391; 1911, p. 1-54.
  • Luciano Canfora, Une profession dangereuse, les penseurs grecs dans la CitĂ©, trad. fr. Paris, DesjonquĂšres, 2001.
  • (en) Eirini Artemi, « The mystery of the incarnation into dialogues “de incarnatione Unigenitii” and “Quod unus sit Christus” of St. Cyril of Alexandria », Ecclesiastic Faros of Alexandria, ΟΕ (2004), 145-277.
  • (en) Eirini Artemi, « St Cyril of Alexandria and his relations with the ruler Orestes and the philosopher Hypatia », Ecclesiastic Faros of Alexandria, τ. ΟΗ (2007), 7-15.
  • (en) Eirini Artemi, « The one entity of the Word Incarnate. α). Apollinarius' explanation, ÎČ)Cyril's explanation », Ecclesiastic Faros of Alexandria, τ. ΟΔ (2003), 293–304.
  • (en) Eirini Artemi, The historical inaccurancies of the film Agora about the murder of Hypatia, Orthodox Press, τΔύχ. 1819 (2010), 7.
  • (en) Eirini Artemi, The use of the ancient Greek texts in Cyril's works, Poreia martyrias, 2010, 114-125.
  • Alden A. Mosshammer (2008) The Easter Computus and the Origins of the Christian Era: Oxford (ISBN 9780199543120)
  • S. Ronchey, Ipazia. La vera storia, Milano, Rizzoli, 2010
  • Jan Zuidhoek (2019) Reconstructing Metonic 19-year Lunar Cycles (on the basis of NASA’s Six Millenium Catalog of Phases of the Moon): Zwolle (ISBN 9789090324678)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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