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Croix de Victoria (Canada)

La croix de Victoria (Victoria Cross en anglais) est une dĂ©coration militaire canadienne crĂ©Ă©e en 1993 sur le modèle de la croix de Victoria britannique instituĂ©e en 1856, tant dans son rĂ´le que dans son apparence, incluant quelques modifications mineures. Elle est, tout comme la croix de Victoria originelle, la plus haute distinction du système honorifique canadien. Elle est dĂ©cernĂ©e par le monarque canadien ou son reprĂ©sentant, le gouverneur gĂ©nĂ©ral du Canada, Ă  un membre des Forces canadiennes ou d'une force alliĂ©e servant sous commandement militaire canadien, pour bravoure extraordinaire et dĂ©vouement face Ă  l'ennemi. Bien que dans plusieurs pays du Commonwealth, la croix de Victoria ne puisse ĂŞtre dĂ©cernĂ©e que pour des actes face Ă  l'ennemi en temps de guerre, le gouvernement du Canada a une dĂ©finition plus large du terme « ennemi Â» et la croix de Victoria canadienne peut ĂŞtre dĂ©cernĂ©e pour des actes face Ă  des mutins armĂ©s, des pirates et d'autres forces hostiles sans qu’une guerre soit officiellement dĂ©clarĂ©e. Les rĂ©cipiendaires sont autorisĂ©s Ă  porter les lettres « VC Â» Ă  la suite de leur patronyme (tant en français qu'en anglais, les deux langues officielles du pays) et Ă  recevoir une rente de 3 000 $. La croix de Victoria canadienne n'a pour l’instant jamais Ă©tĂ© remise depuis sa crĂ©ation.

Croix de Victoria
Décernée par le Roi du Canada
Type MĂ©daille militaire
Éligibilité Membres des Forces canadiennes ou des forces alliées servant sous commandement militaire canadien
DĂ©cernĂ© pour « Actes de bravoure ou d’abnĂ©gation insignes ou Ă©minents ou le dĂ©vouement ultime au devoir, face Ă  l’ennemi Â»
Statut Toujours décernée
Chiffres
Date de création
Total de récompensés 0
Importance

Ruban de la médaille
Ruban : 32 mm, cramoisi

Origine

La croix de Victoria originale a été créée par décret royal publié le avec la signature royale manuscrite de la reine Victoria. Elle était destinée à reconnaître des actes de bravoure durant la guerre de Crimée (1853-1856), quel que soit le statut social d'un soldat, ou ses états de service. Au départ, la croix de Victoria n'était pas décernée aux troupes coloniales, jusqu'à ce que le major Charles Heaphy la reçoive pour ses actions sous commandement britannique en 1864[1]. À partir de cette date, la croix de Victoria a été rendue accessible à « toutes les forces locales sous commandement impérial » (local forces under imperial command)[2]. La croix n'était également pas décernée à titre posthume, jusqu'à ce que la politique ait été inversée en 1902[3].

Jusqu'en 1972, 81 membres des forces armées canadiennes (en incluant ceux de Terre-Neuve avant que cette colonie ne rejoigne la confédération canadienne en 1949) et 13 Canadiens ayant servi dans des unités britanniques avaient reçu la croix de Victoria[4]. Après cette date, cependant, le système canadien des distinctions honorifiques a été réorganisé, et la croix de Victoria a été éliminée de la liste officielle des distinctions honorifiques. Il s'est ensuivi un long débat sur l'opportunité ou non de rétablir la médaille. Le Premier ministre à l'époque, Pierre Trudeau, a régulièrement esquivé les questions sur la croix de Victoria en précisant que « seuls les Canadiens devraient recevoir des décorations canadiennes ».

Son successeur, Brian Mulroney, a mis en place en 1987 un comité chargé d'étudier la création d'une croix de Victoria canadienne dans le cadre d'une nouvelle série d'honneurs militaires[5]. Bien que le comité n'ait pas recommandé la croix de Victoria - il avançait plutôt des noms tels que la croix du Canada et la croix de la Vaillance militaire[6] - [7], - la création d'une Croix de Victoria australienne en 1991 ainsi que les pressions du quotidien The Globe and Mail et de groupes d'intérêt tels que la Ligue monarchiste du Canada et la Légion royale canadienne ont forcé l'amendement de la loi[6] - [8]. En 1991, un projet de loi d'initiative parlementaire a reçu le soutien de tous les partis à la Chambre des communes, après quoi la croix de Victoria ainsi que d'autres décorations de la vaillance militaire canadienne ont été a formellement demandé par Mulroney le . La requête a été approuvée via l'émission de lettres patentes par la Élisabeth II le de l'année suivante, mettant ainsi fin à la dépendance du Canada sur le système des distinctions honorifiques britannique[9].

Critères

La croix de Victoria est décernée pour reconnaître « des actes de bravoure ou d'abnégation insignes ou éminents ou le dévouement ultime au devoir, face à l’ennemi »[10] à partir du , pouvant être remis à titre posthume et, contrairement à son homologue britannique, pouvant être révoquée[11].

La distinction principale entre la croix de Victoria et la croix de la Vaillance est la référence spécifique à « l'ennemi », que le gouvernement canadien a défini comme une force hostile envers l'État, y compris les mutins armés, les rebelles, des émeutiers et les pirates. Cela signifie que le gouvernement canadien, la Reine-en-Conseil, n'a pas officiellement déclaré la guerre à un État étranger ou reconnu l'existence d'une force hostile qui correspondrait à la description officielle. Ainsi, un Canadien servant dans le cadre d'une opération de maintien de la paix est admissible pour recevoir la croix de Victoria s'il remplit les critères ci-dessus.

Dans le cas d'un acte de bravoure et audacieux ayant été effectué par un escadron, une compagnie navale ou d'un groupe détaché dans lequel toutes les personnes ont été jugées tout aussi braves et dignes de la croix de Victoria, un bulletin de vote doit être établi : les officiers et les sous-officiers sélectionnent chacun l'un des leurs et les soldats ou les marins en choisissent deux parmi eux.

Attribution

Il n'y a que deux façons de recevoir la croix de Victoria. La première est sous la recommandation du Comité consultatif sur les décorations et sur les mentions élogieuses des Forces canadiennes (CCDMEFC) qui fait partie du ministère de la Défense nationale et est composé de six membres : un nommé par le gouverneur général et les autres choisis par le chef d'État-major de la Défense[12]. La seconde est la présentation d'une candidature de la part d'un commandant, mais une autorisation doit être obtenue auprès du gouverneur général avant que la médaille ne soit remise.

Les rĂ©cipiendaires sont en droit de recevoir une rente du gouvernement canadien. En effet, l'ordre sur les mĂ©dailles canadiennes de bravoure promulguĂ© en janvier 2005 prĂ©voit que les membres des Forces canadiennes ou ceux qui se sont joints aux forces britanniques alors domiciliĂ©s au Canada ou Ă  Terre-Neuve-et-Labrador avant le peuvent, après avoir reçu la croix de Victoria, se voir accorder 3 000 $ annuellement[13]. Dans le passĂ©, les Canadiens qui ont reçu la croix de Victoria Ă  titre posthume ont reçu des pierres tombales spĂ©ciales Ă  leur lieu de sĂ©pulture dans les Commonwealth War Graves et dans d'autres cimetières[14].

Jusqu'à aujourd'hui, aucun Canadien ne s'est vu attribuer la croix de Victoria. Smokey Smith, mort en 2005, est le dernier Canadien récipiendaire de la croix de Victoria britannique. Il la reçoit en 1945 par le roi George VI. Avant la cérémonie, il y a eu des spéculations que la reine Élisabeth II, à la cérémonie commémorative du Mémorial de Vimy au cours de laquelle elle a présidé le 7 avril 2007, donne une croix de Victoria à son premier ministre canadien de l'époque, Stephen Harper, en reconnaissance de la bravoure du soldat inconnu, en tant que représentant de toutes les victimes des Forces canadiennes[15]. La proposition a été accueillie avec une réaction mitigée des membres de la Légion royale canadienne et des Forces canadiennes et des détracteurs ont senti que le Soldat inconnu ne devrait pas être élevé au-dessus de ses autres camarades tombés au combat et qu'il avait été convenu, au moment de son rapatriement, qu'aucune récompense ou décoration ne lui serait accordée[16]. Aucune décision n'a été prise quant à l'attribution de la croix de Victoria canadienne au Soldat inconnu canadien[17].

Description et port

La conception de la mĂ©daille canadienne est tirĂ©e de celle de l'original britannique qui est la crĂ©ation d'Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, l'Ă©poux de la reine Victoria[18]. La croix de Victoria canadienne est ainsi une croix pattĂ©e avec des bras droits de 38 millimètres de travers dans chaque direction et sa partie extĂ©rieur est faite de bronze Ă  l'alliage colorĂ©e, la face porte un lion couronnĂ© semblable Ă  celui du cimier des armoiries du Canada se tenant debout sur la couronne de saint Édouard qui elle-mĂŞme repose au-dessus d'un rouleau semi-circulaire. Sur le revers de la croix, il y a un cercle en relief pour la gravure de la date de l'acte de bravoure avec le nom, le grade et l'unitĂ© du rĂ©cipiendaire[18]. La mĂ©daille est suspendue Ă  partir d'un lien formant la lettre V attachĂ© Ă  une barre de 38 mm de large ornĂ©e sur le devant avec des feuilles de laurier et au verso on y voit le nom, le grade et l'unitĂ© des rĂ©cipiendaires de la mĂ©daille, tous deux dans le mĂŞme mĂ©tal que la mĂ©daille. Le ruban, Ă©galement d'une largeur de 38 mm, est solide et de couleur cramoisi[19]. Cathy Bursey-Sabourin, HĂ©raut Fraser (en) de l'autoritĂ© hĂ©raldique du Canada, et Bruce W. Beatty apportent certaines modifications de la Croix de Victoria canadienne, la plus notable Ă©tant l'inclusion de la flore canadienne comme dĂ©coration et la modification de l'inscription sur le rouleau qui Ă©tait de FOR VALOUR par la traduction en latin, PRO VALORE[18], de manière Ă  s'adapter aux deux langues officielles du Canada[20]. En 2008, le dirigeant de Citoyens et citoyennes pour une rĂ©publique canadienne, Tom Freda, s'est publiquement opposĂ© Ă  la dĂ©coration du nom et l'apparence, avec ce qu'il considĂ©rait comme son "symbolisme coloniale inacceptable", iconographie royale, et une forme offensante pour les musulmans et les juifs[21].

Notes et références

  1. (en) Michael Fitzgerald, « Find a Biography > Quick Biography Search > H> Heaphy, Charles », sur le site du Ministère de la Culture et de l'Héritage de Nouvelle-Zélande, Dictionary of New Zealand Biography (consulté le )
  2. (en) Michael Wordsworth Standish, « Heaphy, Charles », sur le site The Encyclopedia of New Zealand, (consulté le )
  3. Ken Reynolds 2008, p. 14
  4. Ken Reynolds 2008, p. 14-15
  5. Carl Lochnan, « Croix de Victoria » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. (consulté le ).
  6. (en) Charles Dundas, « ROYAL RESPECT FOR CANADA’S VIMY HEROES », Canadian Monarchist News (Les Nouvelles Monarchiques du Canada), no 26,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  7. Christopher McCreery 2005
  8. (en) Michael D. Jackson, « Honours of the Crown », Canadian Monarchist News (Les Nouvelles Monarchiques du Canada), no 26,‎ , p. 11 (lire en ligne)
  9. « La Croix de Victoria canadienne », sur Défense nationale (consulté le )
  10. Ken Reynolds 2008, p. 38
  11. « Vaillance militaire », Revue militaire canadienne, vol. 13, no 2,‎ , p. 4-5 (ISSN 1492-465X)
  12. (en) Ministère de la Défense nationale, The Honours, Flags and Heritage Structure of the Canadian Forces, Ottawa, Queen's Printer for Canada, , 2e éd. (lire en ligne)
  13. (en) Élisabeth II, Gallantry Awards Order, Ottawa
  14. Ken Reynolds 2008, p. 13
  15. (en) « Top military honour now cast in Canada », CTV, (consulté le )
  16. Isabel Teotonio, « Vets irate at Victoria Cross proposal », Toronto Star,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. « No decision yet on Victoria Cross award: PM », CBC News, Canadian Broadcasting Corporation,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. (en) Department of National Defence, « CMP Home > DHH Home > Galleries > Victoria Cross », Queen's Printer for Canada (consulté le )
  19. Michael Ashcroft 2006, p. 16
  20. (en) Department of National Defence, « Features > 2008 > Modern Canadian Victoria Cross unveiled at Rideau Hall », Queen's Printer for Canada (consulté le )
  21. Tom Freda, « Hanging on to Victoria's cross », (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Michael Ashcroft, Victoria Cross Heroes, Londres, Headline Book Publishing, , 335 p. (ISBN 0-7553-1632-0)
  • (en) Christopher McCreery, The Canadian Honours System, Toronto, Dundurn Press, , 408 p. (ISBN 978-1-55002-554-5, lire en ligne)
  • Ken Reynolds, Pro Valore : La Croix de Victoria canadienne, Ottawa, DĂ©fense Nationale, , 2e Ă©d. (lire en ligne)

Liens externes

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