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Crise du crabe

La crise du crabe est un courant de protestation de pĂȘcheurs de l'est du Canada, au dĂ©but du mois de mai 2003, contre une dĂ©cision de PĂȘches et OcĂ©ans Canada. Le principal Ă©vĂšnement est une Ă©meute ayant eu lieu dans le port de Shippagan, au Nouveau-Brunswick, le samedi . Jusqu'Ă  250 personnes incendiĂšrent des bateaux, du matĂ©riel de pĂȘche et des bĂątiments dans le port.

Le port de Shippagan.

Causes

La pĂȘche commerciale au crabe des neiges commença dans les annĂ©es 1960. La pĂȘche se faisait par des pĂȘcheurs dits traditionnels et devint l'une des plus lucratives aprĂšs celle du homard. Le gagne-pain de plus d'une centaine de ces pĂȘcheurs devint de plus en plus menacĂ©. En 1992, le gouvernement fĂ©dĂ©ral imposa un moratoire sur la pĂȘche Ă  la morue, soulevant la colĂšre des pĂȘcheurs de poisson de fond. À la suite de cette dĂ©cision, les pĂȘcheurs de morue rĂ©clamĂšrent un accĂšs Ă  la pĂȘche au crabe pour conserver leurs revenus. Les pĂȘcheurs de homard et de hareng rĂ©clamĂšrent eux aussi une part des quotas. Jusqu'au dĂ©but des annĂ©es 2000, le gouvernement fĂ©dĂ©ral distribuait les quotas en fonction de l'excĂ©dent de revenu des pĂȘcheurs traditionnels[1].

Un plan triennal prĂ©sentĂ© le vendredi par PĂȘches et OcĂ©ans Canada[2] rĂ©duisit les quotas de pĂȘche au crabe des neiges de 22 000 Ă  17 000 tonnes, et accorda une part permanente (15 %) des quotas aux pĂȘcheurs cĂŽtiers et AmĂ©rindiens[3]. Des pĂȘcheurs de l'Atlantique, de la GaspĂ©sie et des Îles-de-la-Madeleine protestĂšrent contre ces mesures. La protestation fut la plus forte Ă  Shippagan[1].

DĂ©roulement

À Shippagan, le samedi , des pĂȘcheurs en colĂšre incendiĂšrent un entrepĂŽt et une usine de transformation du poisson appartenant Ă  l'entreprise terre-neuvienne Daley Brothers. Ils incendiĂšrent aussi 150 casiers et quatre bateaux de pĂȘche appartenant Ă  des AmĂ©rindiens qui devaient livrer du crabe Ă  cette usine. Selon les estimations, entre 200 et 250 personnes auraient participĂ© Ă  l'Ă©meute. La Gendarmerie royale du Canada intervint et interdit l'accĂšs au port pendant quelques jours.

RĂ©actions, enquĂȘte et procĂšs

Ruines de l'usine Daley Brothers.

Le lundi , 123 pĂȘcheurs traditionnels rĂ©unis Ă  Campbellton dĂ©cidĂšrent Ă  l'unanimitĂ© de ne pas entamer la saison de la pĂȘche au crabe. Ce boycott nuisit Ă©videmment aux 3 000 emplois dans les usines de transformation. Le ministre fĂ©dĂ©ral des pĂȘches, Robert Thibault, affirma le mĂȘme jour que le gouvernement Ă©tait prĂȘt Ă  nĂ©gocier une augmentation des quotas en Ă©change de la participation des pĂȘcheurs Ă  un programme de conservation de la ressource. D'aprĂšs lui, une augmentation des quotas de 3 000 tonnes ne mettait pas en danger la ressource[4].

À la suite de la dĂ©cision de ces pĂȘcheurs, des manifestations eurent lieu dans le reste du pays, en particulier Ă  Chandler[5].

L'émeute a coûté des millions de dollars à Daley Brothers et les 350 employés perdirent leur emploi[6]. Daley Brothers intenta une poursuite contre la GRC et une autre de 25 millions de dollars contre la ville de Shippagan[7].

L'enquĂȘte de la GRC sur l'Ă©meute fut la plus importante enquĂȘte criminelle de l'histoire du Nouveau-Brunswick. Une centaine de policiers y participĂšrent pendant trois ans, effectuant environ 1200 interrogatoires et produisant plus de 25 000 pages de documentation[8].

D'aprĂšs les PĂȘcheries Belle-Île, des pĂȘcheurs micmacs de la nation d'Elsipogtog avaient signĂ© un contrat en vue de l'achat des prises de crabe pour la saison 2003. L'entreprise prĂ©tendit que ces pĂȘcheurs dĂ©cidĂšrent de vendre le crabe Ă  une autre entreprise, et ce, quelques jours avant le dĂ©but de la saison. Les PĂȘcheries Belle-Île leur rĂ©clama au mois de juillet 2005 la somme de 127 000$[9].

Le , les pĂȘcheurs en question rĂ©pliquĂšrent en intentant une poursuite contre des dirigeants, des actionnaires et des employĂ©s des PĂȘcheries Belle-Île, la GRC et le ministre provincial des transports, Paul Robichaud, pour l'incendie de leurs bateaux[9]. Ce dernier nia toute implication[10].

Le , la GRC déposa 67 accusations à la cour provinciale de Shippagan. Vingt-huit personnes, tous des résidents de la Péninsule acadienne, furent notamment inculpés de participation à une émeute, de méfait, d'entrée par effraction, d'incendie criminel, d'entrave à la justice et de voie de fait[11].

Le , Ă  la cour provinciale de Tracadie-Sheila, de nouvelles accusations furent portĂ©es contre un capitaine de bateau et 16 membres d'Ă©quipage. Le procĂšs fut ajournĂ© pour avoir le temps d'Ă©tudier les preuves et reprit le 14 dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e[12].

Selon le directeur de la Chambre de commerce de Shippagan, Mérele DeGrùce, les évÚnements de 2003 ont nui à l'économie et à l'image de la ville. La municipalité de Shippagan a d'ailleurs perdu depuis plus d'un demi-million de dollars en revenus[7] - [11].

PiÚce de théùtre

Le Théùtre populaire d'Acadie produisit Le Filet, une piÚce inspirée des évÚnements[13] - [14]. Présentée le , la piÚce fut un succÚs malgré quelques menaces contre la représentation à Shippagan[15].

Notes et références

Liens externes

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