Crédit immobilier
Le crĂ©dit immobilier, ou prĂȘt immobilier, est un emprunt destinĂ© Ă financer tout ou une partie de l'acquisition d'un bien immobilier, de l'opĂ©ration de construction, ou des travaux sur un tel bien. Lorsque le crĂ©dit est adossĂ© Ă la garantie sur la valeur du bien, on parle alors de crĂ©dit hypothĂ©caire.
En France, prÚs de 40 % des crédits immobiliers sont adossés à une hypothÚque, alors que prÚs de 60 % sont garantis par un cautionnement mutualisé[1].
Histoire
Faute de systÚme bancaire suffisant, le crédit immobilier n'a vraiment pris son essor qu'au XIXe siÚcle lors des opérations de promotion qui ont nourri la bulle immobiliÚre des années 1860 et le krach qui a suivi.
Cadre juridique
Le crédit immobilier est encadré par la loi. L'encadrement du contrat et des pratiques publicitaires en France est apparu en 1978 (loi du ). Le droit du crédit immobilier aux particuliers provient de la directive 2014/17/UE, du , entrée en droit français depuis le .
Tous les crédits immobiliers souscrits avant le sont soumis au droit antérieur. Les crédits immobiliers passés aprÚs cette date du sont régis par les nouvelles rÚgles.
Les nouveaux crĂ©dits immobiliers entrent dans un processus juridique spĂ©cifique, visant Ă protĂ©ger les emprunteurs-consommateurs (articles L. 313-1 et suivants du code de la consommation). Les renĂ©gociations de crĂ©dits antĂ©rieurs entrent Ă©galement dans ce nouveau cadre ; lorsque celles-ci sont consenties par le prĂȘteur initial, elles ne font pas l'objet d'un nouveau contrat, mais d'un avenant.
Avant le 21 mars 2016
Le Code de la consommation pose les principes de distribution du crédit immobilier, sous l'angle de la protection des consommateurs-emprunteurs, par ses articles L. 312-1 et suivants (Livre III, Titre 1er, Chapitre II).
Les comparaisons entre diffĂ©rents crĂ©dits immobiliers sont possibles grĂące Ă l'utilisation d'un indicateur conventionnel, le taux effectif. Avant 2016, le taux effectif retenu pour les crĂ©dits immobiliers aux particuliers Ă©tait le TEG, ou taux effectif global. La dĂ©termination du TEG a produit un abondant contentieux entre les banques et les emprunteurs. Par exemple, le TEG est un taux actuariel proportionnel. La Cour de cassation l'a d'ailleurs rappelĂ©, dans un arrĂȘt du .
Le taux effectif global (TEG) est le coĂ»t total d'un prĂȘt consenti Ă l'emprunteur exprimĂ© en pourcentage annuel du montant de ce prĂȘt. Le TEG est calculĂ© Ă partir du coĂ»t total du prĂȘt : intĂ©rĂȘts, frais de dossier, coĂ»t des assurances, frais de courtage Ă©ventuels, frais liĂ©s Ă la garantie. Rentrent dans le TEG tous les frais qui sont obligatoires Ă l'octroi du crĂ©dit. Une assurance de prĂȘt qui ne serait pas considĂ©rĂ©e comme obligatoire par le prĂȘteur et dĂ©clarĂ©e comme telle dans l'offre ne serait pas retenue dans le TEG. C'est l'indicateur du coĂ»t global d'un prĂȘt.
Les crédits immobiliers en devises sont, par principe, soumis à une forte obligation d'information à compter du .
Depuis le 21 mars 2016
Le , le Parlement européen a voté la directive régissant le nouveau cadre juridique des crédits immobiliers (dite « mortgage credit directive », MCD, ou initialement CARRP pour credit agreement relative to residential property). Cette Directive 2014/17/UE sur « les contrats de crédit aux consommateurs, relatifs aux biens immobiliers à usage résidentiel »[2] est applicable dans l'ensemble de l'Union européenne à compter du .
En France, la directive est transposée par l'ordonnance 2016-351 du [3], pour la partie législative du nouveau cadre.
La partie réglementaire découle du Décret.
Le crédit immobilier aux particuliers se trouve régi, dans le code de la consommation aux articles L. 313-1, et suivants, L. 314-1 et suivants.
Le code monétaire et financier se voit également modifié, pour les intermédiaires en opérations de banque et en services de paiement (courtiers et mandataires en crédits).
La protection des intĂ©rĂȘts des emprunteurs, par les professionnels bancaires eux-mĂȘmes, s'affiche comme la prioritĂ© du nouveau rĂ©gime juridique.
Tous les professionnels, distributeurs-prĂȘteurs (agences des Ă©tablissements de crĂ©dit) ou intermĂ©diaires, sont soumis aux mĂȘmes obligations de compĂ©tence professionnelle au , pour les vendeurs des banques françaises) et l'encadrement des rĂ©munĂ©rations des vendeurs de crĂ©dits immobiliers.
Les obligations précontractuelles sont au nombre de quatre :
- présentation (du professionnel) ;
- information, sur le crédit, au moyen de la Fiche d'Information Standardisée Européenne, la FISE (, en France)[4] ;
- explication, ou mise en garde, fondée sur la solvabilité de l'emprunteur, ainsi que sur l'évaluation du bien immobilier ;
- conseil, si le professionnel opte pour sa délivrance[5].
La Fiche « FISE » (Fiche d'Information Standardisée Européenne) présente les informations essentielles du crédit immobilier. Elle permet au futur emprunteur de déterminer l'adaptation du crédit envisagé, à ses besoins et à ses objectifs.
Le Taux Annuel Effectif Global, TAEG, remplace désormais le TEG comme indicateur légal du taux effectif du crédit (au , pour la France).
Si le prĂȘteur soumet l'octroi du crĂ©dit Ă une assurance, l'offre doit Ă©galement indiquer un Taux Annuel Effectif d'Assurance, TAEA, qui permet de mesurer l'impact de l'assurance par rapport au coĂ»t du crĂ©dit.
Les nouvelles dispositions du code de la consommation entrent successivement en application, au [6], au , puis au .
La réglementation du regroupement de crédits se durcit.
Les iobsp, intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement[7], bénéficient d'un dispositif de libre exercice dans l'Union européenne.
Types de biens concernés
Principes
Le crĂ©dit immobilier concerne le plus souvent un logement (prĂȘt habitat), utilisĂ© par le propriĂ©taire soit pour sa rĂ©sidence principale ou secondaire, soit pour le louer Ă un tiers. Dans le cas d'un investissement locatif, il est possible de dĂ©duire les intĂ©rĂȘts d'emprunt des revenus fonciers.
Il peut concerner aussi un immeuble de rapport dans sa totalité, ou encore de l'immobilier d'entreprise.
Les SCPI (société civile de placement immobilier) peuvent aussi y prétendre.
En droit français
Entrent dans la catégorie juridique des contrats de crédit immobilier les contrats destinés à financer :
- lâacquisition en propriĂ©tĂ© ou en jouissance dâun immeuble Ă usage dâhabitation ou Ă usage mixte professionnel et dâhabitation, ainsi que la souscription ou l'achat de parts ou actions de sociĂ©tĂ©s donnant vocation Ă leur attribution en propriĂ©tĂ© ou en jouissance, y compris lorsque ces opĂ©rations visent Ă©galement Ă permettre la rĂ©alisation de travaux de rĂ©paration, d'amĂ©lioration ou d'entretien de l'immeuble ;
- l'achat de terrains destinés à la construction d'immeubles à usage d'habitation ou à usage professionnel et d'habitation ;
- la construction dâun immeuble Ă usage dâhabitation ou Ă usage mixte professionnel et dâhabitation ;
- les travaux de rĂ©paration, dâamĂ©lioration ou dâentretien dâun immeuble Ă usage dâhabitation ou Ă usage mixte professionnel et dâhabitation, lorsque le montant du crĂ©dit est supĂ©rieur Ă 75 000 ⏠;
- les contrats de crédit garantis par une hypothÚque, par une autre sûreté comparable sur les biens immobiliers (selon l'article L. 313-1 du code de la consommation, dans sa version du ).
Les opérations de crédit immobilier avec des emprunteurs professionnels ou entreprises ne relÚvent généralement pas, en France, du régime juridique du crédit immobilier.
Caractéristiques habituelles
Un crédit immobilier présente le plus souvent les caractéristiques suivantes :
- Ă©tabli sous forme de prĂȘt d'un montant prĂ©cis (encore qu'il existe aussi dans des cas particuliers des formules d'ouverture de crĂ©dit immobilier pouvant ĂȘtre utilisĂ©es par tirages Ă l'intĂ©rieur d'un plafond total) ;
- accordé par un établissement de crédit (une banque) ou un organisme financier spécialisé ;
- distribué (vendu) soit directement par une banque (un établissement de crédit), soit par un courtier en crédits (ou Intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement) ;
- Ă©tabli sur une longue durĂ©e (plusieurs annĂ©es ou dĂ©cennies) sauf en cas de prĂȘt-relais couvrant une pĂ©riode d'attente entre l'achat d'un bien immobilier et la revente d'un autre bien ou une autre rentrĂ©e financiĂšre attendue) ;
- soit Ă taux fixe sur toute la durĂ©e du prĂȘt immobilier (c'est du moins le cas le plus courant en France), soit Ă taux rĂ©visable ;
- lié à un apport personnel. Cependant, un financement de la totalité de l'acquisition (coût d'acquisition du bien + frais de notaire + coût de la garantie) est toujours possible ;
- remboursable par mensualités constantes ;
- avec une garantie de prĂȘt sur le bien financĂ© (ce qui est une des raisons qui rendent difficile l'obtention d'un prĂȘt immobilier pour un bien situĂ© hors de la France[8]).
- accompagné d'une assurance décÚs invalidité sur l'emprunteur, de frais de dossier ;
- limité à une partie de la valeur du bien ; en général un apport personnel situé entre 10 et 30 % est exigé, outre la couverture des frais d'acquisition (coût des actes notariés, fiscalité).
Types de prĂȘt immobilier
D'un point de vue technique, il existe plusieurs types de prĂȘts :
- prĂȘt amortissable : remboursable rĂ©guliĂšrement par Ă©chĂ©ances, souvent mensuelles ;
- prĂȘt in fine : remboursable en une seule fois, en fin de crĂ©dit ;
- prĂȘt Ă taux fixe : taux dĂ©biteur connu dĂšs le dĂ©but du contrat et ne variant pas ;
- prĂȘt Ă taux variable : le montant des intĂ©rĂȘts peut varier en temps rĂ©el en fonction de l'Ă©volution directe d'un taux de rĂ©fĂ©rence, auquel s'ajoute une marge fixe du prĂȘteur ;
- prĂȘt Ă taux rĂ©visable : le montant des intĂ©rĂȘts peut varier en fonction d'un indice financier, tel que l'euribor, par exemple, Ă une date de rĂ©vision fixĂ©e Ă l'avance ;
- prĂȘt Ă taux « capĂ© » : l'Ă©volution du taux variable ou rĂ©visable est limitĂ©e Ă l'intĂ©rieur de valeurs connues Ă l'avance, soit pour une durĂ©e fixĂ©e, soit pour toute la durĂ©e du crĂ©dit ;
- prĂȘt progressif ou dĂ©gressif : prĂ©voyant des Ă©chĂ©ances variant Ă la hausse ou Ă la baisse ;
- prĂȘt Ă paliers : technique consistant Ă calculer une mensualitĂ© unique du mĂȘme montant pour deux crĂ©dits qui se superposent pendant quelque temps ;
- prĂȘt modulable.
En France, le prĂȘt Ă taux zero (PTZ) est un type de prĂȘt subventionnĂ© par l'Ătat ayant pour objectif de favoriser l'octroi de prĂȘts Ă l'acquisition ou la rĂ©novation Ă©nergĂ©tique aux mĂ©nages moins favorisĂ©s.
SociĂ©tĂ© de courtage en prĂȘt immobilier
Plusieurs sociĂ©tĂ©s sont spĂ©cialisĂ©es dans l'intermĂ©diation bancaire, notamment le courtage en prĂȘt immobilier. L'accĂšs Ă cette profession, puis son exercice, suppose le respect de conditions spĂ©cifiques[9].
Depuis le , celles-ci sont soumises à une réglementation particuliÚre, étendue à leurs pratiques commerciales[10].
Les courtiers intermédiaires en opérations de banque et en services de paiement (« IOBSP ») sont soumis à une obligation de conseil en crédits[11], qui les distingue des autres professionnels bancaires.
La réglementation des intermédiaires bancaires, courtiers ou mandataire, englobe la plupart des pays de l'Union européenne, afin de déployer une politique commune du marché intérieur du crédit immobilier[12].
PrĂȘt complĂ©mentaire
En France, des prĂȘts complĂ©mentaires peuvent ĂȘtre octroyĂ©s Ă l'emprunteur. Leurs conditions d'octroi dĂ©pendent du profil de l'emprunteur, mais souvent de caractĂ©ristiques liĂ©es au bien immobilier.
Ces prĂȘts complĂštent donc un prĂȘt immobilier principal ; ils sont incorporĂ©s Ă l'Ă©tude globale de solvabilitĂ© et du projet de financement :
- prĂȘt Ă taux zĂ©ro plus (PTZ+) ;
- prĂȘt employeur (1 % logement) ;
- prĂȘt bonifiĂ© ;
- prĂȘt Ă©pargne logement ;
- prĂȘt Ă l'accession sociale (PAS) ;
- prĂȘt conventionnĂ© (PC) ;
- prĂȘt locatif social (PLS) ;
- prĂȘt locatif intermĂ©diaire (PLI) ;
- prĂȘt relais ;
- prĂȘt aux personnes ĂągĂ©es ;
- prĂȘt aux jeunes cadres ;
- prĂȘt aux futurs retraitĂ©s ;
- leasing immobilier.
Notes et références
- Observatoire des crédits logement, Rapport Juin 2021
- http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32014L0017&from=fr
- https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=BC3792A86BD83A71DA26810E9E456F20.tpdila15v_2?cidTexte=JORFTEXT000032294277&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000032294004
- ModÚle et commentaire de Fiche FISE en crédit immobilier | http://endroit-avocat.fr/wp-content/uploads/2014/11/Mod%C3%A8le-de-FISE-Directive-MCD-Code-de-la-consommation-1er-octobre-2016.pdf
- « Le crédit avec Laurent Denis », sur France Bleu (consulté le ).
- Nouvelles rÚgles du crédit immobilier | http://news.radins.com/actualites/credit-immobilier-les-changements-1er-juillet-2016-plus-securite,25104.html
- « Crédit immobilier : plus de concurrence avec un marché européen du courtage ? », sur cbanque.com (consulté le ).
- « Acheter un bien Ă lâĂ©tranger, est-ce vraiment possible ? », Investissement Patrimoine,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- « AccÚs à de la profession de distributeur ou d'IOBSP. - Droit bancaire, assurantiel, financier et des Intermédiaires », sur endroit-avocat.fr, (consulté le ).
- Hervé CAUSSE, « Droit de la distribution bancaire, par Laurent DENIS », sur hervecausse (consulté le )
- Laurent Denis, « Le formidable atout des courtiers franchisés : le conseil en crédits », sur business.lesechos.fr, (consulté le ).
- (de) « Immobilienkredit », sur immokredit24.info (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
- Glossaire de l'immobilier
- Responsabilité du banquier dispensateur de crédit
- Droit de la distribution bancaire
- Taux Effectif Global
- Intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement
- Courtage en prĂȘt immobilier
- Assurance de prĂȘt
- Assurance crédit
- Conservateur des hypothĂšques
- PrĂȘt jumbo