DĂ©roulement du tournoi
Huitièmes de finale
Le 1er tour de l'édition 2012 de la Coupe Davis se tient du 10 au 12 février. L'Espagne accueille le Kazakhstan, sur fond de polémique avec l'émission française Les Guignols de l'Info au sujet de Rafael Nadal[2]. Mais le 2e mondial est absent, fidèle à son souhait, formulé après la victoire de 2011 à laquelle il avait grandement œuvré, de se concentrer sur sa saison et la préparation des Jeux Olympiques d'été[3]. Les tenants du titre doivent aussi compter sans David Ferrer (5e), lui aussi peu disposé à jouer le tournoi cette année, et sur le départ du capitaine Albert Costa, remplacé par Àlex Corretja. Malgré ces désaffections, l'équipe, emmenée par l'expérimenté Juan Carlos Ferrero et Nicolás Almagro, 11e mondial mais qui n'avait jusqu'ici joué que cinq matches dans la compétition, parvient à s'imposer dès samedi[4]. De son côté, la Russie se rend à Wiener Neustadt pour affronter l'Autriche de Jürgen Melzer. Retombé au 40e rang mondial, l'ancien top 10 mène son pays à la victoire (3-2) en gagnant ses deux matches. La rencontre est aussi marquée par deux surprises : l'exploit du modeste Andreas Haider-Maurer contre Alex Bogomolov, classé près de cent places devant lui (mais dont c'est la première sélection[6]), et le succès de l'inattendue paire russe Nikolay Davydenko - Mikhail Youzhny face aux spécialistes du double Oliver Marach et Alexander Peya. En s'imposant pour la première fois dans le tableau principal depuis 17 ans[7], les Autrichiens forcent la Russie à jouer son maintien dans un match de barrage en septembre contre le Brésil. Défaite, elle quitte le Groupe Mondial en fin d'année, pour la première fois depuis 1992[8].
Dans la troisième rencontre, la France se rend au Canada, présent dans le tableau final du Groupe Mondial pour sa seulement quatrième fois, la première depuis 2004. Guy Forget débute sa dernière année de capitanat en alignant le 6e mondial Jo-Wilfried Tsonga contre Vasek Pospisil, classé au-delà du top 100 et qu'il écarte sans mal. Puis c'est au tour de Milos Raonic, passé du 256e au 29e rang mondial depuis janvier 2011 (et désormais joueur le mieux classé dans l'histoire de son pays)[9], de défaire Julien Benneteau, préféré à Gaël Monfils en raison d'un genou récalcitrant, et qui vit sur le tard sa première sélection dans un match à enjeu grâce à un bon début de saison (finale à Sydney notamment)[10]. Mais le jeune meneur de l'équipe de Martin Laurendeau s'appuie sur son service dévastateur et de surprenantes qualités en retour pour s'imposer finalement nettement[11]. Les deux joueurs reviennent samedi pour le double, l'un avec l'inamovible Daniel Nestor (4e de la spécialité), l'autre associé à son partenaire habituel Michaël Llodra (5e). Les français profitent de leurs automatismes ensemble pour s'imposer en trois sets serrés, avant que Tsonga ne conclue la rencontre en battant facilement le modeste Frank Dancevic, Raonic ayant exprimé souffrir de douleurs au genou[12].
À l'extérieur eux-aussi, les États-Unis du capitaine Jim Courier s'en tirent encore mieux contre la Suisse, qui compte pourtant dans ses rangs Stanislas Wawrinka, 28e au classement, et surtout Roger Federer, 3e. Le premier s'incline avec les honneurs face à Mardy Fish (8e), puis c'est John Isner (17e) qui crée la surprise en infligeant au second sa première défaite en simple du tournoi depuis 2003, et même 1999 sur terre battue[13]. Le lendemain, en l'absence de son frère Bob, Mike Bryan est associé au leader américain pour une paire quasiment inédite qui surprend le double suisse pourtant champion olympique en titre. Avec trois victoires en trois matches, les États-Unis accèdent au tour suivant et renvoient leur adversaire en barrages pour la huitième année consécutive[14]. Chez eux, les Tchèques se qualifient également dès samedi contre l'Italie, avec trois victoires de leur duo de prédilection Tomáš Berdych et Radek Štěpánek, respectivement 7e et 30e mondiaux, face à des joueurs classés tous au-delà de la 40e place.
Ă€ domicile elle aussi, la Serbie Ă©carte la Suède dont l'absence de Robin Söderling, victime d'une mononuclĂ©ose, projette Michael Ryderstedt leader malgrĂ© son 348e rang au classement. MĂŞme sans Novak Djokovic, forfait en raison d'un « programme surchargĂ© »[15], le capitaine Bogdan Obradović peut encore s'appuyer sur Janko Tipsarević et Viktor Troicki (9e et 22e en simple), ainsi que sur Nenad Zimonjić (6e en double). MalgrĂ© une dĂ©faite surprise contre la paire scandinave Johan Brunström - Robert Lindstedt (ce dernier Ă©margeant tout de mĂŞme au 10e rang de la spĂ©cialitĂ©), les Serbes s'imposent Ă l'issue du quatrième match, contraignant leur adversaire Ă un barrage en septembre, qu'ils perdront largement (5-0) en Belgique. MĂŞme punition pour le Japon, qui cède devant son public face aux Croates au terme d'un match accrochĂ© (2-3). Le gĂ©ant adverse Ivo Karlović (43e au classement) remporte ses deux matches contre Kei Nishikori (20e) et Go Soeda (90e), mais Ivan Dodig (55e) perd les siens contre les deux mĂŞmes. Ensemble, ils parviennent toutefois Ă arracher le double contre les inexpĂ©rimentĂ©s Tatsuma Ito et Yuichi Sugita, offrant le point nĂ©cessaire Ă la victoire de leur Ă©quipe. Comme les SuĂ©dois, les Nippons seront relĂ©guĂ©s hors du Groupe Mondial Ă l'automne, après une dĂ©faite Ă domicile en barrage contre IsraĂ«l[8]. Enfin l'Argentine, finaliste de l'Ă©dition prĂ©cĂ©dente, s'impose sans peine en Allemagne, ne laissant Ă son adversaire que le point du dernier match sans enjeu. MalgrĂ© l'absence de Juan MartĂn del Potro, qui a dĂ©cidĂ© de faire une croix sur le premier tour[16], les Sud-AmĂ©ricains Juan MĂłnaco (23e) et David Nalbandian (84e mais qui avait atteint la 3e place en 2006), très Ă l'aise sur terre battue, Ă©cartent Philipp Petzschner et Florian Mayer (56e et 21e), avant que le double argentin ne scelle la rencontre Ă l'issue d'un duel serrĂ©.
Quarts de finale
Les quarts de finale se déroulent du 6 au 8 avril. C'est la première fois qu'ils se jouent tous les quatre sur terre battue (trois en extérieur et un en salle).
La première rencontre voit l'Espagne inviter l'Autriche. Si elle doit toujours compter sans Rafael Nadal, elle profite en revanche du retour de David Ferrer, qui n'a jamais perdu en 13 matches de Coupe Davis, pour venir prêter main-forte à Nicolás Almagro[17]. Avec deux top 15 dans ses rangs, l'équipe ibérique est trop forte pour son adversaire. Jürgen Melzer et Andreas Haider-Maurer perdent leurs trois simples, et malgré la victoire d'Oliver Marach et Alexander Peya en double, les Autrichiens quittent logiquement la compétition. C'est le 22e succès consécutif des espagnols, qui restent invaincus sur leur sol depuis l'édition 1999 du tournoi[18].
Toujours articulée autour de ses deux piliers, la Tchéquie accueille quant à elle la Serbie. Tomáš Berdych débute par une victoire facile sur Viktor Troicki, mais Janko Tipsarević, toujours leader en l'absence de Novak Djokovic, arrache l'égalité face à Radek Štěpánek, au terme d'un match très disputé de 5 sets et 5h07 de jeu[19]. Le duo tchèque reprend l'avantage lors du double, remporté assez facilement malgré la présence en face de Nenad Zimonjić (6e mondial), puis c'est Berdych qui donne la victoire à son équipe en écartant le meneur serbe, juste derrière lui au classement, en trois tie-breaks indécis et 3h45[20].
De son côté la France reçoit les États-Unis, pour une revanche du quart perdu à Winston-Salem en 2008. Guy Forget nomme la même équipe qu'au tour précédent, mais là encore Gaël Monfils est contraint de renoncer, en raison cette fois d'une blessure au flanc gauche. Appelé pour le remplacer[21], Gilles Simon (13e mondial) perd son match face à John Isner (11e), après que Jo-Wilfried Tsonga (6e) a ouvert le score contre Ryan Harrison, jeune joueur de 19 ans invité à une première sélection par le capitaine américain Jim Courier pour pallier le forfait de Mardy Fish, victime de problèmes cardiaques[22] - [23]. Le double du lendemain n'offre pas de miracle, et les frères Bryan, dans un très bon jour, enregistrent leur 19e victoire en Coupe Davis, en disposant sans problème de la pourtant efficace paire française Michaël Llodra - Julien Benneteau[24]. Le troisième simple est fatal aux tricolores : en quatre sets accrochés, Isner inflige à Tsonga sa seulement seconde défaite dans un match à enjeu de Coupe Davis[25], et offre ainsi à son pays sa quatrième victoire à l'extérieur d'affilée[26], qui lui donne droit d'affronter l'Espagne en demi-finales. Forget quitte son capitanat et laisse bientôt les rênes à Arnaud Clément, élu dès la fin juin[27].
Dans la dernière rencontre enfin, les finalistes argentins s'imposent Ă domicile face Ă la Croatie. Marin ÄŚilić dĂ©croche d'abord contre David Nalbandian sa première victoire en cinq confrontations, après tout de mĂŞme un rude combat de 5h10[28] - [29]. Mais Juan MartĂn del Potro parvient Ă Ă©galiser, maĂ®trisant le service d'Ivo Karlović alors qu'il doit faire face Ă une crise de nausĂ©es et des maux d'estomac[30]. Les deux Croates, associĂ©s pour le double, perdent ensuite contre Nalbandian et Eduardo Schwank, Ă l'issue d'un match Ă nouveau très serrĂ© (4h59 cette fois)[31]. Puis c'est au tour de Del Potro d'amener le point final après trois sets secs infligĂ©s Ă Cilic, ce dernier apparaissant Ă©moussĂ© par plus de dix heures passĂ©es sur le court lors des deux premiers jours[18].
Demi-finales
Les demi-finales ont lieu du 14 au 16 septembre et se jouent toutes deux sur terre battue à l'extérieur. Dans la première, l'Espagne l'emporte sur les États-Unis par 4 victoires (la dernière sans enjeu) à 1. Toujours privée de Rafael Nadal, maintenant blessé aux genoux[32], l'équipe d'Àlex Corretja revient dans sa configuration des quarts, avec David Ferrer et Nicolás Almagro en leaders des simples. Le premier s'impose contre Sam Querrey, appelé pour remplacer un Mardy Fish toujours convalescent, dans un match plus disputé que le score le laisse voir. Le no 2 ibérique gagne à son tour la bataille l'opposant à John Isner, qui chute en cinq sets accrochés, non sans avoir écarté trois balles de match[33]. En double, les frères Bryan, no 1 de la discipline, se chargent d'ouvrir le score américain en battant non sans mal un duo grimpé à la 5e place mondiale : Marc López, 8e, et Marcel Granollers, 13e mais qui confiera une blessure au mollet gauche[34]. Mais Ferrer renvoie les tenants du titre en finale (leur quatrième en cinq ans) en disposant d'Isner, moins tranchant et plus imprécis que durant la précédente rencontre contre la France[32].
Dans la seconde demi-finale, la TchĂ©quie se dĂ©place en Argentine. Misant toujours sur ses deux piliers, Jaroslav Navrátil envoie d'abord Radek Ĺ tÄ›pánek en dĂ©coudre avec Juan MartĂn del Potro. Longtemps incertain en raison d'une alerte au poignet gauche (qui le contraindra Ă renoncer Ă la suite de la rencontre)[35], le leader sud-amĂ©ricain s'impose pourtant rapidement, en trois petits sets. Après trois autres dans le deuxième match, oĂą Tomáš Berdych se retrouve menĂ© 2 Ă 1 contre le nouvellement 11e mondial Juan MĂłnaco, les hommes du capitaine MartĂn Jaite veulent y croire, mais le meneur tchèque finit par reprendre le dessus dans les deux dernières manches, face Ă un adversaire qui paraĂ®t de plus en plus fatiguĂ©[33]. Del Potro dĂ©sormais sur le banc, la suite se dĂ©roule sans encombre pour les Tchèques, avec d'abord une victoire expĂ©ditive en double comme Eduardo Schwank et Carlos Berlocq (David Nalbandian, blessĂ© aux cĂ´tes, ne pouvant jouer[36]), puis la dĂ©faite aussi nette de ce dernier contre l'inamovible Berdych. L'Argentine subit ainsi son premier revers sur terre battue depuis 14 ans, tandis que son adversaire du jour gagne une revanche contre l'Espagne, qui l'avait privĂ© du trophĂ©e 2009 Ă l'issue d'une finale Ă sens unique (5-0)[35].
Finale
Le Saladier d'Argent remporté par les
Tchèques.
En finale, du 16 au 18 novembre, l'Espagne se rend en Tchéquie pour tenter de conserver son titre. L'hôte choisit d'habiller le traditionnel O2 Arena, à Prague (où s'était également joué la Fed Cup, faisant d'elle la première capitale à accueillir les finales des deux tournois depuis 60 ans[37]), d'une surface rapide appelée « Novacrylic Ultracushion System » pour moins favoriser son invité, qu'il n'a plus battu depuis 1971, à l'époque en tant que Tchécoslovaquie[38].
Dans le premier match, qui se joue entre les trentenaires David Ferrer et Radek Štěpánek, c'est le premier, toujours 5e mondial, qui s'en tire le mieux. Mais Tomáš Berdych (6e) s'arrache pour écarter un très bon Nicolás Almagro (11e) au terme d'un match éreintant de près de 4h et cinq sets tendus, qui se terminera juste avant minuit. À l'approche du double, le capitaine tchèque Jaroslav Navrátil annonce d'abord une paire composée d'Ivo Minář et Lukáš Rosol pour laisser ses deux meneurs au repos, mais c'est bien eux qu'on retrouve finalement face aux indéfectibles Marcel Granollers et Marc López[39]. Après un début compliqué, les Tchèques parviennent à une 12e victoires en 13 matches, vengeant leur seule défaite, déjà contre les espagnols, en finale de l'édition 2009[40].
Mais cette victoire entame Berdych, usé par plus de sept heures sur le court, et qui apparaît très passif contre Ferrer dans le troisième simple. Il chute en trois sets sans jamais avoir donné l'impression de pouvoir redresser la barre[41]. Le trophée se joue donc au cinquième match, qui oppose Štěpánek à Almagro. Le premier profite de la moindre efficacité, notamment en revers, de son adversaire pour l'emporter à l'issue de 4 sets accrochés et 3h71 de jeu. À 34 ans, il devient le joueur le plus âgé à offrir le point décisif à son équipe en finale de la Coupe Davis[42], tandis que pour son pays, cette première victoire en 32 ans[43][44] en fait le premier vainqueur d'à la fois la Fed Cup et la Coupe Davis la même année[45].