Corps de réaction rapide-France
Le corps de réaction rapide-France (CRR-Fr) est un état-major français de niveau corps d'armée, répondant aux normes OTAN, capable d'assurer le commandement d'une force terrestre nationale ou multinationale dont le volume peut varier de 5 000 à 60 000 hommes.
Corps de réaction rapide-France | |
Insigne du corps de réaction rapide-France | |
Création | 1er juillet 2005 |
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Pays | France |
Allégeance | Armée française |
Branche | Armée de terre |
Type | État-major de niveau corps d'armée |
Fait partie de | Commandement des forces terrestres |
Garnison | Lille |
Surnom | CRR-Fr |
Commandant | Général de corps d'armée Emmanuel Gaulin[1] |
Comptant environ 430 militaires de 14 nations différentes et 190 réservistes, le CRR-Fr est implanté à Lille, au sein de la citadelle du XVIIe siècle bâtie par le Maréchal Vauban.
Fonctionnement
Réactivité
Le corps de réaction rapide-France est créé le 1er juillet 2005 afin de compléter le dispositif des états-majors de force opérationnelle.
Répondant à une multitude de critères, le corps de réaction rapide-France a été certifié « High Readiness Force » (force à haut niveau de préparation) par l'OTAN en juillet 2007.
Dès lors qu'il est placé en alerte, il peut projeter un élément de reconnaissance sur un théâtre d'opérations extérieures (« OPEX »), chargé de préparer l'arrivée de l'état-major dans les deux jours suivant une décision politique d'engagement et, en moins de 30 jours, un poste de commandement apte à fonctionner.
Le CRR-Fr disposait d'unités de soutien : le 6e régiment de commandement et de soutien, dissous dès la certification OTAN acquise en 2010 et le 643e bataillon de soutien de quartier général, unité non permanente, dissoute en 2011. Aujourd'hui, cette mission est mutualisée.
Flexibilité
Le CRR-Fr est en mesure de remplir un large éventail de missions, allant d'une opération d'entrée en premier à une opération de stabilisation[2]. Il peut être engagé dans un environnement multinational, dans le cadre d'un mandat de l'OTAN, de l'Union européenne ou national.
Ainsi :
- Du 1er juillet au 31 décembre 2008, il a pris le tour d'alerte de la NRF 11 (NATO Response Force) de l'OTAN. Dans l'hypothèse d'un déploiement, il en aurait commandé les forces terrestres.
- De janvier à mai 2009, une partie de ses effectifs a contribué à armer l'État-major de la Force européenne déployée au Tchad et en République Centrafricaine (EUFOR Tchad-RCA).
- D'août 2010 à janvier 2011, environ 180 personnels (dont une trentaine d'alliés) ont été déployés en Afghanistan, afin d'armer une partie des postes de l'ISAF (International Security and Assistance Force) Joint Command (IJC), état-major tactique de conduite des opérations de la Force Internationale d'Assistance et de Sécurité en Afghanistan (FIAS).
- Jusqu'à fin 2014, le CRR-Fr armait la composante terrestre de la force de réaction de l'OTAN (NATO Response Force-NRF).
- En 2015, le CRR-Fr fêtait son dixième anniversaire.
- En 2015-2016, une partie de l’état-major a été projetée en deux rotations de 6 mois au sein du Poste de commandement interarmées de théâtre (PCIAT) de l’opération BARKHANE.
- Le CRR-Fr a été certifié « NATO Joint Task Force » (JTF – Force opérationnelle interarmées) par l’OTAN au printemps 2017, au cours de l’exercice TRIDENT JAGUAR.
- Du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018, le CRR-Fr était en alerte OTAN JTF pour un an, en mesure de prendre le commandement d'une opération interarmées à dominante terrestre.
Parallèlement, le CRR-Fr contribue à l'opération Sentinelle au même titre que toutes les unités opérationnelles françaises. Les membres du CRR-Fr ont vocation à renforcer les centres de commandement de l’opération Sentinelle.
Internationalisation
La création du CRR-Fr permet de répondre aux engagements internationaux pris par la France en matière de sécurité et de défense notamment dans le cadre de l'Union européenne et de l'OTAN.
État-major multinational, subordonné au commandement des forces terrestres (CFT) également situé à Lille, le CRR-Fr est ouvert à toutes les nations de l'Union européenne et de l'OTAN (17 % des effectifs). Bien que situé en France, sa langue de travail est l'anglais.
Pour lui permettre, en temps de crise, de mener des opérations de haute intensité et dans la durée, des compléments opérationnels français et alliés viendraient compléter ses effectifs pour atteindre environ 750 personnels.
Nations contributrices
En plus de la France, nation cadre du CRR-Fr, 13 nations contribuent en permanence à ses effectifs, représentant un total de 70 personnes. Cette diversité de culture constitue une source d'efficacité.
Tout est mis en œuvre pour tirer le meilleur des expériences militaires de chacun. Cet échange permanent est favorisé par l'utilisation d'une langue de travail commune : l'anglais.
- Membres de l'OTAN et de l'Union européenne
- Membres de l'OTAN
Modernité
Le CRR-Fr occupe le plus important site équipé en fibre optique dans toute l'Armée de Terre : environ 300 km de fibre tirés entre bâtiments et à l'intérieur de ceux-ci. 18 réseaux informatiques et téléphoniques y sont déployés (français + OTAN).
Tous les réseaux sont « exportables » par satellite vers un théâtre d'opérations et offrent à l'état-major la capacité de commander, le cas échéant, une opération depuis la Citadelle, grâce à un centre opérationnel de « base arrière ».
Le CRR-Fr bénéficie, à ce jour, du seul central téléphonique militaire français directement connecté au réseau OTAN.
Une équipe de 24 personnes est chargée du montage, de la maintenance et des interventions sur ces différents réseaux, ce qui confère au CRR-Fr une autonomie totale en la matière, à la différence de nombre d'autres états-majors.
Déployé sur le terrain, le CRR-Fr peut compter 5 000 m2 de tentes, 450 abris modulaires de poste de commandement (shelter), 70 kilomètres de câbles électriques, 120 kilomètres de fibre optique, 1 600 ordinateurs.
Positionnement stratégique
À la croisée des chemins de Bruxelles, siège de l'OTAN et de l'Union européenne, Mons, siège du commandement des opérations de l'OTAN (SHAPE) et de Strasbourg, siège du Parlement européen et du corps de réaction rapide européen (CRR-E), le CRR-Fr est idéalement positionné par rapport aux grands centres de décision.
Exercices
Dans l’optique d’être toujours prêt au déploiement, le CRR-Fr organise chaque année des exercices pour ses personnels et les unités subalternes.
En 2021, l’exercice Steadfast Jupiter 2021 a permis au CRR-Fr d’être certifié OTAN en vue d’assurer le commandement de la composante terrestre de la NATO Response Force pour l’année 2022. Le CRR-Fr a pris son tour d'alerte le 1er janvier 2022. La cérémonie officielle de passation s'est déroulée le 13 janvier 2022 au sein de la Citadelle de Lille.
Liste des exercices :
- Citadel Leopard 2013 (CILE 2013)
- Steadfast Cobalt 2013 (STCO 2013)
- Rochambeau 2014
- Citadel Kleber 2015 (CIKL 2015)
- Citadel Bonus 2015 (CIBO 2015)
- Citadel Javelin 2016 (CIJA 2016)
- Citadel Bonus 2016 (CIBO 2016)
- Trident Jaguar 2017
- Citadel Bonus 2017 (CIBO 2017)
- Citadel Guibert 2018 (CIGU 2018)
- Citadel Bonus 2018 (CIBO 2018)
- Citadel Guibert 2019 (CIGU 2019)
- Citadel Bonus 2019 (CIBO 2019)
- Citadel Guibert 2020 (CIGU 2020)
- Citadel Kleber 2020 (CIKL 2020)
- Citadel Jupiter 2021 (CIJU 2021)
- Steadfast Cobalt 2021 (STCO 2021)
- Steadfast Jupiter 2021 (STJU 2021)
Commandants du corps de réaction rapide-France
- Général Meille : 2005
- Général de Kermabon : 2005-2007
- Général Damay : 2007-2009
- Général Fugier : 2009-2013
- Général Margail : 2013-2016
- Général Corbet : 2016-2018
- Général Kolodziej : 2018-2019
- Général Gillet : 2019-2022
- Général Gaulin : depuis 2022
Commandeur
Le général de corps d’armée Emmanuel GAULIN commande le Corps de réaction rapide–France depuis le 1er septembre 2022, une unité qu’il connait pour avoir été le commandant de la division plan environnement puis le chef d’état-major, en 2020. Saint-Cyrien, fantassin, il a servi au 126e régiment d’infanterie de Brives et au Commandement des Forces d’Action Terrestre à Lille. Il commande de 2007 à 2009 le 1er régiment de Tirailleurs à Epinal. Auditeur du Centre des hautes études militaires et à l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale, son parcours varié comprend des affectations au Centre Opérationnel de l’Armée de Terre et à l’Etat-Major des Armées. Son profil est marqué par les relations internationales : diplômé du Royal military college of Sciences, de l’université de Cranfield et du Joint Services command and staff college, il sert d’abord en Grande Bretagne comme officier de liaison au Development, Concept and Doctrine Center, à la Defense Academy, en Allemagne, comme sous-chef d’état-major du 1er Corps germano-néerlandais et enfin au Liban lors d’un séjour d’un an comme chef des opérations de la FINUL. Il commandela 1ère division Scorpion de 2020 à 2022. Le général GAULIN possède une solide expérience opérationnelle : il a été engagé en Bosnie, en République de Côte d’Ivoire, en Guyane à deux reprises au Kosovo et à trois reprises au Liban.
Chef d’état-major
Le général de brigade Jean BOUILLAUD intègre l’école spéciale militaire de Saint-Cyr en 1986. A l’issue de sa scolarité, il choisit les Troupes de Marine/Artillerie, option ALAT. Il rejoint l’école d’application de l’Artillerie en 1989 puis réalise sa formation aéronautique au sein des écoles de spécialisation (Dax) et d’application de l’ALAT (Le Cannet des Maures) de septembre 1990 à octobre 1991.
Chef de patrouille sur hélicoptère antichars, il est affecté au 7e régiment d’hélicoptères de combat (RHC) à Essey-lès-Nancy. Il y commande une escadrille d’hélicoptères antichars de 1995 à 1997 après avoir suivi le cours des capitaines au sein de l’US Army Aviation School à Fort Rucker, Alabama.
A l’issue de son temps de commandement, il est affecté pendant deux ans au 4e régiment d’hélicoptères de commandement et de manœuvre d’Essey-Lès-Nancy sur le poste d’officier supérieur adjoint. Après avoir exercé les fonctions de chef de quart au sein du centre opérations interarmées de l’état-major des armées du 1er juillet 1999 au 1er janvier 2001, il est admis au concours de l’enseignement militaire supérieur du 2e degré. Il suit les scolarités aux Etats-Unis d’Amérique du Command and General Staff College (CGSC) à Fort Leavenworth, Kansas, et du Joint Forces Staff College (JFSC) à Norfolk, Virginie. En 2002, Il est nommé chef du bureau opérations et instruction du 1er RHC à Phalsbourg. De 2004 à 2007, il participe à la montée en puissance du corps de réaction rapide - France (CRR-FR) à Lille en tant que chef du G35.
Il commande le 3e RHC à Etain de 2007 à l’été 2009 et par la suite, il est affecté comme chef d’état-major de la 4ème brigade aéromobile à Nancy puis en 2010 à l’inspection général des armées – Terre. De 2012 à 2014, il occupe un poste de chef de bureau de la division des opérations de l’état-major militaire international de l’OTAN à Bruxelles. Il sert au Commandement des Opérations Spéciales de 2014 à 2018 et tient successivement les fonctions d’adjoint du chef de la division opérations, puis celles de chef d’état-major de 2016 à 2018. Pendant cette période, il est auditeur de la 128ème session principale du collège de Défense de l’OTAN à Rome en 2016.
Le commandement de l’école de l’aviation de légère de l’armée de terre lui est confié le 1er août 2018. Il rejoint le Commandement des forces interarmées et interalliées de Brunssum (Pays-Bas) en tant que chef de la division Opérations le 1er septembre 2020. Il sert de nouveau depuis le 1er août 2022 au sein du quartier général du corps de réaction rapide France à Lille en tant que chef d’état-major.
Au cours de sa carrière le général BOUILLAUD a participé à plusieurs opérations extérieures : Croatie (1996), Sarajevo – Bosnie (1998), République de Côte d’Ivoire (2003 et 2007) et Tchad-RCA (2008). Il est notamment officier de la légion d’honneur, officier de l’ordre national du mérite et titulaire de la médaille de l’aéronautique. Il totalise plus de 2300 heures de vol.
Le général BOUILLAUD est marié et père de deux enfants (20 et 17 ans).
Références
- Décret du 24 août 2022 portant nominations d'officiers généraux
- Opération de stabilisation : elle a pour but de créer les conditions nécessaires pour assurer la normalisation de la situation, notamment dans le domaine de la sécurité. Elle permet de rétablir le bon fonctionnement des institutions étatiques.