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Coracle

Un coracle (du gallois cwrwgl ; en arabe goufa ou kouffa, en hindi parisal, en tibĂ©tain kudru ou kowa, en vietnamien ghe thĂčng chĂ i, en chinois hoĂŻ an) est un bateau panier pesant environ cinq kilogrammes par passager, dont des formes proches ou dĂ©rivĂ©es sont encore utilisĂ©es dans plusieurs endroits du monde[1].

Coracle du fleuve Tigre, MĂ©sopotamie ottomane 1890.

Description

Un coracle sur la riviĂšre Kabini, en Inde.

Le coracle est une embarcation trĂšs lĂ©gĂšre, de forme ronde ou ovale, constituĂ©e d’un tissu (ou d'une peau) tendu sur un cadre en vannerie et enduit de goudron pour le rendre Ă©tanche.

Historique

Un homme avec son coracle Ă  Hokenakal, district de Dharmapuri, Tamil Nadu, Inde.

Des coracles sont Ă©voquĂ©s dans les textes les plus anciens (tablettes d'argile mĂ©sopotamiennes, dont une dizaine prĂ©sentent l'arche comme un coracle). Une de ces tablettes, datant de 3 700 ans et rĂ©cemment traduite[2] dĂ©crit plus prĂ©cisĂ©ment l'arche utilisĂ©e dans le mythe babylonien du dĂ©luge (antĂ©rieur Ă  l'Ă©criture du mythe de NoĂ©) comme un trĂšs grand coracle, mais d'autres textes la dĂ©crivent comme un bĂątiment cubique ou rectangulaire[3].

Selon les Ă©crivains anciens, le cadre du coracle Ă©tait autrefois couvert de cuir de cheval ou de taureau. TimĂ©e de TauromĂ©nion, historien grec du IIIe siĂšcle av. J.-C., Ă©crit que ces bateaux servaient au transport de l’étain entre les Cornouailles et le continent. Ce type primitif d’embarcation Ă©tait utilisĂ© chez les Celtes comme en a tĂ©moignĂ© Jules CĂ©sar dans une description. Il en a mĂȘme utilisĂ© au cours de sa campagne d’Espagne[4].

Les coracles Ă©taient historiquement rĂ©pandus dans les Ăźles Britanniques, mais on n’en voit plus aujourd’hui, rarement, que dans des secteurs de l’ouest du Pays de Galles et du Shropshire, particuliĂšrement sur le fleuve Severn. Les fleuves gallois Teifi et Towy sont les meilleurs endroits pour voir des coracles au Pays de Galles, quoique les types de coracle diffĂšrent suivant le cours d’eau.

Le nom de Dubăsari, ville de Moldavie sur le Dniestr, signifie « coracliers » en roumain : c’était un point de traversĂ©e de ce fleuve.

Avantages

Coracles parisals sur la TungabhadrĂą, en Inde.

Les petits coracles sont assez lĂ©gers pour ĂȘtre portables par une personne seule, permettant au pĂȘcheur ou Ă  un habitant des bords de cours d’eau ou d’étangs de facilement le porter sur ses Ă©paules ou de s’y abriter de la pluie.

La pĂȘche en coracle

Elle se pratique encore, gĂ©nĂ©ralement Ă  deux, chacun assis dans son coracle, une main tenant le filet et l’autre actionnant la pagaie. Quand un poisson est pris, chacun remonte son extrĂ©mitĂ© du filet jusqu’à ce que les deux coracles se touchent.

Embarcations similaires

Kudru ou kowa du Tibet, Field Museum of Natural History, Chicago.
Autre coracle en peau de yack au Tibet, 1938.
Coracle en peau de yack au Tibet, 2006.
Coracle du Vietnam, 1994. Construit en bambou dans un village cÎtier de la province de Baria-Vung-Tau. Visibile au port-musée de Douarnenez.

Le currach irlandais ou curragh est une embarcation similaire, mais plus importante, qui est toujours en usage. Des curachs ont aussi Ă©tĂ© utilisĂ©s dans l’ouest de l’Écosse :

« Le curach ou bateau de cuir et d’osier peut sembler aujourd’hui un vĂ©hicule trĂšs peu sĂ»r, auquel faire confiance sur les mers tempĂ©tueuses, pourtant nos pĂšres se livraient sans peur dans ces faibles vĂ©hicules Ă  la merci du temps le plus violent. On en faisait autrefois grand usage dans les Ăźles occidentales de l’Écosse, et on en trouve toujours au Pays de Galles. La structure est nommĂ©e [en gaĂ©lique] crannghail, un mot utilisĂ© Ă  Uist (en) pour dĂ©signer un bateau prĂ©caire. »

— Dwelly’s [Scottish] Gaelic Dictionary: Curach

Les currachs du fleuve Spey Ă©taient particuliĂšrement rĂ©putĂ©s et ce serait Ă  bord de l’un d’eux que saint Brendan aurait traversĂ© l’OcĂ©an Atlantique, de l’Irlande aux Antilles vers 544-545. Les annexes pliantes commercialisĂ©es sous le nom de Marcel Bardiaux et le canot pneumatique « zodiac » s’inspirent aussi des coracles.

Coracles en fiction

On retrouve des coracles dans plusieurs Ɠuvres comme :

  • L'Île au trĂ©sor de Robert Louis Stevenson (lire le texte en ligne).
  • Peter Pan dans les jardins de Kensington de James Matthew Barrie (lire le texte en ligne).
  • Dans le film documentaire de Robert Flaherty L'Homme d'Aran, on assiste Ă  une sortie en mer d'un groupe de pĂȘcheurs irlandais d'Aran Ă  bord d'un coracle, par trĂšs gros temps, l'embarcation finissant en triste Ă©tat, dĂ©chiquetĂ©e par les dĂ©ferlantes qui martĂšlent une portion rocheuse du littoral, sĂ©quence qui Ă  l'Ă©vidence a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e sans trucage mais laisse rĂȘveur quiconque connaĂźt un tant soit peu la mer
 Jamais un pĂȘcheur qui se respecte ne se risquerait dehors par un tel mauvais temps dĂ©jĂ  Ă©tabli (sauf Ă  l'extrĂȘme rigueur, pour tenter un sauvetage).
    Selon divers articles (dans Voiles et Voiliers notamment) relatifs au tournage de ce film culte, Flaherty qui avait pris quelque licence avec la stricte vĂ©ritĂ© pour mieux idĂ©aliser les pĂȘcheurs d'Aran aurait usĂ© de divers arguments (dollars, whisky et
 goĂ»t du dĂ©fi) pour pousser les pĂȘcheurs d'Aran Ă  prendre des risques d'autant plus grands qu'Ă  cette Ă©poque, ils Ă©taient bien peu Ă  savoir nager

  • Brendan de Clonfert, en 515-524, aurait fait son premier grand voyage aux Îles FĂ©roĂ© et en Islande Ă  bord d'un coracle.

Notes et références

  1. Article « Bateaux exotiques » de la revue Neptunia du Musée national de la Marine n° 248 de décembre 2007.
  2. BrĂšve de Science et Vie, mars 2010, p. 20
  3. Selon les lignes 57 et 58 de la recension akkadien de la tablette XI de l'ÉpopĂ©e de Gilgamesh, la Magurgur (barge ou arche) de Ziusudra n'Ă©tait ni un Guffa (en) (coracle) circulaire, ni un cube, mais un bĂątiment de forme carrĂ©e. Plus prĂ©cisĂ©ment (ligne 57), il avait une superficie de un "iku" (environ 3 600 mĂštres2 ou 60 Ă— 60 mĂštres) et la hauteur de ses murs Ă©tait de vingt coudĂ©es chacun (10 mĂštres), et (ligne 58) le pont mesurait cent vingt coudĂ©es (environ 60 mĂštres) de chaque cĂŽtĂ©.
  4. Jules CĂ©sar, Commentaires sur la Guerre civile.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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