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Construction en terre

La construction en terre désigne les techniques et réalisations de la construction en terre.

Matériaux

BĂ©ton de terre

Les matériaux de base d'un béton de terre sont : argile (l'argile la plus pure est le kaolin), sable, gravier, eau. Grâce à sa cohésion interne, l'argile joue le rôle de liant, le gravier et le sable sont le squelette interne, l'eau est le lubrifiant.

L'argile, qui est susceptible de présenter des variations de volume en cas de modification de la teneur en eau peut être stabilisée par adjonction de ciment Portland, chaux, laitier, d'armatures végétales (paille sèche coupée, chanvre, sisal, fibres de feuilles de palmier, copeaux de bois, écorces, etc.), par adjonction d'asphalte, d'huile de coco, etc., pour assurer l'imperméabilisation, par traitement chimique (chaux, urine de bestiaux, etc.), géopolymérisation, etc.[1].

Le béton de terre est composé[1]:

d'argileenviron 20 % Ă +-5 %
de sable2 Ă  5 %
de gravier45 % Ă  70 %
d'eauenviron 10 % du poids sec

Le béton de terre est mis en œuvre dans les techniques de torchis (mis en œuvre sur pan de bois et clayonnage ou dans la technique du pisé), de la bauge, de brique de terre crue (ou adobe), dans les briques moulées mécaniquement, etc.

La dĂ©nomination « bĂ©ton naturel » peut se rapporter au fait que le bĂ©ton de terre ne comporte que des ingrĂ©dients naturels. La dĂ©nomination « Terre-argile Â» est une expression plus Ă©sotĂ©rique qui dĂ©signe la terre argileuse dans ses diverses utilisations, mĂ©dicinales Ă©galement.

Terre cuite

La terre cuite se trouve:

Typologie complète

Il y a lieu de distinguer[2] - [1] - [3] :

Pour les sols

  • Terrassement - Le travail consistant Ă  dĂ©placer des quantitĂ©s importantes de matĂ©riaux (sols, roches, sous-produits...) dans divers buts. Le remaniement des terrains naturels entraĂ®ne une modification gĂ©nĂ©ralement dĂ©finitive de la topographie et du paysage, en crĂ©ant des ouvrages en terre soit en remblai soit en dĂ©blai.
  • TranchĂ©e - Une excavation longue et Ă©troite pratiquĂ©e dans le sol.
  • Terre battue.

Pour les planchers

Pour les murs

  • De manière gĂ©nĂ©rale : mortier de terre, bĂ©ton de terre et enduit de terre.
  • Les Ă©crans de matières minĂ©rales autoporteurs et porteurs :
  • Les Ă©crans de matières minĂ©rales portĂ©s, placĂ©s sur des ossatures :
    • enduits Ă  base d'argile ;
    • tuiles en terre cuite accrochĂ©es via des agrafe, clous, sur un lattage ou un voligeage.
  • Mur Ă  pan de bois et torchis.
    Mur Ă  pan de bois et torchis.
  • Mur Ă  clayonnage et torchis (Tanzanie).
    Mur Ă  clayonnage et torchis (Tanzanie).
  • Torchis façonnĂ© en boule.
    Torchis façonné en boule.
  • Mur en pisĂ©.
    Mur en pisé.
  • Mur en adobe sur basement en pierre (Burgos, Espagne).
    Mur en adobe sur basement en pierre (Burgos, Espagne).
  • Mur en briques jouant sur une polychromie.
    Mur en briques jouant sur une polychromie.

Pour les toits

Des « maisons obus » au Cameroun

Ornementation

Histoire

Le bois, le feuillage et les peaux d'animaux furent les premiers constituants de l'architecture naissante des pays tempérés. Pour les régions du globe où la végétation est rare, ainsi pour la plupart des rivages méditerranéens, ce fut l'argile qui fut le matériau le plus utilisé. Il est intéressant de retrouver ensuite l'argile et le bois associés, dans une architecture plus mûre, constituant les structures dites à maison à pans de bois[3].

Les premières cités découvertes dans l'ancienne Mésopotamie étaient construites en terre crue, avant même l'invention de l'écriture. Malheureusement ce matériau se dégrade plus rapidement que la pierre, et il existe donc peu de vestiges aussi marquants que les pyramides d'Égypte. Ainsi le Moyen-Orient et l'Asie centrale comptent de nombreux sites exceptionnels tels que Tchoga Zanbil (Iran), Mari (Syrie), Shibam (Yémen) ou Merv (Turkménistan).

Beaucoup de techniques utilisées dans les temps anciens se retrouvent encore pratiquées en France au XVIIIe siècle et jusqu'à nos jours : le torchis, la bauge, le pisé, les briques en terre crue (adobe).

Construction rurale et agricole en France au XIXe siècle

En France, en 1825, on ne peut que s'insurger « contre le mauvais état des bâtiments ruraux et les vices de leur construction. Les réflexions qu'il applique au département de la Seine-Inférieure, sont malheureusement communes à toute la France, et particulièrement aux provinces du centre, où l'on voit pêle-mêle entassés dans le même trou, hommes, femmes, enfants et animaux de toutes espèces [4]. » Plusieurs moyens président pour construire un bâtiment rural[4] :

Vestige d'une ferme picarde (France), montrant la mise en Ĺ“uvre du torchis.
  • beaucoup de bâtiment sont construits en torchis, qui consistent en une charpente dont les interstices sont remplis avec de la terre argileuse mĂŞlĂ©e de foin ou de paille. Ils prĂ©sentent plusieurs dĂ©savantages dont celui d'ĂŞtre dispendieux en bois.
  • avec du caillou silex, ou avec du bloc marneux posĂ© en mortier de chaux et sable, ou simplement avec de la poudre marneuse dĂ©layĂ©e Ă  consistance de mortier : les rives de la Seine ne sont bordĂ©es que d'habitations construites avec des blocs de marne ; les encoignures sont consolidĂ©es avec de petites pierres ou gros blocs, provenant de la mĂŞme carrière. On rencontre rarement dans ces constructions l'emploi de la brique qui est très-coĂ»teux.
  • avec de la bauge montĂ©e par assises de dix-huit pouces de hauteur, sur une base en caillou et mortier: en Picardie et en Champagne une grande quantitĂ© de maisons sont bâties de bauge ou terre d'argile, mĂŞlĂ©e de paille, construction qui a l'avantage de rĂ©server le bois pour les ouvrages oĂą son emploi est indispensable. Un bâtiment Ă©levĂ© en terre bien pĂ©trie, sur une Ă©paisseur convenable, et isolĂ© du sol d'environ trois pieds, au moyen d'une base en caillou ou bloc posĂ© en mortier, prĂ©sente beaucoup de soliditĂ© et surtout d'Ă©conomie. Il ne manque Ă  ces bâtiments que des dimensions mieux calculĂ©es, et des distributions plus commodes, et lorsqu'ils sont attaquĂ©s par un incendie le toit et la charpente disparaissent, mais les quatre murs restent souvent intacts et dans leur parfait aplomb. La construction en bauge, pour les bâtiments ruraux, est donc prĂ©fĂ©rable, sous tous les rapports, Ă  celle que l'on fait en torchis, parce qu'elle est plus saine et moins dispendieuse.
Maison en pisé dans le hameau de Loure (commune de Sermentizon, France).
  • avec de la terre sèche battue au pisoir, sur une base en caillou : l'architecte François Cointeraux (1740-1830), auteur d'un ouvrage sur la construction des maisons rurales en terre[5], a fait Ă©lever, aux environs de Paris, beaucoup de bâtiments en terre sèche, battue avec une masse qu'il appelle usoir. On Ă©lève une base en caillou et mortier avec des chaĂ®nes de brique, jusqu'Ă  une hauteur de 3 pieds au-dessus du sol, sur une Ă©paisseur de vingt Ă  vingt-deux pouces. Sur cette base on pose deux tables de dix pieds de longueur et de deux pieds et demi de large; ces tables, posĂ©es sur leur champ, sont Ă©cartĂ©es l'une de l'autre de dix-huit Ă  vingt pouces, qui est la dimension convenable pour l'Ă©paisseur d'un mur en terre; leur aplomb est entretenu au moyen de poteaux et de traverses liĂ©es ensemble avec des coins et des cordes. Ces tables, ainsi disposĂ©es, forment les deux cĂ´tĂ©s d'un caisson dans lequel on verse de la terre sèche, qui d'abord est pĂ©trie avec le pied, puis avec une masse en bois, appelĂ©e pisoir. Le caisson rempli de terre ainsi battue, se dĂ©tache facilement et offre une portion de mur très-uni, de dix pieds de long et de deux pieds et demi de haut, pour laquelle on a employĂ© trois ouvriers qui ont travaillĂ© pendant trois heures au plus. Ces tables sont ensuite reportĂ©es sur une autre partie du bâtiment, pour faire une portion de mur de mĂŞme dimension que la première, et ainsi de suite autour du bâtiment Ă  construire. Ce genre de construction, qui me parait prĂ©fĂ©rable Ă  la bauge, peut ĂŞtre employĂ© avec avantage pour faire un bâtiment rural, un logement de fermier, et une maison de maĂ®tre, quelles que soient ses dimensions et son importance.

Le pisé exigeant de la terre sèche peut être exécuté sans interruption ; la bauge, au contraire, qui nécessite une grande quantité d'eau, ne peut être exécutée que par assises de dix-huit pouces de hauteur, qu'il faut laisser sécher avant d'en faire une autre, afin de lui donner la consistance nécessaire pour soutenir le fardeau d'une assise. Enfin, le bâtiment en bauge, clos et couvert, doit être bien sec avant d'être habité sans danger, ce qui n'a pas lieu avec le pisé, qui, étant très sec, peut être habité de suite.

  • avec des briques dessĂ©chĂ©es au soleil et posĂ©es avec un mortier d'argile, Ă  la manière adoptĂ©e en Lorraine : l'exĂ©cution facile et peu coĂ»teuse. On laboure en plusieurs sens une portion de terre dont la surface est calculĂ©e en raison de la dimension du bâtiment Ă  construire ; on bat avec une masse cette portion de terre et la forme en surface unie ; puis, avec des règles et un tranchant, on coupe cette terre battue en lignes droites, espacĂ©es de 8 Ă  9 pouces, et par d'autres transversales de quatre Ă  cinq pouces de distance. Tous ces carreaux ainsi tracĂ©s prĂ©sentent un champ couvert de briques. On laisse cette terre bien sĂ©cher et prendre le plus de consistance possible, et, après un temps convenable, on enlève chaque carreau qui, lui, prĂ©sente la forme d'une brique qui a deux pouces environ d'Ă©paisseur. C'est avec de pareilles briques qu'on Ă©lève le bâtiment, en posant chaque assise, Ă  la manière ordinaire, sur un lit de la mĂŞme terre dĂ©layĂ©e en consistance de mortier.

PĂ©riode contemporaine, dans le monde

Mur en pisé, Eden Project, Cornouailles (Angleterre)

L'architecture contemporaine peut également utiliser la terre comme matériau de construction, dans divers pays du monde. Des exemples de bâtiments contemporains utilisant le pisé sont l'Eden Project (Cornouailles, Royaume-Uni) et le Nk'Mip Desert Cultural Centre (Colombie-Britannique, Canada).

Constructions en terre au Cameroun

Maison rurale en adobe au Cameroun

Depuis des millénaires, l’architecture traditionnelle au Cameroun est ancrée sur le savoir-faire local et les matières premières disponibles. En milieu rural, l’habitat traditionnel fait à partir des matériaux locaux valorise la terre[6].

Articles connexes

Notes et références

  1. René Vittone. Bâtir: manuel de la construction. PPUR Presses polytechniques, 10 juin 2010. Consulter en ligne
  2. Olivier d'Hont. Techniques et savoirs des communautés rurales: approche ethnographique du développement. KARTHALA Éditions, 2005. Consulter en ligne
  3. Jean-Pierre Adam. La Construction romaine. Matériaux et techniques. Sixième édition. Grands manuels picards. 2011
  4. A. Sénac, J. J. Jung. Bulletin des sciences agricoles et économiques : Quatrième section du Bulletin universal des sciences et de l'industrie, Volume 3. 1825 (Livre numérique Google)
  5. Cointeraux, François École d'architecture rurale, ou Leçons par lesquelles on apprendra soi-même à bâtir solidement les maisons de plusieurs étages avec la terre seule, ou autres matériaux les plus communs et du plus vil prix. Constructions économiques pour les campagnes, ou Batimens incombustibles ([Reprod.]) / par François Cointeraux… ; rapport des commissaires de la Société royale d'agriculture. Paris . 1790. Sur (Livre numérique Google)
  6. Mboudi Meugang, Roxane Daniela, « Architecture traditionnelle au Cameroun », sur webthesis.biblio.polito.it, (consulté le )

Liens externes

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