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Compagnies de guides-forestiers

NapolĂ©on Ier avait crĂ©Ă© les rĂ©giments de flanqueurs-chasseurs et de flanqueurs-grenadiers pour accueillir les fils et neveux de forestiers et leur permettre Ă  l'issue de leur service d'embrasser la carriĂšre de forestier. Malheureusement, bien peu d'aspirants forestiers auront survĂ©cu pour intĂ©grer l'Administration des eaux et forĂȘts, d'autant moins que le nouveau pouvoir Ă©tait peu enclin Ă  tenir les promesses de l'Empire.

Lors des invasions de 1814 et 1815, on fit appel au patriotisme et au dévouement des gardes forestiers de l'Est qui combattirent dans les compagnies de francs-tireurs des Vosges et du Jura.

Vingt ans aprĂšs l'empereur, le marĂ©chal Soult, ministre de la guerre, reprit l'idĂ©e d'utiliser les gardes forestiers « comme guides ou Ă©claireurs, appelĂ©s qu'ils seraient Ă  rendre de trĂšs utiles services Ă  l'armĂ©e par leur connaissances pratiques des bois et forĂȘts dans les dĂ©partements voisins et rapprochĂ©s des frontiĂšres ».

Missions et organisation

L'ordonnance royale No 2881 du crĂ©a donc des compagnies de guides-forestiers dans les 29 dĂ©partements les plus proches des frontiĂšres. Cette ordonnance est immĂ©diatement traduite en une circulaire[1] Ă  destination des conservateurs des forĂȘts.

Les agents (officiers) et gardes royaux et communaux peuvent donc ĂȘtre affectĂ©s au service militaire en cas d'invasion du territoire, pendant le temps que les opĂ©rations militaires ont lieu dans le dĂ©partement oĂč ils sont employĂ©s, ainsi que dans ceux qui leur sont limitrophes. Ils sont organisĂ©s en compagnie de cinquante Ă  quatre-vingt hommes en veillant Ă  ce que dans chaque dĂ©partement, le nombre de gardes qui en feront partie ne dĂ©passe la moitiĂ© de ceux en activitĂ©.

Les gardes royaux et mixtes qui devront faire partie des compagnies de guides devront ĂȘtre dĂ©signĂ©s par l'Administration des forĂȘts, tandis que les gardes communaux le seront par les prĂ©fets.

Les officiers, sous-officiers et caporaux sont pris parmi les agents et gardes forestiers selon l'assimilation de grades suivante :

Grades de l'Administration des forĂȘtsCorrespondances de grades
InspecteurCapitaine commandant
Sous-inspecteurCapitaine en second
Garde général de 1re classeLieutenant
Garde général de 2e classeSous-lieutenant
Garde Ă  chevalSous-officier
Garde chef ou brigadierCaporal

Le lieu de rassemblement de chaque compagnie Ă©tait dĂ©terminĂ© Ă  l'avance, afin que les officiers chargĂ©s de les commander puissent, au premier ordre, les rĂ©unir et procĂ©der sur le terrain Ă  leur formation dĂ©finitive. Ils sont, dĂšs lors, sous les ordres du gĂ©nĂ©ral commandant la division territoriale oĂč est situĂ© le lieu de rassemblement. Ces compagnies feront partie intĂ©grante de l'armĂ©e et jouiront des mĂȘmes droits, honneurs et rĂ©compenses que les corps de troupes qui la compose. Les lois et rĂšglements qui la rĂ©gissent leur seront applicables sous le rapport de la police et de la discipline.

Pour chacun des 29 dĂ©partements limitrophe des frontiĂšres, les conservations doivent mettre en place une ou plusieurs compagnies de 50 Ă  80 hommes selon le nombre de gardes royaux, mixtes et communaux dont elles disposent. Elles doivent aussi dĂ©signer les officiers, sous-officiers et caporaux selon la composition suivante[2]:

GradésNombre par compagnie
Capitaine1
Lieutenant1
Sous-lieutenant1
Sergent-major1
Fourrier1
Sergents4
Caporaux8

Les prestations en nature, les logements, les indemnités pour les pertes de chevaux et d'effets, la solde pour les journées d'hÎpitaux leur seront alloués par le département de la guerre ; la solde de forestier sera conservée par le département des finances aux agents forestiers, aux gardes royaux et aux gardes mixtes pour la part de leur traitement à la charge du Trésor ; la solde des gardes communaux et des gardes mixtes, pour la portion à la charge des communes, sera assurée par les soins du ministre du commerce et des travaux public qui donnera aux préfets les instructions nécessaires.

Les inspecteurs, sous-inspecteurs et gardes généraux de 1re et 2e classe qui font partie des compagnies et qui sont montés, conservent leurs chevaux et ont droit aux distributions de fourrages selon leur grade.

En cas d'invasion du territoire, les compagnies des guides de l'Administration des forĂȘts sont mises Ă  disposition du dĂ©partement de la guerre. Dans le cas oĂč les Ă©vĂšnements survenus lors de la dĂ©fense de leur dĂ©partement ou ceux limitrophes ne permet pas de retourner dans leur rĂ©sidence habituelle, les compagnies seront affectĂ©es Ă  des places fortes dĂ©signĂ©es Ă  l'avance oĂč elles feront partie des garnisons.

Il semble[3] que cette création resta toutefois au stade du papier et ne fut jamais concrétisée avant la guerre de 1870.

La tenue

En 1827, pendant la Restauration une ordonnance[4] rĂšgle l'uniforme des :

  • Agents forestiers :
    • Chapeau français avec ganse en argent et un bouton pareil Ă  ceux de l'habit,
    • Habit de drap vert boutonnĂ© sur la poitrine, le collet droit avec des broderies de feuilles de chĂȘne en argent : les conservateurs portent la broderie au collet, aux parements et au bas de la taille de l'habit avec une baguette unie sur les bords de l'habit et du gilet ; les inspecteurs portent la broderie au collet et aux parements ; l'habit des sous-inspecteurs est brodĂ© au collet avec une baguette unie aux parements ; les gardes gĂ©nĂ©raux ont deux rameaux de chĂȘne de la longueur de 10 cm brodĂ©s de chaque cĂŽtĂ© du collet de l'habit,
    • Boutons de mĂ©tal blanc ayant un pourtour de feuilles de chĂȘne portant au milieu les mots « Direction gĂ©nĂ©rale des forĂȘts » et une fleur de lis,
    • Gilet chamois,
    • Pantalon de drap vert,
    • ÉpĂ©e.
  • ÉlĂšves de l'École royale forestiĂšre :
    • Rang de garde Ă  cheval,
    • Chapeau français avec ganse en argent,
    • Habit de drap vert boutonnĂ© sur la poitrine, deux lĂ©gers rameaux de chĂȘne de la longueur de 5 cm et un gland brodĂ© en argent de chaque cĂŽtĂ© du collet,
    • Boutons de mĂ©tal blanc portant les mots « École royale forestiĂšre »,
    • Gilet blanc,
    • Pantalon de drap vert,
    • couteau de chasse (dague) Ă  quillons contrariĂ©s et Ă  tĂȘte de lion, d'un modĂšle identique Ă  celui de la VĂ©nerie royale de Charles X, mais avec l'inscription « École forestiĂšre » sur la lame.
Costumes de garde forestier avec uniforme totalement vert et képi à cor de chasse et de garde à cheval et garde général avec pantalons gris de fer bleuté et couteau de chasse, avant 1840.
  • Gardes Ă  cheval :
    • Habit de drap vert boutonnĂ© sur la poitrine, deux lĂ©gers rameaux de chĂȘne de la longueur de 5 cm et un gland brodĂ© en argent de chaque cĂŽtĂ© du collet,
    • Gilet de drap vert,
    • Pantalon de drap vert,
    • BandouliĂšre chamois avec bandes de drap vert et au milieu une plaque de mĂ©tal blanc portant les mots « ForĂȘts royales » et une fleur de lis (cette plaque ne fut jamais fabriquĂ©e[5]).
  • Gardes Ă  pied :
    • Habit de drap vert boutonnĂ© sur la poitrine,
    • Gilet de drap vert,
    • Pantalon de drap vert,
    • BandouliĂšre chamois avec bandes de drap vert et au milieu une plaque de mĂ©tal blanc portant les mots « ForĂȘts royales » et une fleur de lis.

En 1830, Ă  l'avĂšnement de la monarchie de Juillet, l'uniforme proprement dit ne subit pas de changement. Seuls, la plaque et le bouton, qui portaient les fleurs de lys, furent remplacĂ©s. La nouvelle plaque porte un cartouche ovale, avec les mots « ForĂȘts du Roi » entourĂ©es de branches de chĂȘne, et surmontĂ© de la couronne. Le bouton porte la couronne avec, au-dessous « Administration des forĂȘts »[5].

La circulaire[1] de 1831 précise que les officiers, sous-officiers et caporaux des compagnies de guides-forestiers prendront les insignes militaires en cas de mobilisation tandis que les gardes royaux et communaux porteront deux épaulettes en laine jaune des voltigeurs.

Le commentaire à destination des conservateurs stipule : « ... que l'habillement et l'armement des gardes soient aussi complets et aussi uniformes que possible ».

Costumes de garde forestier (gauche) et brigadier (droite) avec détail du shako par temps de pluie et du collet autour de 1841.

L'arrĂȘtĂ© de 1840[6] dĂ©finie la tenue du personnel de l'Administration royale des forĂȘts :

  • Jaquette verte Ă  deux rangs de boutons de mĂ©tal blanc,
  • Pantalon gris de fer Ă  liserĂ© jonquille,
  • KĂ©pi vert Ă  liserĂ© jonquille, remplacĂ© de fait par un shako Ă  fond de cuir et plaque frontale en cuivre portant le mot « ForĂȘts »,
  • GuĂȘtres en cuir noir, modĂšle d'infanterie,
  • Sac de chasse en cuir avec bretelle pareille, avec fourreau de baĂŻonnette se rattachant au sac par une boucle et un passant,
  • Patte de ceinturon en buffle jaune,
  • Couteau de chasse (jamais portĂ© sauf par les gardes des ForĂȘts de la couronne, remplacĂ© pour les autres gardes par le vieux sabre briquet du 1er Empire[5]),
  • ChaĂźne mĂ©trique.

La circulaire de 1846[7] constate que les gardes généraux adjoints portent l'uniforme des gardes généraux : « C'est un abus que l'Administration ne doit point tolérer. Vous voudrez bien prévenir ces agents que les dispositions rÚglementaires concernant l'uniforme des gardes à cheval leur sont entiÚrement applicables et vous veillerez à ce qu'ils ne s'en écartent point. »

À la suite des Ă©vĂšnements de 1848 et de la proclamation de la 2e RĂ©publique, eut lieu l'inĂ©vitable changement dans les insignes[5]. Cette fois, les dirigeants de l'Administration renoncĂšrent aux emblĂšmes politiques. La plaque des gardes et les boutons des agents portent tout simplement deux branches de chĂȘne avec les mots « Administration des forĂȘts ». les plaques de cette Ă©poque manquent d'uniformitĂ©. Certaines portent de nouveau l'Ɠil, symbole de vigilance, qui figurait dĂ©jĂ  sur une des plaques de la Restauration. On trouve mĂȘme des spĂ©cimens dorĂ©s[5].

L'annĂ©e du coup d'État et pendant le cours de l'annĂ©e suivante 1852 instituant le Second Empire, le ministre des Finances institua une commission pour dĂ©terminer l'uniforme de tous les fonctionnaires de son dĂ©partement. Cette commission prĂ©voyait des changements considĂ©rables dans l'uniforme. Le dĂ©cret rĂšglementaire[8] fut rendu et publiĂ© par une circulaire[9] qui contenait comme annexe une planche indiquant la forme de la poignĂ©e d'Ă©pĂ©e et une autre donnant le dessin des broderies.

Pour tous les services sont Ă©dictĂ©s des dispositions gĂ©nĂ©rales pour les agents (officiers) avec les spĂ©cificitĂ©s de l'Administration des forĂȘts :

Boutons des costumes de l'Administration des ForĂȘts (gauche) et des ForĂȘts de la Couronne (droite) de 1853 Ă  1870.
  • Habit de drap vert foncĂ©, coupĂ© droit sur le devant en forme de frac, et garni de neuf boutons en mĂ©tal bombĂ©s, portant un aigle en relief sur un fond mat, et au-dessus l'indication spĂ©ciale du service (mĂ©tal argent et « ForĂȘts » ou mĂ©tal dorĂ© et « ForĂȘts de la Couronne » en ce qui concerne les forestiers) ; les boutons des Ă©lĂšves de l'École de Nancy portent l'aigle couronnĂ© avec l'exergue « École Imple forestiĂšre »,
  • Broderies en argent pour l'Administration des forĂȘts et en or pour les ForĂȘts de la couronne (composĂ©es de branches de chĂȘne),
  • Gilet blanc, coupĂ© droit, garni de 6 boutons en argent,
  • Pantalon en casimir blanc pour la grande tenue et en drap vert pour la petite tenue, avec galon de 4 cm en argent brochĂ© sur les cĂŽtĂ©s,
  • Chapeau français en feutre noir, avec ganse brodĂ©e en argent sur velours noir,
  • ÉpĂ©e Ă  poignĂ©e de nacre, avec garde et ornements dorĂ©s.
Élùve-officier de l'École royale forestiùre de Nancy en uniforme d'agent, casquette du modùle de l'École de Tharandt (Saxe) et couteau de chasse vers 1843.

Les marques distinctives des grades des agents (officiers) sont :

GradeHabitChapeauÉpĂ©e
Directeur gĂ©nĂ©ralBroderies au collet et parements, bord courant de 5 cm Ă©largi sur la poitrine Ă  10 cm, Ă©cusson Ă  la taille, bouquet de poches avec baguettesÀ plumes noires modĂšle A
AdministrateursBroderies au collet et parements, bord courant Ă©largi sur la poitrine Ă  5 cm, Ă©cusson Ă  la taille, bouquet de poches avec baguettesÀ plumes noires modĂšle A
ConservateursBroderies au collet et parements , Ă©cusson Ă  la taille, bouquet de poches avec baguettes À plumes noires modĂšle A
InspecteursBroderies au collet et parements , Ă©cusson Ă  la taille Uni modĂšle B
Sous-inspecteursBroderies au collet et parements UnimodĂšle B
Gardes générauxBroderies au collet Uni modÚle B
Gardes généraux adjointsBroderies au collet Uni modÚle B
ÉlĂšvesBroderies au collet Casquette du modĂšle de l'École de TharandtCouteau de chasse Ă  deux quillons Ă  tĂȘtes d'aigles, avec l'abeille sur le pommeau[5]
Shako de garde forestier de l'Administration des forĂȘts du 2d Empire.

Le dĂ©cret de 1852 ne s'occupait que de la tenue des agents, un arrĂȘtĂ© de 1854 transmis par une circulaire[10] rĂšgle comme suit l'uniforme des prĂ©posĂ©s :

  • La tunique est substituĂ©e Ă  l'habit. Elle est pour les brigadiers et gardes forestiers en drap vert dragon, Ă  jupe plate, avec collet vert, passe-poils et pattes jonquilles, boutons blancs estampĂ©s en relief d'un aigle surmontĂ© du mot « ForĂȘts ». Les brigadiers portent au collet un lĂ©ger rameau de chĂȘne en argent.
  • Le kĂ©pi est remplacĂ© par un schako en drap vert avec passe-poils jonquille, ganse de mĂȘme couleur au pourtour supĂ©rieur ; calot de cuir noir verni, plaque en mĂ©tal, cocarde aux couleurs nationales, pompon vert et jaune, bourdaloue en cuir verni.
  • Un ceinturon en cuir noir remplace pour le couteau de chasse le ceinturon en buffle jaune. La mĂȘme substitution a lieu pour la bandouillĂšre et la bretelle du mousqueton.

Les dispositions de 1840 auxquelles ils n'est pas dérogé demeurent maintenues.

Par arrĂȘtĂ© de 1857[11], le directeur gĂ©nĂ©ral donnait aux gardes de 1re classe un galons chamois au bras gauche. Le de l'annĂ©e suivante, ce galon Ă©tait substituĂ© par un galon en V de couleur jonquille.

Au début de la campagne de 1870, les compagnies forestiÚres furent constituées et le capitaine commandant de la Compagnie des guides-forestiers des Ardennes[12] demande à ses hommes de venir avec sa petite et sa grande tenue. Sa déconvenue est grande lorsqu'il découvre que peu de gardes ont une grande tenue (tunique et pantalon vert finance), et lorsqu'ils en ont une, elle date de la premiÚre mise d'uniforme et est donc trop serrée pour permettre le maniement des armes avec confort.

Cette compagnie est donc rĂ©duite Ă  porter la blouse de la petite tenue qui ne permet pas le port des Ă©paulettes. De plus, les forestiers prennent le risque d'ĂȘtre confondus avec des paysans franc-tireurs et donc d'ĂȘtre fusillĂ©s par les Prussiens si pris les armes Ă  la main. Le capitaine commandant dĂ©cide donc de faire coudre les grades des sous-officiers et caporaux sur les manches bouffantes, ce qui les rend moins visibles. Heureusement, l'officier pĂ»t leur faire dĂ©livrer la capote du troupier par les autoritĂ©s militaires.

L'armement

L'ordonnance[4] de 1827 prĂ©cise que « Les gardes sont autorisĂ©s Ă  porter un fusil Siraple pour leur dĂ©fense lorsqu'ils font leurs tournĂ©es et visites dans les forĂȘts. Â».

Une circulaire de 1858[13] donne des instructions pour la transmission du mousqueton rĂ©glementaire en cas de mutation. Les prĂ©posĂ©s Ă©prouvaient des difficultĂ©s[14] Ă  s'en procurer les munitions, et notamment les capsules nĂ©cessaires. En , l'Administration prescrivit une enquĂȘte qui n'aura aucune suite.

À la mobilisation de 1870, les guides de la compagnie des Ardennes furent armĂ©s[12] de fusils Ă  tabatiĂšre qui, outre ses dĂ©fauts Ă  cause des imperfections et de la dĂ©licatesse de son mĂ©canisme, Ă©taient trop lourds pour des soldats comme les guides chargĂ©s de missions d'Ă©claireur. 60 cartouches par personne et des baĂŻonnettes furent aussi dĂ©livrĂ©es aux guides-forestiers.

Le décret fin [15] organisant les 4 compagnies précise qu'elles sont armées de carabines Minié transformées.

Le [16], des fusils Chassepot sont distribués à tous les préposés du régiment forestier chargé de la défense de Paris assiégé.

Les diverses armes de poing des officiers de guides-forestiers durant la guerre de 1870 en dotation à cette période étaient[17] :

  • Lefaucheux mdle 1858 et 1867,
  • Perrin mdle 1859.

La guerre franco-allemande de 1870

DĂšs l’ordre de mobilisation du signĂ©, nombreux sont les forestiers Ă  vouloir partir en campagne, mais ces volontaires doivent faire preuve de beaucoup de patience avant de pouvoir marcher sur l’ennemi. Le gouvernement impĂ©rial a eu l'heureuse idĂ©e d'utiliser les guides-forestiers pour la dĂ©fense du territoire, et quatre dĂ©crets, dont le dernier paraĂźt le , mettent successivement Ă  la disposition du ministre de la Guerre tout le personnel des agents et prĂ©posĂ©s des forĂȘts des dĂ©partements et de la Couronne.

Le premier dĂ©cret[18], s’inspirant de l’ordonnance royale de 1831, prĂ©voit la constitution de compagnies de guides-forestiers mais ne s’applique qu’aux conservations de ChĂąlons, Bar-le-Duc, Metz, Nancy, Épinal, Strasbourg, Colmar, Besançon, Vesoul, Chaumont et Lons-le-Saunier.

Dans les autres conservations[16], les forestiers volontaires et impatients sont intĂ©grĂ©s dans la garde mobile des dĂ©partements concernĂ©s. Nombre d’inspecteurs, sous-inspecteurs et gardes gĂ©nĂ©raux remplissent alors des fonctions d’officiers comme capitaines, lieutenants et sous-lieutenants. Les forestiers enrĂ©gimentĂ©s servent d’éclaireurs dans toutes les sorties.

Par un dĂ©cret impĂ©rial [19] il est prĂ©vu la constitution de compagnies de guides-forestiers dans les dĂ©partements de Seine-et-Oise, Seine, Oise, Aisne, Seine-et-Marne, Aube, Loiret, Yonne, CĂŽte-d’Or, SaĂŽne-et-Loire, Ain, aux mĂȘmes conditions dĂ©terminĂ©es par l’ordonnance du .

Officier du régiment forestier lors du siÚge de Paris, 1870-71.

Au moyen de ces contingents, le directeur gĂ©nĂ©ral des ForĂȘts organise[16], aprĂšs entente avec les ministres de la Guerre et des Finances, un rĂ©giment forestier qui comprend deux bataillons de sept compagnies chacun, pour les employer Ă  la dĂ©fense de la capitale, en cas de siĂšge. DĂšs le , cette organisation est en cours, mais ce n’est qu’à partir du 27, que les forestiers qui, d’ailleurs, sont dĂ©jĂ  habillĂ©s, reçoivent leurs effets d’équipement par les soins de la direction d’Artillerie de Paris et de l’intendance de la 1re division. Les titres des officiers ne sont adressĂ©s au rĂ©giment forestier que le , et le commandement en est confiĂ© au lieutenant-colonel Carraud, sous-chef Ă  l'administration centrale. Le , l’effectif s’élĂšve Ă  44 officiers et 1 048 gardes forestiers. Finalement, la commission militaire n’est dĂ©livrĂ©e au rĂ©giment forestier par le ministĂšre de la Guerre que le .

Enfin, un dernier dĂ©cret[15], prĂ©cise que la mesure est gĂ©nĂ©ralisĂ©e et les gardes et agents des forĂȘts et domaines de la Couronne passent au service de l’armĂ©e. Ceux-ci sont organisĂ©s, dĂšs le , en quatre compagnies agissant isolĂ©ment.

Trois seulement des compagnies des gardes des forĂȘts de la Couronne entrent Ă  Paris avant l’investissement. Ce sont :

  • la 1re compagnie forte de 84 hommes, formĂ©e des gardes des forĂȘts de Fontainebleau, SĂ©nart et Mormant, sous les ordres de M. Domet ;
  • la 3e compagnie comptant, sous les ordres de M. de Corbigny, 111 gardes des forĂȘts et parcs de Saint-Cloud, Saint-Germain et Versailles, et qui fut casernĂ©e aux Magasins rĂ©unis de la place du ChĂąteau-d’eau ;
  • enfin, la 4e compagnie, composĂ©e de 61 gardes des forĂȘts de Rambouillet avec l’inspecteur de Poinctes pour chef, logĂ©e au lycĂ©e Saint-Louis.

La 2e compagnie de M. de la Panouse, avec 68 gardes des forĂȘts de CompiĂšgne et Laigue, n’est pas encore rentrĂ©e Ă  Paris. Ces unitĂ©s sont placĂ©es sous le commandement gĂ©nĂ©ral du marquis de Castelbajac, capitaine des chasses de la maison de l’Empereur. Peu aprĂšs, la 2e compagnie des gardes forestiers de la Couronne sous les ordres du commandant de la Panouse est enrĂŽlĂ©e chez les Eclaireurs de la Seine des Corps francs de Paris. Ce n’est que le , que ces compagnies de gardes des forĂȘts de la Couronne sont incorporĂ©es au rĂ©giment forestier. Le , au tableau de situation de l’ArmĂ©e de Paris, on retrouve le rĂ©giment de forestiers : « TroisiĂšme ArmĂ©e de Paris sous les ordres du GĂ©nĂ©ral Vinoy, 1re division du gĂ©nĂ©ral Soumain, 2e brigade du colonel Bouthier : 62 officiers et 1 113 hommes forestiers commandĂ©s par le lieutenant-colonel Carraud ».

La mise en Ă©tat de dĂ©fense de Paris Ă©tant dĂ©cidĂ©e, l’Administration des forĂȘts est appelĂ©e Ă  prĂȘter son concours Ă  cette gigantesque entreprise. L’armement des forts exige des quantitĂ©s considĂ©rables de bois que M. Meynier, conservateur des forĂȘts est chargĂ© de fournir.

À partir du le rĂ©giment forestier est affectĂ© au 6e secteur de Paris au lieu-dit du « Point du Jour », sur les fortifications entre la porte Dauphine et la porte de Billancourt, c’est-Ă -dire la rive droite de la Seine avec le bois de Boulogne, et Ă  la surveillance des avant-postes des ponts de SĂšvres et de Saint-Cloud.

Le , au combat de Bagneux et de ChĂątillon, dans l’ordre de bataille adoptĂ©, les gardes forestiers enrĂ©gimentĂ©s tiennent l’extrĂȘme droite, et occupent Clamart dont les maisons confinent aux avant-postes de l’ennemi.

À la veille de la bataille de Villiers-Champigny le rĂ©giment forestier fait partie de l’ordre de bataille de la troisiĂšme armĂ©e sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Vinoy, 1re division du gĂ©nĂ©ral Soumain, 2e brigade avec les douaniers, le dĂ©pĂŽt du 29e de ligne et le dĂ©pĂŽt du 59e de ligne. AprĂšs plusieurs offensives et contre-attaques, le gĂ©nĂ©ral Ducrot ordonne le retrait des troupes dans la capitale le . Les deux armĂ©es ont payĂ© un prix Ă©levĂ© lors de cette bataille. Les Français ont perdu environ 9 000 hommes notamment Ă  cause du froid (−14 °C, sans couvertures ni feu).

Les forestiers servent aussi d’agents de liaison soit pour porter des dĂ©pĂȘches au gouvernement de Tours, soit pour ramener du courrier dans la capitale.

Puis c’est l’attaque des forts du Sud par les Prussiens Ă  partir du . Le rĂ©giment forestier qui occupe alors les postes avancĂ©s des ponts de Billancourt, de Saint-Cloud et d’Auteuil, se retrouve sous les bombardements journaliers jusqu’au .

AprĂšs un cessez-le-feu qui intervient le Ă  20 h 40, l’armistice et la capitulation de Paris sont signĂ©es le . C’est la fin du siĂšge de Paris. À cet armistice de , le rĂ©giment forestier est compris dans le faible contingent Ă  ne pas ĂȘtre rapidement dĂ©sarmĂ© et ce jusqu’au , jour de son licenciement.

De nombreux forestiers firent partie des armées de la Loire et de l'Est, surtout dans les compagnies de guides-forestiers[12] ou de francs-tireurs. Ils y rendirent de grands services comme guides, porteurs de message et agents de renseignement derriÚre les lignes ennemies[20].

La triste campagne de 1870 montra à l'évidence les lacunes et les faiblesses du systÚme des compagnies forestiÚres : les agents forestiers (officiers) appelés à les encadrer n'avaient reçu aucune formation militaire. De leur cÎté, les gardes qui composaient la troupe, bien qu'anciens militaires n'avaient pas tous, et de loin, les capacités indispensables pour faire campagne : leurs ùges et conditions physiques étaient trop disparates, et ils devaient s'équiper à leurs frais et n'avaient pas d'autre uniforme que leurs habits de travail, enfin leur armenent était hétéroclite et de seconde zone.

Ils firent nĂ©anmoins courageusement leur devoir et reçurent mĂȘme des fĂ©licitations officielles.

Le noms de 6 officiers anciens Ă©lĂšves tuĂ©s pendant cette guerre figurent sur le monument aux morts de l'École forestiĂšre de Nancy.

Traditions

Honneurs militaires

DĂšs 1833 [21], les agents forestiers (officiers) revĂȘtus de leur uniforme ont droit aux marques de respect, Ă  savoir :

  • les sentinelles de l'armĂ©e porteront et prĂ©senteront les armes, suivant le cas, aux officiers des compagnies de chasseurs forestiers ainsi qu'aux agents forestiers assimilĂ©s aux officiers revĂȘtus de leur uniforme[22]. Il y aura rĂ©ciprocitĂ© absolue de la part des sentinelles des guides-forestiers Ă  l'Ă©gard des officiers de l'armĂ©e,
  • tout infĂ©rieur en grade devra le salut Ă  son supĂ©rieur du grade d’officier, soit dans l'armĂ©e, soit dans les services des forĂȘts.

Fanfares forestiĂšres

La VellĂ©da[23] ou Fanfare des Forestiers, composĂ©e en 1870 par les Ă©lĂšves officiers de l'École forestiĂšre de Nancy est sonnĂ©e de nos jours pour commĂ©morer les chasseurs forestiers tombĂ©s pendant la 1re guerre mondiale ou Ă  l'occasion de la Saint-Hubert (saint patron des forestiers), ainsi que pour commĂ©morer les sapeurs-forestiers lors de la 2e guerre mondiale, qui, bien que relevant du GĂ©nie portaient un cor de chasse Ă©carlate sur fond noir au col.

Ordre national de la LĂ©gion d'honneur

Les agents forestiers les plus mĂ©ritants tant par leur bravoure que par leur sacrifice ont l’insigne honneur d’ĂȘtre dĂ©corĂ©s du ruban rouge Ă  la boutonniĂšre dont voici la liste :

  • Arthur Moisan, Ă©lĂšve sortant de l’école forestiĂšre, mort des suites de ses blessures ;
  • le jeune Marrier de Bois d’Hyver, Bellifontain et sous-lieutenant dans une compagnie de gardes forestiers qui fait la rude campagne de l’Est et succombe Ă  la suite des fatigues et des privations au moment de leur entrĂ©e en Suisse ;
  • Bramaud Boucheron, garde gĂ©nĂ©ral Ă  Issoudun, mort des suites de ses blessures ;
  • Lepaute, sous-inspecteur du bois de Vincennes ;
  • de Kermoysan, garde gĂ©nĂ©ral ;
  • de Venel, sous-chef Ă  l’administration ;
  • Carraud, lieutenant-colonel, commandant du rĂ©giment forestier ;
  • Boyer, chef de bataillon ;
  • Loupe, capitaine du mĂȘme corps ;
  • Courrier, sous-inspecteur Ă  Épinal ;
  • Mabaret, sous-inspecteur Ă  Gray ;
  • DuchĂšne, garde gĂ©nĂ©ral Ă  Roanne ;
  • Cornebois, inspecteur Ă  Rocroi et commandant la compagnie des guides forestiers des Ardennes Ă  Charleville-MĂ©ziĂšres ;
  • de Beaussire de Seyssel, garde gĂ©nĂ©ral en stage Ă  Fontainebleau ;
  • Gostart, garde gĂ©nĂ©ral Ă  Vierzon ;
  • Omer, brigadier forestier Ă  Palestro ;
  • BĂ©rard, garde Ă  Fontainebleau sous l’uniforme des mobiles de Seine-et-Marne.

Tous ont reçu la croix de chevalier de la Légion d'honneur.

Quant à M. Hun, conservateur, il reçoit la croix d'officier.

Notes, sources et références

  1. Circulaire royale No 289 du 20 septembre 1831 organisant les Compagnies des guides de l'Administration des forĂȘts.
  2. Ordonnance du 27 février 1825 réglant la force de chaque compagnie d'infanterie.
  3. Balanger, Lucien-Bernard, 135e promotion de l'École nationale des eaux et forĂȘts - Les forestiers dans la dĂ©fense nationale, 12 pages.
  4. Ordonnance pour l'exécution du Code forestier du 1er août 1827.
  5. Lavauden, Louis, Recherches rĂ©trospectives sur les insignes et les marques distinctives de l'Administration des eaux et forĂȘts en France, Revue des eaux et forĂȘts.
  6. ArrĂȘtĂ© du 8 aoĂ»t 1840 notifiĂ© par la circulaire No 448 du 14 aoĂ»t 1840 rĂšglementant l'uniforme des prĂ©posĂ©s de l'Administration royale des forĂȘts.
  7. Circulaire No 592 sexties du 22 dĂ©cembre 1846 rappelant la tenue des gardes gĂ©nĂ©raux adjoints de l'Administration royale des forĂȘts.
  8. Décret du président de la République du 17 novembre 1852 fixant le costume des fonctionnaires et agents du ministÚre des Finances et des administrations qui en dépendent.
  9. Circulaires No 717 du 8 juin 1853 et No 730 du 8 août 1853 fixant le costume des fonctionnaires et agents du ministÚre des Finances et des administrations qui en dépendent.
  10. ArrĂȘtĂ© du ministre des Finances du 3 juin 1854 transmis par la circulaire No 739 rĂ©glant l'uniforme des prĂ©posĂ©s de l'Administration des forĂȘts.
  11. ArrĂȘtĂ© du directeur gĂ©nĂ©ral de l'Administration des forĂȘts du 10 dĂ©cembre 1857 portant sur le grade des gardes de 1re classe.
  12. Cornebois, L., Capitaine-commandant : Campagne de la compagnie des guides-forestiers des Ardennes en 1870, Rocroi, Imprimerie de Stanislas HaumĂ© (bibliothĂšque de l'École nationale du gĂ©nie rural, des eaux et des forĂȘts, rĂ©fĂ©rence 8131).
  13. Circulaire No 772 du 27 octobre 1858 portant instruction pour la transmission du mousqueton en cas de mutation.
  14. Weyd, p. 1910 : L'uniforme des agents et prĂ©posĂ©s, Revue des Eaux et ForĂȘts.
  15. DĂ©cret de l’impĂ©ratrice rĂ©gente du 29 aoĂ»t 1870 versant les gardes et agents des forĂȘts et domaines de la Couronne au service de l’armĂ©e
  16. Trangosi, Renaud : Forestiers de 1870, 16 pages in Hirbec, P., Hannequart, F., Taillardat, J. coord., 2014. Histoire et traditions forestiĂšres - 3e Colloque - 2014 - Les Dossiers Forestiers n° 27, Office national des forĂȘts, 299 p. (ISBN 978-2-84207-388-6).
  17. Steinbach, FrĂ©dĂ©ric, Office National des ForĂȘts, Lorraine.
  18. Décret impérial du 9 août 1870 prescrivant la formation des compagnies de guides forestiers.
  19. DĂ©cret impĂ©rial du 15 aoĂ»t 1870 mettant les agents et gardes domaniaux et communaux des forĂȘts Ă  disposition du ministre de la Guerre
  20. de la Rue, Adolphe : La guerre de 1870-71, vol. 38, p. 70-71, R. Chapelot et Cie (Paris), 1901-1914.
  21. Article 198 de l'ordonnance du 2 novembre 1833.
  22. Lettre du Ministre de la Guerre du 3 janvier 1878 reprise dans la Circulaire No 222.
  23. VellĂ©da fut une druidesse et prophĂ©tesse gauloise qui contribua Ă  l’insurrection de la Gaule du Nord contre l’empereur Vespasien (en 70). Elle est devenue la patronne des forestiers et elle a donnĂ© son nom Ă  leur fanfare sonnĂ©e Ă  la trompe et Ă©crite en 1870 par les Ă©lĂšves forestiers de Nancy.
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