Accueil🇫🇷Chercher

Compagnie des produits chimiques d'Alais et de la Camargue

La Compagnie des produits chimiques d'Alais et de la Camargue, fondĂ©e par Henry Merle et Jean-Baptiste Guimet, est l'un des deux grands groupes industriels Ă  l'origine de la fusion de 1921 avec la SEMF de Paul HĂ©roult, qui la voit rebaptisĂ©e « Compagnie de Produits chimiques d'Alès, Froges et Camargue », pour intĂ©grer le nom de Froges, en attendant de prendre le nom de PĂ©chiney en 1950.

Compagnie des produits chimiques d'Alais et de la Camargue
Création 1855
Dates clés 1877 : fusion avec Alfred Rangod Pechiney et Cie
Disparition 1921 (fusion avec la SEMF)
Fondateurs Henry Merle et Jean-Baptiste Guimet
Personnages clés Alfred Rangod Pechiney
Siège social Salindres
Drapeau de la France France
Activité Métallurgie
Effectif n/a

Société précédente Société Henry Merle et Cie
Société suivante Compagnie de Produits chimiques d'Alès, Froges et Camargue

Histoire

La période camarguaise

La Compagnie des produits chimiques d'Alais et de la Camargue est fondée le par le chimiste Henry Merle et Jean-Baptiste Guimet, pour produire de la soude à Salindres, le « berceau de l'aluminium », dans le Gard. Le nom d'Alais correspond à la ville d'Alès. Salindres étant proche des vignobles de l'Hérault, alors ravagés par le mildiou, une large extension fut donnée à la production de sulfate de cuivre, premier de la série des produits pour la défense des cultures.

En 1860, Henry Merle dĂ©cide de diversifier les activitĂ©s de son entreprise et se lance dans l'aluminium, mĂ©tal cher et peu utilisĂ©, dont elle aura le quasi-monopole de la production en France par des procĂ©dĂ©s chimiques pendant trois dĂ©cennies. MalgrĂ© cette domination du marchĂ©, le prix du mĂ©tal Ă©tait descendu vers 1883 de 300 francs Ă  100 francs. Salindres et l'usine de Nanterre en produisait 2 Ă  3 tonnes par an qui suffisaient Ă  la consommation. Au dĂ©cès d'Henry Merle en 1875, la sociĂ©tĂ© est dirigĂ©e par un autre chimiste, Alfred Rangod, dit « Pechiney »[1].

Inventeurs et concurrents

En janvier 1883, Henry Gall, un jeune Strasbourgeois est engagé comme chef de laboratoire par la Compagnie avant de la quitter un an après. Chargé de l'étude et du contrôle des chlorates par voie chimique, il découvre la voie électrolytique. N'étant pas parvenu à s'entendre sur les conditions financières de l'exploitation de cette découverte, il quitte Salindres, sans avoir eu les encouragements de Rangod-Péchiney qui lui écrira, le « Je n'aime pas l'électricité »[2]. Il monte une usine en Suisse[3], à Vallorbe en 1889, avec l'aide du banquier Carrard[2], et fonde ensuite la puissante Société d'électrochimie. La fermeture de l'atelier de Salindres interviendra en 1897 et avec elle la fabrication d'aluminium car un concurrent produisant moins cher est apparu.

En 1885, le jeune chimiste Paul HĂ©roult invente en effet un procĂ©dĂ© Ă©lectrolytique complet pour la fabrication de l'aluminium, concurrent de celui de la CPCA. Après avoir tentĂ© de la convaincre d'utiliser cette technique, il est Ă©conduit par la sociĂ©tĂ© et doit trouver les capitaux nĂ©cessaires pour exploiter ce procĂ©dĂ© en Suisse: en 1887, la SociĂ©tĂ© Ă©lectromĂ©tallurgique de Froges (SEMF)[4], ouvre les premières cuves industrielles d'aluminium Ă©lectrolytique en France Ă  l'Usine de la chute de Froges, installĂ©e sur l'Isère Ă  Froges, dans une ancienne papeterie de la vallĂ©e du GrĂ©sivaudan[2]. Ses dĂ©buts sont difficiles, et la sociĂ©tĂ© est Ă  deux doigts de la liquidation en 1891. Mais grâce Ă  cette nouvelle technologie le prix de revient de l'aluminium baisse : 15,60 F (1er semestre 1890, 11,69 F (2e semestre 1890), 10,95 F (1891), au fur et Ă  mesure des Ă©conomies d'Ă©chelle. En 1892, Paul HĂ©roult crĂ©e avec le Lorrain Gustave Munerel une nouvelle usine d'Ă©lectrolyse, cette fois en Maurienne (Savoie), Ă  la Praz, dix kilomètres Ă  l'ouest de Modane et utilise une conduite forcĂ©e cintrĂ©e en forme d'arc comme un pont, sans aucun support supplĂ©mentaire, une nouvelle rĂ©volution Ă©conomique.

La période savoyarde

Prenant conscience qu'elle a nĂ©gligĂ© le potentiel de ce mĂ©tal[3], qu'elle ne produisait plus depuis 1897, la CPCA dĂ©cide de s'installer dix kilomètres plus Ă  l'ouest, Ă  Saint-Michel-de-Maurienne, en rachetant l'usine de production d'aluminium Ă©lectrolytique de Calypso, fondĂ©e en 1890 par les frères Bernard. Devenue sociĂ©tĂ© anonyme en 1893, avec un capital de 7,5 millions de francs, elle y installe des cuves achetĂ©es en 1895 Ă  la Pittsburgh Reduction Company [5]. La CPCA, dĂ©sormais dirigĂ©e par l'ingĂ©nieur modanois Adrien Badin, fonde ensuite en 1907 l’usine de Saint-Jean-de-Maurienne, quinze kilomètres plus Ă  l'ouest, qui est cette fois dotĂ©e de cuves d'Ă©lectrolyse de 10 000 ampères[6]. Soixante-dix ans plus tard, le site sera Ă©quipĂ© des premières cuves d'Ă©lectrolyse d'intensitĂ© 180 000 ampères. La croissance sera ensuite reportĂ©e sur ce site[7]: quand Pechiney nationalisĂ© a portĂ© la production de l'usine de Saint-Jean de 80 000 Ă  130 000 tonnes en 1986, la Praz (4 000 t) et la Saussaz (12 000 t) ont disparu. Venthon subira le mĂŞme sort en 1994.

Le parcours boursier et la concurrence plus vive

La SociĂ©tĂ© est cotĂ©e Ă  la Bourse de Paris, oĂą elle se distingue. Ses actions, Ă©mises Ă  500 francs, en valent 1 155 francs en 1909. La pĂ©riode d'expansion savoyarde lui permet de disposer dĂ©jĂ  de 35 450 chevaux-vapeur et pourra disposer supplĂ©mentairement de 17 000 chevaux, non amĂ©nagĂ©s, d'autant qu'elle a achetĂ© Ă  Château-Arnoux-Saint-Auban, commune française, du dĂ©partement des Alpes-de-Haute-Provence et de la rĂ©gion Provence-Alpes-CĂ´te d'Azur une chute d'eau d’une puissance de 16 000 chevaux non encore amĂ©nagĂ©e. Au total, elle peut compter sur 68 450 chevaux-vapeur, et viser une parte de marchĂ© de 30 % environ. En 1906, la France comptait 762 usines hydro-Ă©lectriques, comportant 239 753 chevaux-vapeur de puissance cumulĂ©e[8].

Seul problème, le prix du kilo d’aluminium a fortement baissĂ© pour tomber Ă  1,60 franc. De 6 000 tonnes en 1899, la production mondiale a plus que tripler en huit ans pour s’élever Ă  19 800 tonnes en 1907, dont 11 800 tonnes en Europe et 8 000 en AmĂ©rique du Nord. Le mĂ©tal connaĂ®t alors de nouveaux usages : on l’emploie de plus en plus comme fil conducteur d’électricitĂ©, plutĂ´t que le fil de cuivre dans l’installation des lignes de transport d’énergie Ă  haut voltage, car il est plus lĂ©ger. La sociĂ©tĂ© l’Énergie Ă©lectrique du littoral mĂ©diterranĂ©en a ainsi installĂ© quelques lignes d’essais « dont elle vante les rĂ©sultats satisfaisants »[8].

Entre-temps, en 1903, la jeune concurrente, la SEMF, a Ă©quipĂ© une nouvelle usine Ă  La Saussaz, près de Saint-Michel-de-Maurienne, puis l'usine de L'Argentière-la-BessĂ©e en 1910, la plus puissante usine hydroĂ©lectrique d'Europe, alimentĂ©e par quatre conduites forcĂ©es et dotĂ©e de dispositions qui permettaient d'utiliser une hauteur de chute de 173 mètres. Sa puissance est de 52 MW dès la crĂ©ation, mais l'Ă©nergie que la centrale fournit Ă  l'usine se rĂ©duit en hiver au quart de ce qu'elle est en Ă©tĂ©[9].

Au Pays du Mont-Blanc et dans les Pyrénées

La CPCA d'Adrien Badin s'intĂ©ressa de son cĂ´tĂ© Ă  la SociĂ©tĂ© des forces motrices de l'Arve qui, après avoir installĂ© sur les Centrales hydroĂ©lectriques de Passy de Chedde la fabrication des chlorates, entreprit celle de l'aluminium par le procĂ©dĂ© d'Ă©lectrolyse de Paul HĂ©roult, ainsi qu'Ă  sa filiale la SociĂ©tĂ© Ă©lectromĂ©tallurgique des PyrĂ©nĂ©es, installĂ©e Ă  Auzat. oĂą l'Ă©tang Fourcat est amĂ©nagĂ© en rĂ©servoir: avec les ruisseaux du Mounicou et de l'Artigue, il permit en 1917 de doubler la conduite forcĂ©e. Une seconde centrale plus petite, de 3 MW, fut construite sous les Étangs de Bassiès pour utiliser la partie supĂ©rieure de la chute de Bassiès, haute de 419 mètres et obtenir ainsi une puissance de 18 MW[10].

La période américaine

Pour dĂ©velopper la technologie française Ă  l'exportation, un groupement commercial et technique est crĂ©Ă© le : « L'Aluminium Français »[3], dont le programme est la crĂ©ation aux États-Unis d'une usine d'aluminium, face au gĂ©ant local Aluminium Company of America (Alcoa). L'Aluminium Français acquiert ou loue des propriĂ©tĂ©s et de chutes d'eau Ă  Whitney, près de Salisbury (Caroline du Nord) et y construit une puissante usine hydroĂ©lectrique de 50 MW et une usine d'aluminium produisant 15 000 tonnes de mĂ©tal, avec fabrique d'alumine, d'Ă©lectrodes, maisons ouvrières regroupĂ©es dans Badinville, du nom d'Adrien Badin, devenue depuis une ville importante sous le nom de Badin tout court[3].

La grande fusion de 1921

En 1921, la CPCA et la SEMF décident d'unir leurs efforts pour le développement de la production d'aluminium et fusionnèrent la Compagnie de Produits chimiques d'Alès, Froges et Camargue, qui contrôle la totalité du marché français et se rebaptise Péchiney en 1950.

Références

  1. « Une grande Compagnie industrielle française : PĂ©chiney », par Monique PĂ©rières - Revue de gĂ©ographie alpine -1955-
  2. Histoire de l'entreprise et des chefs d'entreprise en France : tome 5, L'Entreprise entre deux siècles (1880-1914), Première partie, Les rayons et les ombres, page 114, par Jean Lambert-Dansette - Éditions L'Harmattan -2009
  3. « Une grande Compagnie industrielle française : Péchiney », par Monique Périères - Revue de géographie alpine -1955-
  4. Maurienne : la vallée de l'aluminium, par Daniel Déquier - 1992 - page 216
  5. Chronologie sur Histalu
  6. Association française de l'aluminium
  7. L'industrie en Savoie, Blog de Louis Chabert
  8. La Vie ouvrière du 5 octobre 1909
  9. « L'usine de l'Argentière (Hautes-Alpes) » par Raoul Blanchard - Revue de gĂ©ographie alpine - 1950
  10. Les activités humaines dans la région d'Auzat-Vicdessos durant la période de 1848 à 1940
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.