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Commandant Azzedine

Commandant Azzedine, nom de guerre de Rabah Zerari, né le à Béjaia, est un officier de l'ALN durant la guerre d'indépendance de l'Algérie.

Commandant Azzedine
Rabah Zerari
Commandant Azzedine
Rabah Zerari en 1959.

Surnom Commandant Azzedine
Naissance
Béjaïa (Algérie)
Origine Algérie
Allégeance FLN
Arme Armée de libération nationale
Unité Wilaya IV
Grade Commandant
Années de service 1955 – 1962
Commandement Commando Ali Khoja
Adjoint chef de l'État-Major Général
(1960)
Chef de la nouvelle Zone autonome d'Alger
(1962)
Conflits Guerre d'Algérie
DĂ©cennie noire (1994-1999)
Faits d'armes Bataille de Bouzegza
Autres fonctions Membre du Conseil national de la Révolution algérienne
(1959-1962)
Chef des patriotes de 1994 Ă  1999 (4 000 volontaires)
Membre du Conseil de la nation
(1997)

Il est le chef de la compagnie zonale dite « Commando Ali Khodja Â» en wilaya IV qui combattit les commandos noirs du gĂ©nĂ©ral de Bollardière et le 3e RPC de Bigeard.

Biographie

Rabah Zerari naĂ®t le Ă  BĂ©jaia en Kabylie, son père le laisse orphelin Ă  trois ans, il est Ă©levĂ© par son frère aĂ®nĂ©, SaĂŻd, militant du Parti du peuple algĂ©rien (PPA). Sa foi dans la patrie algĂ©rienne est fortifiĂ©e par les violences du 8 mai 1945 Ă  BĂ´ne dont il est tĂ©moin. Livreur, puis garçon de cafĂ©. En 1954, Rabah Zerrari a vingt deux ans et une seule passion, le football. Ouvrier soudeur autogène et Ă  l'arc chez Caterpillar, Ă  Alger, pour un salaire mensuel de 18 000 francs, il ne se trouve pas « malheureux » et ne s'est jamais intĂ©ressĂ© Ă  la politique. Comme tout le monde, il a entendu parler des Ă©vĂ©nements du 1er novembre et, sans bien en comprendre la signification profonde, il suit les rĂ©cits des attentats et accrochages des Aurès que font les journaux algĂ©rois. Le 5 fĂ©vrier 1955, il est contactĂ© par un militant du Clos-Salembier, Abderrahmane Lahla, qui lui demande de participer Ă  la rĂ©volution. RĂŞvant de maquis, de sabotage de routes, Zerrari accepte. Mais comme, dans un premier temps, on ne lui demande que de cotiser pour 5 000 francs par mois, il est un peu déçu et insiste pour passer Ă  l'action. Sans attendre les ordres, il dĂ©cide de son propre chef d'attaquer au chalumeau le coffre-fort de l'usine Caterpillar oĂą il travaille. Interrompu par des Français armĂ©s de fusils de chasse, il prend la fuite mais il est atteint d'une balle Ă  un mollet, il se rĂ©fugie au Clos-Salembier, il rejoint ensuite le maquis en wilaya IV, il change d'identitĂ© et est formĂ© par le colonel Amar Ouamrane.

Dès l'Ă©tĂ© 1955, Rabah Zerari change son nom en Si Azzedine et est nommĂ© responsable politique du secteur de Zbarbar, près de Palestro. Il se fait remarquer par son esprit d'initiative pour faire payer les cotisations du FLN et monter des coups de main. ArrĂŞtĂ© le 14 juillet 1956 Ă  l'issue d'un combat dĂ©sespĂ©rĂ© oĂą son unitĂ© est encerclĂ©e, blessĂ© grièvement, il connaĂ®t de rudes conditions de dĂ©tention Ă  la prison de Tablat d'oĂą il s'Ă©vade en octobre en emportant un MAT 49, suivi de 13 dĂ©tenus[1]. NommĂ© responsable militaire Ă  la tĂŞte de 8 000 hommes de la rĂ©gion de AĂŻn Bessem, il monte avec succès une sĂ©rie d'embuscades qui le font reconnaĂ®tre comme un spĂ©cialiste de la guĂ©rilla[2]. Azzedine hĂ©rite, dĂ©but 1957, de la compagnie zonale dite « Commando Ali Khodja Â» dans la wilaya IV crĂ©Ă©e par Ali Khodja. Cette force spĂ©ciale est constituĂ©e de 120 hommes bien armĂ©s et aguerris, dont l'effectif monte jusqu'Ă  1 200. Azzedine combat contre les commandos noirs du gĂ©nĂ©ral de Bollardière, d'autant plus dangereux pour l'ALN qu'ils ne torturaient pas et gagnaient des sympathies parmi la population. Économe du sang de ses hommes qui l'admirent et qu'il entraĂ®ne pour le combat en montagne, il favorise les actions rapides. Refusant les exactions, il libère un prisonnier et respecte ses adversaires, dont les capitaines de spahis Lebel[2], père et fils, tuĂ©s respectivement les armes Ă  la main en avril et mai 1957. Après une victoire Ă  Oued Melah, une grande opĂ©ration est dĂ©clenchĂ©e contre lui ayant Ă  sa tĂŞte le colonel Bigeard et le 3e RPC. Le 23 mai 1957, au combat d'encerclement d'Agounnenda qui va jusqu’au corps Ă  corps, il laisse sur le terrain une partie de ses hommes qui se sacrifient pour couvrir le repli. De nouveau blessĂ© dĂ©but 1958, Azzedine se voit confier par le colonel Si M'Hammed le commandement militaire de la wilaya IV. Ce qui lui permet de conclure au bĂ©nĂ©fice de l'ALN l'affaire de la « Force K » par ralliement avec armes, de centaines de membres de cette tentative de contre-maquis. Très critique envers les « stratèges en chambre » qui nĂ©gligent, depuis la Tunisie, la logistique des katibas de l'intĂ©rieur, mĂ©fiant envers les purges du colonel Amirouche, le , Ă  nouveau blessĂ© (13 blessures en tout), il est fait prisonnier et est saluĂ© par des officiers du 3e RPIMA[2].

Feignant d'accepter les principes de la « paix des braves », reçu en soldat par le gĂ©nĂ©ral Massu[1], bien qu'ayant donnĂ© sa parole, il regagne le maquis. Après deux mois et demi de marche, il est porteur Ă  Tunis d'un appel au secours des wilayas. Membre de la dĂ©lĂ©gation algĂ©rienne en Chine en mai 1959, participant actif du Conseil national de la RĂ©volution algĂ©rienne (CNRA) de 1959 Ă  1962, adjoint au chef d'État-Major GĂ©nĂ©ral de l'ALN en 1960, il recrĂ©e, dĂ©but 1962, la Zone autonome d'Alger (ZAA) afin de tenir en Ă©chec l'OAS. Il aura des contacts frĂ©quents avec le prĂ©fet d'Alger Vitalis Cros et avec Michel Hacq, responsables de la « Mission C » pour la lutte contre l'OAS. Le 5 juillet, il dĂ©clare Alger ville ouverte alors qu'il est Ă  la tĂŞte de 12 bataillons avec un arsenal de 18 000 armes. PeinĂ© par les affrontements fratricides qui ensanglantent les premiers mois de l'indĂ©pendante durant la Crise de l’étĂ© 1962, il dĂ©cide de son plein grĂ© de quitter dĂ©finitivement l'armĂ©e de libĂ©ration et la vie politique. Ă€ 28 ans, il commence une nouvelle vie, se marie et fonde une famille.

Post-indépendance

Durant la « dĂ©cennie noire », et avec l'accord de l'ex-prĂ©sident Liamine Zeroual, l'ex-commandant Azzedine s'engage pour recruter des « patriotes », 4 000 volontaires pour combattre le Groupe islamique armĂ© (GIA).

Réapparu en 1997 après une longue absence, comme membre du conseil de la Nation, il démissionne peu après pour animer le CCDR. Il publie en 1976, On nous appelait fellagha, puis Et Alger ne brûla pas en 1980. Coscénariste du film algéro-français C'était la guerre, en avril 2006, il assume la postface de l'ouvrage de Claude Herbie, Ni héros, ni salauds, à propos de 55 témoignages des soldats français du contingent.

Lors de la commémoration du 50e anniversaire des accords d'Évian par la société des amis de L'Humanité à Paris le 13 mars 2012, le commandant Azzedine a déclaré « la Crise de l’été 1962 a été la source de tous nos maux, l'indépendance a commencé par un coup d'État.» Quant à l'écriture de l'histoire en Algérie sur la guerre d'indépendance, « ils veulent l'écrire avec une gomme et non avec un stylo », a-t-il ajouté.

Le , il est condamné par le tribunal de Chéraga à un an de prison avec sursis pour escroquerie et émission de chèques sans provision[3].

Le , il est condamnĂ© Ă  deux ans de prison ferme avec son gendre, 6 mois pour sa fille, et Ă  rembourser la somme de 380 millions de dinars algĂ©riens aux victimes des escroqueries[4].

Hommage de l'adversaire

Dans son livre de souvenirs, Pour une parcelle de gloire, le général Bigeard cite longuement, nommément, ceux qui ont montré de réelles qualités de soldat, vaillance, courage, rapidité de manœuvre : Laghrour Abbès dans les Nementchas, Mohammed le Balafré à Agounnenda et surtout le commandant Azzedine dont il dira[5] :

« Nous avons rencontré là un adversaire qui, surpris dans une sévère embuscade, réagit vite et courageusement. Il s'est même révélé capable après, quarante-huit heures d'isolement, de faire payer chèrement sa peau. On comprend qu'un tel groupement, commandé par de tels chefs, n'ait jusqu'ici remporté que des victoires. »

Cela explique sans doute la poignée de mains controversée qu'il échangea en direct à la télévision avec le commandant Azzedine[5].

Ĺ’uvres

  • On nous appelait fellaghas, rĂ©cit-tĂ©moignage, Paris, Stock, 1976.
  • Alger ne brĂ»la pas, rĂ©cit, Paris, Stock, 1980. (rĂ©Ă©ditĂ© Ă  Alger 1997).
  • C'Ă©tait la guerre, coauteur avec Jean-Claude Carrière, Plon, 1993
  • CoscĂ©nariste du film algĂ©ro-français : C'Ă©tait la guerre (1993)

Notes et références

  1. Commandant Azzedine : On nous appelait fellaghas, récit-témoignage, Paris Stock. 1976
  2. Pierre Dufour : 1947 - 2007 Parachutistes d'Infanterie de Marine
  3. Journal El Watan du 3 mars 2015.
  4. « Les Zerari condamnés à la prison et à verser 38 milliards de centimes aux victimes », sur liberte-algerie.com,
  5. Bigeard le colonel vedette, Historia, pp : 43-45, no 423, février 1982

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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