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Combattants volontaires internationaux

Les combattants volontaires internationaux sont des individus qui « quittent leur pays d’origine ou de rĂ©sidence pour prendre part Ă  un conflit (armĂ©) Ă  l’étranger en vertu d’une dĂ©cision personnelle, sans y ĂȘtre envoyĂ©s par leur gouvernement et sans avoir pour motivation principale l’espoir d’un gain matĂ©riel »[1]. Ces engagĂ©s volontaires doivent donc ĂȘtre distinguĂ©s Ă  la fois des mercenaires, qui sont des combattants de mĂ©tier entrant au service d’un État Ă©tranger principalement en vue d’en retirer un avantage personnel, des combattants prenant part volontairement Ă  un conflit Ă©tranger au sein d’un corps rĂ©gulier expĂ©diĂ© par leur gouvernement (Ă  l'instar de la lĂ©gion française et de la lĂ©gion britannique dans l’Espagne de la premiĂšre guerre carliste, ou du Corpo Truppe Volontarie envoyĂ© en Espagne par le gouvernement de Mussolini pour soutenir le gĂ©nĂ©ral Franco pendant la guerre civile de 1936-1939), ou encore des employĂ©s d’une sociĂ©tĂ© militaire privĂ©e fournissant ses services Ă  un gouvernement Ă©tranger.

Depuis le marquis de La Fayette, le plus connu des officiers français partis combattre aux cĂŽtĂ©s des insurgĂ©s amĂ©ricains lors de la guerre d’indĂ©pendance de 1777-1783, jusqu’aux combattants Ă©trangers ayant rejoint le thĂ©Ăątre des guerres civiles syrienne et irakienne, nombreuses ont Ă©tĂ© les incarnations de ce type de combattants volontaires qui ont laissĂ© une empreinte dans l’histoire des conflits Ă  l’époque contemporaine, tels que lord Byron, Giuseppe Garibaldi, George Orwell, Che Guevara ou encore Oussama Ben Laden. La typologie des conflits susceptibles d’attirer des combattants volontaires Ă©trangers montre une grande variĂ©tĂ© de situations: guerres de libĂ©ration ou d’indĂ©pendance, guerres civiles, rĂ©volutions et insurrections, rĂ©sistances Ă  une occupation, ou encore guerres mondiales. D’aprĂšs une estimation de D. Malet, la participation  de combattants volontaires Ă©trangers peut ĂȘtre documentĂ©e dans plus d’un conflit armĂ© civil sur cinq au cours de l’époque contemporaine (70 sur un total de 331 conflits armĂ©s civils identifiables pour la pĂ©riode allant de 1816 Ă  2005)[2].

En dĂ©pit de la rĂ©currence du phĂ©nomĂšne au cours de l’époque contemporaine, cette catĂ©gorie de combattants n’a fait l’objet d’aucune dĂ©finition ni rĂ©gulation juridiques particuliĂšres, ce qui la renvoie aux “zones grises” des conflits armĂ©s et du droit international humanitaire. Ce n’est que dans les annĂ©es 2010, en rĂ©action Ă  l’afflux de combattants Ă©trangers pendant les guerres civiles syrienne et irakienne et en lien avec les prĂ©occupations face au terrorisme international, que la question a attirĂ© l’attention croissante des experts en droit international[3] - [4]. Les combattants volontaires internationaux sont rĂ©guliĂšrement au centre de dĂ©bats et de polĂ©miques touchant Ă  diverses dimensions de leur engagement: l’interprĂ©tation de leurs motivations, la lĂ©gitimitĂ© de leur implication dans un conflit Ă©tranger, leur part dans les violences armĂ©es, leur impact sur les Ă©quilibres internationaux ou encore l’attitude que leur État d’origine doit adopter envers eux.

Histoire du volontariat armé international

Époques mĂ©diĂ©vale et moderne

Il est possible de voir une forme de volontariat armĂ© international, dans les temps anciens, avec le “pĂšlerinage armĂ©â€ des CroisĂ©s partis rĂ©tablir l’accĂšs des pĂšlerins Ă  la Terre sainte, puis avec les ordres de moines-soldats crĂ©Ă©s pour leur protection comme les Templiers ou les Hospitaliers. Par ailleurs, certaines expĂ©riences d’engagement mercenaire montrent les limites poreuses entre mercenariat et motivations politiques ou religieuses. L’itinĂ©raire biographique de l’Anglais Guy Fawkes (1570-1606) en est l’illustration: avant de se mettre au service du roi d’Espagne pour se battre contre les protestants des Provinces-Unies, il s’était converti au catholicisme et avait quittĂ© l’Angleterre Ă©lisabĂ©thaine oĂč les catholiques Ă©taient persĂ©cutĂ©s; il se rendit ensuite en Espagne pour plaider en faveur d’une aide Ă  la rĂ©bellion des catholiques anglais et, aprĂšs son retour en Angleterre, participa Ă  une tentative infructueuse d’attentat contre la famille royale qui lui coĂ»ta la vie. Les rĂ©giments irlandais catholiques qui ont servi dans l’armĂ©e espagnole des Flandres pendant la guerre de Quatre-Vingts Ans Ă©taient Ă©galement motivĂ©s en partie par des motivations religieuses et par l’espoir d’obtenir l’appui de l’Espagne catholique contre la domination anglaise protestante en Irlande; aprĂšs la rĂ©volte irlandaise de 1641, beaucoup de ces mercenaires rentrĂšrent sur l’üle, Ă  l’exemple de Eoghan Ruadh Ó NĂ©ill et Hugh Dubh O'Neill, pour y combattre en faveur de l’indĂ©pendance.

Émergence de la figure moderne du combattant volontaire international à la fin du XVIIIe s.

La notion de combattant volontaire international ne prend cependant tout son sens qu’à partir de la fin du XVIIIe s., sous l’effet des mutations militaires, politiques et idĂ©ologiques propres Ă  la transition entre Ă©poques moderne et contemporaine. La montĂ©e idĂ©ologique du nationalisme et l’affirmation du monopole de l’État sur le service militaire ont paradoxalement crĂ©Ă© les conditions pour l’émergence de la figure du combattant volontaire Ă©tranger. L’affirmation du modĂšle de milice citoyenne, avec l’armĂ©e continentale formĂ©e en 1775 par les colonies amĂ©ricaines insurgĂ©es puis l’armĂ©e nationale rĂ©organisĂ©e par la RĂ©volution française en 1791, en induisant une nationalisation du service militaire, plaidait contre le recours au recrutement de soldats Ă©trangers. DĂšs la seconde moitiĂ© du siĂšcle, des États avaient cherchĂ© Ă  limiter l’emploi de troupes mercenaires qui avait caractĂ©risĂ© les armĂ©es de l’ancien rĂ©gime et qui s’était mĂȘme renforcĂ© sous l’effet de l’augmentation rĂ©guliĂšres des effectifs militaires depuis le dĂ©but du siĂšcle[5]. ParallĂšlement s’est affirmĂ©e avec les rĂ©volutions une nouvelle vision du service militaire, assimilĂ© Ă  la citoyennetĂ© et Ă  la dĂ©fense de la collectivitĂ© ou Ă  une cause abstraite (la libertĂ©), encouragĂ©e par la propagande des États rĂ©volutionnaires. En retraçant l’histoire des engagĂ©s volontaires de la Grande Guerre, George L. Mosse met ainsi en avant l’émergence, au cours de l’époque rĂ©volutionnaire, d’un nouveau “mythe de l’expĂ©rience de la guerre” qui construit la guerre comme un Ă©vĂ©nement chargĂ© de sens, en confiant au soldat “la tĂąche sacrĂ©e” de dĂ©fendre la nation ou la libertĂ©, jusqu’à produire une vĂ©ritable religion civile de la guerre[6].

Ce nouveau contexte culturel a modifiĂ© la perception des combattants Ă©trangers et de la lĂ©gitimitĂ© de l’implication d’étrangers dans un conflit armĂ©. A la diffĂ©rence du mercenaire, le volontaire Ă©tranger ne se met pas Ă  la solde d’un prince par appĂąt du gain mais s’engage par adhĂ©sion idĂ©aliste Ă  une cause qu’il estime juste et universelle: il constitue donc une entorse tolĂ©rable, voire louable, au principe d’armĂ©e nationale et citoyenne. Le mythe qui s’est formĂ© sur le marquis de La Fayette aprĂšs sa participation Ă  l’insurrection amĂ©ricaine, en Europe comme aux États-Unis, constitue une des premiĂšres incarnations de cette figure idĂ©ale de combattant volontaire international: celui dont les services n’avaient Ă©tĂ© initialement acceptĂ©s par le CongrĂšs qu’avec rĂ©serve fut cĂ©lĂ©brĂ©, aprĂšs sa participation Ă  la guerre d’indĂ©pendance amĂ©ricaine, comme le champion hĂ©roĂŻque et dĂ©sintĂ©ressĂ© de la lutte pour la libertĂ©; son sĂ©jour aux États-Unis en 1824-1825, en tant qu'“hĂŽte de la Nation”,  fut dĂ©crit par les observateurs contemporains comme un vĂ©ritable “jubilĂ© de la libertĂ©â€[7].

Trois vagues de volontariat armĂ© international au fil de l’époque contemporaine

Au fil de l’époque contemporaine, l’affirmation de grandes idĂ©ologies au centre des affrontements socio-politiques et l’internationalisation croissante des conflits ont crĂ©Ă© les conditions favorables Ă  l’essor du volontariat armĂ© international. Nir Arielli propose de distinguer trois grandes vagues de conflits susceptibles d’attirer des combattants volontaires internationaux, suivant des critĂšres essentiellement idĂ©ologiques[8]:

Cette catĂ©gorisation ne fournit qu’un cadre schĂ©matique pour rĂ©partir les diffĂ©rentes expĂ©riences de volontariat armĂ© international en insistant sur leur dimension idĂ©ologique replacĂ©e dans un contexte culturel et politique plus gĂ©nĂ©ral. Certaines expĂ©riences historiques dĂ©bordent les limites chronologiques ou analytiques de cette classification. On trouve ainsi des dimensions religieuses et civilisationnelles dans les conflits du XIXe s. L’élan de solidaritĂ© europĂ©en envers les Grecs insurgĂ©s contre l’Empire ottoman dans les annĂ©es 1820 impliquait chez de nombreux volontaires une dimension religieuse (l’émancipation d’un peuple chrĂ©tien vis-Ă -vis d’une puissance musulmane) ou civilisationnelle (le retour en Europe de la GrĂšce, berceau de la civilisation classique, contre un Orient jugĂ© despotique et barbare), voire une rĂ©miniscence des croisades du Moyen Âge[9]. Un “mythe de la croisade slave” se retrouve Ă©galement dans la mobilisation patriotiques des Russes en faveur des Slaves des Balkans contre l’Empire ottoman, en 1877[10]. Dans les annĂ©es 1860, le pape Pie IX fit  appel Ă  la dĂ©votion religieuse envers l’Église de Rome pour inciter les catholiques Ă  se porter volontaires dans son armĂ©e et dĂ©fendre l’État pontifical contre le mouvement nationaliste italien, notamment parmi les Zouaves pontificaux. Dans d’autres conflits, les grandes divisions idĂ©ologiques du moment ont moins comptĂ© que les enjeux locaux, territoriaux ou ethniques. Ainsi lors de la guerre israĂ©lo-arabe de 1948-1949, l’engagement de soldats Ă©trangers dans les deux camps - au sein du Mahal et de l’ArmĂ©e de libĂ©ration arabe - s’inscrivait dans un affrontement culturel et religieux liĂ© au conflit local entre IsraĂ«l et ses voisins arabes, autour du projet sioniste d’État juif en Palestine, bien plus que dans les enjeux politiques et stratĂ©giques propres au contexte des dĂ©buts de la Guerre Froide. L’afflux de volontaires pro-russes ou pro-ukrainiens dans la guerre du Donbass de 2014 dĂ©montre enfin que ni les solidaritĂ©s nationalistes ni les enjeux gĂ©opolitiques d’une confrontation globale entre l’Occident et la Russie n’ont disparu dans cette rĂ©gion Ă  la suite de l’effondrement du bloc soviĂ©tique[11].

Comprendre l’engagement armĂ© volontaire: les motivations au dĂ©part

Motivations idéalistes

La dĂ©finition du combattant volontaire international met en avant une dĂ©cision personnelle d’engagement fondĂ©e sur des motivations non-exclusivement matĂ©rielles.  Parmi les valeurs ou idĂ©aux auxquels les volontaires armĂ©s internationaux peuvent se rĂ©fĂ©rer figurent les solidaritĂ©s politiques, idĂ©ologiques ou religieuses envers l’un des camps en lutte, ou encore l’appartenance ethnique ou culturelle commune avec un groupe belligĂ©rant (notamment au sein d’une diaspora). On trouve des engagements armĂ©s volontaires en lien avec la plupart des grandes idĂ©ologies politiques contemporaines (libĂ©ralisme, nationalisme, monarchisme contre-rĂ©volutionnaire, anarchisme, socialisme, communisme, fascisme, traditionalisme (franquisme)) et avec les trois grandes religions monothĂ©istes (christianisme, islam, judaĂŻsme).

Un conflit est ainsi plus susceptible de susciter l’implication de volontaires Ă©trangers lorsqu’il ne porte pas uniquement sur la prise du pouvoir par l’une ou l’autre des factions en lutte, mais sur des enjeux gĂ©nĂ©raux tels que la structure sociale, l’idĂ©ologie ou la religion, dans lesquels des acteurs extĂ©rieurs peuvent se reconnaĂźtre[12]. Une des sources du volontariat armĂ© international rĂ©side dans l’internationalisme et ses diverses incarnations historiques. La mĂ©moire historique d’une aide reçue dans le passĂ© peut inspirer un volontariat fondĂ© sur l’idĂ©e d’une dette de gratitude, comme dans le cas des volontaires amĂ©ricains au service de la France pendant la Grande Guerre. Pour certains volontaires français partis en Afrique du Sud, la rĂ©sistance des Boers n’était pas sans rappeler les guerres de VendĂ©e[13]. Le sentiment de proximitĂ©, qu’il soit idĂ©ologique ou gĂ©ographique, joue donc un rĂŽle fondamental dans l’engagement armĂ© volontaire Ă  l’étranger.

Des engagĂ©s volontaires peuvent alors voir dans la participation Ă  un conflit civil Ă©tranger l’occasion de faire avancer leur propre cause dans leur pays d’origine ou au niveau international, voire le substitut ou la prolongation d’un combat menĂ© dans le pays d’origine. En cherchant Ă  recruter des officiers lĂ©gitimistes français au service du roi Michel Ier du Portugal, le marĂ©chal de Bourmont affirmait ainsi qu’il fallait soutenir un monarque qui Ă©tait dans son pays le champion des principes « d'ordre » et « d'autoritĂ© » en face du libĂ©ralisme envahissant, menaçant l’Espagne voisine (“Allons dĂ©truire les brandons rĂ©volutionnaires jetĂ©s Ă  Porto !”), mais aussi parce qu’en “affermissant sur son trĂŽne un prince tout dĂ©vouĂ© Ă  la cause de Henri V” (le prĂ©tendant français) ils serviraient “les intĂ©rĂȘts de la lĂ©gitimitĂ© en France” en assurant Ă  ce dernier “l'appui moral d'une tĂȘte couronnĂ©e et l'appui de forces militaires lorsque les circonstances le permettr[aie]nt”[14].

Soif d'aventures, opportunisme ou facteurs psychologiques

Toutefois, l’idĂ©alisme ou la poursuite d’objectifs idĂ©ologiques ne sont pas les seuls dĂ©terminants identifiables dans l’engagement volontaire international. Gilles PĂ©cout, en Ă©voquant le volontariat armĂ© international dans la MĂ©diterranĂ©e du XIXe s., rappelle que l’engagement dans un conflit Ă©tranger pouvait ĂȘtre “vu comme une aventure dans laquelle l’exotisme et la fiĂšvre de l’aventure Ă©taient importants, et avec ça, l’influence d’une passion virile pour la chose martiale”[15].

L’engagement en faveur d’une cause n’exclut pas non plus des motivations personnelles et matĂ©rielles: espoir d’amĂ©liorer son statut, son image publique et ses conditions personnelles en prenant part Ă  un conflit au sein d’une armĂ©e organisĂ©e; volontĂ© d’échapper Ă  la misĂšre, au chĂŽmage ou Ă  des persĂ©cutions; nĂ©cessitĂ© de quitter le pays d’origine ou de rĂ©sidence. En 1835, l’élan de mobilisation en faveur de la rĂ©volution texane dans de nombreux États amĂ©ricains s’expliquait non seulement par la solidaritĂ© envers une cause d’indĂ©pendance et les colons “amĂ©ricains” ainsi que par la crainte des rĂ©percussions de la lutte menĂ©e au Mexique par le prĂ©sident Santa Anna contre l’esclavagisme, mais aussi par la crise Ă©conomique qui frappait alors les États-Unis, notamment dans le secteur agricole, et par la crainte de voir se fermer un dĂ©bouchĂ© essentiel pour la poursuite de l’expansion vers l’Ouest; le gouvernement rĂ©volutionnaire texan encouragea d’ailleurs le recrutement volontaire en promettant la distribution de vastes surfaces de terres arables aux combattants[16]. Nombreux sont parmi les engagĂ©s volontaires les anciens militaires motivĂ©s Ă  la fois par des raisons politiques et par le dĂ©sir de retourner dans la carriĂšre des armes, Ă  l’exemple des vĂ©tĂ©rans des guerres napolĂ©oniennes et de la guerre anglo-amĂ©ricaine de 1812 dans les guerres d’indĂ©pendance hispano-amĂ©ricaines, puis l’Espagne, la GrĂšce, la pĂ©ninsule italienne, la Belgique et la Pologne[17]. En s’adressant aux officiers lĂ©gitimistes qui s'Ă©taient retirĂ©s du service, de grĂ© ou de force, Ă  la suite de la rĂ©volution de 1830, le marĂ©chal de Bourmont prĂ©sentait l’engagement au service du roi du Portugal comme  “le moyen de procurer Ă  nos amis politiques que le malheur des temps a obligĂ©s de briser leur Ă©pĂ©e, de quitter leur pays, un azyle (sic), des secours, et mĂȘme une carriĂšre militaire”[14].

Des explications d’ordre psychologique peuvent Ă©galement ĂȘtre avancĂ©es pour expliquer des dĂ©cisions d’engagement: attrait pour la violence et la mort, volontĂ© d’échapper Ă  un malaise ou Ă  la dĂ©pression, frustration, rupture avec l’environnement familial ou social et “radicalisation”. D’aprĂšs un groupe de chercheurs mandatĂ©s par le Belspo sur la “formation de l'extrĂ©misme violent”, “les raisons (impĂ©rieuses) (...) pour rejoindre des groupes extrĂ©mistes sont souvent de nature sociale et reposent sur des sentiments d’indignation et de perte de repĂšres”. Ainsi, “au lieu de se concentrer sur les motivations et l’idĂ©ologie”, ces chercheurs estiment que “l’attention devrait se porter sur les questions structurelles, les processus de groupe et les tensions individuelles ressenties”, qui constituent selon eux “le terreau de la radicalisation violente”. “Les personnes en quĂȘte d’inclusion sociale, d’identitĂ©/de sens et qui connaissent l’injustice” seraient ainsi “particuliĂšrement sensibles Ă  l’extrĂ©misme violent.” Des enquĂȘtes sur les motivations des volontaires Ă©trangers en Irak et en Syrie, notamment Ă  partir d’entretiens, aboutissent cependant Ă  des conclusions contrastĂ©es sur l’importance respective Ă  accorder aux conditions Ă©conomiques et sociales, aux prĂ©occupations existentielles ou psychologiques, et aux dimensions idĂ©ologiques ou religieuses[18].

Le discours des recruteurs

Face Ă  la difficultĂ© Ă  saisir les motivations personnelles des combattants, David Malet propose de se concentrer sur le discours par lequel les recruteurs s’efforcent de recruter des combattants Ă©trangers[2]. Dans un conflit, chaque camp belligĂ©rant cherche en effet Ă  contrĂŽler les ressources essentielles pour pouvoir s’imposer. Parmi elles figure la communication autour de sa lutte afin de convaincre un maximum de personnes de la justesse de sa cause, dans le pays comme Ă  l’étranger. Cette nĂ©cessitĂ© est surtout ressentie par les groupes en rĂ©bellion contre un État ou en situation d’infĂ©rioritĂ©. En voulant attirer l’attention internationale sur leur combat et leurs conditions, la stratĂ©gie de communication de ces groupes repose frĂ©quemment sur le recrutement de volontaires Ă©trangers, opĂ©rĂ© dans des pays plus ou moins Ă©loignĂ©s de la zone de conflit, directement ou indirectement par l’intermĂ©diaire d’agents ou de cellules de recrutement. On peut alors observer deux stratĂ©gies de communication visant Ă  susciter des recrutements:

  • En visant directement des personnes susceptibles de rejoindre la cause en vertu de liens plus ou moins Ă©loignĂ©s avec le groupe engagĂ© dans le conflit, que ce soit en terme d’ethnicitĂ©, de religion ou d’idĂ©ologie. Dans ce cadre, “le recrutement s’opĂšre au travers des rĂ©seaux sociaux des communautĂ©s transnationales [...] afin d’activer un sentiment d’obligation ou de devoir envers la communautĂ©â€[2]. En plus d’invoquer les valeurs ou idĂ©aux partagĂ©s, les recruteurs appuient alors sur l’idĂ©e que leur communautĂ© est sous le joug d’une menace existentielle et qu’ils ont besoin d’aide pour survivre, en insistant le plus souvent sur un message d’auto-dĂ©fense. En s’appuyant sur une rhĂ©torique de justice et de solidaritĂ©, les recruteurs cherchent Ă  soulever les Ă©motions d’empathie, d’indignation ou de colĂšre du public visĂ©.
  • En se rapprochant de gouvernements ou de personnalitĂ©s publiques trĂšs actives au sein de leurs communautĂ©s, pour les transformer en porte-parole influents susceptibles de lĂ©gitimer et populariser la cause des recruteurs.

Les combattants volontaires internationaux dans les conflits armés

Effectif et rĂŽle militaire

L’impact de l’implication de combattants volontaires Ă©trangers dans le dĂ©roulement et l’issue des conflits armĂ©s est relativement limitĂ© sur le plan strictement militaire. Avec des effectifs trĂšs variable - Ă  peine un millier sans doute dans la GrĂšce en lutte pour son indĂ©pendance dans les annĂ©es 1820[19], contre 7.000 dans les Zouaves pontificaux dans les annĂ©es 1860[20] ou 32.000 Ă  35.000 dans les Brigades internationales pendant les trois annĂ©es de la guerre civile espagnole[21] - les bataillons de volontaires Ă©trangers ne reprĂ©sentent dans tous les cas qu’une faible proportion de l’ensemble des effectifs combattants. Rares sont les batailles dans lesquelles les troupes volontaires Ă©trangĂšres ont vĂ©ritablement pesĂ© dans la balance. Le rĂŽle substantiel jouĂ© par les brigades internationales dans la dĂ©fense de Madrid ou la bataille de Guadalajara sont plutĂŽt des exceptions, liĂ©es aux effectifs importants de cette force et Ă  l’expĂ©rience militaire acquise par une partie des brigadistes lors de la PremiĂšre Guerre mondiale. Les combattants volontaires sont frĂ©quemment cantonnĂ©s dans des positions marginales et symboliques.

Mythe et réalités du terrain

L’intĂ©gration des volontaires Ă©trangers dans les troupes combattantes est souvent pavĂ©e d’obstacles. Les autoritĂ©s militaires et civiles se montrent parfois rĂ©ticences face Ă  des individus dĂ©pourvus d’expĂ©rience militaire ou soupçonnĂ©s d’opportunisme. Ainsi, le CongrĂšs amĂ©ricain ne montra initialement pas grand enthousiasme face Ă  l’arrivĂ©e de volontaires europĂ©ens, parfois de haut-rang social, montrant de grandes exigences et ne parlant pas l’anglais. La Fayette alla jusqu’à proposer de servir Ă  ses frais comme simple soldat pour faire se faire accepter dans les rangs de l’armĂ©e amĂ©ricaine[22]. Les volontaires italiens qui voulaient se battre au service de la France sous la banniĂšre de Garibaldi rencontrĂšrent de grandes difficultĂ©s de la part du gouvernement français qui, aprĂšs les combats meurtriers de l’Argonne, s’empressa de dissoudre leur rĂ©giment en prĂ©textant leur indiscipline, au nom d’un discours conservateur et italophobe[23]. Les combattants Ă©trangers sont parfois Ă©galement en butte Ă  la mĂ©fiance ou Ă  l’hostilitĂ© des combattants locaux. Robert de Kersauson, jeune Breton engagĂ© en juin dans les corps Ă©trangers en Afrique du Sud pendant la guerre anglo-boers (1899-1900), se rappelle que « l’attitude des Boers Ă  l’égard des volontaires venus de l’étranger Ă©tait incomprĂ©hensible et parfois blessante »: les volontaires Ă©taient un peu mĂ©prisĂ©s en raison de leur ignorance du veld et celle de la langue afrikaaner qui les obligeait Ă  employer l’anglais, la langue de l’ennemi[24]. Au sein du Mahal israĂ©lien, les diffĂ©rences de rĂ©munĂ©ration et de condition de vie entre volontaires Ă©trangers et soldats locaux ont engendrĂ© de nombreuses tensions, en particulier dans l’armĂ©e de l’air oĂč la prĂ©dominance d’officiers Ă©trangers entraĂźna le choix de l’anglais comme langue opĂ©rationnelle au dĂ©triment de l’hĂ©breu.

Les combattants Ă©trangers trouvent souvent sur le terrain une rĂ©alitĂ© diffĂ©rente de celle qu’ils attendaient et en retirent des dĂ©ceptions. HervĂ© Mazurel rappelle que, « sur le thĂ©Ăątre des opĂ©rations », les volontaires philhellĂšnes ont trouvĂ© en GrĂšce un « art de la guerre » menĂ© par des bandes armĂ©es dont les chefs - souvent d’anciens bandits ou klephtes - poursuivaient des objectifs personnels -, trĂšs Ă©loignĂ© de leur expĂ©rience (pour beaucoup formĂ©e durant les guerres napolĂ©oniennes) et de leurs attentes, et que beaucoup condamnaient[25]. Quelques volontaires versĂšrent dans le mishellĂ©nisme, Ă  l’instar de Louis de Bollmann qui, de retour en France, publie un pamphlet dans le but de “de dĂ©sabuser la jeunesse qui serait disposĂ©e Ă  faire la mĂȘme sottise que moi, sur le sort qui l’attend en GrĂšce” (Remarques sur l’état moral, politique et militaire de la GrĂšce, Ă©crites sur les lieux, Marseille, 1822)[26].

Pour David Thomson, 90 % des retours de “Français jihadistes” revenus d’Irak ou de Syrie “sont justifiĂ©s par la dĂ©ception ou la fatigue”[27]. Plusieurs enquĂȘtes rĂ©alisĂ©es Ă  partir des tĂ©moignages de volontaires revenus au Canada mettent en avant “cinq grands motifs au retour qui illustrent typiquement les dĂ©ceptions exprimĂ©es par les dĂ©partants occidentaux”: le constat de dĂ©sillusion face aux discours et aux actions des groupes jihadistes en Syrie ou en Irak et le contraste frappant entre le discours officiel projetĂ© par les groupes jihadistes et la rĂ©alitĂ© de leurs actions; les tensions culturelles et sentiment de rejet par les populations locales; le mĂ©contentement face au rĂŽle attribuĂ© au sein des groupes armĂ©s; les conditions de vie rudes et spartiates; l’échec militaire de l’Etat islamique, la peur de mourir et la volontĂ© de fuir les combats[28]. Le mĂȘme constat peut ĂȘtre dressĂ© au sujet des volontaires partis d’Europe d’aprĂšs une analyse du Soufan Center[29]. À la dĂ©ception vis-Ă -vis de l’organisation et du projet de l’Etat islamique peut s’ajouter chez certains volontaires, dans la motivation au dĂ©part,   “le poids de la honte gĂ©nĂ©rĂ©e par une confrontation, directe ou non, avec leurs propres actes. Ceci est particuliĂšrement vrai concernant les combattants qui furent tĂ©moins d’exĂ©cutions, d’atrocitĂ©s, et prĂ©sentent parfois tous les symptĂŽmes du stress post-traumatique”[30].

Impact symbolique sur la scĂšne internationale

Si le rĂŽle militaire des combattants Ă©trangers est limitĂ©, la prĂ©sence et la mort des volontaires Ă©trangers ont en revanche un fort Ă©cho symbolique, notamment auprĂšs de l’opinion publique Ă©trangĂšre, contribuant Ă  attirer l’attention internationale sur le conflit et ses combattants. L’arrivĂ©e et la mort en 1824 de Lord Byron durant le siĂšge de Missolonghi (non pas dans les combats mais Ă  cause d’une fiĂšvre contractĂ©e lors de ses courses Ă  cheval quotidiennes dans les marais entourant la ville) eurent un Ă©norme retentissement en Europe et contribuĂšrent grandement Ă  la diffusion du philhellĂ©nisme dans les opinions publiques[31], qui poussa trois ans plus tard les puissances française, britannique et russe Ă  intervenir dans le conflit par le traitĂ© de Londres (1827). La prĂ©sence de volontaires parmi les dĂ©fenseurs du fort Alamo (environ la moitiĂ©) qui trouvĂšrent la mort lors du siĂšge par les troupes mexicaines entraĂźna un nouvel afflux de volontaires et reprĂ©senta un tournant dans le cours de la rĂ©volution texane. Les survivants du rĂ©giment garibaldien, dĂ©cimĂ© dans la bataille de l’Argonne, une fois rapatriĂ©s en Italie, se firent les propagandistes de l’intervention italienne dans la Grande Guerre aux cĂŽtĂ©s de la France, oĂč l’engagement meurtrier des volontaires avait fait l’objet d’un matraquage mĂ©diatique par le camp interventionniste[23].

Opinions et États face aux volontaires internationaux

Les interdictions lĂ©gales Ă  l’engagement armĂ© Ă  l’étranger

L’engagement armĂ© de ressortissants dans un conflit Ă©tranger, qu’il s’agisse de mercenariat ou de volontariat, est gĂ©nĂ©ralement vu par les Etats contemporains comme une activitĂ© dangereuse soit pour l’état de droit, soit pour la stabilitĂ© internationale, et de ce fait rĂ©prouvĂ©e ou rĂ©primĂ©e par la loi[32]. Il existe cependant une grande variĂ©tĂ© de situations et de cadres lĂ©gislatifs. Le mercenariat ne figure pas parmi les infractions Ă©numĂ©rĂ©es par l'article 85 du protocole I du 8 juin 1977 additionnel aux conventions de GenĂšve du 12 aoĂ»t 1949 qui offre la premiĂšre dĂ©finition en droit international du mercenaire. La convention internationale du 4 dĂ©cembre 1989 contre le recrutement, l'utilisation, le financement et l'instruction de mercenaires, adoptĂ©e par consensus par l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies, n'est entrĂ©e en vigueur que fin 2001 et n’a Ă©tĂ© ratifiĂ©e que par vingt-quatre États (dont deux seulement de l’Union europĂ©enne)[33].

Certains pays interdisent les engagements ou les recrutements effectuĂ©s sur leur territoire et non le simple fait d'ĂȘtre un mercenaire, Ă  l’instar des Etats-Unis Ă   travers l'U.S. Neutrality Act de 1937. La plupart des États cherchent cependant Ă  Ă©tablir des limites Ă  l’engagement armĂ© de leurs ressortissants Ă  l’étranger, en le soumettant Ă  une autorisation ou Ă  des exclusions diverses. En France, le Code civil Ă©tablit dans son article 23.8 que “perd la nationalitĂ© française le Français qui, occupant un emploi dans une armĂ©e ou un service public Ă©tranger ou dans une organisation internationale dont la France ne fait pas partie ou plus gĂ©nĂ©ralement leur apportant son concours, n'a pas rĂ©signĂ© son emploi ou cessĂ© son concours nonobstant l'injonction qui lui en aura Ă©tĂ© faite par le Gouvernement”[34]. L’origine de cette interdiction remonte au Code civil de 1804 qui Ă©tablissait dans son article 21 que “le Français qui, sans autorisation du Gouvernement, prendrait du service militaire chez l’étranger, ou s’affilierait Ă  une corporation militaire Ă©trangĂšre, perdra sa qualitĂ© de Français”, et cette mesure Ă©tait assortie de sanctions prĂ©vues par les articles 84 et 85 du Code pĂ©nal (peines de bannissement ou de dĂ©portation)[35]. Dans la pratique cependant, les gouvernements français se sont gardĂ© une certaine latitude dans l’application de cette interdiction. Ainsi les volontaires philhellĂšnes de retour en France “doivent attendre, quelquefois plusieurs mois, les rĂ©sultats de l'enquĂȘte de police”, mais “tous finissent par ĂȘtre autorisĂ©s, dĂšs qu'un parent apporte sa caution, Ă  retourner dans leur dĂ©partement d'origine, avec interdiction pour les provinciaux de se rendre Ă  Paris”[19]. D’aprĂšs Alexandre Dupont, le refus d’appliquer la dĂ©chĂ©ance de nationalitĂ© aux volontaires partis se battre en Espagne pendant la seconde guerre carliste de 1872-1876 peut s’expliquer par “la volontĂ© de ne pas donner au volontariat plus d’importance qu’il n’en a”, ainsi que par “la sĂ©dimentation d’une pratique judiciaire concernant les volontaires engagĂ©s dans des armĂ©es non reconnues” (notamment au moment du prĂ©cĂ©dent de la premiĂšre guerre carliste (1833-1840)). La menace de la dĂ©chĂ©ance de nationalitĂ© serait donc “un outil rhĂ©torique Ă  usage interne et diplomatique”, destinĂ© Ă  dĂ©courager de nouveaux dĂ©parts et Ă  donner des gages de bonne volontĂ© Ă  l’attention du gouvernement belligĂ©rant et des autres puissances Ă©trangĂšres[36].

D’autres pays prĂ©sentent une attitude similaire. Au Royaume-Uni, le  Foreign Enlistment Act de 1819 et le Foreign enlistment Act de 1870 interdisent aux citoyens britannique toute activitĂ© de recrutement ou service militaire pour un État Ă©tranger, mais cette disposition n’a jamais Ă©tĂ© appliquĂ©e et apparaĂźt aujourd’hui largement dĂ©suĂšte[37]. En Belgique, la loi du 1er aoĂ»t 1979 “concernant les services dans une armĂ©e ou une troupe Ă©trangĂšre se trouvant sur le territoire d'un État Ă©tranger”, interdit le recrutement en Belgique ainsi que l'engagement de ressortissants belges en vue de servir dans une armĂ©e ou une troupe Ă©trangĂšre se trouvant sur le territoire d'un Etat Ă©tranger, “en dehors de l'assistance technique militaire accordĂ©e Ă  un État Ă©tranger par le Gouvernement belge”, mais prĂ©voit une sĂ©rie d’exceptions[38], mais n’a jamais reçu de dĂ©cret d’application. Une exception est la Suisse, oĂč la lĂ©gislation fĂ©dĂ©rale suisse interdit depuis 1859 aux ressortissants suisses de prendre du service militaire Ă  l'Ă©tranger sans l’autorisation du Conseil fĂ©dĂ©ral, et exclusivement “en vue de l’instruction militaire” (sans prendre part aux combats), la seule exception prĂ©vue concernant la Garde suisse du Vatican, et oĂč l’application de la loi a effectivement conduit Ă  17 condamnations entre 1994 et 2000[32].

Dans les annĂ©es 2000, dans le contexte de l’afflux de volontaires occidentaux en Irak et en Syrie et de crainte de collusion avec le terrorisme international, certains États ont manifestĂ© la volontĂ© de durcir leurs dispositions face Ă  la participation de leurs ressortissants Ă  des actions violentes Ă  l’étranger. En France, la loi du 14 mars 2003 relative Ă  la rĂ©pression de l'activitĂ© de mercenaire s’appuie sur une dĂ©finition Ă©troite du mercenariat en condamnant toute personne prenant part Ă  un conflit Ă©tranger pour prendre une part directe aux hostilitĂ©s “en vue d'obtenir un avantage personnel ou une rĂ©munĂ©ration importants”[39]. En 2014, la Chambre des lords britanniques a examinĂ© un amendement au  Foreign Enlistment Act de 1870 proposant de crĂ©er un dĂ©lit pour punir tout citoyen britannique ayant participĂ© en tant que combattant Ă  un conflit armĂ©, ou ayant incitĂ© tout autre sujet britannique Ă  participer comme combattant Ă  un conflit armĂ© contre un État Ă©tranger en paix avec le Royaume-Uni, et d’édicter une sĂ©rie de peines (amende et dĂ©tention, ou l'une de ces peines; confiscation de tout passeport britannique dĂ©tenu par la personne; privation de citoyennetĂ©)[40]. Lord Marlesford, son rapporteur, justifiait au nom de la lutte contre “l’expansion des groupes djihadistes islamistes” et leur “dĂ©termination Ă  amener le terrorisme en Occident”, qui faisaient Ă  ses yeux porter “une menace croissante pour la stabilitĂ© et l'avenir des citoyens [britanniques]”. NĂ©anmoins, l’amendement a Ă©tĂ© retirĂ© Ă  la demande du gouvernement qui pointait plusieurs difficultĂ©s (celle de faire la distinction entre Ă©tat de paix et de guerre, et celle de prouver qu’un individu a pris part aux hostilitĂ©s Ă  l’étranger) et son inutilitĂ© pratique[40].

Le sort des volontaires prisonniers

Lorsqu’ils ne sont pas intĂ©grĂ©s dans une armĂ©e rĂ©guliĂšre, les volontaires en armes n’ont, pas plus que les mercenaires, pas droit au statut de combattants ni de prisonniers de guerre. En cas de capture par les troupes du camp adverse, le sort des volontaires est donc souvent problĂ©matique, et beaucoup de volontaires ont Ă©tĂ© exposĂ©s Ă  un sort tragique. En dĂ©cembre 1861, l’Espagnol JosĂ© Borges, qui s’était engagĂ© au service du roi François II des Deux-Siciles en exil pour prendre la tĂȘte de la rĂ©bellion contre l’unitĂ© italienne dans l’ancien Royaume de Naples, fut ainsi capturĂ© par des bersagliers italiens et fusillĂ© sur le champ, et son exĂ©cution suscita de vives critiques Ă  l’étranger et en Italie[41]. Pendant la guerre d’Espagne, les brigadistes capturĂ©s par les troupes de Franco pouvaient frĂ©quemment s’attendre Ă  ĂȘtre exĂ©cutĂ©s sur le champ; d’autres furent jugĂ©s par des tribunaux militaires pour “appui Ă  une rĂ©bellion armĂ©e” et condamnĂ©s Ă  mort ou Ă  la dĂ©tention[42]. Environ mille Brigadistes faits prisonniers furent internĂ©s dans le camp de concentration de San Pedro de Cardeña, prĂšs de Burgos, entre 1938 et 1940, oĂč les conditions de dĂ©tention Ă©taient extrĂȘmement dures[43].

Selon un reportage du journaliste Ron Hubbard, les Forces dĂ©mocratiques syriennes (FDS) dĂ©tenaient dans leurs prisons, en mars 2019, un millier de combattants Ă©trangers, auxquels s'ajouteraient 4 000 femmes et 8 000 enfants de “djihadistes”[44]. D'autres rapports suggĂšrent un nombre de combattants Ă©trangers prĂ©sumĂ©s plus Ă©levĂ©, de 2.000 ou plus. En plus des combattants Ă©trangers, les camps syriens accueilleraient. La question du devenir de ces individus est au centre de dĂ©bats publics dans les pays occidentaux et a suscitĂ© des rĂ©ponses trĂšs diverses. En mai 2019, en visite au Royaume-Uni, le secrĂ©taire d'État amĂ©ricain Mike Pompeo que le gouvernement amĂ©ricain s’attendait “à ce que chaque pays s'efforce de rapatrier ses combattants Ă©trangers et s’occupe de prolonger leur dĂ©tention”[45], et a rĂ©pĂ©tĂ© ce vƓu Ă  Ottawa auprĂšs du gouvernement canadien en aoĂ»t 2019[46]. Les rĂ©ponses apportĂ©es par les diffĂ©rents Etats Ă  la question du retour de leurs ressortissants partis se battre en Irak ou en Syrie ont cependant souvent tentĂ© d’explorer d’autres solutions: dĂ©chĂ©ance ou non-reconnaissance de la nationalitĂ©; remise aux autoritĂ©s syriennes ou irakiennes dĂ©sireuses de juger les combattants accusĂ©s de crime de guerre sur leur sol; incitations aux Forces dĂ©mocratiques syriennes (FDS) pour prolonger indĂ©finiment la dĂ©tention de ces prisonniers[47]. La question du sort des femmes et des enfants des combattants Ă©trangers pose un problĂšme particuliĂšrement Ă©pineux, car Ă  la question de leur identification s’ajoute celle de leur participation Ă©ventuelle aux violences, leur reprĂ©sentation oscillant entre le statut de victimes et celui de menaces[48]. Au sein de l’Union EuropĂ©enne, un rapport Ă©met ainsi le constat suivant lequel “peu d'États membres ont exposĂ© des positions claires sur cette question litigieuse” dans la mesure oĂč “les États membres sont confrontĂ©s Ă  un problĂšme complexe mĂȘlant aspects juridiques (juridiction et droits fondamentaux), Ă©thiques (traitement des dĂ©tenus) et questions pratiques (la complexitĂ© de la coopĂ©ration judiciaire avec l'Irak et la Syrie) concernant leurs obligations et leurs moyens d’action”[49].

Les volontaires internationaux face Ă  l'opinion

L’image qu’ont les opinions des volontaires Ă©trangers internationaux est gĂ©nĂ©ralement ambivalente: cĂ©lĂ©brĂ©s par les uns comme des champions idĂ©alistes et dĂ©sintĂ©ressĂ©s d’une juste cause, voire comme de vĂ©ritables hĂ©ros, ces derniers sont dĂ©criĂ©s par d’autres comme de simples mercenaires en quĂȘte de profit matĂ©riel ou d’aventure, ou comme des dĂ©sĂ©quilibrĂ©s. Giuseppe Garibaldi, de son vivant, a ainsi Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ© comme le “hĂ©ros des deux Mondes” et le champion de la libertĂ© des peuples par ses admirateurs, et comme un aventurier sans foi ni loi ou bien comme un va-t-en-guerre dĂ©pourvu de toute rĂ©elle conscience politique par ses adversaires[50]. Certains volontaires ont inspirĂ© de vĂ©ritables mythes de leur vivant et surtout aprĂšs leur mort. Che Guevara, au XIXe s., reprĂ©sente le cas d’un combattant engagĂ© volontairement dans les guerres de libĂ©ration devenu une vĂ©ritable icĂŽne internationale et un symbole pour les mouvements rĂ©volutionnaires: aprĂšs la capture et l’exĂ©cution du “Che” en 1968, Jean-Paul Sartre le qualifia ainsi d’“ĂȘtre humain le plus complet de notre Ă©poque” et Time le dĂ©clara “icĂŽne du 20e siĂšcle”. Sa figure est cependant, jusqu’à aujourd’hui au centre de controverses qui opposent son image hĂ©roĂŻque de combattant de la rĂ©volution, voire de martyr, avec l’échec pratique de son action dans l’ancien Congo belge et en Bolivie, son adhĂ©sion au stalinisme ou les violences dont se serait accompagnĂ© son combat rĂ©volutionnaire.

Femmes combattantes parmi les volontaires internationaux

Le phĂ©nomĂšne du volontariat armĂ© international n'est pas qu’une affaire exclusivement masculine, mĂȘme si la participation de femmes est souvent trĂšs minoritaire en effectif. Parmi les Ă©trangers qui se sont engagĂ©s en Espagne du cĂŽtĂ© du gouvernement rĂ©publicain, on trouve des centaines de femmes - 500 Ă  600 selon l’historienne RenĂ©e Lugschitz[51] - dont quelques dizaines sans doute ont pris les armes dans les milices, la plupart Ɠuvrant dans les services mĂ©dicaux. MalgrĂ© leur exclusion de tous les services par le rĂšglement de l’ArmĂ©e espagnole, la prĂ©sence de femmes dans les Brigades internationales est documentĂ©e et, en 1937, un commandant de la Base d’Albacete appelait les “camarades femmes” Ă  se distinguer des “volontaires” par s’abstenant de porter des vĂȘtements “pseudo-militaires”[52]. Parmi les EuropĂ©ens partis volontairement en Syrie, on estime Ă  17% la part des femmes[49]. Les femmes volontaires sont souvent perçues comme de simples “accompagnatrices” ou cantonnĂ©es Ă  des fonctions traditionnellement fĂ©minines (comme le traitement des blessĂ©s), alors que les volontaires masculins sont associĂ©s Ă  des fonctions combattantes; des Ă©tudes sur les volontaires Ă©trangers en Syrie montrent cependant que beaucoup d’hommes acceptent un rĂŽle de soutien sans implication directe dans les combats, tandis que certaines femmes s’impliquent dans les combats ou l’exercice de violences[53].

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