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Col du Stelvio

Le col du Stelvio (en italien : passo dello Stelvio, en allemand : Stilfser Joch) est le plus haut col routier des Alpes italiennes avec 2 758 mètres d'altitude. Reliant Bormio en Lombardie Ă  Prato allo Stelvio dans le Trentin-Haut-Adige, c'est aussi le second plus haut col routier des Alpes après le col de l'Iseran (2 764 m)[Note 1] - [Note 2]. Le col, situĂ© dans le parc national du Stelvio, se trouve au pied d'imposants sommets tels que l'Ortles, le mont Scorluzzo ou le Piz Umbrail.

Col du Stelvio
Image illustrative de l’article Col du Stelvio
Les lacets du col du Stelvio, versant nord-est.
Altitude 2 758 m[1]
Massif Massif de l'Ortles (Alpes)
CoordonnĂ©es 46° 31′ 43″ nord, 10° 27′ 10″ est[1]
PaysDrapeau de l'Italie Italie
ValléeValteline
(sud-ouest)
Val Venosta
(nord-est)
Ascension depuisBormio Prato allo Stelvio
Déclivité moy.7,1 % 7,4 %
Déclivité max.12 % 14 %
Kilométrage21,5 km 24,3 km
AccèsSS 38 SS 38
Fermeture hivernale octobre Ă  mai
GĂ©olocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Col du Stelvio
GĂ©olocalisation sur la carte : Lombardie
(Voir situation sur carte : Lombardie)
Col du Stelvio
GĂ©olocalisation sur la carte : Trentin-Haut-Adige
(Voir situation sur carte : Trentin-Haut-Adige)
Col du Stelvio
GĂ©olocalisation sur la carte : province autonome de Bolzano
(Voir situation sur carte : province autonome de Bolzano)
Col du Stelvio

La route du col, qui fait partie de la route nationale SS 38 — dite dello Stelvio —, est entièrement asphaltée et est généralement ouverte à la circulation entre fin mai et fin octobre ou début novembre, selon les conditions météorologiques. Le versant ouest est généralement ouvert au trafic un peu plus tôt. Pendant les mois d'ouverture, la circulation, principalement liée aux voyages touristiques et de loisirs, est intense, qu'elle soit motorisée ou non. Des centaines de motocyclistes s'y réunissent chaque année lors de la « rencontre internationale » qui a lieu la première semaine de juillet.

Une étude décidée en 2015 vise à préciser si un futur tunnel ferroviaire ou automobile sous le col du Stelvio est réalisable. Il est également prévu de faire reconnaître le col du Stelvio comme site du patrimoine mondial de l'UNESCO[2].

GĂ©ographie

Vue du col du Stelvio depuis le piz da las Trais Linguas.

Frontière entre le Trentin-Haut-Adige et la Lombardie, le col du Stelvio se situe au sud de Sulden, Ă  75 km de Bozen/Bolzano. Il relie la province de Bolzano/Bozen (Vinschgau/val Venosta, aux sources de l'Adige) Ă  la Valteline. Sur le versant nord-est, la route a une longueur de 24,3 kilomètres et une dĂ©clivitĂ© de 7,4 %. Celle venant de Bormio permet Ă©galement d'accĂ©der au col de l'Umbrail km avant le col du Stevio et permet de rejoindre Santa Maria Val MĂĽstair dans les Grisons. La route compte quatre-vingt-huit virages en lacets, dont quarante-huit du cĂ´tĂ© tyrolien et quarante du cĂ´tĂ© lombard.

Zone frontalière avec le val Müstair, en Suisse, le col se trouve au pied d'un sommet dénommé piz da las Trais Linguas, pic des trois langues, puisque s'y rencontrent les frontières linguistiques entre italien (Valteline), allemand (Vinschgau) et romanche (val Müstair, canton des Grisons).

Plusieurs sentiers de randonnĂ©e partent du col, notamment le chemin menant Ă  la Cima Garibaldi (2 843 m) et le chemin qui atteint le refuge Pirovano (3 028 m). Le col est le point de dĂ©part de chemins menant au cĹ“ur du parc national du Stelvio[3].

Histoire

Préhistoire et Antiquité

Le col du Stelvio, du nom du village de Stelvio situé à l'est du col, n'a jamais été l'un des cols d'importance nationale ; au contraire, il a toujours été dans l'ombre du col de l'Umbrail jusqu'à la construction de la route.

Les premières traces qui se réfèrent à des colonies et des activités commerciales dans la région du col du Stelvio sont attribuées au début de l'âge du bronze[4].

Les établissements préhistoriques à proximité du Stelvio remontent à 2000 av. J.-C. : des éclats de terre cuite, deux haches en bronze légèrement plus récentes et une figurine représentant Mars montrant l'influence des Étrusques de la région de la vallée du Pô (datant de 500 av. J.-C.) témoignent que le col du Stelvio est accessible par une piste muletière, le chemin des « Wormions » (ou Wormsionsteig)[5], également documenté pour la période romaine. Un chemin qui pourrait être utilisé pour le commerce comme pour les armées, les voyages ou les transports, ou encore la chasse. Cependant, le principal passage qui relie la Lombardie, la Bavière et la Suisse voisine était le Wormser Joch, l'actuel col de l'Umbrail[4], bien plus emprunté que le Wormsionsteig.

À l'époque Romaine, une piste muletière menait au col, qui avait une certaine signification car elle offrait un accès rapide et une protection latérale à la Via Claudia Augusta.

Époque moderne

Si dans la carte tyrolienne de 1600 éditée par Matthias Burglechner ou encore en 1770 dans l'atlas Tyrolensis on retrouve la piste muletière du passo Ombraglio (Wormser Joch, aujourd'hui col de l'Umbrail), on ne trouve pas le Wormsionsteig, seulement une indication de sa faible utilisation[4].

Le col du Stelvio a Ă©galement Ă©tĂ© utilisĂ© dans une certaine mesure tout au long du Moyen Ă‚ge, quoique mĂŞme les habitants rĂ©pugnaient Ă  l'emprunter. Pendant la guerre de Trente Ans, qui englobait presque toute l'Europe mais qui sĂ©vissait principalement sur le sol allemand, le col du Stelvio a Ă©tĂ© utilisĂ© Ă  plusieurs reprises par les militaires. En 1632, les troupes milanaises franchissent le col pour assister l'archiduc autrichien LĂ©opold. L'annĂ©e suivante, une autre armĂ©e milanaise constituĂ©e de 12 000 soldats et 1 600 chevaux franchit le col, tandis que le duc de Milan et son entourage choisissent la route du Wormser Joch[6].

Afin d'amĂ©liorer les connexions du col vers le nord, Bormio a voulu, en 1795, agrandir la voie qui menait au col du Stelvio, pour en faire un chemin muletier, une route rurale Ă  voie unique. Cependant, les habitants de l'Engadine craignent que cela ne dĂ©tourne le trafic commercial menant de l'Engadine au col de Resia et empĂŞchent une expansion. Lorsque la Bavière a conclu un accord commercial avec les rĂ©gions italiennes en 1808, des Ă©tudes ont de nouveau Ă©tĂ© menĂ©es sur la construction d'une route de col menant au nord de Bormio. Outre le passo di Fraele et le Wormser Joch, elles concernaient principalement le col du Stelvio. La construction d'une autre route Ă  travers le val di Forno et le val Martello a Ă©tĂ© abandonnĂ©e car elle aurait conduit Ă  de nombreux passages dans des zones glaciaires. La dĂ©cision est tombĂ©e sur le col du Stelvio, un premier projet de route de 2,70 m de large entre Bormio et le col a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©. Avant que le choix du tracĂ© de la route puisse continuer et que la construction puisse commencer, la situation politique en Europe a tellement changĂ© qu'il y a des choses plus importantes que la construction d'une route commerciale[7].

La construction de la route sous l'empire d'Autriche

Au dĂ©but du XIXe siècle, l'importance militaire et la situation politique de l'Ă©poque, après la signature du traitĂ© de Vienne, entraĂ®ne l'empereur d'Autriche François Ier a crĂ©er une nouvelle route qui pourrait relier le val Venosta Ă  Milan, ville faisant alors partie du territoire austro-hongrois, Ă  travers la Valteline. Le chef de chantier est l'ingĂ©nieur Carlo Donegani (1775-1845), expert de la construction de routes de montagne et concepteur de la route du col du SplĂĽgen[8] - [9]. Après une annĂ©e de rĂ©flexion, Carlo Donegani achève la conception de la route et le , le gouvernement autrichien dĂ©cide de dĂ©marrer les travaux immĂ©diatement. Bien que la construction de la route se soit achevĂ©e en 1825, le temps de travail effectif a durĂ© moins de deux ans en raison des pauses hivernales. Pendant les mois d'Ă©tĂ©, jusqu'Ă  2 000 ouvriers ont travaillĂ© sur le chantier pour un coĂ»t total de 2 901 000 florins[10] - [11]. Les six tunnels entre les Bagni Vecchio de Bormio et la maison du deuxième gardien dans les gorges de Braulio, qui reprĂ©sentent une longueur totale de près de 700 mètres, reprĂ©sentent les plus grandes difficultĂ©s de la construction[12].

Panneau contemporain du 22e virage en Ă©pingle Ă  cheveux.

La route, particulièrement exposĂ©e aux avalanches, a nĂ©cessitĂ© la construction de tunnels de protection en bois contre les avalanches, d'une longueur totale d'environ 3 500 m, peu après l'inauguration[12]. Sur le versant sud-tyrolien, 48 virages en Ă©pingle Ă  cheveux ont Ă©tĂ© nĂ©cessaire pour un dĂ©nivelĂ© total de 1 870 m et 34 du cĂ´tĂ© de la Valteline, pour un dĂ©nivelĂ© de 1 530 m.

En , la « strada dello Stelvio » est inaugurée et ouverte, dans un premier temps, au service postal, puis à un véritable service de diligence qui met Milan en communication directe avec le val Venosta.

Une fois la route terminée, trois fortifications ont été construites par les Autrichiens à différents points de l'ascension du côté du Tyrol du Sud: le fort de Gomagoi, le fort de Kleinboden et le fort de Weisser Knott, qui faisaient partie de la « barrière de Gomagoi »[13] - [14].

Au cours de la révolution de 1848, la route du col a été rendue impraticable par quelques insurgés lombards qui ont mis le feu à des tunnels de protection contre les avalanches en bois au-dessus du village de Stelvio. La facilité avec laquelle la route pouvait être bloquée a incité Radetzky à instaurer les routes du passo del Tonale et d'Aprica comme itinéraires alternatifs. En conséquence, la route du col du Stelvio a rapidement perdu son importance militaire, à laquelle elle était due quelques années plus tôt. Durant les guerres d'Indépendance italiennes de 1859 et 1866, le col n'a joué qu'un rôle subalterne[12].

Jusqu'en 1859, date de la deuxième guerre d’indĂ©pendance italienne et de l'annexion de la Lombardie par le royaume de Sardaigne, la route du Stelvio est praticable tout au long de l'annĂ©e. 8 maisons cantonales (rottenhäuser) le long du chemin offrent l'hĂ©bergement et le changement de chevaux. Pendant les mois d'hiver, les personnes et les marchandises Ă©taient transportĂ©es par des traĂ®neaux tirĂ©s par des chevaux. Les rotters, les hommes des maisons cantonnières, avaient Ă©galement pour tâche d'enlever la neige de la route Ă  l'aide de pelles et de chasse-neige tirĂ©s par des chevaux[15]. Les points d'appui les plus importants ont Ă©tĂ© le Franzenshöhe et le IV Cantoniera, situĂ© au col de l'Umbrail[16]. Le trajet de près de 50 km entre Bormio et Prato, comprenant plusieurs changements de chevaux, prenait environ 9 heures[12].

  • La Franzenshöhe en 1884.
    La Franzenshöhe en 1884.
  • La Franzenshöhe entre 1890 et 1900.
    La Franzenshöhe entre 1890 et 1900.
  • La Franzenshöhe entre 2014.
    La Franzenshöhe entre 2014.

Le col, frontière entre l'empire d'Autriche et le royaume d'Italie

Photographie datant de 1881 d'une diligence passant au col.

Depuis 1897, la possibilitĂ© d'hĂ©bergement existe au col mĂŞme avec la construction de l'hĂ´tel Passo Stelvio (anciennement hĂ´tel Ferdinandshöhe). Au IV Cantoniera, la route bifurque Ă  travers le col de l'Umbrail (2 552 m) vers Santa Maria en Suisse. Ce tronçon de 13 km a Ă©tĂ© construit en 1900[16].

  • Une voiture au col en 1908.
    Une voiture au col en 1908.
  • La piste qui mène au Wormser Joch, 1908.
    La piste qui mène au Wormser Joch, 1908.
  • La piste qui mène au Wormser Joch, 1908.
    La piste qui mène au Wormser Joch, 1908.

En 1928, avec la construction de la SS 38 dello Stelvio, l'ensemble de l'itinéraire a été consolidé, agrandi et pavé, créant une route à deux voies. Au col il y a un musée sur le thème de la construction de routes. Le tracé de la route n'a guère changé depuis sa construction.

Après le traité de Saint-Germain-en-Laye en 1919, avec l'extension des frontières italiennes, le col perd son importance stratégique.

Pendant la Première Guerre mondiale, le col marque la frontière entre l'Empire austro-hongrois et le royaume d'Italie. La région est le théâtre d'affrontements amers entre l'infanterie autrichienne et italienne[17] - [18]. Cependant, la col a été relativement épargné par le conflit mondial : la seule grande action militaire a eu lieu en , quelques semaines après le début de la guerre, lorsque les Autrichiens ont réussi à occuper le mont Scorluzzo, qui dominait le col (sud-ouest)[19] - [20].

  • Première Guerre mondiale.
    Première Guerre mondiale.
  • Première Guerre mondiale.
    Première Guerre mondiale.
  • Première Guerre mondiale.
    Première Guerre mondiale.
  • La Ferdinandshohe pendant la Grande Guerre.
    La Ferdinandshohe pendant la Grande Guerre.
  • La Ferdinandshohe pendant la Grande Guerre.
    La Ferdinandshohe pendant la Grande Guerre.
  • La Ferdinandshohe.
    La Ferdinandshohe.
  • Plaque commĂ©morative au col du Stelvio pour la Grande Guerre en 1915-1918 entre l'Italie et l'Autriche-Hongrie.
    Plaque commémorative au col du Stelvio pour la Grande Guerre en 1915-1918 entre l'Italie et l'Autriche-Hongrie.

Activités sportives

Cyclisme

Le côté sud-tyrolien du col, avec la route sinueuse.

Théâtre des exploits de grands champions, le col du Stelvio est une ascension historique du cyclisme, gravi à plusieurs reprises par le Giro d'Italia. L'ascension peut être classée comme difficile, avec une altitude maximale très élevée, ayant pour conséquence la raréfaction de l'air qui complique encore la montée. Les pentes des trois versants sont très exigeantes.

Les nombreux virages en lacets de la route, dont 48 sont numĂ©rotĂ©s sur des pierres sur le versant nord, constituent une attraction pour les deux-roues. Il est gĂ©nĂ©ralement ouvert de juin Ă  septembre, selon les conditions mĂ©tĂ©orologiques. Chaque annĂ©e vers la fin aoĂ»t, lors du Stelvio Bike Day[21], le col est fermĂ© aux vĂ©hicules motorisĂ©s pendant une journĂ©e et il est escaladĂ© par 8 000 cyclistes.

La montĂ©e la plus difficile est celle du Tyrol du Sud qui, Ă  partir de Prato allo Stelvio (915 m), monte sur plus de 24 km avec des pentes qui augmentent progressivement jusqu'Ă  12 % sur le dernier kilomètre. La première partie de la montĂ©e (les 8 premiers kilomètres) est la moins raide avec des pentes autour de 5 %, puis passĂ© le carrefour pour Sulden après un lĂ©ger plat, commencent les 48 virages en Ă©pingle Ă  cheveux avec des pentes moyennes autour de 8-9 %. La dĂ©clivitĂ© est ensuite relativement rĂ©gulière jusqu'au col, hormis les derniers kilomètres plus raides que les prĂ©cĂ©dents. La pente moyenne est de 7,4 %, le maximum de 14 % pour une diffĂ©rence d'altitude globale supĂ©rieure Ă  1 800 m[22].

Du cĂ´tĂ© lombard, la montĂ©e commence Ă  Bormio (1 225 m). Longue d'environ 21,5 km et dotĂ©e de 40 virages en Ă©pingle Ă  cheveux, la route monte rĂ©gulièrement sur 15 km jusqu'Ă  Pian di Grembo, un tronçon d'environ un kilomètre aux pentes plus modestes. Les 3 derniers kilomètres, les plus durs, se situent en moyenne Ă  8 %. La pente moyenne globale est de 7,1 %, le maximum de 12 % (entre les kilomètres 10 et 11) pour une proĂ©minence topographique globale d'un peu plus de 1 500 m[23].

Les virages en épingle de la route du côté valtellinais.

Le troisième accès au col part de Santa Maria Val Monastero (1 375 m), dans la commune suisse de Val MĂĽstair, et s'Ă©tend en grande partie sur le territoire suisse, puis rejoint le col de l'Umbrail (2 503 m) Ă  environ km du col du Stelvio. L'Ă©troite route qui mène au col italo-suisse fait environ 13 km, avec des pentes atteignant 12 % et une diffĂ©rence d'altitude qui dĂ©passe 1 100 m, auxquels s'ajoutent les 250 derniers mètres sur le territoire italien pour un total de près de 1 400 m[24]. Les 2,5 derniers kilomètres sont asphaltĂ©s depuis 2015[25].

Deux courses cyclistes sont organisées chaque année pour les amateurs sur les routes du col du Stelvio :

  • dĂ©but juillet, l'US Bormiese organise une compĂ©tition du cĂ´tĂ© de la Valteline Ă  partir de Bormio ;
  • Ă  la mi-juillet, l'ARSV Vinschgau organise une compĂ©tition du cĂ´tĂ© du Tyrol du Sud Ă  partir de Prato allo Stelvio[26].

Tour d'Italie

Aldo Moser passe Ă  travers les murs de neige du Stelvio lors du Giro d'Italia 1965.

La course au maillot rose a affrontĂ© le col du Stelvio 12 fois, 7 du cĂ´tĂ© du Tyrol du Sud et 5 de la Valteline, et Ă  4 reprises l'arrivĂ©e de l'Ă©tape a Ă©tĂ© placĂ©e au col. Depuis 1965, le Stelvio a Ă©tĂ© Cima Coppi dans chaque Ă©dition oĂą le Giro l'a traversĂ©, Ă©tant le point culminant atteint par la course. L'inclusion du col dans le tracĂ© du Giro prĂ©sente toujours des risques logistiques : fin mai ou dĂ©but juin, les conditions mĂ©tĂ©orologiques dans les Alpes ne sont pas encore complètement stabilisĂ©es et des chutes de neige sont encore possibles, avec le risque consĂ©quent de dĂ©tourner ou d'annuler l'Ă©tape.

Le col est entré dans le monde du cyclisme en 1953, lorsqu'il a été inclus pour la première fois au Giro d'Italia. À cette occasion, le Stelvio a été le théâtre d'un des derniers grands exploits de Fausto Coppi : dans l'avant-dernière étape, de Bolzano à Bormio, le champion de trente-quatre ans a détaché le leader du classement, le Suisse Hugo Koblet, a conquis le maillot rose et a remporté son cinquième et dernier Giro, un record co-détenu avec Eddy Merckx et Alfredo Binda.

1975 a vu un duel passionnant entre Fausto Bertoglio, leader du classement, et l'espagnol Francisco GaldĂłs qui le suivait Ă  seulement 40 secondes. L'arrivĂ©e de l'Ă©tape, dernière de l'Ă©dition, se trouvait au col. GaldĂłs a essayĂ© Ă  de nombreuses reprises de distancer Bertoglio, mais a dĂ» se contenter de la victoire d'Ă©tape : les vidĂ©os montrent la scène inhabituelle du vainqueur franchissant la ligne d'arrivĂ©e la tĂŞte baissĂ©e, tandis que le second derrière lui exulte et cĂ©lèbre les bras levĂ©s.

Stèle en l'honneur de Fausto Coppi, située au col.

Dans le Giro d'Italia 2012, le col, gravi du côté lombard, était à nouveau une arrivée d'étape et a vu la victoire finale du grimpeur belge Thomas De Gendt.

L'ascension du col était prévu, avec une montée abordée depuis Bormio, lors de la 19e étape du Giro d'Italia 2013 (Ponte di Legno au val Martello) avec le col du Gavia, mais en raison de conditions météorologiques défavorables, les deux passages ont été repoussés temporellement puis définitivement annulés[27]. La même section a été proposée à nouveau pour le Giro d'Italia 2014 bien que dans des conditions climatiques difficiles (neige pendant le passage au sommet), et a vu Dario Cataldo passer le col en tête.

Dans le Giro d'Italia 2017, le Stelvio est à nouveau abordé du côté valtellinien, Mikel Landa le franchissant en premier.

Voici les Ă©ditions du Giro qui ont fait face au col du Stelvio, avec les coureurs qui l'ont franchi en tĂŞte :

Année Étape Itinéraire Distance (km) Premier au col Ascension depuis
1953 20e Bolzano > Bormio 125 Drapeau de l'Italie Fausto Coppi Prato allo Stelvio
1956 20e Sondrio > Merano 163 Drapeau de l'Italie Aurelio Del Rio Bormio
1961 20e Trente > Bormio 275 Drapeau du Luxembourg Charly Gaul Prato allo Stelvio
1965 20e Madesimo > col du Stelvio 160 Drapeau de l'Italie Graziano Battistini Bormio
1972 17e Livigno > col du Stelvio 88 Drapeau de l'Espagne Josè Manuel Fuente Prato allo Stelvio
1975 21e Alleghe > col du Stelvio 186 Drapeau de l'Espagne Francisco Galdos Prato allo Stelvio
1980 20e Cles > Sondrio 221 Drapeau de la France Jean-René Bernaudeau Prato allo Stelvio
1994 15e MĂ©rano > Aprica 188 Drapeau de l'Italie Franco Vona Prato allo Stelvio
2005 14e Egna > Livigno 210 Drapeau du Venezuela José Rujano Prato allo Stelvio
2012 20e Caldes > col du Stelvio 219 Drapeau de la Belgique Thomas De Gendt Bormio
2014 16e Ponte di Legno > Val Martello 139 Drapeau de l'Italie Dario Cataldo Bormio
2017 16e Rovetta > Bormio 222 Drapeau de l'Espagne Mikel Landa Bormio
2020 18e Pinzolo > lacs de Cancano 209 Drapeau de l'Australie Rohan Dennis Prato allo Stelvio

Ski

La piste Cristallo.
Le téléphérique Funifor.

Au sud du col du Stelvio se trouve le glacier du Livrio, qui s'Ă©tend d'une altitude d'environ 2 800 m Ă  environ 3 400 m, sur lequel il existe plusieurs pistes oĂą est pratiquĂ© le ski d'Ă©tĂ© pendant les mois d'ouverture du col. Il est souvent choisi comme lieu d'entraĂ®nement estival par plusieurs Ă©quipes de ski alpin. C'est le dernier glacier important entièrement italien qui est skiable mĂŞme en Ă©tĂ©, malgrĂ© le fait que ces dernières annĂ©es les fermetures sont devenues de plus en plus frĂ©quentes, en raison de l'absence de neige et de la prĂ©sence de crevasses.

Les pistes sont accessibles depuis le parking du col avec un premier tĂ©lĂ©phĂ©rique, qui mène au monte Trincerone (environ 3 000 m), et d'ici avec un autre tĂ©lĂ©phĂ©rique de type Funifor[28] (deux câbles de suspension Ă  une distance supĂ©rieure Ă  la largeur de la cabine, deux câbles de traction) construit en 2000 qui atteint le refuge du Livrio. Sur le glacier, il est possible d'emprunter 4 remontĂ©es mĂ©caniques qui desservent les pistes de Geister 1, Geister 2, Payer et Cristallo. Il y a trois pistes pour les skieurs de fond.

Au pied du col, la station de Bormio accueille fréquemment des épreuves de la Coupe du monde de ski alpin. La piste du Stelvio est parmi les pistes les plus exigeantes du circuit masculin en descente.

Histoire

L'idĂ©e d'exploiter le glacier du Livrio pour le ski d'Ă©tĂ© provient du CAI de Bergame, au dĂ©but des annĂ©es 1930, qui a construit le refuge du Livrio Ă  cĂ´tĂ© du glacier Ă  une altitude de 3 174 m et y a promulguĂ© les premiers cours de ski d'Ă©tĂ© et d'escalade de glace[29].

Après la Seconde Guerre mondiale, le Stelvio jouit d'une popularité considérable et croissante grâce à l'idée de Giuseppe Pirovano et de son épouse Giuliana Boerchio, qui, au début des années 1950, décident d'ouvrir une école de ski d'été sur le glacier, en utilisant d'abord la cabane Nagler, puis en construisant deux cabanes plus modernes au bord du glacier et une près du col[30] - [31].

Depuis la première expérience de Giuseppe Pirovano, la situation a beaucoup changé, avec l'ouverture de nombreux hôtels et écoles de ski. La plus renommée reste l'Université du ski, fondée par Pirovano et dont elle porte toujours le nom bien qu'elle appartienne désormais à la Banca Popolare di Sondrio, qui a également installé le guichet automatique la plus haut d'Europe au col[32].

En 1992, la station a également accueilli quelques étapes de la Coupe du monde de kilomètre lancé[33] - [34], réalisée sur une piste marquée pour l'occasion sur les pentes du mont Scorluzzo.

  • Le dĂ©part du tĂ©lĂ©phĂ©rique, juste au-dessus du col.
    Le départ du téléphérique, juste au-dessus du col.
  • Le glacier du Livrio avec le refuge homonyme et les remontĂ©es mĂ©caniques.
    Le glacier du Livrio avec le refuge homonyme et les remontées mécaniques.
  • La bas du glacier du Livrio.
    La bas du glacier du Livrio.
  • Le dĂ©part du tĂ©lĂ©phĂ©rique, juste au-dessus du col.
    Le départ du téléphérique, juste au-dessus du col.

Marathon

Le marathon du Stelvio en 2017.

Le , un marathon a eu lieu pour la première fois au col du Stelvio. Depuis, le marathon a lieu chaque annĂ©e. L'itinĂ©raire mène sur 42,195 km de Prato jusqu'au col, et il y a aussi des compĂ©titions sur des distances plus courtes[35].

Sport automobile

Dans le premier épisode de la dixième saison du magazine automobile Top Gear, la route du Stelvio a été présentée comme la « plus grande route du monde ». L'accent était mis sur l'itinéraire, qui permet un style de conduite sportive dans un cadre pittoresque. Pour le tournage, des voitures de sport à grosse cylindrée (notamment des Porsche, Lamborghini et Aston Martin) ont été utilisées. La route a été fermée à la circulation et des hélicoptères ont été utilisés pour filmer[36].

Infrastructure de transport

Transports en commun

Bus public au col du Stelvio.

Pour accéder aux hôtels, cafés et kiosques, un système de bus réguliers a été instauré. La ligne de CarPostal Müstair - Tirano, qui fonctionne une fois par jour pendant les mois d'été, relie Müstair et Santa Maria Val Müstair au col de l'Umbrail et au col du Stelvio. De là, la ligne continue jusqu'à Bormio et Tirano.

PĂ©age

Vue des commerces au col.

L'introduction d'un pĂ©age est discutĂ©e publiquement depuis des annĂ©es, mais aucun pĂ©age n'a encore Ă©tĂ© mis en place. Dès 2011, le gouvernement provincial du Tyrol du Sud donne son feu vert pour la mise en place d'un pĂ©age sur le versant sud-tyrolien. Selon le prĂ©sident du gouvernement provincial, Luis Durnwalder, « tout l'argent qui sera collectĂ© avec l'application des tarifs sera rĂ©investi dans les travaux de valorisation, d'entretien et d'adaptation de la route »[37]. Le , il annonce la mise en place d'un pĂ©age Ă  partir du , uniquement destinĂ© aux vĂ©hicules motorisĂ©s. Depuis 1998, annĂ©e oĂą le transfert de compĂ©tences de Rome Ă  Bolzano des routes nationales a pris forme, la province de Bolzano a investi 23 millions d'euros pour l'entretien de la route du Stelvio[38]. En juin, l'idĂ©e se prĂ©cise : il n'y aura pas de pĂ©age physique mais les automobilistes et les motocyclistes empruntant la route sud tyrolienne du col du Stelvio devront avoir le Green Pass, une vignette qu'il sera possible d'acheter dans 10 points ventes[39]. Le prix est fixĂ© le : 10 € pour les vĂ©hicules lĂ©gers et 30 € pour les poids lourds. Une vignette valable une saison entière est aussi disponible au prix de 60 €[40]. L'introduction d'un pĂ©age a Ă©tĂ© repoussĂ©e d'un an le avec comme raison officielle l'indĂ©cision des autoritĂ©s lombardes vis Ă  vis de la mise en place de cette vignette au sein de la province[41] - [42]. Cependant, l'annĂ©e suivante, le projet semble avoir Ă©tĂ© mis de cĂ´tĂ© et aucun pĂ©age ne voit le jour[43].

Depuis 2015, un groupe de travail global composé de représentants du val Venosta, de Bormio, du val Müstair et du parc national du Stelvio travaille sur diverses propositions. Dans ce cadre, une sorte de droit d'entrée était prévu à partir de 2019[44] - [45].

Dans la culture

Le col a donné son nom a plusieurs véhicules motorisés : Alfa Romeo a nommé Stelvio son premier SUV et Guzzi a fabriqué un modèle nommé Stelvio de 2007 à 2016. La Bugatti type 57 a aussi une carrosserie appelée Stelvio.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Daniel Friebe et Pete Golding, Sommets mythiques : Cyclisme, les 50 cols incontournables d'Europe, GEO, , 224 p. (ISBN 978-2-8104-0296-0), p. 200-203

Notes et références

Notes

  1. Une route asphaltĂ©e part du col de la Bonette pour atteindre un point haut Ă  2 802 mètres, considĂ©rĂ© comme le point de circulation automobile le plus Ă©levĂ© de toutes les Alpes. Cependant, le col se situe Ă  2 715 mètres.
  2. Un col de montagne atteint par une route goudronnĂ©e ouverte Ă  la circulation qui rejoint les deux cĂ´tĂ©s du col. Le colle del Sommeiller, situĂ© Ă  3 009 mètres d'altitude, est le plus haut col atteint par une route, mais uniquement du cĂ´tĂ© italien.

Références

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