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Claude MĂ©nard (historien)

Claude Ménard est un érudit français, magistrat, puis prêtre catholique, né à Saumur le , mort à Corzé (au château d'Ardannes) le .

Claude MĂ©nard
Biographie
Naissance
Décès
Activité

Biographie

Il était issu d'une riche famille de robe originaire de Bourgogne. Son père, Pierre Ménard, ancien avocat au Parlement de Paris, avait été nommé juge à la prévôté de Saumur après la Saint-Barthélemy et la fuite en Angleterre de l'ancien titulaire, protestant. Sa mère s'appelait Marie Vallier. Après le retour des protestants à Saumur, la famille s'installa à Angers en 1578, et Pierre Ménard y acquit une charge de conseiller au présidial. En 1588, il prit parti pour la Ligue tandis qu'il envoyait ses deux fils aînés, Claude et Charles, au collège des jésuites de Paris. En 1591, il fut arrêté et mis en prison, et sa charge déclarée vacante. Il mourut en 1592 réfugié chez son ami le marquis du Bellay à Allonnes. Parmi les trois frères de Claude, l'un, prénommé Jean, né en 1580, se fit capucin en 1610 sous le nom de Léonard d'Angers et devint missionnaire, et un autre, prénommé Nicolas, né en 1581, fut curé de la paroisse Saint-Nizier de Lyon (et promoteur de l'archidiocèse) et mourut en 1624 d'une épidémie qui désolait alors la ville, en visitant ses paroissiens[1].

Après la mort de son mari, Marie Vallier envoya son fils aîné Claude étudier le droit à l'Université de Toulouse. De retour à Angers, Il exerça d'abord dans l'étude d'un avocat, puis se fit pourvoir de la charge de lieutenant à la prévôté. Le , il épousa Bertranne et Bertrande Le Pelletier. Ils eurent six filles et deux garçons. Trois des filles furent religieuses, et le fils aîné, Pierre, élevé à Lyon par son oncle le curé Nicolas, devint chartreux dans cette ville. En 1607, après une grave maladie dont il pensa mourir, Claude Ménard, en accord avec sa femme, adopta un mode de vie religieux très ascétique. Le , sa fille aînée Marie, âgée de treize ans, prit l'habit à Lencloître, prieuré de Fontevraud, Maison-mère de l’ Ordre de Fontevraud, et le reçut des mains du Père Joseph.

Claude MĂ©nard joua un grand rĂ´le, pour l'Anjou, dans la rĂ©forme qui se fit dans ces annĂ©es-lĂ  des institutions ecclĂ©siastiques. Il favorisa son adoption chez les Augustins et chez les Carmes d'Angers. Il s'attaqua aux dĂ©règlements que connaissait l'abbaye fĂ©minine de Nyoiseau (ou Nidoiseau), et travailla Ă  en faire dĂ©mettre l'abbesse du Bellay et Ă  faire nommer Ă  sa place, en 1618, Françoise Roy, qu'il alla chercher jusqu'Ă  Poitiers, et qui, jusqu'Ă  sa mort en 1643, se dĂ©voua Ă  la rĂ©forme de cet Ă©tablissement[2]. En 1619, il se rendit Ă  Poitiers auprès d'Antoinette d'OrlĂ©ans-Longueville, qui venait de fonder avec l'aide du Père Joseph la congrĂ©gation des Filles du Calvaire, et ils organisèrent la crĂ©ation Ă  Angers du couvent Notre-Dame du Calvaire, second en date de cette congrĂ©gation[3]. On lui donna quatre religieuses, dont sa fille Marie, et il fallut une escorte armĂ©e car on craignait que la puissante abbesse de Fontevraud, très hostile Ă  la nouvelle congrĂ©gation, qui s'Ă©tait constituĂ©e Ă  ses dĂ©pens, ne les fĂ®t enlever. Les religieuses furent accueillies Ă  Angers par la reine Marie de MĂ©dicis, qui y sĂ©journait alors. La municipalitĂ© exigea que MĂ©nard verse 50 000 livres de caution pour ce couvent, pour qu'il ne vienne pas Ă  la charge de la ville.

En 1617, il vendit sa charge de lieutenant de la prĂ©vĂ´tĂ© pour vaquer uniquement Ă  ses activitĂ©s pieuses. Il dĂ©pensait tant Ă  cet effet qu'il faillit se ruiner, et son fils et sa fille restĂ©s dans le monde obtinrent qu'il soit dĂ©mis de la gestion de ses biens et qu'il vive sur une pension fixe. Ils firent vendre sa bibliothèque, qui valait 10 000 livres, pour payer des crĂ©anciers. Mais il fit ensuite un gros hĂ©ritage d'un de ses neveux mort sans enfant.

Sa femme mourut le , et aussitôt après il demanda à l'évêque Claude de Rueil de l'ordonner prêtre. Il obtint facilement une dérogation pour les délais habituels et fut ordonné au mois de juillet suivant, âgé de soixante-et-un ans. Dans les années suivantes, il participa avec un groupe d'amis dévots (qui formaient la filiale locale de la Compagnie du Saint-Sacrement) à la création à Angers d'une maison des Filles pénitentes, pour y placer les femmes qui vivaient dans la débauche (maison pour laquelle on obtint des lettres patentes en 1642). Les mêmes agirent aussi pour la fondation d'une autre maison où on placerait les vagabonds, orphelins, mendiants ou invalides et où on les ferait travailler : ce fut le commencement de l'Hôpital général d'Angers.

Il mourut au château d'Ardannes, chez son gendre Joseph de Cherbaye et sa fille Anne, où il avait vécu après son veuvage. Il fut enterré dans la chapelle de la maison des Filles pénitentes, qu'il avait contribué à fonder.

Ĺ’uvre

Il a rédigé un assez grand nombre de brochures dévotes. Mais il était d'autre part passionné d'histoire, et s'appliqua à compulser les archives de sa province avec tant de zèle et de succès que son compatriote Gilles Ménage le nomme « le père de l'histoire d'Anjou ». Il a laissé en manuscrit une Histoire d'Anjou (Rerum Andegavensium Pandectæ[4]), en deux volumes in-folio et trois parties, dont la première (Peplus Andegavensis illustrium Andegavensium[5]) est un recueil d'éloges d'hommes illustres de la province ; Ménage et le père Charles Le Cointe en désiraient la publication, mais elle ne se fit pas. La bibliothèque municipale d'Angers possède aussi en manuscrit (n° 702) un recueil de Vies d'évêques de la ville. On signale d'autre part à la BnF une Histoire de l'Ordre du Croissant, également non publiée.

Les textes de sa plume qui ont été publiés sont :

Mais son nom est surtout associé à l'édition de plusieurs textes anciens :

Notes et références

  1. Le 28 décembre 1622, Nicolas Ménard assista François de Sales, qui mourut à Lyon, dans ses derniers moments, et il porta son cœur à Jeanne de Chantal, qui l'estimait beaucoup, et le demanda comme directeur du couvent qu'elle avait fondé à Lyon.
  2. Catherine Ménard, fille de Claude († 16 juillet 1647 en odeur de sainteté) était religieuse à Nyoiseau.
  3. Voir Michel Joseph Pierre Picot, Essai historique sur l'influence de la religion en France au dix-septième siècle, ou Tableau des établissements religieux formés à cette époque, et des exemples de piété, de zèle et de charité qui ont brillé dans le même intervalle, Paris, Adrien Le Clère, 1824, t. I, p. 360.
  4. Bibliothèque municipale d'Angers, Ms n° 1000.
  5. Peplus est pris ici au sens de poêle, c'est-à-dire « drap recouvrant un cercueil ».
  6. Ce livre, où l'auteur soutient surtout que les reliques de l'apôtre ne se trouvent pas à Compostelle, fut brûlé en place publique par le bourreau dans cette ville.
  7. Charles Miron voulut transférer le siège épiscopal de la cathédrale Saint-Maurice à la collégiale Saint-Pierre, qui aurait été la plus ancienne église de la ville, et il excommunia l'archidiacre qui refusait de le suivre.
  8. Ce volume contient aussi une lettre, datant environ de 1062, de l'évêque Eusèbe Brunon à Bérenger de Tours, qui était chanoine de la cathédrale d'Angers. Cette lettre prouve que, contrairement à ce qu'on pensait, l'évêque ne suivit le fameux théologien dans sa doctrine comdamnée comme hérésie.
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