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Classe Pillau

La classe Pillau est une classe de croiseurs légers construit pour la Kaiserliche Marine peu avant le début de la Première Guerre mondiale. Seuls deux navires, le SMS Pillau et le SMS Elbing, furent conçus par le chantier naval Schichau-Werke de Dantzig.

Classe Pillau
Image illustrative de l'article Classe Pillau
Le Muravyov Amursky (ultérieurement SMS Pillau) au chantier naval de Dantzig le .
Caractéristiques techniques
Type Croiseur léger
Longueur 135,30 m
MaĂ®tre-bau 13,60 m
Tirant d'eau 5,31 m Ă  5,98 m
DĂ©placement 4 390 t
Port en lourd 5 252 t
Propulsion 2 turbines Ă  vapeur
10 chaudières mixtes mazout et charbon
2 hélices
Puissance 30 000 cv (22 400 kW)
Vitesse 27,5 nœuds (50,9 km/h)
Caractéristiques militaires
Blindage Pont = 20 Ă  80 mm
Château = 75 mm
Tourelles = 50 mm
Magasins = 80 mm
Traverses = 40 mm
Armement 8 Ă— canons de 150 mm
2 Ă— canons AA de 88 mm
2 Ă— tubes lance-torpilles de 500 mm
120 Ă— mines
Rayon d’action 4 300 milles marins (8 000 km) Ă  12 nĹ“uds (22 km/h)
Autres caractéristiques
Équipage 21 officiers, 421 hommes d'équipage
Histoire
Constructeurs Schichau-Werke de Dantzig
A servi dans Kaiserliche Marine
Regia Marina
Commanditaire Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand
PĂ©riode de
construction
1913-1915
PĂ©riode de service 1914-1943
Navires construits 2
Navires prévus 2
Navires perdus 2

Conception

À l'origine, les navires Pillau et Elbing étaient deux commandes passées en 1912 par la marine impériale russe. Commandés sous le nom de Muravyov Amursky[1] et de Admiral Nevelskoy[2], ils sont mis sur cale au chantier Schichau-Werke de Danzig en 1913[3]. Les deux navires sont réquisitionnés par la marine allemande le et renommés respectivement Pillau et Elbing. Ils sont mis en service en décembre 1914 et septembre 1915 dans la Hochseeflotte[4].

Caractéristiques générales

Les navires avaient une longueur de flottaison de 134,30 mètres et une longueur hors-tout de 135,30 mètres, un faisceau de 13,60 mètres et un tirant d'eau de 5,98 mètres Ă  la proue et 5,31 mètres Ă  la poupe. Ils dĂ©plaçaient 4 390 tonnes en charge nominale et 5 252 tonnes Ă  pleine charge[5]. Leurs coques ont Ă©tĂ© construites avec des armatures en acier longitudinales. Les coques ont Ă©tĂ© divisĂ©es en seize compartiments Ă©tanches et incorporent un double fond, s'Ă©tendant sur 51% de la longueur de la quille[6].

L'Ă©quipage comprenait 21 officiers et 421 hommes d'Ă©quipage. Ils embarquaient plusieurs navires plus petits, dont un navire-piquet, une barge, deux yawls et deux dinghy. Les croiseurs Ă©taient assez manĹ“uvrables mais lents en virage. Ils avaient un rayon de braquage serrĂ©, ne perdant que très peu de vitesse dans une mer agitĂ©e[6].

Machinerie

Ils Ă©taient propulsĂ©s par deux turbines Ă  vapeur, alimentĂ©es par un système mixte de six chaudières Ă  tubes d’eau Yarrow au charbon et quatre chaudières Yarrow au mazout, rĂ©parties en trois cheminĂ©es sur la ligne mĂ©diane du navire. Les croiseurs embarquaient 580 tonnes de mazout et 620 tonnes de charbon au maximum[7]. Les turbines entraĂ®naient une paire d'hĂ©lices Ă  trois pales d'un diamètre de 3,50 m. Sa puissance Ă©tait de 30 000 chevaux-vapeur (22 400 kW), produisant une vitesse de pointe de 27,5 nĹ“uds (50,9 km/h), et une autonomie de 4 300 milles marins (8 000 km) Ă  12 nĹ“uds (22 km/h). Ils Ă©taient Ă©quipĂ©s de trois turbo-gĂ©nĂ©rateurs d'une puissance combinĂ©e de 360 kW (480 ch) Ă  220 volts[4].

Armement

De base, les navires auraient dĂ» ĂŞtre armĂ© de 8 canons Ă  tir rapide L / 55 de 130 mm (en) et 4 canons L / 38 de 63 mm de conception russe. Après leur saisie par la marine allemande, l'armement prĂ©vu a Ă©tĂ© rĂ©visĂ© en vue d'une standardisation avec les nouveaux croiseurs allemands. Le canon standard SK L / 45 de 105 mm utilisĂ© sur les croiseurs allemands prĂ©cĂ©dents a Ă©tĂ© envisagĂ©, avant d'ĂŞtre abandonnĂ© au profit d’une arme de plus gros calibre. Leur armement dĂ©finitif se composait de 8 canons de 150 mm SK L/45 (8 x 1) montĂ©s sur un socle ; deux Ă©taient placĂ©s cĂ´te Ă  cĂ´te en avant sur le gaillard, quatre au milieu du navire (deux de chaque cĂ´tĂ©), et deux en tourelles superposĂ©es Ă  l'arrière. Ils furent les premiers croiseurs lĂ©gers allemands Ă©quipĂ©s de ce canon[3]. Ces canons tiraient un obus de 45 kg Ă  une vitesse Ă  la bouche de 840 mètres par seconde[7]. Leurs cadences Ă©taient de 4,5 obus/min. Les canons avaient une altitude maximale de 30 degrĂ©s, ce qui leur permettait d'engager des cibles jusqu'Ă  17 600 mètres[7]. Ils disposaient de 1 024 cartouches de munitions, pour 128 obus par canon. Initialement, leur armement secondaire se composait de 4 canons de 5,2 cm SK L/55 (en), rapidement remplacĂ©s par 2 canons antiaĂ©riens de 88 mm SK L/45 (2 x 1). Ces canons tiraient des obus de 10 kg Ă  une vitesse Ă  la bouche de 750 Ă  770 m/s, pour une cadence de 15 obus/min. Leur portĂ©e Ă©tait de 11 800 mètres Ă  45 degrĂ©s[7]. Les navires comprenaient Ă©galement 2 tubes lance-torpilles de 500 mm, embarquant des torpilles de 500 mm G7. D'une charge de 195 kg, leur portĂ©e Ă©taient de 4 000 mètres Ă  37 nĹ“uds (68,5 km/h) et 9 300 mètres Ă  27 nĹ“uds (50 km/h)[7]. Les tubes Ă©taient montĂ©s sur le pont au milieu du navire (ou immergĂ©s dans la quille du cĂ´tĂ© de la bordĂ©e selon une autre source[7]). Les navires de la classe emportaient Ă  bord jusqu'Ă  120 mines marine[6].

Blindage

Comme ils avaient Ă©tĂ© commandĂ©s et conçus pour la marine russe, les navires ne possĂ©daient pas de ceinture blindĂ©e de flottaison, contrairement aux modèles allemands contemporains. Le château avait des cĂ´tĂ©s de 75 mm (3 pouces) d'Ă©paisseur et un toit de 50 mm (2 pouces) d'Ă©paisseur. Le pont Ă©tait recouvert d'une plaque de blindage de 80 mm (3,1 pouces) d'Ă©paisseur Ă  l'avant, rĂ©duite Ă  20 mm (0,79 pouce) Ă  l'arrière. Les traverses inclinĂ©es d’une Ă©paisseur de 40 mm (1,6 pouce) offraient une mesure de protection sur la partie supĂ©rieure des flancs du navire. Le blindage des magasins Ă©tait de 80 mm d'Ă©paisseur[7] et les tourelles protĂ©gĂ©es par une plaque de blindage de 50 mm d'Ă©paisseur[6].

Historique

Pillau

Opérant principalement en mer Baltique et en mer du Nord, il participe en août 1915 à la bataille du golfe de Riga contre la marine russe[8]. Du 31 mai au , il prend part à une action importante à la bataille du Jutland[9] au cours duquel il est légèrement endommagé[10]. Il assiste le croiseur de bataille SMS Seydlitz, gravement endommagé, à atteindre le port le 2 juin après la fin de la bataille[11]. Le Pillau participe également à la seconde bataille de Heligoland[12], avant d'être affecté à l'opération finale prévue de la Hochseeflotte dans les dernières semaines de la guerre[13], mais une mutinerie à grande échelle annula l'opération[14].

Après la fin de la guerre, il est cédé à l'Italie au titre d'indemnité de guerre[5]. Il sert dans la Regia Marina à partir de 1924 sous le nom de Bari. Reclassé croiseur éclaireur en 1929[15], il est réarmé et participe à la Seconde Guerre mondiale, opérant principalement au large de la Corse et du Monténégro[16]. Bombardé par l'USAAF dans le port de Livourne le 28 juin 1943, il coule en eau peu profonde deux jours plus tard, avant d'être renfloué pour être démoli en 1948[15].

Elbing

Le SMS Elbing représenté sur une carte postale de l'époque.

L'Elbing n'a participĂ© qu'Ă  deux opĂ©rations majeures au cours de sa carrière. Le premier est le bombardement de Yarmouth et de Lowestoft en avril 1916 au cours duquel il engagea brièvement la Force de Harwich[17]. Un mois plus tard, il participe Ă  la bataille du Jutland[18]. Il est lourdement engagĂ© dans des combats confus dans la nuit du 31 mai au 1er juin[19], et peu après minuit, il touche accidentellement le cuirassĂ© Posen, trouant sa coque[20]. Les inondations ont noyĂ© les moteurs et les gĂ©nĂ©rateurs Ă©lectriques du navire, le rendant ainsi immobilisĂ© et sans Ă©lectricitĂ©. Vers 2 heures du matin, un torpilleur allemand a secouru la majeure partie de l'Ă©quipage. Les hommes restants ont sabordĂ© l'Elbing avant de rejoindre un cotre et d'ĂŞtre secouru par un vapeur nĂ©erlandais[21].

Notes et références

  1. Nikolaï Mouraviov-Amourski (1809-1881), un homme d'État et diplomate russe, qui a joué un rôle déterminant dans l'expansion de l'Empire russe jusqu'aux côtes de l'océan Pacifique.
  2. Gennady Nevelskoy (1813-1876), un navigateur russe
  3. Gardiner et Gray 1985, p. 161
  4. Gröner 1990, p. 110–111
  5. Gröner 1990, p. 111
  6. Gröner 1990, p. 110
  7. CROISEUR LEGER Pillau sur http://le.fantasque.free.fr.
  8. Halpern 1995, p. 197.
  9. Tarrant 1995, p. 62.
  10. Campbell ,1998, p. 112–113.
  11. Campbell ,1998, p. 330–333.
  12. Woodward 1973, p. 90–91
  13. Woodward 1973, p. 116.
  14. Tarrant 1995, p. 281–282.
  15. Gardiner et Gray 1985, p. 265
  16. Whitley 1995, p. 156–157.
  17. Tarrant 1995, p. 53–54.
  18. Tarrant 1995, p. 74.
  19. Tarrant 1995, p. 211–214.
  20. Campbell ,1998, p. 392.
  21. Campbell ,1998, p. 295.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Robert Gardiner et Randal Gray, Conway's All the World's Fighting Ships (1906-1921), [dĂ©tail de l’édition]
  • (en) John (prĂ©f. Antony Preston), Jutland: An Analysis of the Fighting, New York, Lyons Press, , 1re Ă©d., 439 p. (ISBN 978-1-558-21759-1)
  • (en) Robert Gardiner (dir.), Randal Gray (editor), PrzemysĹ‚aw Budzbon et al., Conway's All the World's Fighting Ships: 1906–1921, Annapolis, Naval Institute Press, , 439 p. (ISBN 978-0-870-21907-8, OCLC 18289807)
  • (en) Eric Groner (trad. de l'allemand, ill. Erich Gröner, Peter Mickel and Franz Mrva), German Warships 1815 - 1945 [« Die deutschen Kriegsschiffe, 1815-1945 »], vol. Volume One: Major Surface Vessels, Annapolis, Naval Institute Press, , v. 1. Major surface vessels -- v. 2. U-boats and mine warfare. (ISBN 978-0-870-21790-6 et 978-1-557-50301-5)
  • (en) Paul G Halpern, A naval history of World War I, Annapolis, Md, Naval Institute Press, , 610 p. (ISBN 978-1-612-51172-6, OCLC 847738593, lire en ligne)
  • (en) V. E. Tarrant et Roger Chesneau, Jutland: The German Perspective, Londres, Cassell Military Paperbacks, coll. « Cassell military paperbacks », (rĂ©impr. 2001), 350 p. (ISBN 978-0-304-35848-9 et 978-0-304-35818-2, OCLC 969772887)
  • Michael J Whitley et Mike Whitley, Cruisers of World War Two : an international encyclopedia, London, Arms and Armour Press, , 288 p. (ISBN 978-1-854-09225-0)
  • (en) David Woodward, The collapse of power; mutiny in the High Seas Fleet, London, A. Barker, , 240 p. (ISBN 978-0-213-16431-7)
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