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Classe Mogami

La classe Mogami fut la cinquième classe de croiseurs de la Marine impĂ©riale japonaise dĂ©cidĂ©e lors du premier plan de rĂ©armement japonais. Elle a Ă©tĂ© construite Ă  partir de 1934-1936 dans les arsenaux de Kure et Yokosuka, et les chantiers navals de Nagasaki et KĹŤbe. Ce fut la première Ă  utiliser les stipulations du traitĂ© de Londres de 1930, qui ont permis de construire des croiseurs dits « lĂ©gers », parce que leur calibre d'artillerie principale Ă©tait au plus Ă©gal Ă  155 mm, mais avec douze Ă  quinze canons et toutes les autres caractĂ©ristiques des croiseurs « lourds », dĂ©placement, blindage, vitesse. Ils ont reçu ultĂ©rieurement une artillerie principale de dix canons de 203 mm, ce qui montre le caractère factice de la distinction entre croiseurs lĂ©gers ou lourds se fondant seulement sur le calibre de l'artillerie principale.

Classe Mogami
Image illustrative de l'article Classe Mogami
Trois croiseurs de la 7e Division (classe Mogami), pendant l'été 1938
Caractéristiques techniques
Type croiseur lourd
Longueur 201,6 m
Maître-bau 18 m
Tirant d'eau 5,5 m
DĂ©placement 9 850 tonnes
15 490 tonnes Ă  pleine charge
Propulsion 4 turbines à engrenages Kampon alimentées par
10 chaudières (8 sur S et K)
Puissance 152 000 ch
Vitesse 35-37 nœuds maxi
Caractéristiques militaires
Blindage ceinture = 100-125 mm
pont = 35-60 mm
magasin = 127 mm
tourelle = 25 mm
barbette = 25 mm
Armement initial :
Quinze (5X3) x 155 mm
Huit (4x2) x 127 mm
Quatre (4x1) Vickers 40 mm
Douze (4x3)tubes lance-torpilles de 610 mm
final :
Dix (5x2) ou six (3x2) pour le Mogami en 1943 x 203 mm
Huit (4X2) x 127 mm (DCA)
8 Ă  50 x 25 mm (DCA)
4 mitrailleuses Vickers x 13,2 mm (DCA)
Douze (4X3) tubes lance-torpilles (610 mm)
mines
AĂ©ronefs 3 Ă  11 Hydravions, 1-2 catapultes, 1 grue
Rayon d’action 8 150 miles Ă  14 nĹ“uds
(2 300 tonnes de mazout)
Autres caractéristiques
Équipage 850 hommes
Histoire
Constructeurs Arsenaux de Kure et Yokosuka, chantiers navals de Nagasaki et KĹŤbe Drapeau du Japon Japon
A servi dans
Commanditaire Marine impériale japonaise
PĂ©riode de
construction
1931-1937
PĂ©riode de service 1935-1944
Navires construits 4
Navires prévus 4
Navires perdus 4

Les quatre unités de cette classe ont pris une part active à la guerre du Pacifique, depuis l'occupation japonaise de l'Indochine à l'été 1941, l'invasion des colonies européennes du sud-est asiatique, pendant l'hiver 1941-1942, la bataille de Midway, au printemps 1942, jusqu'à la bataille du golfe de Leyte, à l'automne 1944. Aucun n'aura échappé à la destruction.

Arrière-plan et conception

Schéma classe Mogami

Après que le traitĂ© de Londres de 1930 a interdit d'accroĂ®tre les flottes de croiseurs lourds, c'est-Ă -dire armĂ©s de canons d'artillerie principale dont le calibre Ă©tait supĂ©rieur Ă  155 mm et au plus Ă©gal Ă  8 pouces (203 mm), la Marine impĂ©riale japonaise, et sa grande rivale dans l’OcĂ©an Pacifique, l'U.S. Navy, Ă©taient toutes deux intĂ©ressĂ©es Ă  avoir de grands croiseurs, qu’ils soient classĂ©s « lourds » ou « lĂ©gers » leur importait peu, d'autant que la supĂ©rioritĂ© des croiseurs lourds n’était rĂ©elle que par temps clair. Avec une visibilitĂ© plus faible, en ces temps antĂ©rieurs au radar d’artillerie, la cadence de tir plus rapide des canons de 152 mm faisait des croiseurs lĂ©gers des adversaires coriaces[1]. On peut estimer que le poids de la bordĂ©e d'un grand croiseur lĂ©ger, armĂ© de douze canons de 152 mm, tirant des obus de 45 kg environ Ă  six coups par minute Ă©tait de 3 260 kg/min, pour 1 130 kg/min pour un croiseur lourd armĂ© de huit canons de 203 mm tirant des obus de 110 kg environ Ă  deux coups et demi par minute[2]. Encore fallait-il que les grands croiseurs lĂ©gers aient une vitesse et un blindage leur permettant d'approcher sans dommages jusqu'Ă  avoir leurs adversaires Ă  portĂ©e.

Or le TraitĂ© naval de Londres n'avait pas fixĂ© de limite maximale de dĂ©placement pour les croiseurs « lĂ©gers », officiellement appelĂ©s croiseurs de type B, de sorte que ne demeurait que la limite supĂ©rieure de 10 000 tonnes, fixĂ©e par le traitĂ© de Washington. Ainsi la Marine impĂ©riale japonaise passa commande dans le plan de renouvellement de la flotte de 1931, des deux premières unitĂ©s, Mogami et Mikuma, d’une nouvelle classe de croiseurs. DotĂ©e de quinze canons de 155 mm[3] en cinq tourelles triples, et avec un dĂ©placement annoncĂ© de 8 500 tonnes, manifestement sous-Ă©valuĂ©[4], la classe Mogami Ă©tait officiellement conforme aux stipulations du traitĂ© de Londres pour les croiseurs lĂ©gers.

Caractéristiques

En 1939, lors d'une refonte, les tourelles triples de 155 mm furent remplacĂ©s par des tourelles doubles de 203mm, sur les quatre croiseurs de la classe, ce qui les rangeait dans la catĂ©gorie des croiseurs lourds. Ils reçurent un bulge supplĂ©mentaire qui porta leur largeur Ă  20,19 m. Leur dĂ©placement atteignit 12 400 tonnes et leur vitesse fut rĂ©duite Ă  34 Âľ nĹ“uds[5].

Armement

Le canon de 155 mm/60 calibres qui a Ă©quipĂ© la classe Mogami Ă©tait une arme nouvelle mise au point dans la foulĂ©e du traitĂ© naval de Londres de 1930, qui avait retenu le calibre de l'artillerie des croiseurs français de la classe Duguay-Trouin, conçus avant le traitĂ© de Washington de 1922, comme limite supĂ©rieure de l'armement des croiseurs « lĂ©gers Â». Jusqu'alors, dans les calibres proches, la Marine ImpĂ©riale japonaise utilisait les canons de 152 mm de Vickers, qu'elle avait installĂ©s comme artillerie secondaire, sous casemates, sur les cuirassĂ©s des classes KongĹŤ et FusĹŤ, et qui ont Ă©tĂ© rĂ©utilisĂ©s en tourelles doubles sur les croiseurs lĂ©gers de la classe Agano, au dĂ©but des annĂ©es 1940.

Ce canon d'un poids 12,7 tonnes, Ă©tait nettement plus lourd que ses Ă©quivalents des autres marines qui pesaient de 7 Ă  8,9 tonnes. Il tirait un obus de perforation de 55,87 kg, avec une vitesse initiale de 920-925 m/s, Ă  27 400 mètres, Ă  l'Ă©lĂ©vation de 45°, avec une cadence pratique de cinq coups par minute. Ces caractĂ©ristiques Ă©taient très comparables Ă  celle du canon français de 152 mm/55 calibres Modèle 1930 qui tirait un obus de perforation de 56 kg Ă  la vitesse initiale de 870 m/s, avec une portĂ©e de 26 500 mètres, Ă  l'Ă©lĂ©vation de 45°, avec une cadence comparable. Le canon amĂ©ricain 152 mm/47 calibres Mark16, installĂ© sur tous les croiseurs Ă  partir de la classe Brooklyn conçue en riposte Ă  la classe Mogami, tirait un obus de 59 kg, Ă  une distance un peu plus courte (24 000 mètres) mais, Ă  une cadence supĂ©rieure, dix coups par minute, les tourelles amĂ©ricaines Ă©tant semi-automatiques, avec les trois canons prenant la mĂŞme Ă©lĂ©vation.

La tourelle triple pesait 180 tonnes, son poids la plaçait plutĂ´t dans le haut de la fourchette, en comparaison avec la tourelle française de 152 mm Modèle 1930, contre but marin, qui pesait 172 tonnes, les tourelles de 6 pouces de la classe Brooklynn et de la classe Cleveland qui pesaient de 156 Ă  170 tonnes, et les tourelles britanniques de 6 pouces BL Mark XXII ou XXIII qui pesaient de 148 Ă  185 tonnes. Les trois canons Ă©taient montĂ©s sur des berceaux indĂ©pendants.

La disposition des tourelles avant était un peu différente des classes précédentes, Myōkō et Takao. La tourelle superposée avant était la tourelle no 3 et non pas la tourelle no 2. De ce fait, la barbette de la tourelle surélevée était intégrée dans la superstructure. Mais cela soumettait les barbettes à des tensions internes importantes et a posé problème à l'origine, provoquant des bourrages, ce qu'une amélioration de la fixation de la barbette à la structure de la coque a permis de résoudre.

Initialement prévues pour une utilisation contre-avions avec une élévation de 75°, ces tourelles avaient une vitesse de rotation de 5 à 6°/s et une vitesse d'élévation prévue de 16°/s, mais elle n'était en pratique que de 10°/s, ce qui a conduit à renoncer à l'usage anti-aérien.

Le canon de 203 mm 2 GÔ (Mark II)[6], installé lors de la refonte des années 1939-1940, était identique à celui qui équipait les croiseurs lourds japonais de la classe Takao, mais avec une tourelle, dite du modèle « E2 modifié », dont l'élévation maximale était de 55°.

L'artillerie secondaire consistait en quatre tourelles doubles de 127 mm Type 89[7]. Ce matĂ©riel Ă  double usage tirait des obus explosifs de 23 kg Ă  14 800 mètres, Ă  une Ă©lĂ©vation de 45°, avec une vitesse initiale de 700 Ă  725 m/s, ou, en tir anti-aĂ©rien, avec un plafond de 9 400 mètres, Ă  l'Ă©lĂ©vation de 75°. La vitesse de rotation ou d'Ă©lĂ©vation Ă©tait de 7°/s et de 16°/s. La cadence de tir Ă©tait de huit coups par minute. Avec une vitesse initiale plus grande de 760 m/s, le canon amĂ©ricain de 5 pouces/38 calibres Mark 12 avait un plafond de près de 12 000 mètres et une cadence de tir de 12 Ă  15 coups par minute au moins.

L'artillerie anti-aĂ©rienne rapprochĂ©e comprenait quatre affĂ»ts simples de 40 mm[8], dĂ©rivĂ©s des pièces de 2 livres Ă  tir rapide Vickers Mark VIII, c'est-Ă -dire des “Pom-Pom” en affĂ»t simple, tirant 60 Ă  100 coups par minute, avec un plafond de 7 000 mètres. Sa cadence de tir et sa portĂ©e Ă©tant jugĂ©es insuffisantes, elle a Ă©tĂ© remplacĂ©e par des canons antiaĂ©riens de 25 mm Type 96[9] dĂ©rivĂ©es du matĂ©riel français Hotchkiss de 25 mm, qui ont constituĂ© l'arme de base de la dĂ©fense contre-avions rapprochĂ©e de la Marine ImpĂ©riale pendant la guerre. On en installa sur chaque croiseur quatre affĂ»ts doubles autour du bloc passerelle, et quatre mitrailleuses simples de 13,2 mm, dès la première refonte de 1936. Les deux dernières unitĂ©s de la classe, (Suzuya et Kumano) reçurent, pendant leur construction, les mĂŞmes amĂ©liorations[10] - [5].

Quatre plates-formes triples lance-torpilles de 610 mm (Longues Lances) ont Ă©tĂ© installĂ©es dès l'origine, et n'ont pas Ă©tĂ© remplacĂ©es, alors que les autres croiseurs ont reçu, dès l'origine, ou Ă  l'occasion de refontes, des plates-formes quadruples.

Pour la reconnaissance aérienne, deux catapultes et une grue permettaient de mettre en l'air et de récupérer trois hydravions.

Protection

Le blindage Ă©tait Ă©quivalent Ă  celui de la classe Takao, 76 Ă  102 mm en ceinture, 127 mm sur les magasins de munitions.

Propulsion

Grâce Ă  quatre turbines Ă  engrenages Kampon, alimentĂ©es par dix chaudières, la puissance des machines devait permettre de dĂ©velopper 152 000 ch, pour filer 37 nĹ“uds, mais les diffĂ©rentes refontes ont ramenĂ© la vitesse maximale autour de 35 nĹ“uds, du mĂŞme ordre de grandeur que la classe Takao. Les Suzuya et Kumano eurent, pendant leur construction, leur nombre de chaudières rĂ©duit de dix Ă  huit, sans rĂ©duction de puissance[10] - [5].

Les unités de la classe

Nom Quille Lancement Armement Chantier naval Fin de carrière Photo
Mogami Arsenal de Kure
Drapeau du Japon Japon
coulé le
à la bataille du détroit de Surigao
Mikuma Chantiers navals Mitsubishi de Nagasaki
Drapeau du Japon Japon
coulé le
Ă  la bataille de Midway
Suzuya Arsenal de Yokosuka
Drapeau du Japon Japon
torpillé le
Ă  la bataille au large de Samar
Kumano Chantiers navals Kawasaki de KĹŤbe
Drapeau du Japon Japon
coulé le
en baie de Santa Cruz (Philippines)


Service

D' à , le Kumano a été commandé par Shōji Nishimura.

Pendant l'offensive générale japonaise jusqu'à Midway

Durant l'été 1941, les quatre navires ont participé à la couverture des débarquements de troupes japonaises qui ont occupé l'Indochine française. Ils ont constitué, fin , la 7e Division de Croiseurs, aux ordres du contre-amiral Kurita, qui avait sa marque sur le Kumano, et ont couvert les débarquements sur le côte malaisienne (à Kota Bharu) et thaïlandaise à partir du . Leurs hydravions embarqués ont participé à la recherche des HMS Prince of Wales et Repulse[11]. Puis ils ont participé à l'invasion japonaise de Borneo, du sud de Sumatra (vers Palembang) et de Java.

Au lendemain de la bataille de la mer de Java, dans la nuit du 27-, qui a vu la destruction des croiseurs néerlandais du contre-amiral Doorman[12] - [13], les croiseurs HMAS Perth et USS Houston ont rejoint le port de Batavia, Tanjung Priok. Ils ont tenté de s'échapper vers l'ouest, par le détroit de la Sonde pour gagner Tjilatjapna, sur la côte sud de Java. Une rencontre fortuite avec un important convoi de troupes japonaises, à l'escorte duquel participait la 7e division de croiseurs japonais a entrainé un violent combat de nuit, la bataille du détroit de la Sonde (-), dans lequel le Mogami et le Mikuma ont été engagés et qui a vu la destruction des deux croiseurs américain et australien[12].

La 7e Division de croiseurs a couvert ensuite les débarquements au nord de Sumatra (Sabang), sur la côte de Malaisie (Mergui) et sur les îles Andaman et a participé début , au raid mené, aux ordres du vice-amiral Ozawa, contre le trafic maritime allié dans le golfe du Bengale, qui a abouti à la perte de 23 navires de transport. Le 1er mai, le contre-amiral Kurita a été nommé vice-amiral. La 7e Division de Croiseurs n'a pas pris part à la bataille de la Mer de Corail et a rejoint, fin mai, la 2e Flotte du vice-amiral Kondō, pour assurer la couverture des troupes qui devaient débarquer à Midway.

Mais le , pendant l'approche, une erreur de manœuvre du Mikuma, au cours d'un mouvement d'évitement provoqué par une alerte sous-marine, a entrainé un abordage avec le Mogami. Très ralentis, les deux navires ont alors mis le cap à petite vitesse vers l'île de Wake. Repérés, ils ont été attaqués, le lendemain , à deux reprises, par l'aviation américaine basée à Midway, sans résultats, puis par des bombardiers en piqué Dauntless des USS Enterprise et Hornet. Les deux croiseurs ont alors été touchés, à plusieurs reprises chacun, et le Mikuma a été coulé, tandis que le Mogami a réussi à rester à flot[14] - [15], et est rentré à Truk puis au Japon.

Il y a Ă©tĂ© alors profondĂ©ment refondu, jusqu'en , pour accroĂ®tre la capacitĂ© de reconnaissance de la Flotte, ce que la Marine ImpĂ©riale japonaise confiait aux hydravions des croiseurs, alors que l'U.S. Navy avait recours Ă  l'aviation embarquĂ©e des porte-avions. Ses deux tourelles arrière d'artillerie principale, dĂ©truites par les bombes amĂ©ricaines, ont Ă©tĂ© supprimĂ©es, et un pont d'envol installĂ© sur l'arrière, pour y accueillir onze hydravions. Les quatre affĂ»ts simples de mitrailleuses de 13,2 mm ont Ă©tĂ© dĂ©barquĂ©s et remplacĂ©s par deux affĂ»ts triples de 25 mm, auxquels ont Ă©tĂ© ajoutĂ©s quatre autres affĂ»ts triples et deux affĂ»ts doubles, pour un total de trente tubes de 25 mm. Le dĂ©placement a Ă©tĂ© ramenĂ© Ă  12 200 tonnes ce qui a permis de porter la vitesse maximale Ă  35 nĹ“uds[5].

De Guadalcanal aux Mariannes

Carte de la région des Îles Salomon

Le , le contre-amiral Nishimura remplace le vice-amiral Kurita Ă  la tĂŞte de la 7e Division de Croiseurs, rĂ©duite au Kumano et au Suzuya. Le , la 7e Division de Croiseurs est rattachĂ©e Ă  la 3e Flotte du vice-amiral Nagumo. Elle a ainsi Ă©tĂ© prĂ©sente Ă  la bataille des Salomon orientales fin aoĂ»t[16], puis Ă  la bataille des Ă®les Santa Cruz, fin octobre[17] DĂ©but novembre, le Suzuya de la 7edivision et le Maya, de la 4e Division, ont Ă©tĂ© dĂ©tachĂ©s Ă  la 8e Flotte du vice-amiral Mikawa, qui avait perdu deux croiseurs lourds de la 6e Division de Croiseurs, l'un torpillĂ© le lendemain de la bataille de Savo, l'autre Ă  la bataille du cap EspĂ©rance. Dans la nuit du 12 au , eut lieu la première bataille navale de Guadalcanal, oĂą les Japonais venus, avec deux cuirassĂ©s rapides, bombarder l'aĂ©rodrome de Henderson Field[18] ont Ă©tĂ© repoussĂ©s avec de lourdes pertes par les croiseurs amĂ©ricains des contre-amiraux Callaghan et Scott, qui y ont Ă©tĂ© tuĂ©s[19]. Le lendemain soir, , le vice-amiral Mikawa est retournĂ© Ă  Guadalcanal, avec quatre croiseurs, partis des Ă®lots Shortland, au sud de l'Ă®le de Bougainville. Le Suzuya et le Maya ont tirĂ© quelque mille obus de 203 mm sur Henderson Field[19]. Le lendemain matin, l'aviation embarquĂ©e amĂ©ricaine a attaquĂ© les navires japonais retournant aux Ă®lots Shortland. Le Kinugasa a Ă©tĂ© coulĂ© et le Maya endommagĂ©[19]. Le Kumano ayant Ă©tĂ© envoyĂ© au Japon, pour passer en cale sèche, n'a pas participĂ© Ă  ces combats.

Après la seconde bataille de Guadalcanal, au cours de laquelle, dans la nuit du 14 au , le cuirassĂ© moderne amĂ©ricain USS Washington a coulĂ© le Kirishima[20], les grands navires de surface japonais ne sont plus engagĂ©s directement mais les croiseurs de la 7e Division sont restĂ©s dans les eaux du Pacifique du Sud-Ouest entre les Ă®lots Shortland, Rabaul, Kavieng ou Truk, ne rentrant au Japon que pour recevoir des renforcements de leur DĂ©fense Contre Avions rapprochĂ©e, avec l'adjonction d'affĂ»ts de 25 mm, notamment trois affĂ»ts triples et d'un radar, sur chacun des deux croiseurs, en .

En , le Mogami les a rejoints, à la fin de sa refonte en croiseur-porte-aéronefs, et la 7e Division a participé, en juin, avec deux cuirassés rapides, trois porte-avions et de nombreux destroyers à un transport de troupes du Japon à Rabaul. En juillet, légèrement endommagé lors d'une attaque aérienne, le Kumano est envoyé en réparation au Japon. À la mi-octobre, le Suzuya et le Mogami ont participé à la sortie de six cuirassés, trois porte-avions et dix croiseurs de la Flotte Combinée qui a vainement essayé d'intercepter les forces américaines qui étaient supposées aller attaquer l'île de Wake. Début novembre, l'envoi de Truk à Rabaul de sept croiseurs lourds, pour attaquer les troupes américaines qui avaient débarqué sur l'île de Bougainville, où la Marine Impériale japonaise venait d'essuyer un échec à la bataille de la baie de l'Impératrice Augusta a provoqué un raid massif de l'aviation embarquée du Task Group 50.4 du contre-amiral Sherman[21], qui a endommagé à nouveau le Mogami. Les navires japonais se sont alors définitivement repliés sur Truk.

Le , la 8e Division de Croiseurs a Ă©tĂ© dissoute et ses deux unitĂ©s rattachĂ©es Ă  la 7e Division. Après les bombardements intensifs de Truk Ă  la mi-[21], les croiseurs de la 7e Division ont dĂ» de nouveau se replier, cette fois vers les Ă®les Lingga, Ă  proximitĂ© de Singapour. DĂ©but mars, la flotte japonaise a reçu une nouvelle organisation : la Flotte CombinĂ©e a cĂ©dĂ© la place Ă  la Première Flotte Mobile. Fin mars, le Suzuya et Kumano ont reçu, Ă  Singapour, huit affĂ»ts simples anti-aĂ©riens de 25 mm supplĂ©mentaires. Le contre-amiral Shiraishi remplace alors le contre-amiral Nishimura Ă  la tĂŞte de la 7e Division[22], qui a gagnĂ© le mouillage de Tawi-Tawi, dans l'archipel de Sulu, pour rallier la Flotte Mobile du vice-amiral Ozawa, et plus prĂ©cisĂ©ment la Force “C” d'Avant-garde du vice-amiral Kurita. Ils ont dans cette formation participĂ© Ă  la bataille de la mer des Philippines, au moment du dĂ©barquement amĂ©ricain sur les Ă®les Mariannes (OpĂ©ration Forager), les 19 et [23].

Ă€ la bataille du Golfe de Leyte

RentrĂ©s au Japon, fin juin, les deux croiseurs reçurent encore de nouveaux radars de veille surface et aĂ©rienne, et de nouveaux affĂ»ts de 25 mm AA, ce qui a portĂ© leur DĂ©fense Contre Avions rapprochĂ©e Ă  cinquante tubes de 25 mm[5]. En octobre, lorsque les bombardements amĂ©ricains sur les Philippines ont permis aux Japonais de conclure que l'offensive amĂ©ricaine sur l'archipel Ă©tait imminente, le Suzuya et le Kumano ont fait partie des dix croiseurs qui devaient accompagner les cinq cuirassĂ©s de la Force d'Attaque de Diversion no 1 du vice-amiral Kurita, et le Mogami a Ă©tĂ© rattachĂ© Ă  la Force “C” du vice-amiral Nishimura, organisĂ©e autour des deux cuirssĂ©s de la classe FusĹŤ. Ces deux forces ont quittĂ© les Ă®les Lingga le et ont relâchĂ© en baie de Brunei, du 20 au , pour ensuite mener une attaque coordonnĂ©e, le au matin, contre les forces amĂ©ricaines ayant commencĂ© Ă  dĂ©barquer sur la cĂ´te orientale de l'Ă®le de Leyte, la Force du vice-amiral Kurita arrivant par le nord de l'Ă®le voisine de Samar, et celle du vice-amiral Nishimura par le sud, c'est-Ă -dire par le dĂ©troit de Surigao[24] - [25].

Mais attaquĂ©e dans la journĂ©e du 24 par l'aviation embarquĂ©e des grands porte-avions de la IIIe Flotte de l'amiral Halsey, la Force du vice-amiral Kurita prit du retard, de sorte que le vice-amiral Nishimura se prĂ©senta, seul, vers 2 h du matin dans le dĂ©troit de Surigao, oĂą il fut assailli par les trente-neuf vedettes lance-torpilles (PT boats), les vingt-six destroyers, les huit croiseurs et les six cuirassĂ©s anciens du Groupe d'Appui Feu de la VIIe Flotte du contre-amiral Oldendorf (TG 77.2 ) renforcĂ© du Groupe d'Appui RapprochĂ© (TG 77.3)[25]. Avançant avec une obstination et un mĂ©pris du danger dignes d'un meilleur sort, l'escadre japonaise s'est faite « barrer le T », pour la dernière fois dans l'histoire de la guerre navale, et a Ă©tĂ© anĂ©antie en deux heures de combats : les deux cuirassĂ©s ont Ă©tĂ© coulĂ©s, et le Mogami rĂ©duit Ă  l'Ă©tat d'Ă©pave ne gouvernant plus[26].

La 5e Flotte du vice-amiral Shima, rĂ©duite Ă  deux croiseurs lourds, un croiseur lĂ©ger et des destroyers, qui devait faire partie du « Corps Principal Â» du vice- amiral Ozawa, avait finalement reçu ordre de renforcer l'attaque du vice-amiral Kurita dans le Golfe de Leyte, mais en arrivant par le sud, c'est-Ă -dire par le dĂ©troit de Surigao. Il comptait le franchir vers 6 h, le , mais il n'avait eu aucun contact direct avec le vice-amiral Nishimura, pour se coordonner. Ayant appris par la radio que la Force du vice-amiral Kurita avait pris du retard, il rĂ©solut d'accĂ©lĂ©rer, pour arriver Ă  3 h, et soutenir ainsi le vice-amiral Nishimura, mais il ne rompit pas le silence radio pour le signaler. S'avançant Ă  28 nĹ“uds, en marchant au canon, dans la fumĂ©e et parmi les Ă©paves, le Nachi, navire de tĂŞte, est entrĂ© en collision Ă  4 h 30 avec l'Ă©pave du Mogami. N'ayant pas rencontrĂ© de navires amĂ©ricains, le vice-amiral Shima a dĂ©cidĂ© alors de se retirer, et les croiseurs que le contre-amiral Oldendorf a fait avancer pour achever les navires japonais endommagĂ©s, l'ont aperçu, route au sud, Ă  25 nĹ“uds, hors de portĂ©e[27].

Vers 5 h 30, le Mogami a essuyé le feu des croiseurs Denver et Columbia, mais ce n'est que sous les coups de l'aviation embarquée du Groupe d'Appui des Porte-Avions de la VIIe Flotte (TG 77.4) qu'il a fini par couler, les survivants étant recueillis par un destroyer japonais, qui a été coulé le lendemain par des B-24 des U.S. Army Air Forces[28].

Au moment où disparaissait le Mogami, la Force du vice-amiral Kurita, qui avait franchi, sans encombre, dans la nuit, le détroit de San-Bernardino, prenait sous son feu l'unité Taffy 3 (TG 77.4.3), six porte avions d'escorte de la VIIe Flotte. Certes au cours des 23 et , le vice-amiral Kurita avait eu deux croiseurs lourds coulés et un troisième mis hors de combat, par des sous-marins, au large de Palawan, et avait vu dans la mer de Sibuyan le cuirassé géant Musashi couler et un croiseur lourd mis hors de combat par l'aviation embarquée américaine[29], mais il lui restait quatre cuirassés et six croiseurs lourds, parmi lesquels deux de la classe Mogami, au sein de la 7e Division de Croiseurs. Disposant d'une supériorité en vitesse de sept à dix nœuds, et d'une puissance de feu écrasante, l'escadre japonaise se heurta à une pugnacité exceptionnelle des sept destroyers chargés de l'escorte des porte-avions qui se sont rués à l'attaque. Le Kumano a été gravement endommagé à l'avant par une torpille de l'USS Johnston, qui a été coulé par la suite, et le croiseur japonais a dû quitter le champ de bataille[30], l'amiral commandant la 7e Division de Croiseurs transférant sa marque sur le Suzuya. Quant aux pilotes de l'aéronavale américaine, malgré des bombes inadaptées à l'attaque de navires blindés, et la difficulté d'opérer depuis des navires soumis à un feu d'artillerie destructeur, ils ont réussi à envoyer par le fond le Suzuya, mais aussi le Chōkai et le Chikuma[31].

Seul rescapé de la classe Mogami, le Kumano subit des attaques aériennes de l'aviation embarquée de la IIIe Flotte, le lendemain, mais réussit à gagner Manille où il a été réparé sommairement. Il partit escorter un convoi, échappant à un violent bombardement sur Manille, le . Il a été torpillé le lendemain par le sous-marin USS Raton (en) mais il a réussi à se réfugier dans la Baie de Dasol, au nord-ouest de Luçon, et à gagner Santa Cruz. Il s'y trouvait encore en réparations, le , lorsqu'il a été bombardé par l'aviation embarquée de la IIIe Flotte et coulé.

Bibliographie

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Notes et références

Voir aussi

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