Christophe Antoine Gerle
Antoine Christophe Gerle, dit Dom Gerle nĂ© Ă Riom en France, le et mort Ă Paris le , est un religieux français de l'ordre des Chartreux qui fut membre de l'âAssemblĂ©e Constituante pendant la RĂ©volution française, et dĂ©froquĂ©.
Antoine Christophe Gerle | ||
Dom Gerle (Album du Centenaire). | ||
Fonctions | ||
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Assemblée constituante | ||
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Biographie | ||
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Riom | |
Date de décÚs | ||
Lieu de décÚs | Paris | |
Nationalité | française | |
Conjoint | Christine Raffet | |
Profession | Religieux, journaliste, député | |
Religion | Catholique | |
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CarriĂšre religieuse
Sous l'Ancien RĂ©gime, Christophe Antoine Gerle rejoint tĂŽt dans sa vie l'Ordre des Chartreux, il fait profession Ă la chartreuse de Port-Sainte-Marie le , vicaire en 1767, puis prieur de Vauclaire en 1768, de Moulins en 1780, convisiteur de la province cartusienne d'Aquitaine en 1781, visiteur en 1785, prieur du Val-Dieu[1] la mĂȘme annĂ©e et, en 1788, de Port-Sainte-Marie[2].
CarriĂšre politique sous la RĂ©volution
Il est envoyĂ© par son ordre Ă l'AssemblĂ©e du clergĂ© de la sĂ©nĂ©chaussĂ©e d'Auvergne de Riom. Le clergĂ© de la sĂ©nĂ©chaussĂ©e de Riom l'Ă©lit le dĂ©putĂ© supplĂ©ant aux Ătats gĂ©nĂ©raux. Cette nomination de supplĂ©ants de l'ordre du clergĂ© comme l'a fait le tiers-Ă©tat contre l'avis de l'Ă©vĂȘque de Clermont. Suite de la dĂ©mission de Labastide, curĂ© de Paulhaguet, il est admis Ă siĂ©ger le 11 dĂ©cembre suivant. Le , il intervient Ă l'AssemblĂ©e et offre en don patriotique, de la part de sa communautĂ©, une quantitĂ© importante d'argenterie. Il en profite pour demander une dĂ©cision qui fasse cesser l'incertitude oĂč se trouvent alors tous les religieux de France. On l'aperçoit sur le tableau de David, Le Serment du Jeu de paume, bien qu'il ait Ă©tĂ© absent lors du Serment du Jeu de paume, le peintre ayant donnĂ© libre cours Ă son imagination. DĂšs son arrivĂ©e Ă l'AssemblĂ©e, il se fait affilier au club des Jacobins.
Membre du ComitĂ© ecclĂ©siastique, il propose le Ă l'AssemblĂ©e Constituante qu'elle dĂ©crĂšte que la religion catholique, apostolique et romaine est et demeurera pour toujours la religion de la nation, et que son culte sera le seul public et autorisĂ©, mais le retire[3]. Il est repris par la droite, le lendemain, et repoussĂ©[4]. Jacques de Menou de Boussay intervient le 13 avril. AprĂšs avoir fait une profession de foi catholique, il s'interroge : Et pourquoi voudrais-je donc faire de cette religion que je respecte, la religion dominante de mon pays ? Si les opinions & les consciences ne peuvent ĂȘtre soumises Ă aucune Loi ; si tous les hommes sont Ă©gaux en droit, puis-je m'arroger celui de faire prĂ©valoir ou mes usages, ou mes opinions, ou mes pratiques religieuses ? Un autre homme ne pourrait-il me dire : ce sont les miennes qui doivent avoir la prĂ©fĂ©rence ? ... Le mot dominante n'entraĂźne-t-il pas l'idĂ©e d'une supĂ©rioritĂ© contraire au principe de l'Ă©galitĂ©, qui fait la base de notre constitution. Sans doute, en France la religion catholique est celle de la majoritĂ© de la Nation ; n'y eĂ»t-il qu'un seul individu qui en professĂąt une diffĂ©rente, il a le mĂȘme droit Ă l'exercer, pourvu qu'il ne nuise ni Ă la religion de la majoritĂ©, ni Ă l'ordre public, ni au maintien de la sociĂ©tĂ©... Qu'on daigne ouvrir les Annales de l'Histoire, & sur-tout de celle de France. De quel malheur les guerres de religion n'ont-elles pas accablĂ© ce beau royaume ? de quels atrocitĂ©s n'ont pas Ă©tĂ© souillĂ©s les rĂšgnes de plusieurs de nos rois depuis François Premier jusqu'Ă Louis XIV[5].. L'AssemblĂ©e considĂ©rant que ses pouvoirs ne peuvent s'exercer sur les consciences et sur les opinions religieuses, que la majestĂ© de la religion et le respect qui lui est dĂ» ne permettent pas d'en faire l'objet d'une dĂ©libĂ©ration. Et dans le mĂȘme Ă©lan, l'AssemblĂ©e repousse sa motion rĂ©clamant une indĂ©pendance spirituelle en vertu des dispositions de l'article 10 de la dĂ©claration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Il aurait Ă©galement proposĂ© la laĂŻcisation des prĂȘtres qui abandonneraient la prĂȘtrise. Il prĂȘte serment Ă la Constitution civile du clergĂ©, lors de la sĂ©ance du 27 dĂ©cembre 1790[6].
En 1791, il est Ă©lu Ă©vĂȘque de Meaux, mais refuse cet Ă©vĂȘchĂ©. En , il abjure la prĂȘtrise ; il est compromis dans plusieurs affaires de mysticisme, dans les salons de la duchesse de Bourbon, Bathilde d'OrlĂ©ans, avec Pierre Pontard, que certains contemporains prĂ©sentent comme son rival[7].
Il est en particulier proche de Suzette Labrousse, mais surtout en 1793-1794 de Catherine Théot, qui se faisait appeler « la MÚre de Dieu ». Il se dit l'« apÎtre d'un mysticisme chrétien révolutionnaire ».
Scandales ésotériques
Pendant la période révolutionnaire, Gerle développe un goût prononcé pour le mysticisme lié avec des idées réformatrices. En juin 1790, dom Gerle rapporte les prophéties de Suzette Labrousse au club des Jacobins et veut la faire présenter à l'Assemblée, mais lui et sa protégée se ridiculisent aux yeux des Girondins[8]. Dom Gerle raconte qu'elle aurait prophétisé en 1769 qu'il ferait partie d'une Assemblée nationale, et déclare que la constitution civile du clergé « fait partie des plans de Dieu », suivant les propos de Suzette Labrousse[9]. Il demande alors à l'Assemblée Constituante d'accorder sa protection à celle-ci.
Gerle est invitĂ© dans les salons Ă©sotĂ©riques de la duchesse de Bourbon, loge avec un docteur spirite, puis dans la maison d'un Ă©bĂ©niste, oĂč ses tendances au mysticisme s'accentuent. Il y entend les visions de Catherine ThĂ©ot, domestique devenue prophĂ©tesse, se proclamant « mĂšre de Dieu » (la Sainte Vierge) et « Nouvelle Ăve »[10].
Ses adversaires, dĂ©sireux de prĂ©senter les Jacobins comme dĂ©istes non chrĂ©tiens, lui reprocheront longtemps ces liens avec des prophĂ©tesses et ses conspirations. Voulant atteindre indirectement Robespierre, qui lui a dĂ©livrĂ© un certificat de civisme, Alexis Vadier l'accuse de fomenter avec Catherine ThĂ©ot un culte « thĂ©otiste », source d'intrigues et de complots contre-rĂ©volutionnaires, et le fait arrĂȘter avec ses « complices » le ; mais il est sauvĂ© par Robespierre. OubliĂ© aprĂšs la chute de Robespierre, il retrouve la libertĂ© grĂące Ă la loi d'amnistie votĂ©e le par la Convention thermidorienne.
CarriĂšre sous le Directoire
Catherine Théot meurt en prison, mais Gerle est gracié par le Directoire. Il devient l'un des rédacteurs du Messager du soir d'Isidore Langlois. En 1796, il écrit à Jean-François Reubell pour lui demander une place dans l'administration des Finances[11]. En ventÎse an VI (février-), il rejoint les bureaux du ministÚre de l'Intérieur en qualité de rédacteur. Le 1er nivÎse an VIII (), il passe au ministÚre de la Police[12].
Ayant renoncĂ© Ă ses vĆux de cĂ©libat, on suppose, sur la foi d'une communication verbale d'Auguste Raffet, son neveu par alliance, qu'il s'est mariĂ© sous le nom de « M. de Chaligny » avec sa concubine Christine Raffet, sĆur de Nicolas Raffet, concurrent de François Hanriot au commandement de la garde nationale parisienne Ă l'Ă©tĂ© 1793[13]. Il meurt Ă Paris le .
Publications
- « Motion de Dom Gerle relative aux ordres religieux, lors de la sĂ©ance du 12 dĂ©cembre 1789 », Archives Parlementaires de la RĂ©volution Française, t. 10,â , p. 526-527 (lire en ligne)
- « Notices et documents concernant l'histoire de l'Auvergne. Lettres inĂ©dites de Dom Gerle », Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne,â , p. 139-165 (lire en ligne)
Notes et références
- Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne, vol. 24, 1905, p. 95.
- Devaux, Augustin et Van Dijck, Gabriel, Nouvelle Bibliographie Cartusienne : Cartusiana, Grande Chartreuse, Maisons de l'Ordre, , 785 p..
- « Motion de dom Gerle sur la religion catholique, lors de la sĂ©ance du 12 avril 1790 », Archives Parlementaires de la RĂ©volution Française, t. 12,â , p. 702 (lire en ligne)
- « Suite de la discussion sur la motion de dom Gerle concernant la religion catholique, lors de la sĂ©ance du 13 avril 1790 », Archives Parlementaires de la RĂ©volution Française, t. 12,â , p. 714-716 (lire en ligne)
- Jacques de Menou, Opinion de M. le baron de Menou, député a l'Assemblée nationale : prononcée dans la séance du mardi 13 avril, Paris, De l'Imprimerie nationale, (lire en ligne)
- « Liste des ecclĂ©siastiques qui prĂȘtent serment Ă la Constitution civile du clergĂ©, lors de la sĂ©ance du 27 dĂ©cembre 1790 », Archives Parlementaires de la RĂ©volution Française, t. 21,â , p. 678-679 (lire en ligne)
- « Bernard Labrousse de Beauregard »
- Biographie universelle, ancienne et moderne, vol. 65, Joseph-François Michaud, Louis-Gabriel Michaud, (lire en ligne), p. 299-301
- « Tu survivras, religion sainte que j'adore, Ă la perte des ministres prĂ©varicateurs ! Aussi c'est avec dĂ©lices que je parcours les prophĂ©ties que contiennent les livres sacrĂ©s, et c'est avec effusion de cĆur que je publie des prĂ©dictions qui m'en font entrevoir l'accomplissement prochain. Non, la religion ne pĂ©rira pas, au contraire, c'est des dĂ©bris mĂȘme du clergĂ© que vont sortir les saints, les hommes de Dieu, les apĂŽtres et les vrais disciples du Sauveur ! » Journal prophĂ©tique, premiĂšre semaine de mars 1792, p. 91.
- Michel Eude, « Points de vue sur lâaffaire Catherine ThĂ©ot », Annales historiques de la RĂ©volution française, no 198, octobre-dĂ©cembre 1969, p. 609-611. NumĂ©risĂ© sur PersĂ©e.
- Annales révolutionnaires, vol. 4, Société des études robespierristes, 1911, p. 114.
- Catherine Kawa, Les ronds-de-cuir en RĂ©volution : les employĂ©s du MinistĂšre de l'intĂ©rieur sous la PremiĂšre rĂ©publique (1792-1800), Ăditions du CTHS, , 583 p., p. 355.
- H. Monin, « Notes sur la famille de Raffet », La RĂ©volution française : revue d'histoire moderne et contemporaine, t. 24,â , p. 528 (lire en ligne).
Annexes
Bibliographie
- Philippe Buchez, Pierre Célestin Roux, Histoire parlementaire de la Révolution française, ou, Journal des Assemblées nationales, t. 33, (lire en ligne).
- Henri Lamendin, « Dom Gerle et la chute de Robespierre », Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, Clermont-Ferrand, AcadĂ©mie des Sciences, Belles-Lettres et Arts, vol. 104, no 757,â , p. 85-104.
- Francisque MĂšge, « Notes biographiques sur les DĂ©putĂ©s de la Basse-Auvergne (dĂ©partement du Puy-de-DĂŽme) - Dom Gerle », MĂ©moires de l'AcadĂ©mie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand, t. 7,â , p. 437-468 (lire en ligne)
- Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français comprenant tous les membres des assemblées françaises et tous les ministres français depuis le 1er mai 1789 jusqu'au 1er mai 1889, avec leurs noms, état civil, états de services, actes politiques, votes parlementaires, etc, t. III, Paris, Edgar Bourloton, (lire en ligne), p. 161.
- Jean Tulard, Jean-François Fayard et Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française. 1789-1799, Paris, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1987, 1998 [détail des éditions] (ISBN 978-2-221-08850-0)
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative Ă la vie publique :