Chez nous (film, 2017)
Chez nous est un film franco-belge coécrit et réalisé par Lucas Belvaux, sorti en 2017.
RĂ©alisation | Lucas Belvaux |
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Scénario |
Lucas Belvaux JĂ©rĂŽme Leroy |
Musique | Frédéric Vercheval |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Synecdoche |
Pays de production |
France Belgique |
Genre | Drame |
Durée | 118 minutes |
Sortie | 2017 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Bien que tous les noms et dĂ©signations de partis soient fictifs, le film traite de l'extrĂȘme droite française, notamment du Front national et de sa stratĂ©gie de dĂ©diabolisation.
Synopsis
Ă HĂ©nart, dans le Pas-de-Calais, Pauline Duhez (Ămilie Dequenne) est infirmiĂšre libĂ©rale. Tous les jours, elle est confrontĂ©e Ă la misĂšre sociale, Ă la disparition des services publics, tout en jonglant avec une vie personnelle bien remplie : son pĂšre, ancien mĂ©tallurgiste malade de l'amiante dont elle s'occupe, et ses enfants, qu'elle Ă©lĂšve seule. Un jour, le docteur Philippe Berthier (AndrĂ© Dussollier), mĂ©decin fortunĂ© et ancien dĂ©putĂ© europĂ©en, lui propose de se prĂ©senter aux Ă©lections municipales en tĂȘte de la liste du Rassemblement national populaire (RNP), un mouvement populiste fondĂ© par AgnĂšs Dorgelle (Catherine Jacob), prĂ©sidente du Bloc Patriotique, un parti d'extrĂȘme-droite. RĂ©ticente, Pauline se laisse sĂ©duire par le discours de la prĂ©sidente du RNP, Ă la fibre sociale et en appelant au peuple, du docteur Berthier, qui Ă©voque la notoriĂ©tĂ© et l'empathie de Pauline, et le soutien de ses amis, dont certains se rĂ©vĂšlent ouvertement racistes. AprĂšs avoir acceptĂ© d'ĂȘtre candidate, la vie de Pauline change radicalement, certains de ses proches se dĂ©tournent d'elle et n'est plus la bienvenue chez certains de ses patients.
Fiche technique
Sauf indication contraire ou complĂ©mentaire, les informations mentionnĂ©es dans cette section peuvent ĂȘtre confirmĂ©es par la base de donnĂ©es d'Unifrance.
- Titre original : Chez nous
- RĂ©alisateur : Lucas Belvaux
- Scénariste : Lucas Belvaux et JérÎme Leroy
- Musique : Frédéric Vercheval
- Décors : Frédérique Belvaux
- Costumes : Dorothée Guiraud
- Photographie : Pierric Gantelmi d'Ille
- Son : Luc Thomas
- Montage : Ludo Troch
- Production : David Frenkel ; Patrick Quinet (coproduction)
- Sociétés de production : Synecdoche ; Artémis Productions (coproduction) ; SOFICA Cofimage 28, LBPI 10, Manon 7 (en association avec)
- Sociétés de distribution : Le Pacte (France) ; Agora Films Suisse (Suisse romande), Cinéart (Belgique)
- Pays d'origine : France
- Langue originale : français
- Format : couleur
- Genre : drame
- Durée : 118 min
- Dates de sortie :
Distribution
- Ămilie Dequenne : Pauline Duhez
- André Dussollier : Philippe Berthier
- Guillaume Gouix : Stéphane Stankowiak
- Catherine Jacob : AgnĂšs Dorgelle
- Anne Marivin : Nathalie Leclerc
- Patrick Descamps : Jacques Duhez
- Charlotte Talpaert : Nada Belisha
- Michel Ferracci : Dominique Orsini
- Mateo Debaets : Tom
- Coline Marcourt : Lili
- Corentin Lobet : Yo
- Thibault Roux : Max
- Stéphane Caillard : Victoire Vasseur
- Cyril Descours : Jean-Baptiste Verhaeghe
- Julien Roy : Bernard Tovi
- Bernard Mazzinghi : Alexandre de Mareuil
- Gérard Dubouche : François Marcillac
- Bernard Eylenbosch : Erwann
- Christophe Moyer : Ăric
- Tom Robelin : Cyril
- Manon Wathelier : AnaĂŻs
- Ludovic MoliĂšre : Jean
- Ăvelyne El Garby-KlaĂŻ : Madame Oumaouche
- Iman Amara-Korba : Djamila Oumaouche
- Jeannine Le Gru : Madame Rolin
- Jean-Louis Sbille : M. Biaggi
- Ulrich Vanacker : Le pĂšre en colĂšre
- Pierre Degand : Skieur
Production
Le tournage a lieu Ă Lens, Ă BĂ©thune, Ă Hersin-Coupigny et Ă Bruay-la-BuissiĂšre dans le Nord-Pas-de-Calais, entre le et le [1] - [2] - [3] - [4] - [5] - [6].
Accueil
Critiques
Mathieu Macheret du Monde regrette que le rĂ©alisateur Lucas Belvaux, en s'engageant ainsi sur le front politique, perde son cinĂ©ma. Le film serait plombĂ© « par une mise en scĂšne sursignifiante. »[7]. Pour Les Inrocks, ce portrait de campagne « n'Ă©vite pas toujours le schĂ©matisme », le film n'Ă©chappant pas aux « raccourcis et surlignages »[8]. Les Ăchos dĂ©plorent derriĂšre l'intention Ă l'Ćuvre un scĂ©nario « convenu », une « intrigue schĂ©matique » et des « personnages caricaturaux, Ă l'exception d'Emilie Dequenne » pour finalement se demander « si ce film sans nuances ne rate pas sa cible »[9].
Beaucoup plus positif, François Quenin, chroniqueur pour Culture-Tops, voit dans le film une « rĂ©ussite exceptionnelle » servie notamment par la prĂ©sence d'Ămilie Dequenne[10]. Et selon La Libre, « Lucas Belvaux dĂ©monte lumineusement le mode opĂ©ratoire du FN »[11].
Polémiques
RĂ©actions
Le film dĂ©crit l'implantation dâun parti dâextrĂȘme droite dans le Nord de la France, ce qui suscite plusieurs rĂ©actions de dirigeants du Front national.
Le vice-prĂ©sident du FN, Florian Philippot dĂ©clare dans l'Ă©mission Grand rendez-vous Europe 1-iTĂ©lĂ©-Les Ăchos diffusĂ©e le que ce film est selon lui « absolument inadmissible » en raison de son sujet et de sa sortie programmĂ©e peu de temps avant l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2017[13]. « On est Ă deux mois de l'Ă©lection prĂ©sidentielle. Les films français sont financĂ©s par le contribuable français, donc en partie par beaucoup d'Ă©lecteurs du Front national [...] Nous trouvons cela absolument inadmissible. Peut-ĂȘtre faudrait-il mettre le budget de ce film sur les comptes de campagne de nos adversaires. Je ne plaisante mĂȘme pas en disant cela », ajoute-t-il. Steeve Briois, le maire FN dâHĂ©nin-Beaumont, publie un tweet dĂ©sobligeant : « Pauvre Marine Le Pen, qui est caricaturĂ©e par ce pot-Ă -tabac de Catherine Jacob. Un sacrĂ© navet en perspective »[14].
En réponse à ces accusations, le réalisateur Lucas Belvaux répond que si son film est « un film engagé », ce n'est pas un « film militant », que « ce n'est pas tant un film anti-FN qu'un film sur le discours populiste »[15].
La municipalité FN du Luc décide en de déprogrammer la diffusion en salle du film, obligeant la ministre de la culture à réagir[16].
Situation politique décrite dans le film
Lucas Belvaux explique dans une interview au journal Le Monde[14], que son film porte « l'ambition de dĂ©crire dans sa complexitĂ© l'implantation d'un parti en quĂȘte de respectabilitĂ© ». Il se dĂ©finit comme un « cinĂ©aste de gauche, mais refuse que son Ă©tiquette politique colle Ă son film »[17]. Ă ses yeux, le FN est un parti « pĂ©tainiste [âŠ], fasciste, antisĂ©mite, raciste » qui « aime une France morte ». Il reconnaĂźt Ă©galement « qu'on s'est dĂ©pĂȘchĂ© pour ĂȘtre prĂȘt Ă temps » avant l'Ă©lection prĂ©sidentielle afin de « participer au dĂ©bat »[18] - [19].
JĂ©rĂŽme Leroy, coscĂ©nariste du film est aussi l'auteur en 2011 du livre remarquĂ© Le Bloc (Gallimard)[20] qui mettait en scĂšne un parti d'extrĂȘme droite[14], nommĂ© le « Bloc Patriotique » et dirigĂ© par « le Vieux » Roland Dorgelles, puis par sa fille AgnĂšs Dorgelles, dont le nom est repris dans le film.
Le titre du film est une reprise du slogan « On est chez nous ! » frĂ©quemment scandĂ© lors des meetings et manifestations d'extrĂȘme droite[21].
Le rÎle de Catherine Jacob qui incarne la cheffe d'un parti nationaliste fait référence à la femme politique Marine Le Pen[22] - [23]. Pour les besoins de ce rÎle, elle a les cheveux blonds coupés au carré et porte des tenues similaires à celles que porte la présidente du Front national.
Un discours d'AgnÚs Dorgelle critique des politiciens notamment sur leurs promesses de campagnes non-tenues : la fracture sociale, les cités au KÀrcher et l'opposition au monde de la finance. Ces thÚmes sont respectivement de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Il est présenté un site internet « Hénart Vérité » ayant comme thématique la résistance identitaire et le grand remplacement, évoque la fachosphÚre.
André Dussollier et Guillaume Gouix incarnent des membres du « Bloc patriotique » qui sont les deux faces opposées et contradictoires de ce parti extrémiste : le premier un médecin en costume-cravate au discours policé qui tente de « dédiaboliser » son parti, tandis que le second en blouson en cuir scande des propos xénophobes et tabasse des immigrés la nuit.
Le film se dĂ©roule dans la rĂ©gion Hauts-de-France (participation Ă un match du Racing Club de Lens au stade Bollaert, bassin minier environnant, terrils, maisons en brique rouge, domaine skiable de NĆux-les-Mines, etc.) oĂč Marine le Pen est conseillĂšre rĂ©gionale. L'histoire se passe dans la commune fictive d'HĂ©nard, mais on y devine une transposition de la commune d'HĂ©nin-Beaumont dirigĂ©e par le Front national, commune dont le nom jusqu'en 1971 Ă©tait HĂ©nin-LiĂ©tard. C'est ce dernier nom, contractĂ©, qui sert pour la commune fictive[24].
Notes et références
- Michel Ferracci, « On commence le tournage mardi avec Ămilie Dequenne đ #cheznous #lucasbelvaux #guillaumegouix #andredussolier ... », sur Twitter,â (consultĂ© le ).
- Thomas Destouches, « Lucas Belvaux retrouve Emilie Dequenne pour Chez nous », sur Allociné, (consulté le ).
- Vincent Capitaine, « Emilie Dequenne Ă©lue d'extrĂȘme-droite dans le prochain film sulfureux de Lucas Belvaux », sur Destination CinĂ©, (consultĂ© le ).
- « Le cinĂ©aste Lucas Belvaux sâintĂ©resse Ă lâextrĂȘme droite⊠chez nous », La Voix du Nord,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- « BĂ©thunois: le tournage du dernier film de Lucas Belvaux arrive Ă Hersin, puis Ă Bruay vendredi », La Voix du Nord,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Patrick Seghi, « Lille : Lucas Belvaux tourne une scÚne de son prochain film au Grand Sud », La Voix du Nord, (consulté le ).
- « Chez nous » : Lucas Belvaux monte au front politique, mais y perd son cinéma, lemonde.fr, 21 février 2017.
- Chez nous, lesinrocks.com, 17 février 2017.
- «âChez nousâ», le film qui fait dĂ©bat, lesechos.fr, 22 fĂ©vrier 2017.
- Chez nous : « le » film de ce début d'année, atlantico.fr, 22 février 2017.
- « Chez nous : Lucas Belvaux dĂ©monte lumineusement le mode opĂ©ratoire du FN », La Libre.be,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- « Chez nous », sur JP box-office.com (consulté le ).
- Rémi Duchemin, « Philippot : le film de Lucas Belvaux, "c'est proprement scandaleux" », sur Europe 1, (consulté le ).
- Raphaëlle Bacqué, « Chez nous, le film de Lucas Belvaux qui énerve le FN », sur lemonde.fr, .
- H. H., AFP, « Le cinéaste belge Lucas Belvaux et son film Chez nous irritent le FN », sur lalibre.be, (consulté le ).
- « Une mairie FN du Var déprogramme le film "Chez nous" initialement prévu en salle », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
- "Chez nous", film sur le FN: pourquoi donc le cinéma français est-il de gauche?, lexpress.fr, .
- Cédric Coppola et Lucas Belvaux, Lucas Belvaux : "Le cinéma n'ose plus dire les choses frontalement", laprovence.com,
- Dominique Widemann et Lucas Belvaux, Lucas Belvaux : «âLe Front national aime une France morteâ», lhumanitĂ©.fr, .
- JĂ©rĂŽme Leroy, Le Bloc, Paris, Folio (Gallimard), , 336 p. (ISBN 978-2-07-045309-2).
- Abel Mestre, « Lors du meeting FN au ZĂ©nith de Paris : "On est chez nous ! On est chez nous !" », Le Monde,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Romain Herreros, « Devinez qui est censĂ©e incarner Catherine Jacob dans Chez Nous, film inspirĂ© du FN », Le Huffington Post,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- « Chez nous : Catherine Jacob dans un rĂŽle inspirĂ© de Marine Le Pen », 20 minutes,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Christophe Caron, « Chez nous tournĂ© dans le bassin minier : la polĂ©mique dĂ©jĂ en tĂȘte d'affiche », La Voix du Nord,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
Voir aussi
Documentation
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- Centre national du cinéma et de l'image animée
- Ciné-Ressources
- Unifrance
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- (en) LUMIERE
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database