Château de Rochefort-sur-Charente
Le château de Rochefort-sur-Charente est un château féodal français en grande partie disparu, situé à Rochefort en Charente-Maritime.
Château de Rochefort-sur-Charente | |
Début construction | XIIe siècle |
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Fin construction | XIXe siècle |
Propriétaire initial | Hugues de Rochefort |
Destination initiale | Château fort |
Propriétaire actuel | Municipalité de Rochefort |
Destination actuelle | Commandement des écoles de la Gendarmerie nationale |
Coordonnées | 45° 56′ 13″ nord, 0° 57′ 29″ ouest |
Pays | France |
Région française | Aunis |
Subdivision administrative | Nouvelle-Aquitaine |
Département | Charente-Maritime |
Commune | Rochefort |
Son site en bordure de la Charente comporte plusieurs bâtiments :
- Un château fort, qui était situé sur une roche crayeuse dominant la Charente et qui est actuellement connu sous le nom d'Hôtel de la Marine de Rochefort. Il a été successivement le siège de la seigneurie de Rochefort, puis a pris le nom de maison du roi où siégeait l'Intendant de Rochefort (de 1671 à 1781), puis de la préfecture maritime de Rochefort (de 1800 à 1927), puis du commandement de l'arrondissement maritime de Rochefort (de 1927 à 1989), puis du commandement de la Marine de Rochefort-La Pallice (de 1989 à 2002), et actuellement du Commandement des écoles de la Gendarmerie nationale.
- Un château de plaisance, dit l'hôtel de Cheusses, qui était situé à une centaine de mètres, dont une partie de 1599 est conservée comme aile nord de l'édifice actuel. Il a successivement servi de logement pour les chefs d'escadre (jusqu'en 1782), de siège de l'Intendance de la Marine, de siège du Commissariat de la marine (jusqu'en 1927), et il est devenu depuis 1973 le Musée national de la Marine de Rochefort.
- Une chapelle castrale sous le vocable de Saint-Charles, qui a été reconstruite par le roi et érigée en 1686 en nouvelle église paroissiale sous le vocable de Saint-Louis. Démolie après sa sécularisation en 1791, son clocher construit très haut en 1724 pour servir d'amer et d'observatoire, a été conservé, mais sa flèche a été remplacée par une plate-forme pour servir de sémaphore. On l'appelle la tour aux signaux.
- Un "prêche calviniste" construit vers 1597 à mi-chemin entre les deux châteaux, qui sera donné en 1683 aux Lazaristes. Il a été reconstruit et réaffecté au culte protestant.
- Un port sur la Charente appelé Port de Fonteneau qui était à l'emplacement de l'actuelle forme Louis XV.
Le village primitif de Rochefort était établi autour d'une église romane dédiée à Notre-Dame qui subsiste en partie et qui est devenue le Musée de la Vieille Paroisse. Un chemin (actuelle rue du 14-juillet-1789) conduit vers l'ouest à une colline qui porte sur les anciennes cartes le nom de Château Gaillard et sur lequel était construit neuf moulins à vent. Il pourrait s'agir de la motte du château le plus ancien.
Descriptions
Rochefort Rocafortis doit son nom à un rocher fortifié qui dominait la Charente et qui était le siège d'une châtellenie modeste comprenant au XIe siècle, outre Rochefort, Magné, Loire, Vergeroux, Fouras, Saint-Laurens. Elle double son étendue au XIVe siècle grâce à l'acquisition d'une partie de la seigneurie de Châtelaillon (ou Château d'Aunis).
La forteresse était une enceinte castrale entourant un massif rocheux plus ou mois quadrangulaire, avec plusieurs tours qui sont mentionnées dans les divers documents: la "grosse tour", la "tour d'Auvergne". La forteresse a subi un siège en 1356 et des dégradations considérables pendant les guerres de religion.
Au XVIIe siècle, le plan topographique dressé par Clerville (1665) montre qu'il existait toujours une enceinte quadrangulaire entourée d'une douve sèche et cantonnée de tours, avec un accès à l'ouest par un pont qui est dans l'axe de l'actuelle rue de l'Amiral Courbet. À l'angle nord-ouest se trouve un corps de logis de quatre travées avec une tourelle, et, près de l'angle opposé du côté de la Charente, un donjon sur une motte surplombant le port de Fonteneaux.
L'hôtel de Cheusses était en 1665 un bâtiment de sept travées sur deux niveaux donnant vers l'est sur un jardin rectangulaire bordé de douves en eau. Ce bâtiment principal est articulé à l'ouest avec deux ailes en retour couvertes de tuiles canal, formant une cour carrée fermée par un mur percé d'une porte cochère. L'aile nord commence et se termine par deux pavillons de trois niveaux et d'un comble aigu couvert d'ardoises; elle a été conservée dans l"édifice actuel. Au sud il y a plusieurs grands bâtiments de communs ou de ferme formant une vaste basse cour.
L'Hôtel de la Marine de Rochefort
Maison historique des seigneurs de Rochefort, donc très logiquement désignée jusqu'à nos jours comme la Maison du Roi, car elle devait être le lieu du séjour de Louis XIV "quand il lui plaira de venir à Rochefort". Il a été habité depuis sa construction vers 1671 jusqu'en 1781 par des intendants de la Marine de Rochefort, ensuite par les préfets maritimes de Rochefort, tous dépositaires de l'autorité du roi puis des chefs de l'État qui leur ont succédé.
Hôtes célèbres
- François Blondel, architecte de la corderie.
- en 1775, le duc de Chartres[1]
- le 27 et le , le Comte d'Artois (1757-1836), frère du roi Louis XVI, venu visiter l'arsenal et les ports[2].
- le , l'Empereur d'Allemagne (1741-1790), frère de la reine Marie-Antoinette (1755-1793), venu aussi visiter l'arsenal, mais il voulut rester incognito et descendre à l'auberge du Bas-Chat[2].
- La Fayette pour prendre le commandement de son navire et embarquer le pour l'Amérique. Il aurait séjourné dans une chambre du premier étage.
- Napoléon est venu une première fois les 4 et . Embarqué avec Joséphine à Sainte-Hippolyte, il arrive par le fleuve sur les quais sous les acclamations. Reçu par le vice-amiral Martin, premier préfet maritime, il réside avec Joséphine à l'hôtel de la Marine et va visiter Fort Boyard dont il avait ordonné la construction en 1801, alors qu'il était premier consul; il n'est pas impossible qu'il soit déjà venu à Rochefort à cette occasion. Il revient une seconde fois le , en attendant que les deux frégates la Saale et la Méduse ne le prenne pour forcer le blocus au large de l'Île d'Aix et passer en Amérique.
- le général De Gaulle
- l'amiral Maurice Dupont, préfet maritime nommé en 1962, qui a sauvé et reconstruit la corderie royale.
Le Musée de la Marine de Rochefort
Ce musée national réunit deux bâtiments:
- l'ancien hôtel de Cheusses, restauré et rouvert comme annexe du Musée national de la Marine en 1973
- l'ancien hôtel d'Amblimont, cédé par la Marine en 1992 au Musée national de la Marine.
La Tour des Signaux
Cette tour, construite à mi-chemin entre les logements du chef d'escadre (Hôtel de Cheusses) et de l'intendant (Hôtel de la Marine), communiquait avec le sémaphore de Fouras, permettait de connaître les mouvements des navires au large et de communiquer avec eux.
Le Jardin de la Marine
Le Jardin de la Marine est le parc de l'ancien château féodal primitif, devenu ensuite le Jardin du roi. Celui-ci a été réduit à partir du XVIIIe siècle de toute la partie nord qui allait primitivement jusqu'à la rue de la République (ancienne rue de la Fonderie). Il domine la parcelle où est construite la corderie Royale, par une longue terrasse qui donne une belle vue sur la Charente.
La Place de La Galissonière
Cette place qui est l'ancien parvis de la demeure des seigneurs de Rochefort-sur-Mer (hôtel de Cheusse), s'est appelée successivement place de l'Intendance, puis place de la Marine, avant de prendre le nom de l'amiral Roland-Michel de La Galissonière (1693-1756), gouverneur du Canada. De ce parvis partaient plusieurs chemins: à l'Ouest l'actuelle avenue Charles-de-Gaulle qui conduisait à La Rochelle en passant par la Vieille Paroisse, d'autre part l'actuelle rue Toufaire qui était au Sud le chemin pour le bac de Martrou vers Marennes, et au nord l'allée principale traversant le parc du vieux château.
Le Port de Fontenaux
Nom de l'ancien port sur la Charente (fleuve) de la seigneurie de Rochefort-sur-Mer qui se trouvait au pied du château féodal, à l'emplacement de l'actuelle Forme Louis XV.
Histoire
Plusieurs familles se sont succédé comme seigneurs de Rochefort depuis le XIIe siècle.
Familles de Rochefort et de Mauléon
Issu d'une famille de Saint-Maixant, le premier seigneur de Rochefort connu se nomme Hugues de Rochefort (ca1130-1065).
- Fouchard de Rochefort, seigneur de Rochefort, est signataires en 1047 d'une charte de fondation en faveur de l'abbaye de Saint-Jean d'Angély faite par Geoffroy Martel d'Anjou et sa femme Agnès de Bourgogne; ses quatre fils signent avec lui:
- Foulques de Rochefort
- Geoffroy de Rochefort, qui suit;
- Arnaud de Rochefort
- Ménard de Rochefort
- Geoffroy Ier de Rochefort se marie avec Ausira qui lui donne plusieurs fils dont:
- Albun de Rochefort, qui suit;
- Hugues de Rochefort
- Albun de Rochefort épouse une fille d'Isambert de Châtelaillon et de Claricia, laquelle apporte en dot la moitié de cette seigneurie de Châtelaillon, l'autre reviendra à Èbles de Mauléon. Il a pour fils:
- Geoffroy II de Rochefort, seigneur de Rochefort, de Benon, coseigneur de Châtelaillon, qui a pour fils:
- Aymeri de Rochefort, qui suit;
- Chalon de Rochefort, qui donne la branche des seigneurs de Thors
- Pregneau de Rochefort, seigneur de Benon;
Rois de France
- Philippe IV le Bel
- Louis XI donne Rochefort en 1462 à Olivier de Coëtivy, chambellan des rois Charles VII puis Louis XI, à la place des terres de Royan et de Mornac qui lui avaient été donnée à l'occasion de son mariage en 1458 avec Marie de Valois, fille naturelle du roi Charles VII et d'Agnès Sorel. Mais il lui reprend Rochefort trois ans plus tard pour le donner au comte du Maine.
Maison d'Anjou
- En 1465, c'est Charles IV d'Anjou, comte du Maine, qui est seigneur de Rochefort. Il épouse en 1434 Cobella Ruffo, duchesse de Sessa, fille de Charles Ruffo, comte de Montaldo, et de Cecarella de Sanseverino, qui lui donne un fils:
- Charles du Maine (1436-1481), hérite de son père en 1479 et conserve Rochefort jusqu'en 1479.
Familles de Coëtivy
- Olivier de Coëtivy, chambellan de Louis XI, sénéchal de Guyenne, gouverneur de Bordeaux, redevient seigneur de Rochefort en 1478.
- Louise de Coëtivy, dame de Rochefort, épouse Charles de La Trémoille, prince de Talmont, comte de Taillebourg, gouverneur de Bourgogne, qui est tué à en 1515 la bataille de Marignan. Il était le fils de Louis, vicomte de Thouars, et de Gabrielle de Bourbon, dame de Benon. Louise de Coëtivy teste en 1553 en laissant deux enfants:
- Marie de Coëtivy, mariée vers 1515 avec René du Puy-du-Fou, seigneur de La Séverie au Cerqueux-en-Maulévrier,
- François de La Trémoille, qui suit.
Familles de La Trémoille
- François de La Trémoille, vicomte de Touars, comte de Talmond et de Benon, seigneur de Marans (avant 1527), de l'Île-de-Ré et de Rochefort-sur-Mer (jusqu'en 1538). Fait prisonnier à la bataille de Pavie, il est nommé ensuite lieutenant-général du roi à la Rochelle. Il épouse en 1521 à Vitré Anne de Montmorency-Laval, fille de Guy XVI de Montmorency-Laval, comte de Montfort, baron de Quintin et de la Roche-Bernard, amiral de Bretagne, et de Charlotte d'Aragon-Naples (fille du roi de Naple Frédéric IV d'Aragon (1480-1506)).
Rois de France
- Henri IV, en 1599, le roi aliéna à Pierre de Juides, maître des Requêtes ordinaires du roi de Navarre, et à Henri Dieulefit, seigneur de La Brousse, les châtellenie, terre, seigneurie et forêt de Rochefort-sur-Charente. Peu après, il permit aux habitants de racheter leur terre, ce qui parut être sans effets.
- Louis XIV décide en 1665 le rachat de la seigneurie au prix fixé de 120 000 livres.
Famille de Lozeré
En 1594, cette terre qui avait à nouveau été réunie au Domaine, est à nouveau aliénée. Après de multiples transactions, elle est donnée par engagement pour 35 568 écus à Adrien de Lozeré (Lauzéré), premier valet de la Chambre du roi, qui fait édifier un temple pour la communauté protestante bien organisée à Rochefort depuis 1597. Rochefort obtient du roi Henri IV trois foires annuelles et un marché hebdomadaire.
Domaine de la Couronne
Colbert aurait préférer installer le nouvel arsenal à Soubise, mais les seigneurs refusent les propositions d'échange.
Comme les seigneurs de Rochefort sont de simples engagistes, ils ne peuvent pas s'opposer au retrait du fief en échange d'une compensation.
Rochefort redevient une possession royale directe.
Protections
Le bâtiment du Musée de la Marine de Rochefort (Ancien hôtel de Cheusses) est classé monument historique depuis 1932, et l'hôtel de la Marine est inscrit en 2015[3].
Notes et références
- Charente-Maritime, Aunis, guide découverte, par Anne-Françoise Damecour, Paris, Gallimard
- Théodore Viaud, Histoire de la ville et du port de Rochefort, Rochefort, chez Madame Honorin Fleury, tome II, p. 156-157.
- Liste des objets immobiliers protégés en 2015, JORF n°0095 du 22 avril 2016 sur Légifrance
Bibliographie
- Florence Dubois (ouvrage collectif coordonné par), Rochefort, ville d'art et d'histoire - Le Guide, Centre des Monuments nationaux, Éditions du Patrimoine, Paris, 2003 (144 pages). (ISBN 2-85822-708-X)