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Centres de recrutement de l'Armée belge

Les centres de recrutement de l'ArmĂ©e belge (CRAB) (en nĂ©erlandais : Rekruteringscentra van het Belgisch leger (RCBL) et en allemand : Recruterungszentrum Belgischer Heeres (RZBH)) sont, en 1940, les lieux d'accueil des civils belges appelĂ©s pour former la rĂ©serve de l'ArmĂ©e comme prĂ©vu par la loi sur la milice du 15 fĂ©vrier 1937. Sur les 300 000 hommes convoquĂ©s, il est estimĂ© qu'environ 200 000 tentèrent de rejoindre les CRAB[1].

Chronologie

En Belgique

Le , à la suite de l'invasion de la Belgique par l'Allemagne, l'ordre est donné aux hommes de 16 à 35 ans des provinces de Liège, Namur, Luxembourg et Limbourg par voie d'affiche et radio de rejoindre par leurs propres moyens les centres de recrutement de l'Armée belge (CRAB). L'ordre sera étendu au reste du pays le 12 mai.

Les CRAB furent d'abord installés dans le Hainaut (Erquelinnes et le principal à Binche) et en Flandres à Eeklo puis transférés le 12 mai à Ypres, Courtrai-Menin, Poperinge, Roulers puis après leur fermeture en France.

Relevant d'abord du ministère de la santé publique, ils sont transférés par le ministre Jaspar au ministère de la défense nationale dans la nuit du 13 au 14 mai mais gardent leur statut civil.

En France

Le 14 mai, la décision de transférer les centres en France est prise mais l'ordre n'est donné que le 15 mai. Ceux d'Ypres ne partiront que le 18 mai. Rouen est choisi comme lieu de rassemblement. Un bonne partie des appelés seront bloqués à la frontière française ou dans la Somme et subiront les bombardements allemands.

Le 15 mai, part de Schaerbeek, un train de 1 300 scouts bruxellois qui arrivera Ă  Montpellier dans la soirĂ©e du 17 mai.

Le 15 mai également, le lieutenant-général Charles de Selliers de Moranville est nommé responsable des CRAB.

Le 16 mai, le gouvernement français autorise le général à rassembler les centres dans les XV, XVI et XVIIe régions militaires. Toulouse devient le centre de ralliement. Le XVIIe CRAB est ainsi créé le 21 mai à Toulouse (commandé par le colonel Demart) avec l'arrivée des premiers trains. 82 cantonnements regroupés en cinq secteurs sont ainsi installés autour de Toulouse. Le XVe CRAB est créé à Nîmes (commandé par le colonel baron de Trannoy) et le XVIe à Béziers (commandé par le lieutenant-général Briquet) (à l'origine prévu à Montpellier).

La majoritĂ© des 100 000 hommes qui purent rejoindre les CRAB du sud de la France, traversèrent la Somme avant le 20 mai. Par après, la plupart furent refoulĂ©s vers le nord de la France et rattrapĂ©s par l'avancĂ©e allemande. Le XVe CRAB de NĂ®mes est divisĂ© en 127 cantonnements dispersĂ©s dans le Gard et regroupant 41 000 appelĂ©s. Le XVIe CRAB de BĂ©ziers est composĂ© de 20 000 hommes installĂ©s dans camps dans le dĂ©partement de l'HĂ©rault. Le XVIIe CRAB de Toulouse regroupe 21 000 hommes dispersĂ©s dans des camps dans les dĂ©partements du Gers, de l'Ariège et de la Haute-Garonne. Environ 25 000 membres seront logĂ©s chez l'habitant et souffriront moins des privations que leurs collègues installĂ©s dans les camps. L'encadrement militaire est insuffisant et les soucis d'intendance sont permanents dans les camps. Certains camps, comme celui d'Agde 4 000 hommes sont gardĂ©s par l'ArmĂ©e française et sont dans un Ă©tat d'insalubritĂ© avancĂ©[1].

La capitulation de l'Armée belge le 28 mai ne signifie pas leur fermeture. Certains officiers seront à ce moment, temporairement mis aux arrêts par les autorités françaises.

Dès le 25 mai, le gĂ©nĂ©ral de Selliers entreprend de structurer les CRAB en Compagnies de Jeunesse de 250 jeunes hommes de 16 Ă  20 ans et en Compagnies de Travailleurs pour les autres. Les compagnies de jeunesses sont affectĂ©es Ă  des travaux forestiers et agricoles et les compagnies de travailleurs Ă  des travaux industriels et Ă©galement agricoles mais la majoritĂ© resteront inactifs. Le 2 juin, l'ArmĂ©e française rĂ©clame de la main d’œuvre pour reconstituer une ligne de dĂ©fense sur la Somme. Des appelĂ©s des Troupes de Renforts et d'Instruction (les miliciens en cours d'instruction militaire au moment de la dĂ©claration de guerre) sont mis Ă  disposition puis le 4 juin, 34 bataillons de Travailleurs dont 20 000 membres[1] provenant des CRAB viennent grossir les rangs. Ces hommes creuseront des tranchĂ©es dans la zone de Creil, Nantes, Senlis, Meaux, Châlons-sur-Marne et Vitry-le-François et seront parfois victimes du feu ennemi. Reculant avec l'ArmĂ©e française en pleine dĂ©bandade, ils seront livrĂ©s Ă  eux-mĂŞmes, certains seront capturĂ©s et envoyĂ©s en Allemagne comme prisonniers de guerre, et 800 autres internĂ©s en Suisse jusqu'en fĂ©vrier 1941.

Retour en Belgique

Les convois de rapatriement débutent le 30 juillet.

Vers la fin aoĂ»t 1940, 100 000 membres des CRAB reviennent en Belgique. Le 7 septembre, partent de NĂ®mes les derniers membres. Environ 400 jeunes Belges perdront la vie dans l'aventure dont au moins quatre fusillĂ©s arbitrairement par l'ArmĂ©e française sous le motif d'espionnage ; d'autres sources mentionnent 40 fusillĂ©s[2].

Reconnaissance

Les membres des CRAB n'étaient pas encore incorporés selon les lois militaires, et ne furent donc pas reconnus comme militaires, ni comme ayant droit à une solde, ni au statut d'ancien combattant, jusqu'à l'arrêté royal du 12 avril 1990 qui crée un statut de reconnaissance nationale en faveur des hommes qui ont rejoint les CRAB, ainsi qu'une médaille[3].

Sources

Bibliographie

  • Jean-Pierre du Ry, Allons enfants de la Belgique: Les 16-35 ans en mai-aoĂ»t 1940, Éditions Racine, 1995
  • Karel Strobbe, Pieter Serrien, Hans Boers, Van onze jongens geen nieuws, Éditions Manteau, 2015, 331 p., (ISBN 9789460414268). Trois jeunes historiens (CEGESOMA, Centre d'Ă©tudes guerre et sociĂ©tĂ©) refont le voyage de 1940, recueillent tĂ©moignages, carnets et documents[4].
  • Les C.R.A B. dans le Midi, Histoire de la rĂ©serve de recrutement en France, sans nom d'auteur, 9 pages, PDF, sans date,

Références

  1. Article du journal Le Soir du 12 mai 1990
  2. Christian Laporte, « Les Crab, ces grands oubliés », sur La Libre.be (consulté le )
  3. http://warvictims.fgov.be/fr/rights/statutes/statutes.htm
  4. (nl) « Van onze jongens geen nieuws | De Slegte », sur www.deslegte.com (consulté le )
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