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Casque de Benty Grange

Le casque de Benty Grange est un casque anglo-saxon avec une figurine de sanglier en guise de cimier.

Casque de Benty Grange
Le casque de Benty Grange.
Le casque de Benty Grange.
Type casque
Dimensions 24,5 cm (hauteur)
75 cm (circonfĂ©rence)
Matériau fer, corne
PĂ©riode vers 600-700
Culture Anglo-Saxons
Date de découverte 3 mai 1848
Lieu de découverte Monyash (Derbyshire)
CoordonnĂ©es 53° 10′ 30″ nord, 1° 46′ 59″ ouest
Conservation Weston Park Museum (Sheffield)
Fiche descriptive J93.1189
GĂ©olocalisation sur la carte : Angleterre
(Voir situation sur carte : Angleterre)
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GĂ©olocalisation sur la carte : Derbyshire
(Voir situation sur carte : Derbyshire)
localisation

Ce casque, qui remonte au VIIe siècle, est découvert en 1848 par Thomas Bateman à l'occasion de fouilles dans un tumulus à la ferme de Benty Grange, dans le Derbyshire, qui correspond à la tombe d'un individu du haut rang. Il s'agit de la première découverte d'un casque de la période anglo-saxonne (cinq autres ont été retrouvés depuis).

Le casque se compose d'une structure en fer sur laquelle sont fixées des plaques de corne, tandis que l'intérieur est recouvert de tissu ou de cuir. Les parties organiques se sont décomposées et seule la structure métallique subsiste. Ses décorations suggèrent que ce n'est pas un objet purement utilitaire, mais qu'il joue aussi un rôle cérémoniel. La plus remarquable est la figurine de sanglier, mais le nasal porte une croix chrétienne, preuve du syncrétisme qui règne dans une Angleterre en pleine christianisation.

Dans la culture germanique, le sanglier permet d'invoquer la protection divine : des casques ornés de sanglier sont mentionnés à plusieurs reprises dans le poème Beowulf. Le casque de Benty Grange est l'un des rares objets de ce genre retrouvés par l'archéologie, avec le casque Pioneer. Le sanglier de Guilden Morden coiffait vraisemblablement à l'origine un casque similaire.

Le casque est exposé au Weston Park Museum de Sheffield. Une reconstitution du casque original a été produite pour le musée en 1986.

Description

Structure

Photo d'un casque composé d'une armature en fer et de plaques de corne surmonté d'une figurine de sanglier avec de longs poils dressés
Reconstitution du casque exposée au Weston Park Museum de Sheffield.

Le casque de Benty Grange est constituĂ© d'une armature en fer recouverte de plaques de corne[1]. L'armature, aujourd'hui rĂ©duite Ă  l'Ă©tat de seize fragments rouillĂ©s, se composait Ă  l'origine de sept bandes de fer de 1 Ă  2 mm d'Ă©paisseur[1]. Une bande frontale mesurant 65 cm de long sur 25 mm de large faisait le tour du crâne du porteur[2]. Deux bandes de mĂŞme largeur suivaient la courbe du crâne d'avant en arrière et de gauche Ă  droite[2]. Celle qui reliait le nez Ă  la nuque, longue de 40 cm, dĂ©passait en bas de 47,5 mm Ă  l'avant et de 38 mm Ă  l'arrière. L'extension avant Ă©tait droite, mais celle Ă  l'arrière Ă©tait recourbĂ©e pour Ă©pouser la nuque du porteur[2]. La bande latĂ©rale reliait les oreilles du porteur ; bien que ses deux extrĂ©mitĂ©s soient brisĂ©es un peu en dessous de la bande frontale, elles descendaient vraisemblablement plus bas pour constituer en partie une protection pour les joues ou les oreilles[2]. Elle Ă©tait fixĂ©e Ă  la bande frontale du cĂ´tĂ© extĂ©rieur Ă  droite et du cĂ´tĂ© intĂ©rieur Ă  gauche, et Ă©galement Ă  l'extĂ©rieur Ă  la bande supĂ©rieure[2]. Les quatre espaces dĂ©limitĂ©s par cette structure Ă©taient subdivisĂ©s par des bandes mĂ©talliques secondaires plus Ă©troites dont un seul exemplaire subsiste[3]. Ces bandes secondaires Ă©taient fixĂ©es Ă  l'extĂ©rieur de la bande frontale, Ă  cm du centre de la bande latĂ©rale. Elles mesuraient 22 mm de large Ă  la base et 15 mm de large au centre[2]. Elles s'Ă©levaient vers la bande latĂ©rale Ă  un angle de 70° et la croisaient Ă  un angle de 50°, juste sous la crĂŞte[2]. L'intĂ©rieur du casque Ă©tait vraisemblablement recouvert de cuir ou de tissu pour le confort du porteur[2].

Les huit intervalles entre les bandes de fer Ă©taient remplis par autant de plaques de corne de vache aplaties et courbĂ©es[4]. Bien qu'aucune de ces plaques ne subsiste, des traces minĂ©ralisĂ©es sur les morceaux de mĂ©tal en ont conservĂ© l'empreinte[2]. Les plaques Ă©taient fixĂ©es sur les bandes de fer, qui Ă©taient ainsi dissimulĂ©es, et butaient l'une sur l'autre au niveau du centre de chaque bande[5]. Les jointures Ă©taient dissimulĂ©es par des morceaux de corne supplĂ©mentaires coupĂ©s Ă  la largeur des bandes de fer[6]. Les trois couches successives (bandes de fer, plaques de corne et bandes de corne) Ă©taient fixĂ©es ensemble Ă  l'aide de rivets : des rivets en fer Ă  l'intĂ©rieur du casque et des rivets en argent (ou plaquĂ© argent), avec des tĂŞtes ornementales en forme de hache Ă  double lame, Ă  l'extĂ©rieur, Ă  cm d'intervalle les uns des autres[6]. Des traces de corne sur l'extrĂ©mitĂ© arrière de la bande supĂ©rieure et Ă  l'arrière de la bande frontale suggèrent qu'il existait Ă©galement un protège-nuque rĂ©alisĂ© dans ce matĂ©riau[6]. Il semble donc que des morceaux de corne, mesurant cm du centre de la bande frontale Ă  l'extrĂ©mitĂ© de la bande supĂ©rieure arrière, aient croisĂ© les extensions de la bande latĂ©rale Ă  un angle de 5° pour les rejoindre Ă  6,4 cm du centre de la bande frontale[6].

Cette structure s'avère particulièrement solide. Des expériences menées sur une réplique du casque ont permis de déterminer qu'il est plus résistant qu'un casque moderne en fibre de verre ou qu'un casque de chantier aux coups portés avec une hache, qui endommagent les plaques de corne sans les percer. En revanche, les flèches et les lances à pointe de fer peuvent transpercer la corne, mais les casques modernes ayant servi de point de comparaison ne résistent pas mieux à ces armes[7].

DĂ©coration

Le contraste entre le mĂ©tal de couleur sombre et les plaques de corne de couleur claire contribue Ă  rendre le casque particulièrement visible[7]. Sa dĂ©coration se compose notamment d'une croix en argent sur le nasal et d'une figurine de sanglier en bronze sur la crĂŞte[8]. La croix mesure 39 mm de haut sur 20 mm de large et se compose de deux Ă©lĂ©ments : les deux branches de la croix Ă©taient Ă  l'origine de la mĂŞme taille, puis la hampe a Ă©tĂ© allongĂ©e par l'ajout d'une bande d'argent[9]. Elle est posĂ©e sur une couche de corne et attachĂ©e au casque par deux rivets, un au croisement des deux branches et un au bas de la hampe[10]. Un motif en zigzag composĂ© de clous d'argent plantĂ©s ou vissĂ©s dans la corne entoure la croix. Il ne subsiste que 29 des 40 clous d'origine[11].

Le sanglier fixĂ© au sommet du casque constitue l'Ă©lĂ©ment d'ornementation le plus caractĂ©ristique du casque[12]. Le corps de l'animal est formĂ© par deux morceaux de bronze tubulaires en forme de D, dont les cĂ´tĂ©s plats sont sĂ©parĂ©s d'environ mm[13]. Cet espace qui sĂ©pare les deux moitiĂ©s Ă©tait rempli d'une substance (sans doute de la corne ou du mĂ©tal) qui s'est depuis dĂ©sintĂ©grĂ©e. Il est possible qu'elle ait formĂ© la crinière du sanglier en dĂ©passant de son dos[13] ou, au contraire, formĂ© une dĂ©pression qui aurait pu accueillir de vĂ©ritables poils de sanglier[14]. Des plaques de fer Ă©taient fixĂ©es de part et d'autre des tubes de bronze pour former la surface visible du sanglier[15]. Les hanches de l'animal Ă©taient formĂ©es par quatre plaques d'argent dorĂ©, fixĂ©es par deux rivets d'argent Ă  chaque extrĂ©mitĂ©, l'un au-dessus de l'autre. L'argent de ces plaques est d'origine romaine, comme en tĂ©moigne le dessin de feuille classique qui figure au dos de la plaque avant gauche et les marques de lime sur l'avers[16]. Les rivets d'argent, qui maintenaient ensemble les cinq couches constitutives du sanglier, Ă©taient soudĂ©s aux plaques[17]. Des trous pratiquĂ©s dans le corps de l'animal accueillaient des clous d'argent ronds d'environ 1,5 mm de diamètre[18]. Ces clous, probablement placĂ©s au ras de la surface du corps, Ă©taient limĂ©s et dorĂ©s, peut-ĂŞtre pour simuler des poils dorĂ©s[18]. Pour les yeux, des grenats ovales de mm de long furent sertis dans des orbites en or aux bords en filigrane[19]. Ces orbites mesuraient mm de long sur 3,5 mm de large avec des tiges de mm de long, remplies de cire d'abeille, pour les fixer sur la tĂŞte du sanglier[19]. Les autres dĂ©tails de l'animal (la queue, les dĂ©fenses, le museau, la mâchoire et les oreilles) Ă©taient peut-ĂŞtre formĂ©s de morceaux de bronze dorĂ©s dont il ne subsiste guère de traces[20]. Le corps Ă©tait fixĂ© Ă  une plaque de bronze ovale Ă  l'aide de deux paires de pattes (creusĂ©es par la rouille, mais probablement pleines Ă  l'origine). Elles reprĂ©sentent toutes des pattes avant, articulĂ©es vers l'avant, alors que les pattes arrière des sangliers sont articulĂ©es vers l'arrière[20]. La plaque ovale, qui mesure 90 mm de long pour 19 mm de large Ă  son point le plus large, Ă©pouse la courbure du casque[21]. Elle prĂ©sente quatre trous pour les pattes du sanglier et trois autres pour la fixation Ă  la structure du casque, ainsi qu'un gros trou de rivet un peu derrière le centre[21]. La plaque Ă©tait sans doute directement reliĂ©e Ă  la structure, les pattes passant Ă  travers des trous pratiquĂ©s dans la corne[14] - [22].

DĂ©couverte et conservation

Photo d'un paysage de prairie avec des bâtiments à un étage au centre
La ferme de Benty Grange.

Le casque a Ă©tĂ© dĂ©couvert le lors de fouilles menĂ©es par l'antiquaire Thomas Bateman dans un tertre Ă  la ferme de Benty Grange, dans la paroisse de Monyash (Derbyshire), au cĹ“ur de l'actuel parc national du Peak District[22]. Le tertre, qui subsiste encore, est Ă©difiĂ© Ă  proximitĂ© d'une grande route romaine (l'actuelle route A515 (en)), peut-ĂŞtre afin d'ĂŞtre visible des voyageurs de passage, Ă  moins que sa situation n'ait Ă©tĂ© choisie afin qu'il apparaisse Ă  l'horizon aux cĂ´tĂ©s de deux autres monuments, le cercle de pierres d'Arbor Low et le tertre de Gib Hill (en)[23]. Le tertre de Benty Grange se compose d'un tumulus circulaire d'environ 60 cm de haut et 15 m de diamètre, entourĂ© d'un fossĂ© d'environ m de large et 30 cm de profondeur, ainsi que d'une sĂ©rie de levĂ©es en terre de 20 cm de haut et m de large. La structure entière mesure environ 23 m sur 22[24].

En raison de la composition chimique du sol, il ne subsiste rien du corps qui devait ĂŞtre Ă©tendu au centre du tertre, Ă  plat sur la surface d'origine du sol[25] - [26]. Bateman mentionne des cheveux, mais il s'agit sans doute en rĂ©alitĂ© de poils venant d'un manteau de fourrure, d'une peau de vache ou d'un autre objet de ce genre[27]. Les objets retrouvĂ©s dans la tombe sont rassemblĂ©s en deux tas : l'un au niveau des prĂ©tendus cheveux et l'autre Ă  environ 180 cm Ă  l'ouest[28] - [29] - [30]. Le premier comprend notamment une coupe d'environ cm de diamètre, probablement en bois, bien que Bateman parle de cuir[31] - [26] - [32]. Son bord est rehaussĂ© d'argent et sa surface dĂ©corĂ©e de plusieurs emblèmes en argent (quatre en forme de roue et deux en forme de croix) fixĂ©s Ă  l'aide d'Ă©pingles du mĂŞme matĂ©riau[33]. Ce tas comprend Ă©galement les dĂ©bris de trois Ă©cussons appartenant Ă  des bols suspendus[34], un nĹ“ud en fil mĂ©tallique et des plaques en os dĂ©corĂ©es et attachĂ©es Ă  de la soie qui se dĂ©gradent rapidement une fois exposĂ©es Ă  l'air libre[35]. Le deuxième tas se compose d'un certain nombre d'objets en fer entassĂ©s pĂŞle-mĂŞle, parmi lesquels une sĂ©rie de chaĂ®nes, une sorte de fourche Ă  six pointes et le casque[36] - [37] - [38].

Illustration en couleurs des débris du casque entourés de petits objets en métal, dont des croix
Une aquarelle de Llewellyn Jewitt représentant le casque de Benty Grange entouré d'objets retrouvés dans la même tombe.

Bien que Bateman ne le signale pas dans son compte-rendu, il n'est vraisemblablement pas le premier à avoir visité le tertre[28]. L'accumulation des objets en deux tas et l'absence de plusieurs objets qui accompagnent typiquement les casques dans les tombes anglo-saxonnes (épée, bouclier) laissent supposer que la tombe a été pillée avant son excavation[28]. La grande taille du tertre suggère qu'il abritait peut-être deux sépultures, mais Bateman n'en a découvert qu'une seule. Son classement comme scheduled monument en 1970 s'accompagne de la suggestion de fouilles supplémentaires pour le déterminer[24].

Après la mort de Bateman, en 1861, son fils Thomas W. Bateman prête en 1876 les objets découverts par son père à Benty Grange à la ville de Sheffield. Ils sont exposés au Weston Park Museum jusqu'en 1893, date à laquelle le musée achète une partie de ces objets, dont le casque, à la famille Bateman, tandis que les autres sont dispersés[39].

En 1947, l'archéologue Rupert Bruce-Mitford se rend à Sheffield pour examiner le casque de Benty Grange dans le cadre de ses travaux sur le trésor de Sutton Hoo, qui comprend également un casque. Ces deux casques sont alors les seuls connus de la période anglo-saxonne[28]. L'année suivante, le casque de Benty Grange est confié au British Museum, où Bruce-Mitford travaille comme conservateur assistant, pour y être nettoyé et analysé[40]. Ces travaux sont supervisés par Harold Plenderleith avec l'aide de Bruce-Mitford, Herbert Maryon et Françoise Henry[41]. Au cours du siècle écoulé depuis sa découverte, le casque a continué à subir les effets de la rouille, au point que certains fragments sont devenus impossibles à identifier[42]. Le sanglier est méconnaissable et les pièces en argent presque complètement noircies[43]. Durant le travail de grattage, effectué à l'aide d'une aiguille rigide, le sanglier, que l'on pensait d'un seul tenant, se fend en deux, un accident « heureux » selon Bruce-Mitford dans la mesure où il révèle la structure interne de la figurine[44]. Les fragments de corne sont examinés au Natural History Museum par le zoologue Frederic Charles Fraser (en), qui effectue également des expériences sur des échantillons de corne modernes pour étudier la manière dont ce matériau peut être assoupli et modelé[45].

Typologie

La technique de construction et le style décoratif du casque de Benty Grange permettent de le dater de la première moitié du VIIe siècle[46]. C'est l'un des six casques anglo-saxons connus, avec les casques Pioneer (lui aussi coiffé d'une figurine de sanglier en guise de cimier), de Sutton Hoo, de Coppergate, de Shorwell et du Staffordshire[47]. Tous ces casques, à l'exception de celui de Shorwell, d'inspiration franque, sont classés parmi les « casques à crête » fabriqués dans l'Europe du Nord du VIe au XIe siècle. Ils se caractérisent par une coiffe circulaire et une crête proéminente reliant le nez à la nuque. À l'exception d'un fragment retrouvé à Kiev, ces casques proviennent tous d'Angleterre ou de Scandinavie et se distinguent des casques continentaux de la même époque, qu'il s'agisse de spangenhelms ou de lamellenhelms[48] - [49] - [50].

Le casque de Benty Grange présente une forme unique parmi les casques anglo-saxons, ainsi que parmi les casques à crête en général, bien qu'il partage certaines caractéristiques avec eux[51]. Les autres casques anglo-saxons, à l'exception de celui de Sutton Hoo (et peut-être du Staffordshire), sont constitués de bandes perpendiculaires larges, avec quatre plaques intermédiaires[52] - [53] - [54]. Il faut chercher en Suède, à Vendel et à Valsgärde, pour trouver des structures à bandes fines similaires à celle du casque de Benty Grange[51]. Bien que l'on connaisse d'autres figurines de sangliers servant de cimiers (Pioneer et Guilden Morden[55] - [56]), celui de Benty Grange est conçu d'une manière particulièrement élaborée, avec des grenats, de l'or, de l'argent, du fer et du bronze, sans équivalent dans la catégorie des objets décoratifs anglo-saxons[19]. La corne n'est utilisée comme matériau que par un seul autre casque connu : le spangenhelm réalisé pour un enfant de haut rang retrouvé à Cologne, en Allemagne[2] - [57].

Iconographie

Le sanglier est investi d'une symbolique importante dans plusieurs cultures européennes[58]. Chez les Anglo-Saxons, elle reflète vraisemblablement une fusion d'influences nordiques et méditerranéennes[59]. Cet animal figure sur des artéfacts scandinaves, comme le chaudron de Gundestrup (Danemark, Ier siècle) ou les plaques de Torslunda (Suède, VIe siècle), mais il sert également d'emblème à plusieurs légions romaines, dont la Legio XX Valeria Victrix, stationnée en Grande-Bretagne du Ier au IIIe siècle[60]. Son association avec les dieux scandinaves Freyja et Freyr[61] suggère néanmoins que le sanglier qui coiffe le casque de Benty Grange témoigne de l'introduction en Angleterre d'une tradition germanique plutôt que de la continuité d'une tradition pré-romaine[62]. Quoi qu'il en soit, le sanglier représente apparemment pour les Anglo-Saxons un emblème protecteur. Le poème épique Beowulf mentionne à plusieurs reprises des casques décorés à l'effigie de cet animal[63] - [64].

Fabriqué à l'époque de la christianisation des royaumes anglo-saxons, le casque porte sur son nasal une croix emblématique du christianisme en plus du sanglier païen[65]. La religion chrétienne est attestée en Angleterre à l'époque romaine, mais l'arrivée des Anglo-Saxons, peuples germaniques païens, entraîne une rupture. La région du Peak District fait partie de celles où leur impact sur la culture et la religion locales est le plus marqué. Le christianisme ne subsiste que dans les régions isolées du nord et de l'ouest de la Grande-Bretagne : Écosse, pays de Galles, Devon et Cornouailles[66]. L'arrivée de la mission grégorienne dans le royaume du Kent, en 597, marque le début de la conversion des Anglo-Saxons[67]. Ce sont d'abord les rois qui adoptent le christianisme, suivis par la noblesse et enfin par les couches inférieures de la société[68]. Cette christianisation ne se fait pas sans heurt : ainsi, le roi des Angles de l'Est Rædwald accepte le baptême, mais continue à pratiquer l'ancienne religion anglo-saxonne[69]. La christianisation de l'aristocratie anglo-saxonne prend plus d'un siècle, avec des périodes de flux et de reflux avant la conversion définitive[68].

Le casque de Benty Grange constitue un exemple clair de syncrétisme. La figure païenne du sanglier domine clairement en taille et en proéminence la croix, qui est plus petite et moins visible[70]. La croix ne constitue d'ailleurs pas forcément un signe de foi chrétienne : son ajout reflète peut-être une croyance apotropaïque dans son pouvoir de protection sur le champ de bataille[51].

Notes et références

  1. Bruce-Mitford 1974, p. 227, 230-231.
  2. Bruce-Mitford 1974, p. 231.
  3. Bruce-Mitford 1974, p. 227, 231.
  4. Bruce-Mitford 1974, p. 232-233.
  5. Bruce-Mitford 1974, p. 231-232.
  6. Bruce-Mitford 1974, p. 232.
  7. (en) « Replica Benty Grange helmet in use », sur I Dig Sheffield (consulté le ).
  8. Bruce-Mitford 1974, p. 234-242.
  9. Bruce-Mitford 1974, p. 234-235.
  10. Bruce-Mitford 1974, p. 234-236.
  11. Bruce-Mitford 1974, p. 236.
  12. Bruce-Mitford 1974, p. 236-237.
  13. Bruce-Mitford 1974, p. 237.
  14. (en) « Replica of the helmet from Benty Grange », sur I Dig Sheffield (consulté le ).
  15. Bruce-Mitford 1974, p. 239-240.
  16. Bruce-Mitford 1974, p. 237, 240, pl. 68.
  17. Bruce-Mitford 1974, p. 237, 240.
  18. Bruce-Mitford 1974, p. 237-239.
  19. Bruce-Mitford 1974, p. 241.
  20. Bruce-Mitford 1974, p. 240-242.
  21. Bruce-Mitford 1974, p. 242.
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  26. Bateman 1861, p. 28.
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  28. Bruce-Mitford 1974, p. 229.
  29. Bateman 1849, p. 276-277.
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  31. Bateman 1849, p. 277.
  32. Bruce-Mitford 1974, p. 223.
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  • (en) Leslie Webster et Janet Backhouse, The Making of England : Anglo-Saxon Art and Culture AD 600–900, British Museum Press, (ISBN 0-7141-0555-4).
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