Rivet
Un rivet est un Ă©lĂ©ment d'assemblage et de fixation permanent. Il se prĂ©sente sous la forme d'une tige cylindrique, gĂ©nĂ©ralement mĂ©tallique, pleine ou creuse qui est munie Ă l'une de ses extrĂ©mitĂ©s d'une « tĂȘte », c'est-Ă -dire une partie de section plus grande.
L'autre extrémité sera aplatie et élargie par écrasement, pour solidariser les éléments qu'on veut riveter ensemble. C'est le rivetage.
Ces éléments (par exemple deux plaques de métal) ont chacun été percés au préalable d'un trou permettant à la tige du rivet de traverser l'un et l'autre.
Historique
Le rivet est, comme piÚce d'assemblage, contemporain du travail des métaux. Dérivés de la fabrication des clous, ils étaient alors fabriqués un par un, par le forgeron.
On a plus tard conçu des machines pour fabriquer les rivets. Ces machines de « frappe Ă froid » prennent en charge un fil mĂ©tallique dont la section est celle qu'on veut attribuer au rivet. La partie libre du fil est tirĂ©e par la machine qui la « frappe » pour obtenir la tĂȘte qui aura une forme adĂ©quate Ă son usage futur (tĂȘte ronde, plate, fraisĂ©e, etc.) ; la machine sectionne le fil de façon que le rivet ait la longueur dĂ©sirĂ©e. C'est ensuite le tour du rivet suivant.
Les établissements Dervaux, créés en 1828 à Vieux-Condé par Philippe Dervaux, spécialisés dans le forgeage à froid, fournirent les 2 500 000 rivets de la Tour Eiffel.
Les Ateliers de la Haute-Garonne[1], fondés par Marcellin Jules Charles Auriol[2] (1874-1953) sont actuellement devenus la premiÚre entreprise mondiale pour la fabrication et la vente des rivets. Marcellin Auriol, aprÚs son Tour de France comme forgeron Compagnon du Devoir, s'est établi comme artisan forgeron à En Gélis (Saint-Germier, hameau de la commune de Teyssode, Tarn). Il devint ensuite entrepreneur de battages dans le Tarn et enfin industriel à Toulouse. Eloi[3], puis Jean-Marc Auriol, ont ensuite développé les Ateliers de la Haute-Garonne (AHG)[4] à Flourens.
Le montage du rivet s'est d'abord effectuĂ© Ă chaud : le rivet suffisamment chauffĂ© pour devenir facilement dĂ©formable, est mis en place et battu. Son refroidissement participera au serrage des piĂšces assemblĂ©es. Pour Ă©viter le chauffage, le rivet peut ĂȘtre en mĂ©tal dĂ©formable au martelage[5]. Mais ce mode de montage nĂ©cessite l'accĂšs aux deux faces de l'assemblage.
Types de rivet
Rivet standard
C'est le rivet traditionnel montĂ© Ă froid ou Ă chaud selon sa taille. Il peut ĂȘtre en acier doux, en cuivre, en aluminium, duralumin ou en alliage Ă plasticitĂ© suffisante. Le mĂ©tal choisi dĂ©pend de la rĂ©sistance attendue mais aussi des matĂ©riaux Ă assembler. Sa tĂȘte peut ĂȘtre ronde, plate ou fraisĂ©e (82°, 90, 120° mais plus gĂ©nĂ©ralement 100°). Sa longueur est ajustĂ©e Ă l'Ă©paisseur de l'assemblage : trop court l'assemblage sera impossible et trop long, la dimension de la tĂȘte dĂ©passant de l'assemblage le fragilisera.
Deux grands types existent : les rivets pleins et les rivets semi-forĂ©s. Ces derniers ont subi une Ă©tape supplĂ©mentaire lors de la fabrication avec la crĂ©ation d'un trou cylindrique plus ou moins profond sur la partie opposĂ©e Ă la tĂȘte. Le sertissage se faisant alors en retournant la paroi sur elle-mĂȘme en formant une bouterolle. Usage typique : les chaises pliantes.
Il existe également des rivets en plastique, le rivetage se faisant généralement à chaud pratiquement sans pression.
Rivet double
Certains rivets sont constituĂ©s de deux piĂšces comportant chacune une tĂȘte, le rivetage s'obtenant en engageant la tige d'une piĂšce dans la tige creuse de l'autre, une lĂ©gĂšre conicitĂ© permettant le coincement Ă l'enfoncement. Ces rivets sont gĂ©nĂ©ralement en laiton ou en plastique.
Rivet aveugle
Une vraie rĂ©volution dans le rivetage a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par l'apparition du « rivet aveugle » (ou rivet pop marque dĂ©posĂ©e) dĂ©veloppĂ© par la George Tucker Eyelet Company au dĂ©but des annĂ©es 1940 et qui ne nĂ©cessite plus ce double accĂšs. Ce rivet est constituĂ© d'un corps creux (tube avec collerette) en alliage dĂ©formable, et d'une tige dont une extrĂ©mitĂ© est renflĂ©e : le clou. La tĂȘte peut ĂȘtre ronde, fraisĂ©e ou large pour mieux rĂ©partir l'effort de serrage. Il est posĂ© avec une pince Ă riveter, qui tire sur la tige dont le bout renflĂ© pĂ©nĂštre dans le corps du rivet pour rĂ©aliser le rivetage. Lorsque le blocage s'effectue, la tige se casse automatiquement en laissant le rivet en place. Le clou casse en raison d'une diminution du diamĂštre rĂ©alisĂ©e sous sa tĂȘte lors de sa fabrication. Ce point de rupture est important car la force de serrage dĂ©pendra de la force nĂ©cessaire Ă la rupture du clou.
Il existe des rivets aveugles dont le corps n'est pas percé de bout en bout, mais seulement d'un cÎté, ce qui donne un rivet étanche.
En version ordinaire ce rivet est en aluminium avec tige en acier. Mais il existe aussi des rivets en titane pour l'aviation ou en plastique avec une faible tenue mĂ©canique mais rĂ©sistant Ă la corrosion. D'autres matiĂšres sont possibles pour le corps : cuivre, acier inox A2 ou A4, cupronickelâŠ
Ăgalement sont possibles des revĂȘtements amĂ©liorant la tenue Ă la corrosion ou la peinture.
Les rivets aveugles standards répondent à des normes AFNOR ou DIN. Les diamÚtres principaux sont : 2,4 mm - 3 mm - 3,2 mm - 4 mm - 4,8 mm - 5 mm - 6 mm et 6,4 mm.
Ces diamÚtres sont issus des systÚmes métrique et anglo-saxon ce qui explique certaines proximités de taille (par ex. : 3 et 3,2 mm).
La longueur du rivet dépend de l'épaisseur totale à riveter et de la taille du rivet.
Norme | Corps | TĂȘte | Corps | Tige |
---|---|---|---|---|
ISO 15975 | fermé | Bombée | Aluminium | Aluminium |
ISO 15976 | fermé | Bombée | Acier | Acier |
ISO 15977 | ouvert | Bombée | Aluminium | Acier |
ISO 15978 | ouvert | Fraisée | Aluminium | Acier |
ISO 15979 | ouvert | Bombée | Acier | Acier |
ISO 15980 | ouvert | Fraisée | Acier | Acier |
ISO 15981 | ouvert | Bombée | Aluminium | Aluminium |
ISO 15982 | ouvert | Fraisée | Aluminium | Aluminium |
ISO 15983 | ouvert | Bombée | Inox | Inox |
ISO 15984 | ouvert | Fraisée | Inox | Inox |
Rivet Ă contreplaque
Lors de la pose, on intercale une rondelle du cĂŽtĂ© battu pour assurer une meilleure rĂ©partition des efforts de l'assemblage. Ce type de rivet est en gĂ©nĂ©ral court et s'utilise souvent pour l'assemblage de toiles et tissus : le montage est similaire Ă celui des Ćillets.
Retirer le rivet
Pour retirer un rivet sans dommage pour les piÚces rivetées et le trou de perçage il faut :
- Se munir d'un foret avec un diamĂštre de 2 dixiĂšme en dessous du diamĂštre nominal de la fixation. (ex: un rivet diamĂštre 4 devra ĂȘtre percĂ© avec un foret de diamĂštre 3,8 , mĂȘme si le trou en lui-mĂȘme est de 4,1.)
- Ne percez que l'Ă©paisseur de la tĂȘte, bien au centre. Puis retirez la tĂȘte avec un chasse goupille de diamĂštre 3,2; avec l aide d'une autre personne qui tiendra un tas ou une cale en bois appuyĂ© sous la seconde piĂšce rivetĂ©e, retirez le corps du rivet avec un chasse goupille et un marteau.
- Préférez le marteau au maillet, vous aurez plus de force.
Retirer un rivet sans détériorer les piÚces rivetées n'est pas une opération toujours facile. Plusieurs procédés sont envisageables :
- en perçant la tĂȘte du rivet Ă la perceuse avec un foret d'un diamĂštre Ă©gal ou lĂ©gĂšrement infĂ©rieur au diamĂštre du corps du rivet : il s'agit de traverser le rivetage ;
- en perçant la tĂȘte du rivet avec un foret d'un diamĂštre nettement supĂ©rieur au diamĂštre du corps du rivet : le but est alors de faire sauter la tĂȘte ;
- en sciant ou en meulant la tĂȘte du rivet ;
- en dĂ©coupant la tĂȘte du rivet avec un ciseau Ă bois et un marteau, si le matĂ©riau est suffisamment tendre (aluminium)
Reste alors le corps du rivet, qu'il suffit de chasser, en le poussant avec un chasse-goupille. Le danger des mĂ©thodes par perçage est essentiellement d'agrandir le trou du rivet, et l'inconvĂ©nient des autres mĂ©thodes est dâabĂźmer la surface de la premiĂšre piĂšce rivetĂ©e ce qui entraĂźnera un ponçage ou un ragrĂ©age de la zone dĂ©tĂ©riorĂ©e.
Notes et références
- « AHG »
- « Marcellin Jules Charles Auriol »
- « Eloi A. Auriol »
- Site des AHG
- « La rivure affleurĂ©e en construction aĂ©ronautique », La Machine moderne, no 90,â , p. 146-149 (ISSN 0024-9130, lire en ligne).
Voir aussi
Articles connexes
- La Tour Eiffel, un exemple architectural pour lequel ont été utilisés 2 500 000 rivets.