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Canicule en France

La canicule en France est un aléa naturel de type vague de chaleur, correspondant à des températures anormalement élevées observées pendant plusieurs jours consécutifs sur le territoire national français, qui a des impacts sur la santé humaine mais aussi sur la flore (naturelle ou cultivée) et la faune (sauvage ou d'élevage).

Canicule en France
GĂ©ographie
Pays France
Vulnérabilités
Personnes Femmes enceintes - nourrissons - plus de 65 ans ou ayant perdu leur autonomie - personnes présentant certaines maladies ou prenant certains médicaments - personnes exposées à la chaleur (habitat mal isolé, travail en extérieur)
Environnement Forêts, faune, flore, qualité de l'eau
Économie Agriculture, production d'électricité
Événements historiques
antérieurs à 2000 1976, 1983, 1994
postérieurs à 2000 2003, 2006, 2015, 2020, 2022

Il existe quatre types de vagues de chaleur : pic de chaleur, épisode persistant de chaleur, canicule et canicule extrême. La canicule est décrétée par département lorsque les indices biométérologiques (IBM) atteignent ou dépassent ou sont susceptibles de dépasser les seuils départementaux pendant trois jours et trois nuits consécutifs et que l'événement est susceptible de constituer un risque sanitaire notamment pour les populations fragiles ou surexposées.

Classé dans la catégorie des risques sanitaires majeurs mais aussi des risques naturels majeurs, le risque de canicule fait l'objet d'un suivi continu, d'un cadre réglementaire de prévention et d'une information de la population. Depuis la vague de chaleur de 2003, la France active chaque été un Plan national canicule s'appuyant sur un système d’alerte canicule en santé (Sacs) et un suivi d’indicateurs sanitaires en temps réel. Ce système a été conçu pour prévenir et réduire la mortalité et la morbidité pendant les vagues de chaleur. L'information de la population est faite via différents vecteurs.

DĂ©finition et typologie des canicules

DĂ©finition

Les vagues de chaleur correspondent à des températures anormalement élevées, observées pendant plusieurs jours consécutifs. Mais il n’existe pas de définition universelle du phénomène : les niveaux de température et la durée de l’épisode qui permettent de caractériser une vague de chaleur varient selon les régions du monde et les domaines considérés (caractérisation d’un point de vue climatologique, activité de recherche, dispositif de vigilance météorologique).

Typologie

Le terme « vagues de chaleur » recouvre en France les situations suivantes, différenciées selon la durée de l'événement et son intensité qualifiée par l'indice biométéorologique[1] :

Type Définition Vigilance météorologique associée
Pic de chaleur Chaleur intense de courte durée (un ou deux jours) présentant un risque sanitaire, pour les populations fragiles ou surexposées, notamment du fait de leurs conditions de travail et de leur activité physique. jaune
Épisode persistant de chaleur Températures élevées (IBM proches ou en dessous des seuils départementaux) qui perdurent dans le temps (supérieur à trois jours) ; ces situations constituant un risque sanitaire pour les populations fragiles ou surexposées, notamment du fait de leurs conditions de travail et de leur activité physique. jaune
Canicule Période de chaleur intense pour laquelle les IBM atteignent ou dépassent les seuils départementaux pendant trois jours et trois nuits consécutifs et susceptible de constituer un risque sanitaire notamment pour les populations fragiles ou surexposées. orange
Canicule extrême Canicule exceptionnelle par sa durée, son intensité, son étendue géographique, à forts impacts non seulement sanitaires mais aussi sociétaux. rouge

Indicateurs biométéorologiques (IBM)

Une analyse fréquentielle par l'Institut national de veille sanitaire (remplacée en 2016 par l'Agence nationale de santé publique) et Météo-France de trente ans de données quotidiennes de mortalité et de différents indicateurs météorologiques a permis de retenir les indicateurs biométéorologiques (IBM), qui sont les moyennes sur trois jours consécutifs des températures minimales (IBM min) et maximales (IBM max) comme étant les plus pertinents pour identifier une canicule. Les formules sont les suivantes.

Des seuils d’alerte départementaux ont été définis pour ces deux indicateurs[2]. Quelques exemples d'IBM par département :

Région Département Station de référence Seuil IBM inférieur Seuil IBM supérieur
Île-de-FranceEssonne[3]20 °C35 °C
Provence-Alpes-Côte-d'Azur[2]Alpes-de-Haute-ProvenceSaint-Auban-sur-Durance19 °C36 °C
Hautes-AlpesGap18 °C34 °C
Alpes-MaritimesNice24 °C31 °C
Bouches-du-RhôneMarignane24 °C35 °C
VarToulon23 °C35 °C
VaucluseAvignon21 °C36 °C

Une probabilité élevée d’atteinte ou de dépassement simultané des seuils par les IBM min et max pour un département donné constitue le critère de base de prévision d’une canicule. Cette information est complétée par l'analyse d'indicateurs plus qualitatifs (intensité et durée de la vague de chaleur, humidité de l'air) et de l'expertise de Météo-France[4].

Histoire

Vagues de chaleurs antérieures à 1976

Le Professeur Emmanuel Le Roy Ladurie, auditionné dans le cadre de la mission d'information consécutive à la canicule de 2003, a fait une synthèse des grandes vagues de chaleur dans l'histoire climatique française. Il a estimé que les étés les plus chauds du Moyen Âge étaient semblables à ceux de la première moitié du XXe siècle, mais que les températures du passé étaient sans doute moins élevées que celles enregistrées au cours des années 1990 et que 2003 constituait « une rupture dans l'histoire du climat en France. »[5].

Même si les outils météorologiques fiables n'existent que depuis 1863, les historiens peuvent se baser sur deux types de données pour mesurer l'évolution du climat : un indice — mis au point par un chercheur hollandais — permettant d'appréhender l'ampleur des « coups de chaleur », sur une échelle allant de 1 à 9 et l'étude des vendanges et des récoltes, dont les dates et les résultats constituent des critères pertinents pour estimer la chaleur et la pluviométrie[5].

L'histoire du climat en France depuis le Moyen Âge jusqu'en 1976 peut s'articuler entre plusieurs grandes périodes[5] :

  • le « petit âge glaciaire », qui couvre la pĂ©riode 1308-1860, et s'accompagne de variations climatiques et de « coups de chaleur » ;
  • un recul des glaciers alpins Ă  partir de 1850, qui constituerait un phĂ©nomène purement naturel ;
  • une stabilisation des tempĂ©ratures Ă  partir de la seconde moitiĂ© du XXe siècle.

Les Ă©pisodes climatiques les plus significatifs sont les suivants[5] :

Siècle Épisodes
XIIIe siècle Les étés sont chauds.
XIVe siècle Des « coups de chaleur » sont recensés, en particulier en 1326 (indice 9), de 1331 à 1334, en 1351, de 1383 à 1385 ;
XVe siècle Les étés sont également très chauds et les vendanges précoces entre 1417 et 1439 (la chaleur et la sécheresse en 1420 provoquent l'organisation anticipée des vendanges à partir du 29 août) ;
XVIe siècle Les années 1523 à 1525 sont caractérisées par la sécheresse, avant la poussée glaciaire de la période 1560-1600 ;
XVIIe et XVIIIe siècles Des fortes chaleurs sont recensĂ©es en 1636, 1639, 1705, 1706, 1719, 1779... Lors de l'Ă©tĂ© 1636, les tĂ©moins rapportent « un effroyable harassement de chaleur » pendant plusieurs semaines Ă  Paris. La mortalitĂ© devient alors frĂ©quemment catastrophique en raison de la dysenterie rĂ©sultant de la baisse et de la contamination des cours d'eau : 500 000 morts lors de l'Ă©tĂ© 1636 ou de l'Ă©tĂ© 1705, 700 000 lors des canicules estivales de 1718-1719. Enfin, l'enchaĂ®nement de pluies abondantes Ă  l'automne 1787, de grĂŞle au printemps 1788, d'un Ă©tĂ© 1788 caniculaire puis d'un hiver rigoureux — entraĂ®nant de mauvaises rĂ©coltes et une hausse des prix agricoles — dĂ©bouche sur le contexte climatique rĂ©volutionnaire de 1789 ;
XIXe siècle et XXe siècle Les années 1857 à 1859 et 1861 à 1863 sont caractérisées par de très beaux étés, de même que les années 1904 à 1906. L'année 1947 voit se conjuguer sécheresse (de début avril à fin octobre dans la moitié nord et le centre, et jusqu'à mi-août dans les régions méridionales) et chaleur (de fin mai à mi-septembre). Les températures moyennes mensuelles, d'avril à octobre, sont très supérieures à la normale (+ 2 degrés en mai et juillet, + 3 degrés minimum en août et septembre).

Vagues de chaleurs de 1976 Ă  2003

Trois vagues de chaleur sont recensées entre 1976 et 2003.

L'Ă©tĂ© 1976 reste dans la mĂ©moire collective comme celui de la sĂ©cheresse ayant occasionnĂ© les pires dommages agricoles et conduit Ă  la crĂ©ation de « l'impĂ´t sĂ©cheresse », mais il s'agit avant tout d'une très importante canicule oĂą une vingtaine de dĂ©partements voient leur taux de mortalitĂ© s'Ă©lever de plus de 10 % au-dessus des normes saisonnières, soit 6 000 dĂ©cès surnumĂ©raires passĂ©s Ă  l'Ă©poque inaperçus. Seules des Ă©tudes peu antĂ©rieures Ă  2003, menĂ©es par l'Institut national de la santĂ© et de la recherche mĂ©dicale (INSERM), ont rĂ©vĂ©lĂ© les consĂ©quences sanitaires et humaines de cet Ă©pisode[6].

La canicule de juillet 1983 dans le sud-est de la France a Ă©tĂ© Ă  l'origine d'une surmortalitĂ© de 300 dĂ©cès dans la seule rĂ©gion de Marseille, imputable directement ou indirectement Ă  la chaleur. Lors de la dernière semaine de juillet 1983, les tempĂ©ratures minimales Ă  Marseille n'ont pas baissĂ© en dessous de 28 degrĂ©s, avec un air humide et des tempĂ©ratures maximales comprises entre 35 et 41 degrĂ©s. Le thermomètre n'est pas descendu en dessous de 20 degrĂ©s pendant 20 jours. La surmortalitĂ© en juin et juillet 1983 sur l'ensemble de la France s'est Ă©levĂ©e au total Ă  4 700 dĂ©cès[6].

L'annĂ©e 1994 a connu le deuxième Ă©tĂ© le plus chaud sur la pĂ©riode de 50 ans ayant prĂ©cĂ©dĂ© 2003[6].

Canicule de 2003

L'été 2003 est le plus chaud des 150 années antérieures à 2003, tant par les températures maximales que minimales enregistrées. La canicule s'installe à partir du 3 août. À compter du 4 août, un grand nombre des 180 stations météorologiques réparties sur l'ensemble du territoire national, enregistrent quotidiennement des écarts par rapport aux températures normales, supérieurs à 10 degrés et des maximales dépassant 35 degrés. Des records absolus de températures maximales sont battus, essentiellement du 4 au 13 août[7] :

4 août40,5°CBrive (Corrèze)
7 août38,5°CGuéret-Grancher (Creuse)
10 août39,6°CToulouse-Blagnac (Haute-Garonne)
11 août39,6°COrly (Essonne)
101août41,9°CCarpentras (Vaucluse)
12 août42,6°COrange (Vaucluse)
13 août40,2°CAuch (Gers)
27 août38,2°CAlbi (Tarn)
28 août35,3°CSaint-Jean-en-Royans (Drôme)

De fortes températures nocturnes sont également enregistrées par Météo France du 4 au 14 août, avec des minima dépassant quelquefois la normale de plus de 10 degrés dans le nord de la France et des records battus plusieurs fois pour certaines stations. En revanche, une grande partie du pourtour méditerranéen enregistre le plus souvent des températures proches des valeurs normales, bien que la température minimale la plus élevée de la période soit enregistrée dans les Alpes-Maritimes, à Menton, avec 30,3 degrés[7].

Canicule de 2017

474 décès et 8 000 passages aux urgences sont dénombrés en 2017 en lien avec les quatre vagues de chaleur enregistrées en France cette année-là[8].

Canicule de 2022

En France, plus de 1 500 records de chaleur sont battus dans les territoires en 2022. 10 mois de l’annĂ©e sont plus chauds que la normale (seuls janvier et avril font exception). En outre, juin 2022 dĂ©tient le record de la vague de chaleur la plus prĂ©coce jamais enregistrĂ©e au niveau national. 93 dĂ©partements ont Ă©tĂ© concernĂ©s par des restrictions d’eau et 75 ont Ă©tĂ© en situation de crise sĂ©cheresse[9].

Causes

Conséquences sur les personnes, l'environnement et l'économie

Impacts sur la santé humaine

Dès que la température corporelle dépasse 37 °C, le corps met en action des mécanismes de régulation thermique pour s’adapter à la canicule[10] :

  • le corps se met Ă  transpirer et la respiration s’accĂ©lère (la chaleur est alors Ă©liminĂ©e via l’eau et la vapeur d’eau rejetĂ©es) ;
  • les vaisseaux sanguins situĂ©s Ă  la surface de la peau augmentent de diamètre (vasodilatation) pour refroidir le sang.

Ce processus vise à éviter l’apparition de problèmes de santé liés aux températures élevées. Afin qu’il puisse jouer pleinement son rôle :

  • l’organisme doit ĂŞtre rĂ©gulièrement hydratĂ©, pour permettre la production de sueur ;
  • l’air ambiant doit de prĂ©fĂ©rence ĂŞtre brassĂ© (par un ventilateur, par exemple), pour favoriser l’évaporation de la sueur prĂ©sente sur la peau.

Les personnes les plus vulnérables aux fortes chaleurs sont les femmes enceintes et surtout les nourrissons fragiles en cas de fortes chaleurs, les personnes âgées de plus de 65 ans ou ayant perdu leur autonomie peu réactives face à la chaleur et les personnes présentant certaines maladies ou prenant certains médicaments[10]. Certaines personnes sont plus vulnérables à la chaleur en raison de leurs conditions de vie : les personnes vivant en milieu urbain et/ou en logements mal isolés thermiquement, les professionnels travaillant à l’extérieur exposés à la chaleur et les sportifs, les personnes en situation de précarité, sans domicile ou en situation d'isolement[10].

En cas de forte chaleur, certaines maladies peuvent apparaître si le corps supporte mal les températures élevées : une dermite due à la chaleur, le gonflement des jambes et/ou plus rarement des avant-bras dû à un œdème, des crampes musculaires des bras et des jambes, mais aussi ceux de l'abdomen, une syncope parfois précédée de nausées, de vertiges ou de troubles de la vision, une insolation liée à une exposition directe de la tête au soleil[11]. Dans les cas les plus graves peuvent apparaître un épuisement, résultant d'une perte excessive d’eau et de sels minéraux, une déshydratation, correspondant aussi à un manque d’eau et de sels minéraux dans l’organisme ou un coup de chaleur caractérisé, par des symptômes spécifiques, à savoir une température corporelle supérieure ou égale à 40 °C, des troubles de la conscience marqués (perte de connaissance, convulsions fréquentes, délire voire coma) et une chute importante de la tension artérielle[11].

En cas de non prise en charge ou de prise en charge trop tardive, le décès peut survenir. Dans le rapport parlementaire faisant suite à la canicule exceptionnelle de 2003, l'Institut national de veille sanitaire (InVS), remplacé en 2016 par l’Agence nationale de santé publique, rappelle que « l'élévation de la chaleur peut être la cause initiale d'un décès par débordement des défenses naturelles du sujet, incapable de préserver son homéothermie », avec ou sans atteinte du système nerveux central. Le même document rappelle une définition (américaine) du décès par coup de chaleur : température au décès au moins égale à 40,6 °C ; exposition préalable à une forte chaleur du fait des conditions climatiques ; exclusion, par une vérification raisonnable, des autres causes possibles d'hyperthermie[12].

Le rapport prĂ©sentĂ© au sĂ©nat en fĂ©vrier 2004 consĂ©cutif Ă  la canicule de 2003 fait Ă©tat d'un bilan de 14 802 victimes, qui ne constitue qu'une première estimation du nombre des victimes sur la pĂ©riode comprise entre le 1er et le [13]. Les dispositions prises consĂ©cutivement Ă  cet Ă©vĂ©nement dramatique ont permis de rĂ©duire considĂ©rablement le nombre de victimes. La mortalitĂ© en excès pour les vagues de chaleur des annĂ©es 2015-2021 — sur les pĂ©riodes et les dĂ©partements concernĂ©s par au moins un jour de dĂ©passement des seuils (donnĂ©es extrapolĂ©es) — est estimĂ©e par l'Agence nationale de santĂ© publique comme suit[14] :

Année Estimation moyenne [minimale - maximale]
20151 739[1 620 - 1 832]
2016378[327 - 441]
2017474[286 - 698]
20181 641[1 071 - 2 164]
20191 462[548 - 2 221]
20201 924[1 484 - 2 387]
2021239[199 - 296]

Impacts sur les forêts : dépérissement et incendies

Les canicules ont un effet aggravant, mais ne sont pas responsables à elles seules du nombre d’incendies ou des surfaces parcourues. Le développement d’incendies de forêts requiert en effet la combinaison de températures élevées, de vents forts et d’une végétation en stress hydrique[15].

La sécheresse, couplée à des températures anormalement élevées sur une période longue, a ainsi de fortes conséquences sur les arbres forestiers. Dans un premier temps, des mortalités sont observées au niveau des plantations et des jaunissements, des rougissements et des pertes de feuilles se manifestent rapidement dans certains peuplements. La sécheresse exceptionnelle de 2018 illustre parfaitement cette problématique où les dommages sont essentiellement marqués dans les régions Bourgogne-Franche Comté et Grand-Est, avec en outre une multiplication d'attaques d'insectes ravageurs sur les épicéas (scolytes), les pins (décollements d’écorces et mortalités d’arbres, dans le Nord, en Seine-et-Marne, Essonne et Indre), les sapins (insectes cambiophages en particulier dans les Vosges, le Jura et le Massif Central, mais également dans les Alpes et les Pyrénées)[16].

La vĂ©gĂ©tation ainsi fragilisĂ©e est particulièrement sensible au feu. En 2019, 15 000 hectares de forĂŞt ont Ă©tĂ© dĂ©truits par les flammes. Les activitĂ©s humaines sont le plus souvent la cause de ces incendies : 9 feux sur 10 sont d’origine humaine[17].

Surconsommation Ă©lectrique

La surconsommation électrique due à l’usage intensif des climatiseurs peut entraîner un déséquilibre brutal de l’offre et de la demande, déséquilibre pouvant entraîner des perturbations sur le réseau de distribution.

Ressources énergétiques

Pour leur fonctionnement, les centrales nucléaires prélèvent de l’eau dans les rivières, les fleuves ou la mer. Selon la localisation du réacteur, l’eau peut ensuite être rejetée là où elle a été prélevée, à une température légèrement plus élevée. Ces rejets sont surveillés et encadrés afin de limiter les apports de chaleur dans les cours d’eau, pour protéger la faune et la flore. Cela peut conduire EDF à limiter ponctuellement le fonctionnement de certains réacteurs en cas de forte chaleur et d'eau déjà à une température élevée[18].

Dans la première famille de rĂ©acteurs, dits ouverts, l'eau utilisĂ©e pour refroidir le circuit secondaire est rejetĂ©e directement dans le milieu après utilisation. Les 26 rĂ©acteurs de ce type sont situĂ©s en bord de mer, Ă  l'exception des centrales de Saint-Alban et de Tricastin. Ce fonctionnement implique une consommation d'eau relativement importante de 50 m3 par seconde (m3/s) et le rejet d'une eau plus chaude que celle prĂ©levĂ©e. Deux critères doivent ĂŞtre respectĂ©s : une limite d'Ă©chauffement et une limite de tempĂ©rature aval après mĂ©lange. Tricastin, par exemple, ne peut dĂ©passer un Ă©chauffement moyen de 5,5 °C en valeur journalière, avec une valeur limite de 6 °C (Ă  tout instant, et non plus en moyenne). Quant Ă  la tempĂ©rature du RhĂ´ne calculĂ©e Ă  l'aval du site, elle ne doit pas dĂ©passer 27,8 °C en valeur journalière, avec une limite Ă  28 °C[19].

Pour les 30 autres rĂ©acteurs, avec une tour aĂ©rorĂ©frigĂ©rante, implantĂ©s au bord d'un cours d'eau, leurs prĂ©lèvements s'Ă©lèvent Ă  environ m3/s et la tempĂ©rature des rejets est beaucoup plus proche de celle du fleuve. Dans ce cas, environ 40 % de l'eau prĂ©levĂ©e sont Ă©vaporĂ©s et ne sont pas rendus au milieu. Ces rĂ©acteurs consomment environ 2,5 m3 par mĂ©gawatt-heure produit, soit 2 250 m3 par heure pour un rĂ©acteur de 900 mĂ©gawatts fonctionnant Ă  plein rĂ©gime. Les critères rĂ©glementaires Ă  respecter sont ici des valeurs moyennes calculĂ©es de rĂ©chauffement (comprise entre 0,09 et 0,15 °C pour Belleville, Dampierre et Chinon, les trois centrales sur la Loire) et une valeur limite (fixĂ©e Ă  1 °C pour ces sites)[19] - [20].

Depuis 2014, il est toutefois possible de déroger au cadre général en cas de forte demande d'électricité ou de tension sur la production. Le dispositif a été activé une fois en 2018 à Golfech, pendant trente-six heures, et plusieurs fois en 2022 pour les centrales de Bugey, Blayais, Golfech, Saint-Alban et Tricastin[21] - [22].

Des baisses de production pour ces raisons interviennent régulièrement en période estivale, représentant entre 2000 et 2022 en moyenne 0,3 % de la production annuelle du parc[19].

Gestion du risque

Surveillance, vigilance et alerte

Vigilance météorologique et correspondance avec la plan national canicule

Vigilance météorologique de Météo France pour les journées du 27 et 28 juin 2019

La vigilance météorologique de Météo-France est une procédure nationale d'information de la population, des pouvoirs publics, des services de la sécurité civile et des autorités sanitaires en cas de phénomènes météorologiques dangereux prévus par Météo-France. Elle attire l'attention de tous sur les dangers potentiels au niveau départemental d'une situation météorologique particulière et informe des conséquences possibles et des précautions spécifiques pour s'en protéger au mieux. Conçue en 2001 pour 5 phénomènes, la Vigilance couvre aujourd’hui 9 phénomènes : vent violent, orages, neige-verglas, avalanches, canicule et grand froid (depuis 2004), pluie-inondation, vagues-submersion (depuis 2011) et crues (relais depuis 2020 de l’information produite par le réseau Vigicrues)[23].

Pour la canicule, dès le niveau jaune, un commentaire national accompagne la carte de vigilance. Le pictogramme correspondant à la canicule apparaît sur la carte dès le niveau orange. À ce niveau, Météo-France établit un bulletin de suivi régulier qui précise, en particulier, l’évolution du phénomène en termes de localisation géographique, de chronologie et d'intensité[24].

Niveau Type de vague de chaleur Niveaux du plan national canicule
VerteNiveau 1 -Veille saisonnière
jaunepic de chaleur ou Ă©pisode persistant de chaleurNiveau 2 -Avertissement chaleur
orangecaniculeNiveau 3 - Alerte canicule
rougecanicule extrĂŞmeNiveau 4 - Mobilisation maximale

Plan national canicule

Le Plan national canicule (PNC) est mis en place à compter du de chaque année et est actif jusqu'au de la même année. Pour toute situation météorologique qui le justifie, le PNC est activé en dehors de ces périodes[4]. De manière synthétique, les actions à chaque niveau d'alerte du plan sont les suivantes[25]. :

Niveau Action
Niveau 1 -
Veille saisonnière
Activation d'une veille saisonnière, comportant notamment la mise en œuvre d’un dispositif d’information préventive.
Niveau 2 -
Avertissement chaleur
Une information succincte « fortes chaleurs » figure dans l’encadré « commentaire » à droite de la carte de vigilance météorologique et le phénomène est signalé à l’échelle départementale sur le site Internet au travers d’une info-bulle ou dans la version tableau de la carte. Les ARS prennent les mesures de gestion adaptées, en coordination avec les préfectures de départements concernées.
Niveau 3 -
Alerte canicule
La décision d’activer les mesures du Plan départemental de canicule est de l’initiative du préfet de département avec l’appui de l’ARS. Il s’appuie en fonction des besoins locaux sur le dispositif ORSEC. Exceptionnellement, selon l’ampleur territoriale et/ou la durée du phénomène, le Premier ministre pourrait être amené à activer la Cellule interministérielle de crise (CIC).
Niveau 4 -
Mobilisation maximale
La crise devient intersectorielle, elle nécessite une mobilisation maximale et une coordination de la réponse de l’État. Pour ce faire, le Premier ministre peut « confier la conduite opérationnelle de la crise à un ministre qu’il désigne en fonction de la nature des événements, du type de crise ou de l’orientation politique qu’il entend donner à son action ». La désignation de ce ministre « entraîne l’activation de la CIC qui regroupe l’ensemble des ministères concernés (…) ».

RĂ©duction et adaptation au risque de canicule

Mesures pour se protégéer des vagues de chaleur

Assurance et réparations

Indemnisations spécifiques des filières économiques


Notes et références

Notes

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Divers services de l'État (SantĂ©, CohĂ©sion des territoires, Emploi, Travail, SĂ©curitĂ© civile, Communication), Plan national canicule 2017, Paris, (lire en ligne)

    Rapports parlementaires

    • Nicole Bonnefoy, Catastrophes climatiques : mieux prĂ©venir, mieux reconstruire, Rapport d'information fait au nom de la MI sur la gestion des risques climatiques, Paris, (lire en ligne)
    • LoĂŻc Prud’Homme, PrĂ©sident, et Mme FrĂ©dĂ©rique Tuffnell, Rapporteure, Rapport Ă  l'AssemblĂ©e nationale de la mission d'information sur la gestion des conflits d’usage en situation de pĂ©nurie d’eau, Paris, (lire en ligne)

    Articles connexes

    Liens externes

    Références

    1. Ministère de la santé et de la prévention, Ministère de la solidarité de l'autonomie et des personnes handicapées, « Vagues de chaleur. », sur solidarites-sante.gouv.fr, (consulté le )
    2. Groupe régional d’experts sur le climat en région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur (GREC-SUD), « Impacts du changement climatique sur la santé. », sur www.grec-sud.fr, (consulté le )
    3. « Plan de gestion canicule 2020. », sur www.essonne.gouv.fr (consulté le )
    4. Plan national canicule., p. 3.
    5. rapport d'information présenté par Denis Jacquat, « La France et les Français face à la canicule : les leçons d'une crise - Les précédents historiques et récents », sur www.senat.fr, (consulté le )
    6. rapport d'information présenté par Denis Jacquat, « La France et les Français face à la canicule : les leçons d'une crise - A-3-b) Les récentes vagues de chaleur. », sur www.senat.fr, (consulté le )
    7. rapport d'information présenté par Denis Jacquat, « La France et les Français face à la canicule : les leçons d'une crise - Une canicule aux caractéristiques inédites », sur www.senat.fr, (consulté le )
    8. Ministère de la transition écologique et solidaire, Comprendre le 2e Plan national d'adaptation au changement climatique., Paris, , 5 p. (lire en ligne), p. 4.
    9. « Vagues de chaleur : un plan national pour anticiper », sur www.ecologie.gouv.fr, (consulté le ).
    10. « Canicule et fortes chaleurs : définition et conséquences sur la santé », sur www.ameli.fr, (consulté le )
    11. « Comment identifier et traiter les problèmes de santé liés à la chaleur et à la canicule ? », sur www.ameli.fr, (consulté le )
    12. présenté par Mme Valérie Létard, MM. Hilaire Flandre et Serge Lepeltier,, « Rapport d'information sur la crise sanitaire et sociale déclenchée par la canicule de l'été 2003 », sur assemblee-nationale.fr (consulté le )
    13. présenté par Denis Jacquat, « La France et les Français face à la canicule : les leçons d'une crise », sur www.senat.fr, (consulté le )
    14. Direction Santé-Environnement-Travail, Direction Prévention et Promotion de la Santé, Météo France, « Bulletin de santé publique. Été 2021 », sur www.santepubliquefrance.fr, (consulté le )
    15. [PDF]Conseil général de l'environnement et du développement durable, « Retour d'expérience sur l'épisode caniculaire et la sécheresse 2019 », sur cgedd.documentation.developpement-durable.gouv.fr, (consulté le ), p. 120
    16. « Sécheresse et chaleur 2018 : impact sur l’état sanitaire des forêts », sur agriculture.gouv.fr, (consulté le )
    17. « Sécheresse : les mesures pour économiser l’eau », sur www.ecologie.gouv.fr, (consulté le )
    18. « Sécheresse en France », sur www.ecologie.gouv.fr, (consulté le )
    19. Philippe Collet, « Nucléaire : EDF détaille son dispositif d'adaptation au manque d'eau », sur www.actu-environnement.com, (consulté le )
    20. Émilie Massemin, « Centrales nucléaires : EDF face au défi des canicules », sur reporterre.net, (consulté le )
    21. Philippe Collet, « Canicule : quatre centrales nucléaires autorisées à relâcher de l'eau plus chaude qu'à la normale », sur www.actu-environnement.com, (consulté le )
    22. Philippe Collet, « Canicule : la dérogation accordée à quatre centrales nucléaires prolongée jusqu'au 7 août », sur www.actu-environnement.com, (consulté le )
    23. « La Vigilance météorologique : 20 ans d’évolutions continues », sur le site de Meteofrance, (consulté le )
    24. Plan national canicule - Fiche 7 : Principes généraux de vigilance et d'alerte canicule., p. 16.
    25. Plan national canicule., p. 4-6.
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