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Camp de Pithiviers

Le camp de Pithiviers était un camp d'internement situé à Pithiviers dans le département du Loiret (France).

Camp d'internement de Pithiviers
Bundesarchiv Bild 183-S69236, Frankreich, Internierungslager Pithiviers.jpg
Camp de Pithiviers en 1941.
Présentation
Gestion
Date de création Mai 1941
Date de fermeture Août 1944
Victimes
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Loiret
Localité Pithiviers
CoordonnĂ©es 48° 10′ 21″ nord, 2° 15′ 09″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Camp d'internement de Pithiviers

Avec les camps de Beaune-la-Rolande et de Jargeau, le camp de Pithiviers était l'un des trois camps implantés dans le département du Loiret.

Localisation

Le camp était situé dans la commune de Pithiviers, à environ quatre-vingt kilomètres au sud de Paris et dix-neuf au nord-ouest de Beaune-la-Rolande.

Les bâtiments ont été détruits au cours des années 1950 pour des raisons matérielles, non sans l'accord des associations mémorielles[1]. Seule l'infirmerie, actuel 2 rue de Pontournois, a été conservée, pour servir d'habitation. Le poste de garde, à l'entrée du camp, se trouvait au centre de l'actuel square Max-Jacob, 50 rue de l'Ancien camp, et non à côté, où a été dressée une stèle explicative à une époque où seuls les récits des survivants permettaient de se faire une idée des lieux. La limite opposée se situait à hauteur de l'actuel stade d'athlétisme, en retrait du 14 rue Gabriel-Lelong[2].

Historique

Le camp a été construit au début de la Seconde Guerre mondiale avec l'objectif d'y accueillir des familles réfugiées de Paris, puis des prisonniers de guerre allemands.

Après l'armistice du 22 juin 1940, il est utilisé d'abord pour des prisonniers de guerre français. Joseph Darnand, fondateur et dirigeant de la Milice française, fait prisonnier de guerre le , a été interné au camp de Pithiviers avant de s'en évader en .

DĂ©portation des Juifs

À partir de , les autorités françaises recensent les Juifs étrangers sur ordre des Allemands, puis le régime de Vichy prend l'initiative de promulguer une loi sur le statut des Juifs (loi du 4 octobre 1940). Theodor Dannecker, représentant d'Adolf Eichmann à Paris de à , souhaite cependant accélérer l'exclusion des Juifs, non seulement en les recensant et en les spoliant, mais également en les internant. Il peut compter sur Carltheo Zeitschel, qui partage avec lui les mêmes objectifs, et qui est chargé à l'ambassade d'Allemagne à Paris des relations avec le Commissariat général aux questions juives, créé le .

Le , Theodor Dannecker informe le préfet régional Jean-Pierre Ingrand (1905-1992), représentant du ministère de l'Intérieur en zone occupée, de la transformation du camp de prisonniers de Pithiviers en camp d'internement, avec transfert de sa gestion aux autorités françaises. Les Allemands exigent dans le même temps l'application de la loi du , qui permet l'internement des Juifs étrangers. Le seul camp de Pithiviers étant insuffisant, celui de Beaune-la-Rolande est également requis, pour une capacité totale de 5000 places[3].

Le gouvernement de Vichy transforma ainsi le camp de prisonniers de guerre en camp d'internement pour les Juifs arrĂŞtĂ©s lors des rafles et plus particulièrement la Rafle du billet vert le , puis les rafles du Vel d'hiv du 16 et . Après la rafle du Vel d'Hiv, environ 7 600 personnes sont transfĂ©rĂ©es dans les camps du Loiret, oĂą rien n’a Ă©tĂ© prĂ©vu pour les accueillir. Des Ă©pidĂ©mies se dĂ©clarent. Des enfants meurent[4].

Six convois partirent de Pithiviers les 25 juin, 17 juillet, 31 juillet, 3 aoĂ»t, 7 aoĂ»t et , transportant 6 079 Juifs vers Auschwitz pour y ĂŞtre assassinĂ©s. Les autoritĂ©s françaises ont proposĂ© qu’on dĂ©porte Ă©galement les enfants, que les nazis pourtant ne rĂ©clamaient pas encore. Dans l’attente de la rĂ©ponse d’Eichmann Ă  Berlin, les Allemands dĂ©cident de dĂ©porter les adultes sans les enfants. Si les adolescents sont dĂ©portĂ©s avec leur père et les adolescentes avec leurs mères, Ă  chaque dĂ©part, les gendarmes utilisent la force pour sĂ©parer les mères et les enfants en bas âge. La violence est extrĂŞme, les scènes d’une grande cruautĂ©[4]. Les très jeunes enfants ne seront dĂ©portĂ©s qu'Ă  partir du 13 aoĂ»t 1942 vers Drancy[5] (puis Auschwitz).

Il n'y eut que 115 survivants à la Libération, soit 1,8 % des déportés.

Après son arrestation à Saint-Benoît-sur-Loire, Max Jacob fut interné au camp de Drancy et y mourut.

Arrêtée le , la romancière Irène Némirovsky, auteure du roman inachevé Suite française, y est transportée le avant d'être déportée le à Auschwitz par le convoi n°6. Elle y meurt un mois plus tard de la grippe (selon le certificat du camp), en fait plus sûrement du typhus.

DĂ©tenus politiques

Le camp de Pithiviers fut évacué à la fin du mois de pour être transformé en camp de concentration pour détenus politiques jusqu'en [6] - [7]

Galerie

Lieux de mémoire

  • Depuis , le Centre de recherche sur les camps de Beaune-la-Rolande, Pithiviers et Jargeau a inaugurĂ© Ă  OrlĂ©ans un musĂ©e-mĂ©morial.
  • Un monument a Ă©tĂ© Ă©difiĂ©, en 1957, sur le site du camp d'internement, rue de l'Ancien camp, non loin de la gare. Une urne noire contenant des cendres d'Auschwitz-Birkenau y a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e. Sur la stèle sont gravĂ©s les noms de Juifs internĂ©s dans le camp.
  • En 1992, une plaque commĂ©morative rappelant la dĂ©portation des enfants fut apposĂ©e sur le monument.
  • Une plaque commĂ©morative a Ă©tĂ© apposĂ©e sur la façade de l'ancienne gare, en 1994, par l'association Fils et filles de dĂ©portĂ©s juifs de France.

Photographies

Au début des années 2010, 200 planches-contacts traitant de Paris sous l'Occupation réapparaissent lors d'une foire à Reims. Cinq d'entre elles, soit une centaine de clichés, concernent la rafle du billet vert et la vie des déportés aux camps de Beaune-la-Rolonde et de Pithiviers. Un brocanteur normand les achète et n'y pense guère jusqu'au visionnage d'un documentaire sur la Seconde Guerre mondiale. Il prend alors contact avec des collectionneurs, qui finissent par les léguer au Mémorial de la Shoah. Leur photographe pourrait être Harry Croner, membre d'une Compagnie de propagande qui accompagnait ce jour-là Theodor Dannecker et quelques officiels allemands assister aux opérations. Certaines photos furent publiées dans la presse collaborationniste, figurant par la suite dans des fonds d'archives ou des ouvrages historiques mais sans que le nom du photographe soit indiqué. L'un des clichés est célèbre pour avoir été repris dans le film Nuit et Brouillard (1956) d'Alain Resnais ; il était autrefois convenu qu'elle avait été prise à Pithiviers alors qu'on sait de nos jours qu'il s'agit de Beaune-la-Rolande[8].

Notes et références

Pour approfondir

Bibliographie

  • Kalma Apfelbaum (trad. du yiddish par GĂ©rard Frydman), Lettres d'un internĂ© au camp de Pithiviers, OrlĂ©ans, CERCIL, coll. « LittĂ©rature et politique », , 185 p. (ISBN 2-7011-3963-5).
  • Cercle d'Ă©tude de la dĂ©portation et de la Shoah-Amicale d'Auschwitz, La rafle du billet vert, 14 mai 1941, et l'ouverture des camps d'internement du Loiret : confĂ©rence-dĂ©bat du mercredi 8 juin 2011, Paris, Union des dĂ©portĂ©s d'Auschwitz, Association des professeurs d'histoire et de gĂ©ographie et Cercle d'Ă©tude de la dĂ©portation et de la Shoah-Amicale d'Auschwitz, coll. « Petit cahier » (no 17), , 122 p. (ISBN 978-2-917828-12-0).
  • Éric Conan, Sans oublier les enfants : les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, 19 juillet-16 septembre 1942, Paris, Librairie gĂ©nĂ©rale française, coll. « Le livre de poche » (no 30570), , 219 p. (ISBN 978-2-253-11721-6).
  • Jacques Fredj (dir.), Derniers souvenirs : objets des camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, 1941-1942, Paris, MĂ©morial de la Shoah, , 63 p. (ISBN 978-2-916966-56-4).
    Publié à l'occasion de l'exposition présentée au Mémorial de la Shoah, Paris, 27 janvier-23 mars 2008.
  • LycĂ©e Duhamel du Monceau, Cicatrices : 3 camps français : Pithiviers, Jargeau, Beaune-la-Rolande, Paris, le Bar florĂ©al, , 109 p. (ISBN 2-912239-06-0).
  • Isaac Millman (prĂ©f. Odile Belkeddar), Je m'appelle Isaac et j'ai Ă©tĂ© un enfant cachĂ©, OrlĂ©ans, CERCIL, , 79 p. (ISBN 978-2-9540903-0-6).
  • Mission d'Ă©tude sur la spoliation des Juifs de France et Annette Wieviorka (dir.), Les Biens des internĂ©s des camps de Drancy, Pithiviers et Beaune-la-Rolande, Paris, la Documentation française, , 97 p. (ISBN 2-11-004548-5).
  • Monique Novodorsqui-Deniau (dir.), Katy Hazan (dir.), BenoĂ®t Verny (dir.) et Nadine Fresco (dir.) (prĂ©f. Simone Veil), Pithiviers-Auschwitz, 17 juillet 1942, 6h15 : convoi 6, camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, OrlĂ©ans, CERCIL, , 359 p. (ISBN 2-9507561-6-6).
  • Isaac Schoenberg et Serge Klarsfeld (prĂ©f. Pierre Pachet), Lettres Ă  Chana : camp de Pithiviers : mai 1941-juin 1942, OrlĂ©ans, CERCIL, , 164 p. (ISBN 2-9507561-1-5).
  • Camille Vaillot et Robert Chantin (dir.), Mineur de Montceau-les-Mines : mĂ©moires, Paris, l'Harmattan, coll. « MĂ©moires du XXe siècle », , 265 p. (ISBN 2-7384-5735-5).
  • Bernard ValĂ©ry (prĂ©f. Jacques-Henri Bauchy), Jours de peine et jours d'espoir : chroniques du pays d'entre Beauce et Gâtinais pendant la Deuxième guerre mondiale, OrlĂ©ans, Ă©d. Page Ă  page, , 179 p. (ISBN 2-910912-04-3).

Articles connexes

Liens externes

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