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Bradley Fighting Vehicle

Le Bradley Fighting Vehicle (BFV) est le nom d'une famille de vĂ©hicule militaire blindĂ© de combat conçue aux États-Unis par la FMC Corporation, comptant notamment le vĂ©hicule de combat d'infanterie M2 Bradley et le lance-roquettes multiple M270. Ces vĂ©hicules sont le rĂ©sultat d’un long dĂ©veloppement initiĂ© en 1963 et qui n’a pu aboutir qu’à l’extrĂȘme fin des annĂ©es 1970, au terme d’un programme grevĂ© par le manque de budget conjuguĂ© Ă  l’indĂ©cision dans l’établissement des spĂ©cifications.

véhicule blindé à chenille roulant  dans le désert en soulevant un panache de poussiÚre
Bradley M2A3 en Irak en 2004.
plusieurs vĂ©hicule blindĂ© cĂŽte Ă  cĂŽte au crĂ©puscule, l’un d’eux tire un missile qui Ă©claire la scĂšne, tandis que les Ă©clairs d’un orage illuminent les montagnes Ă  l’arriĂšre-plan
Un Bradley de la National Guard tire un missile lors d’un exercice en 2018.

Outre le M2, qui a Ă©tĂ© amĂ©liorĂ© Ă  plusieurs reprises, et ses dĂ©rivĂ©s directs comme le M6, le chĂąssis a Ă©galement servi de base pour crĂ©er le M987. Ce dernier a Ă©tĂ© dĂ©clinĂ© Ă  son tour en toute une gamme de vĂ©hicules de support, de l’artillerie Ă  l’ambulance, bien qu’un certain nombre de ces engins soient restĂ©s Ă  l’état de projet, faute de financement du fait de la fin de la guerre froide.

Conception

Contexte

Au cours de la Seconde Guerre mondiale un usage croissant est fait des vĂ©hicules de transport de troupes blindĂ©s, ou VTT[alpha 1], les plus emblĂ©matiques Ă©tant le M3 Half-track utilisĂ© par les AlliĂ©s et les Sd.Kfz. 250 et 251 des Allemands. Ces VTT sont conçus pour amener l’infanterie sous une protection relative jusqu’au champ de bataille, oĂč les troupes descendent des vĂ©hicules pour combattre Ă  pied. Cette doctrine persiste dans l’immĂ©diat aprĂšs-guerre et jusqu’à la fin des annĂ©es cinquante, le seul changement notable Ă©tant le passage de vĂ©hicules semi-chenillĂ©s et ouverts Ă  des vĂ©hicules totalement chenillĂ©s et fermĂ©s, comme les M75, M59 et M113 amĂ©ricains, le FV.432 britannique ou encore le HS.30 allemand[1]. Cependant, au dĂ©but des annĂ©es soixante, la nature de la guerre change, avec l’introduction d’une doctrine basĂ©e sur l’emploi massif d’armes nuclĂ©aires tactiques, rendant le principe du VTT obsolĂšte. Il n’est alors plus envisageable d’envoyer l’infanterie combattre Ă  pied sur un champ de bataille contaminĂ© par les radiations. L’ArmĂ©e rouge et la Bundeswehr sont les premiĂšres Ă  dĂ©velopper des vĂ©hicules rĂ©pondant Ă  ce problĂšme en permettant Ă  l’infanterie de combattre depuis l’intĂ©rieur du vĂ©hicule : le BMP-1 et le Marder. Ils sont par consĂ©quent appelĂ©s des vĂ©hicules de combat d’infanterie, ou VCI[alpha 2][2].

Les débuts difficiles du programme MICV

photo en noir et blanc montrant un véhicule blindé à chenille vue de trois quart-avant
Le XM701 de la Pacific Car and Foundry.

Les États-Unis s’engagent sur le mĂȘme chemin Ă  partir de 1963 : le dĂ©veloppement conjoint avec l’Allemagne d’un nouveau char de combat principal, le MBT-70, nĂ©cessite en effet de remplacer en mĂȘme temps le M113, qui est incapable de suivre le nouveau vĂ©hicule. Le projet de VCI est nommĂ© MICV-70, Mechanized Infantry Combat Vehicle-1965, la mise en production d’un vĂ©hicule si avancĂ© n’étant pas espĂ©rĂ©e avant cette date. L’état-major ne souhaitant pas attendre aussi longtemps un remplaçant du M113, un appel d'offres est lancĂ© en pour fournir un VCI Ă  plus court terme, le MICV-65[3].

La proposition retenue en juin de la mĂȘme annĂ©e est le XM701 de l’entreprise Pacific Car and Foundry, mais le projet ne dĂ©passe pas les essais et est abandonnĂ© en 1966. La raison invoquĂ©e est le poids trop important et la faible vitesse de l’engin, bien que le manque de financement dĂ» au coĂ»t de la guerre du ViĂȘt Nam ait probablement jouĂ© un rĂŽle important dans cette dĂ©cision[4]. Paradoxalement, cette mĂȘme guerre montre rapidement les limites du M113, qui est utilisĂ© dans un rĂŽle plus offensif que ce pour quoi il a Ă©tĂ© conçu et subit par consĂ©quent de lourdes pertes[5]. Dans le mĂȘme temps, au cours des annĂ©es 1960, les Russes Ă©quipent massivement leur armĂ©e en BMP-1 et BTR-60, qui peuvent tous dĂ©truire le M113, alors que l’inverse n’est pas vrai ; le dossier du MICV est donc rouvert dĂšs 1968 pour permettre Ă  l’United States Army de rattraper son retard[6].

photographie en noir et blanc montrant en contre-plongée et de trois-quart avant un véhicule blindé à chenille avec une mitrailleuse sur le toit
Le XM765 de la FMC Corporation.

Un premier contrat est attribuĂ© Ă  FMC Corporation afin de crĂ©er sur la base du M113A1 un nouveau vĂ©hicule, qui prend le nom de XM765. Le but de l’opĂ©ration n’est pas vraiment de concevoir le prochain VCI de l’U.S. Army, mais plutĂŽt d’expĂ©rimenter le concept de combat d’infanterie depuis un vĂ©hicule. L’arriĂšre de la caisse du M113A1 est coupĂ© Ă  mi-hauteur afin de remplacer la paroi verticale par une paroi inclinĂ©e, dans laquelle s’ouvre quatre fentes de tir, le blindage est augmentĂ© et la mitrailleuse remplacĂ©e par un canon M139 de 20 mm[7]. Les premiers tests ne sont pas entiĂšrement satisfaisants, le vĂ©hicule Ă©tant bien trop lourd pour le chĂąssis du M113, ce qui nĂ©cessite de retourner au blindage et Ă  l’armement d’origine[8]. À partir de l’expĂ©rience acquise sur le XM765, FMC dĂ©veloppe sur ses fonds propres le (PI) M113A1 puis l’AIFV, qui est achetĂ© par les Pays-Bas[9]. L’AIFV est toutefois rejetĂ© par l’armĂ©e amĂ©ricaine, l’engin ayant Ă©tĂ© jugĂ© trop lĂ©gĂšrement blindĂ© et trop lent par rapport au M1 Abrams, alors en dĂ©veloppement.

Toutefois, la seule autre perspective envisageable Ă©tant l’achat de Marder ouest-allemands, FMC se voit finalement attribuer en un contrat pour le dĂ©veloppement d’un VCI sur la base du XM765, mais dont les faiblesses doivent ĂȘtre corrigĂ©es[10]. Le cahier des charges exige un vĂ©hicule pouvant atteindre 72 km/h et rĂ©sister Ă  des projectiles d’un calibre minimal de 14,5 mm, tout en Ă©tant dotĂ© d’au moins un canon de 20 mm en tourelle[11]. Ces exigences imposent Ă  FMC de changer en profondeur ses plans : bien que le XM723 a l’air d’une version agrandie de l’AIFV, ses composants sont diffĂ©rents, provenant majoritairement du LVPT-7 AMTRAC au lieu du M113[10]. Un premier prototype est livrĂ© en 1974, puis trois autres en 1975[12].

photographie en noir et blanc montrant de dessus et légÚrement de profil un véhicule blindé à chenilles avec une tourelle
Le XM723

L’abandon pour raisons budgĂ©taires en du projet ARSV, qui visait Ă  dĂ©velopper un nouveau vĂ©hicule de reconnaissance pour les troupes de cavalerie et auquel FMC avait participĂ© avec son XM800-T, complique le programme du MICV. En effet, l’idĂ©e de fusionner les deux projets Ă©merge dĂšs le dĂ©but de l’annĂ©e 1975, mais l’écart entre leurs exigences respectives aurait nĂ©cessitĂ© de repenser en profondeur le XM723, en particulier la tourelle. Pendant un an le projet ne progresse donc guĂšre, l’armĂ©e restant indĂ©cise quant aux spĂ©cifications les plus adaptĂ©es. L’achat de vĂ©hicules Ă  l’étranger est Ă  nouveau Ă©tudiĂ©, mais les deux vĂ©hicules examinĂ©s, le Marder ouest-allemand et l’AMX-10 français, ne donnent pas entiĂšrement satisfaction[13]. ParallĂšlement, la possibilitĂ© de dĂ©velopper un transport de troupes sur la base d’un chĂąssis de char est Ă©galement Ă©tudiĂ©e, mais finalement rejetĂ©e en raison du coĂ»t d’achat et de maintenance, ainsi que des difficultĂ©s logistiques gĂ©nĂ©rĂ©es par un vĂ©hicule lourd[14]. Finalement, les spĂ©cifications sont arrĂȘtĂ©es en : la base du XM723 doit ĂȘtre reprise, mais adaptĂ©e aux exigences de la cavalerie, avec une tourelle pour deux personnes, dĂ©nommĂ©e TBAT-II[alpha 3], une capacitĂ© antichar par le biais de missiles TOW et une capacitĂ© amphibie[15].

Du MICV au Bradley

véhicule blindé de couleur sable vu de profil dans un parc arboré
Le M2 dans sa premiÚre version. Exemplaire conservé au United States Army Ordnance Training and Heritage Center.

FMC commence par construire la maquette d’un premier vĂ©hicule, le MICV TBAT-II, dĂ©clinĂ© en deux versions, une pour l’infanterie et une pour la cavalerie. Les deux sont virtuellement identiques, la principale diffĂ©rence Ă©tant la suppression des fentes de tir du compartiment arriĂšre sur le vĂ©hicule de cavalerie[16]. Le programme est rebaptisĂ© en : la plateforme prend le nom de FVS, pour Fighting Vehicule Systems, et les modĂšles sont nommĂ©s XM2 IFV, pour le vĂ©hicule de combat d’infanterie et XM3 CFV pour celui de la cavalerie. Le mois suivant, une troisiĂšme version est ajoutĂ©e : le Fighting Vehicule Systems Carrier, une sous-famille de vĂ©hicules utilisant le mĂȘme chĂąssis et dont le principal reprĂ©sentant doit ĂȘtre un lance-roquettes multiples, futur MLRS[17]. Le dĂ©veloppement se passe sans problĂšmes majeurs, exception faite de la transmission, et FMC peut livrer huit prototypes pour Ă©valuation entre et [18]. LĂ  encore, aucun problĂšme particulier ne se fait jour et l’autorisation de production est donnĂ©e en . Le M2 IFV reçoit alors le nom de Bradley en hommage au gĂ©nĂ©ral Omar Bradley, le M3 CFV, quant Ă  lui, aurait dĂ» prendre le nom du gĂ©nĂ©ral Jacob Devers, mais est finalement Ă©galement appelĂ© Bradley, du fait du peu de diffĂ©rences entre le M2 et le M3[15] ; la plateforme reçoit le nom collectif de BFV, pour Bradley Fighting Vehicle[19].

Le plan de commande initial est de cent vĂ©hicules en 1980, dont soixante-quinze M2 et vingt-cinq M3, puis quatre cents en 1981 ; Ă  partir de lĂ  six cents vĂ©hicules doivent ĂȘtre livrĂ©s tous les ans, pour se terminer avec six cent quatre-vingts exemplaires en 1985[alpha 4][19]. Les troupes commencent Ă  recevoir les Bradley Ă  partir de 1982 et donnent des retours globalement positifs : bien que des officiers supĂ©rieurs critiquent le fait que l’adoption du Bradley nĂ©cessite de rĂ©duire la taille du groupe de combat standard de onze Ă  neuf hommes, les soldats de leur cĂŽtĂ© apprĂ©cient grandement la prĂ©sence des missiles TOW, qui rĂ©duisent grandement leur vulnĂ©rabilitĂ© en cas de rencontre fortuite avec un char[15]. En dĂ©pit de ces retours positifs de la part des militaires, les Bradley sont victimes Ă  partir de 1983 d’une campagne de dĂ©nigrement de la part des mĂ©dias, qui le qualifient notamment de « crĂ©matorium », sur la base d’une supposĂ©e tendance du vĂ©hicule Ă  prendre feu lorsqu’il est touchĂ© par des projectiles Ă  charge creuse[19].

frise chronologique avec différents jalons
Chronologie du développement et de la production du systÚme Bradley de 1960 à 1995.

Évolutions

photographie montrant de profil un véhicule blindé peint en camouflage vert, noir et marron et chargé de sacs
Le Bradley dans sa version A2.

Les Ă©tudes pour amĂ©liorer le Bradley dĂ©butent avant mĂȘme la fin de la phase de production initiale : en 1984, FMC commence Ă  convertir Ă  des fins expĂ©rimentales plusieurs Bradley, sous les noms M2E1 et M3E1. Le point le plus important de cette Ă©volution est le passage du missile TOW au TOW-2, dont les capacitĂ©s antichar sont nettement amĂ©liorĂ©es. Ces modifications sont acceptĂ©es et introduites Ă  partir de 1986, les Bradley prenant la dĂ©signation M2A1 pour le vĂ©hicule de combat d’infanterie et M3A1 pour celui de cavalerie[20]. Des inquiĂ©tudes ayant Ă©tĂ© Ă©mises trĂšs tĂŽt sur l’efficacitĂ© du blindage, du fait de la gĂ©nĂ©ralisation du canon de 20 mm sur les vĂ©hicules de l’arsenal soviĂ©tique, un programme de dĂ©veloppement sur ce sujet, appelĂ© HSV pour High Survivability Version, est lancĂ© en 1984 et donne naissance aux versions A2 en 1988[20]. Le passage Ă  la version A2 a sur le M2 des consĂ©quences considĂ©rablement plus importantes que celui Ă  la version A1 quelques annĂ©es plus tĂŽt, en entraĂźnant la suppression de toutes les fentes de tir latĂ©rales, seules celles de la porte arriĂšre Ă©tant conservĂ©es. Outre l’amĂ©lioration du blindage mĂ©canique, cette version permet Ă©galement de monter des briques de blindage rĂ©actif en cas de besoin, bien qu’il faut attendre dix ans pour qu’une brique adaptĂ©e soit conçue[21].

La guerre du Golfe constitue le baptĂȘme du feu du Bradley et montre que certains points restent Ă  amĂ©liorer. Dans un premier temps l’évolution se fait via un kit dit ODS, pour Operation Desert Storm, qui peut ĂȘtre montĂ© directement sur le terrain et comprend notamment un tĂ©lĂ©mĂštre laser, un GPS et de meilleurs moyens d’identification ; les vĂ©hicules Ă©quipĂ©s sont alors dĂ©signĂ©s M2A2ODS et M3A2ODS. Des modifications plus lourdes Ă©tant toutefois nĂ©cessaires, un contrat pour mettre au point une version A3 est attribuĂ© en 1995 Ă  l’entreprise United Defense Limited Partnership, qui est nĂ©e en 1994 de la fusion entre les dĂ©partements dĂ©fense de FMC Corporation et de Harsco Corporation[22]. La version A3 est acceptĂ©e Ă  la fin de l’annĂ©e 1996, avec comme objectif la conversion de 1 602 A2 au standard A3 pour 2001. Les changements les plus marquants de la nouvelle version sont l’installation sur le cĂŽtĂ© droit de la tourelle d’un viseur thermique indĂ©pendant pour le chef de char et d’un ensemble Ă©lectronique permettant l’intĂ©gration du vĂ©hicule dans le systĂšme FBCB2 (en)[23].

Variantes

XM701

Conçu par la Pacific Car and Foundry pour le projet MICV-65, le prototype du XM701 est produit en sur la base du M107/M110 et rapidement suivi de cinq vĂ©hicules pilotes, numĂ©rotĂ©s de P1 Ă  P5. Parmi ces derniers, les trois premiers ont une caisse en acier, tandis que celle des deux autres est en alliage d’aluminium ; tous ont en revanche la mĂȘme tourelle en acier, armĂ©e d’un canon de 20 mm M139 et d’une mitrailleuse coaxiale de M73 de 7,62 mm. Le compartiment arriĂšre offre par ailleurs sept ports de tir, de conception diffĂ©rente selon les pilotes[3]. Contrairement aux projets suivants, le XM701 est entiĂšrement pressurisĂ© afin d’assurer la protection NBC de l’équipage et des passagers sans qu’ils aient Ă  porter un masque individuel[24] ; de mĂȘme, afin de permettre au vĂ©hicule d’opĂ©rer pendant de longues pĂ©riodes en zone contaminĂ©e, il est Ă©galement Ă©quipĂ© d’un rĂ©chaud et de toilettes[25].

XM765

Le XM765 est un vĂ©hicule dĂ©veloppĂ© Ă  partir de 1967 par FMC Corporation afin d’évaluer la maniĂšre dont l’infanterie peut combattre depuis un vĂ©hicule. Il est construit sur la base d’un M113A1, dont il conserve l’ensemble propulsif et la suspension ; la moitiĂ© avant de la caisse est Ă©galement identique au M113, mais la moitiĂ© arriĂšre est redessinĂ©e pour que les cĂŽtĂ©s soient inclinĂ©s au lieu d’ĂȘtre droits. Le premier prototype est armĂ© d’un canon de 20 mm M139 montĂ© sur un affĂ»t M27, l’ensemble Ă©tant installĂ© sur la coupole du chef de char. Le compartiment des troupes est par ailleurs percĂ© de quatre ouvertures de tir de chaque cĂŽtĂ©, auxquelles s’ajoutent deux autres sur la rampe arriĂšre. La protection est de plus augmentĂ©e Ă  l’avant et sur les cĂŽtĂ©s par un blindage espacĂ© composĂ© de plaques d’acier laminĂ©[8]. L’ensemble se rĂ©vĂšle toutefois trop lourd pour l’ensemble propulsif, tandis que plusieurs problĂšmes de sĂ©curitĂ© se font jour par ailleurs. L’emplacement des rĂ©servoirs de carburant, sous les siĂšges du compartiment passagers, est notamment considĂ©rĂ© comme peu judicieux, tandis que la cabine se trouve rapidement envahie de fumĂ©e lorsque les fantassins utilisent les ouvertures de tir, du fait de l’absence de systĂšme de ventilation efficace[26].

Un deuxiĂšme prototype est donc construit, qui revient au blindage d’origine du M113 et sur lequel le canon est remplacĂ© par une simple mitrailleuse M2. Les rĂ©servoirs de carburants internes sont par ailleurs dĂ©placĂ©s Ă  l’extĂ©rieur, de chaque cĂŽtĂ© de la rampe arriĂšre et la ventilation de la cabine amĂ©liorĂ©e[8]. Le XM765 n’est pas directement utilisĂ© par l’U.S. Army, mais FMC profite de l’expĂ©rience acquise pour dĂ©velopper sur ses propres deniers une version amĂ©liorĂ©e du M113 baptisĂ©e (PI) M113A1, qui donne ultimement naissance Ă  l’AIFV[27].

XM723

FMC remporte en 1972 l'appel d'offres contre Chrysler et Pacific Car pour dĂ©velopper le XM723 et livre le premier prototype en 1974[12]. Bien que d’apparence similaire au XM765, le XM723 en est profondĂ©ment diffĂ©rent dans sa conception, ses composants provenant du LVT-7 plutĂŽt que du M113[10]. L’ensemble propulsif, constituĂ© notamment d’un moteur Cummins VTA903 de 450 hp et d’une transmission hydromĂ©canique General Electric HMPT-500, est plus puissant et plus robuste, tandis que l’armement est Ă©galement considĂ©rablement augmentĂ©, avec un canon de 20 mm et une mitrailleuse coaxiale de 7,62 mm en tourelle. Le blindage est en revanche similaire, avec une coque en aluminium doublĂ©e de plaques d’acier laminĂ© sur les cĂŽtĂ©s et l’arriĂšre, la protection de l’avant Ă©tant quant Ă  elle assurĂ©e par un brise-lames, qui vient s'ajouter au blindage lorsqu’il est repliĂ©[28].

Les essais, qui s’achĂšvent en 1976, sont satisfaisants, mais l’armĂ©e a entretemps modifiĂ© ses exigences et demande dĂ©sormais que le vĂ©hicule puisse Ă©galement ĂȘtre utilisĂ© comme vĂ©hicule de reconnaissance pour la cavalerie. Le XM723 Ă©tant mal adaptĂ© pour ce rĂŽle, le programme se termine sans que le vĂ©hicule soit adoptĂ©[13].

MICV TBAT-II

DerniĂšre Ă©tape avant le Bradley, dont il est proche, le dĂ©veloppement du MICV TBAT-II commence en . La tourelle est totalement nouvelle par rapport Ă  celle du XM723 et prend en compte les besoins de la cavalerie. L’armement principal est un canon de 25 mm, pour lequel deux modĂšles sont considĂ©rĂ©s : le XM241, qui dispose de sa propre motorisation, et le XM242 dont le moteur est externe. Ce dernier, conçu par Hughes Helicopters, donne naissance au concept de Chain gun et est retenu pour le Bradley. L’armement secondaire est composĂ©, d’une part, d’une mitrailleuse coaxiale de 7,62 mm, pour laquelle deux modĂšles sont Ă©valuĂ©s, la MAG58 et la M240, et, d’autre part, de missiles antichars[29].

Bradley Air Defense/Antitank System

Bradley ADATS.

À la suite de l’abandon en 1985 du remplaçant du M163 Vulcan, le M247, l’idĂ©e est Ă©mise en 1988 d’utiliser la caisse du Bradley comme support pour le systĂšme anti-aĂ©rien et antichar MIM-146 ADATS produit par les entreprises Oerlikon et Martin-Marietta[30]. L’ADATS prend la forme d’une tourelle armĂ©e de quatre tubes lance-missiles de chaque cĂŽtĂ©, ceux-ci contenant les missiles, dont l’ogive est Ă  la fois Ă  charge creuse et Ă  fragmentation, leur permettant d’ĂȘtre utilisĂ©s indiffĂ©remment contre les aĂ©ronefs et les vĂ©hicules terrestres. Elle est en outre Ă©quipĂ©e d’un radar permettant de suivre dix cibles simultanĂ©ment, bien que le guidage des missiles s’effectue par le biais d’un faisceau infrarouge, les rendant insensibles au brouillage Ă©lectronique. Une version disposant en sus d’une deuxiĂšme tourelle armĂ©e d’un canon M242 de 25 mm au dessus de la premiĂšre est Ă©galement dĂ©veloppĂ©e[31]. Les premiers tests rĂ©alisĂ©s en montrent toutefois de nombreux problĂšmes et le programme est abandonnĂ© en 1992[30].

M6 Bradley Stinger Fighting Vehicle (BSFV) Linebacker

Le besoin d’un vĂ©hicule disposant de capacitĂ©s anti-aĂ©riennes restant important, l’armĂ©e utilise dans un premier temps deux cent soixante-sept M2A2, qui subissent des modifications mineures afin de pouvoir embarquer un groupe de combat armĂ© de missiles Stinger au lieu d’un groupe de combat d’infanterie classique[30]. Dans un deuxiĂšme temps, un programme est lancĂ© pour convertir des M2A2ODS en un nouveau type de vĂ©hicule, appelĂ© Bradley Stinger Fighting Vehicle, ou BSFV, sur lesquels les missiles TOW sont remplacĂ©s par des missiles Stinger[32]. Les premiers essais ont lieu sur huit vĂ©hicules Ă  partir d’ et leurs bons rĂ©sultats amĂšnent l’armĂ©e amĂ©ricaine Ă  acquĂ©rir cinquante-et-un exemplaires supplĂ©mentaires Ă  la fin de cette annĂ©e[31].

Bradley Line of Sight Antitank (LOSAT)

Maquette du Bradley LOSAT.

Dans ce projet non rĂ©alisĂ©, le Bradley aurait emportĂ© quatre lance-missiles Ă  Ă©nergie cinĂ©tique sur un lanceur rĂ©tractable situĂ© dans le compartiment arriĂšre, la tourelle Ă©tant par ailleurs supprimĂ©e. Ces missiles Ă  Ă©nergie cinĂ©tique, abrĂ©gĂ© KEM en anglais, se distinguent des missiles classiques par le fait qu’ils n’emportent pas de charge explosive, mais visent Ă  pĂ©nĂ©trer le blindage des vĂ©hicules adverses par la seule force de l’impact Ă  plus de 5 000 km/h de leur tĂȘte en mĂ©tal dur. Le guidage est effectuĂ© par le biais d’un faisceau infrarouge situĂ© sur le lanceur, nĂ©cessitant d’avoir la cible en ligne de mire[33].

Bradley Command Vehicle (BCV)

Le Bradley Command Vehicle a Ă©tĂ© introduit aprĂšs la guerre du Golfe, celle-ci ayant montrĂ© le besoin de fournir aux officiers supĂ©rieurs un vĂ©hicule leur permettant de suivre l’avancĂ©e rapide des unitĂ©s mĂ©canisĂ©es tout en leur offrant une protection suffisante. Le BCV est basĂ© sur le M2A2ODS, duquel il ne se distingue extĂ©rieurement que par les antennes radio supplĂ©mentaires. L’intĂ©rieur est amĂ©nagĂ© pour permettre Ă  une petite Ă©quipe de quatre officiers de travailler[34].

M7 Bradley Fire Support Team Vehicle (FISTV)

Le M7 Bradley FIST est un vĂ©hicule d’observation d’artillerie introduit aprĂšs la guerre du Golfe, celle-ci ayant montrĂ© que le M981 FISTV, issu du M113, utilisĂ© jusqu’alors n’était pas en mesure de suivre l’allure des vĂ©hicules plus modernes comme le M1 Abrams. BasĂ© sur le M2A2ODS, le M7 s’en distingue extĂ©rieurement par l’absence de missiles TOW, remplacĂ©s par l’équipement d’observation, Ă  savoir un dĂ©signateur laser AN/TVQ-2 et un systĂšme de vision nocturne AN/TAS-4 ; il emporte Ă©galement des systĂšmes de navigation et de communication plus adaptĂ©s Ă  sa mission que ceux prĂ©sents sur le M2A2ODS d’origine[35].

Véhicules basés sur le FVSC

Le Fighting Vehicule System Carrier est apparu en afin de remplacer le M548. L’idĂ©e initiale est de disposer d’un porteur pour un lance-roquettes multiples et le vĂ©hicule est d’abord baptisĂ© GSRS, pour General Support Rocket System, avant de prendre un nom plus gĂ©nĂ©raliste quand il apparut que le porteur pouvait ĂȘtre utilisĂ© pour d’autres usages[36].

Le FVSC, aussi appelĂ© M987, reprend le chĂąssis du M2, mais dans une forme rallongĂ©e et avec une disposition diffĂ©rente des roues de route, qui sont groupĂ©es par deux, alors qu’elles le sont par trois sur le M2. Les suspensions peuvent Ă©galement ĂȘtre verrouillĂ©es afin d’offrir une plateforme de tir stable. Une cabine blindĂ©e pouvant abriter trois hommes et le moteur Cummins VTA-903 de 500 hp est disposĂ©e Ă  l’avant du chĂąssis, tandis que la plateforme arriĂšre permet d’emporter un systĂšme d’arme ou une charge utile[36].

M993 MLRS Carrier

DĂ©veloppĂ© entre 1977 et 1980 par Vought Corporation, le M270 MLRS est composĂ© de deux Ă©lĂ©ments: le M993, une variante lĂ©gĂšrement modifiĂ©e du M987, sert de vĂ©hicule porteur pour le systĂšme de lance-roquettes multiples M270. Ce dernier est construit autour de deux paniers comptant chacun six roquettes M26 de 226 mm, qui peuvent atteindre une portĂ©e d’environ 32 km et emportent gĂ©nĂ©ralement des ogives Ă  sous-munitions. À la fin des annĂ©es 1980, le systĂšme a Ă©tĂ© adaptĂ© pour pouvoir Ă©galement tirer le missile balistique tactique M39[37].

M4 Command and Control Vehicle (C2V)

Le M4 est un poste de commandement mobile devant remplacer le M577 et destinĂ© aux unitĂ©s de taille comprise entre le bataillon et le corps d'armĂ©e. Un module blindĂ© et disposant d’une protection contre les agents toxiques est installĂ© sur une variante du chĂąssis M987, permettant Ă  un Ă©tat-major de travailler sur un champ de bataille contaminĂ© pendant vingt-quatre heures d’affilĂ©e et en mouvement[38].

Armored Treatment and Transport Vehicle (ATTV)

Ambulance blindĂ©e similaire extĂ©rieurement au M4, mais dont l’intĂ©rieur est amĂ©nagĂ© pour pouvoir transporter jusqu’à neuf blessĂ©s sur civiĂšres ou douze en ambulatoire, ainsi qu’une Ă©quipe mĂ©dicale de trois personnes[39].

Forward Area Armored Logistic System (FAALS)

VĂ©hicule blindĂ© pouvant rĂ©aliser des opĂ©rations de maintenance et de ravitaillement des unitĂ©s blindĂ©es les plus avancĂ©es. Tout comme pour le M4, un compartiment blindĂ© est montĂ© sur le chĂąssis M987 ; celui-ci peut contenir jusqu’à six palettes d’obus pour le char M1 dans le cas d’un vĂ©hicule d’approvisionnement en munitions, une citerne d’environ 7 600 l pour la version de ravitaillement en carburant et des outils pour le vĂ©hicule de maintenance. Un mĂȘme vĂ©hicule peut ĂȘtre converti pour l’une ou l’autre de ces trois missions en une heure[40].

XM1070 Electronic Fighting Vehicle System (EFVS)

Prototype pour un véhicule de guerre électronique développé par FMC sur ses fonds propres. Le module blindé installé sur le chùssis M987 supporte un moteur diesel Cummins servant de générateur pour le matériel électronique embarqué, dont une antenne de vingt mÚtres[41].

Opérateurs

Opérateurs potentiels

Notes et références

Notes

  1. En anglais : armoured personnal carrier, ou APC.
  2. En anglais, on trouve généralement le terme Infantry Fighting Vehicle abrégé IFV, ou plus rarement ICV, pour Infantry Combat Vehicle.
  3. TOW Bushmaster armored turret, two man.
  4. À noter qu’il ne s’agit pas d’annĂ©es calendaires, mais d’annĂ©es fiscales dĂ©marrant au et se terminant le .

Références

  1. Zaloga 1995, p. 3.
  2. Zaloga 1995, p. 4.
  3. Hunnicutt 1999, p. 274.
  4. Zaloga 1995, p. 5.
  5. Zaloga 1995, p. 6.
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