Bobby Holcomb
Bobby Holcomb, nommé populairement Bobby, (né le à Honolulu et mort le à Huahine) est un artiste hawaïen. De 1976 jusqu'à sa mort, il contribue par ses chants, sa musique et sa peinture au renouveau culturel autochtone de la Polynésie française.
Naissance | |
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DĂ©cĂšs |
(Ă 43 ans) Huahine |
Nom de naissance |
Robert Holcomb Jr. |
Pseudonyme |
Bobby |
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Biographie
Enfance et formation
Robert Holcomb Jr. nait le Ă Honolulu, la capitale du territoire d'HawaĂŻ situĂ©e sur lâĂźle dâOahu. Il est le fils de Robert Holcomb, militaire mĂ©tis afro-amĂ©ricain-amĂ©rindien, originaire de lâĂtat de GĂ©orgie, et dâAlika Correa, danseuse hawaĂŻenne d'origine portugaise et espagnole. Son pĂšre, affectĂ© Ă la reconstruction de la base navale de Pearl Harbor, le reconnaĂźt mais ne l'Ă©lĂšve pas. Bobby grandit chez ses grands-parents maternels Ă Hilo sur lâĂźle dâHawaĂŻ jusqu'Ă leur mort, quand il a environ 5 ans[1].
Ă l'Ăąge de 11 ans, sa mĂšre se sĂ©pare de ses trois aĂźnĂ©s. Elle confie chacun Ă une famille d'accueil en Californie. Ses parents d'accueil devinent son homosexualitĂ© avant que lui-mĂȘme ne se pose des questions sur son orientation sexuelle[1]. De 13 Ă 19 ans il Ă©tudie Ă lâAmerican School of Dance de Los Angeles prĂšs du ghetto noir de Watts.
Errance autour du monde
Bobby s'installe Ă la fin de l'annĂ©e 1966 Ă San Francisco, oĂč il rencontre Simon Henderson. Ils partent en Europe en 1969, oĂč Bobby se nomme officiellement Stanley Clark Kindred, pour Ă©chapper Ă la police amĂ©ricaine[1]. Ils rencontrent Kim Dios, dite Kimi, en 1974 Ă Ăos. Simon retourne aux Ătats-Unis. Bobby et Kimi partent en septembre 1974 pour un voyage en Turquie, Iran, Afghanistan et Inde. En fĂ©vrier 1976 ils prennent tous les 3 le bateau Ă GĂȘnes Ă destination de la PolynĂ©sie[2].
PersonnalitĂ© hors du commun de la musique et de la peinture durant les annĂ©es 1970 et 1980. DouĂ© pour la danse, la peinture, le chant et la composition musicale, l'artiste s'exprime dans un premier temps, avec une force Ă©gale dans chacun de ces domaines. Il Ă©volue aux Ătats-Unis auprĂšs de Frank Zappa, en Europe auprĂšs de Salvador DalĂ et participe aux groupes pop français tels que Zig Zag Community et Johane of Arch qu'il a crĂ©Ă© avec des musiciens tels que Sylvain Duplant (Alice), Jean-Pierre Auffredo (Alice), Ăric EstĂšve.
Arrivée et implication en Polynésie française
Bobby arrive à Tahiti en 1976 et décide rapidement de s'installer dans le village de Maeva à Huahine[2].
Il s'investira dans la renaissance et l'Ă©veil culturel du peuple Maohi, au sein du « pupu Arioi » groupe de troubadours, intellectuels polynĂ©siens inspirĂ© par le mouvement de 68. Ce mouvement de renaissance culturel sera composĂ© de personnalitĂ©s telles que Henri Hiro, Rigobert Temanupaiura, John Mairai , Coco Hotahota, Vaihere et Heipua Bordes. Chacun dans son domaine culturel, le thĂ©Ăątre, la poĂ©sie, la mĂ©decine traditionnelle, l'art de la danse, la peinture, le chant, s'investira pour redonner la fiertĂ© d'ĂȘtre Maohi. Ce mouvement identitaire auquel participe Bobby, est une rĂ©volution culturelle, car elle dĂ©nonce la colonisation française, les essais nuclĂ©aires, l'Ă©vangĂ©lisation, pour valoriser l'identitĂ© Ma'ohi sa langue, son savoir-faire, son agriculture sa spiritualitĂ©... entre autres.
Il est élu « homme de l'année 1988 ».
Mort
Ă la fin de lâannĂ©e 1990, Bobby, amaigri, souffre dâune douleur Ă la nuque. Vivant Ă Huahine, oĂč ne se trouve quâun dispensaire, il se rĂ©sout Ă consulter un mĂ©decin Ă Papeete lors de son prochain voyage Ă Tahiti, Ă l'occasion d'une soirĂ©e de gala. Homosexuel notoire en pleine pandĂ©mie de sida, les prĂ©jugĂ©s erronĂ©s sur sa sĂ©ropositivitĂ© vont sâintensifier dĂšs son admission. Les mĂ©decins lui diagnostiquent un cancer des vertĂšbres incurable. Pris en charge par Dorothy Levy, qui lui cache quelque temps la gravitĂ© de sa maladie, il rentre chez lui Ă Maeva. ConsultĂ© par tĂ©lĂ©phone, LĂ©on Schwartzenberg confirme le diagnostic. Sous traitement analgĂ©sique Ă lâopium, il reçoit ou rĂ©pond aux appels de ses amis mis au courant par Dorothy. DĂ©shydratĂ©, il est conduit au dispensaire de Fare, oĂč il meurt le soir du [3].
Il est inhumé au pied de la montagne sacrée Mou'a Tapu, à Huahine.
Hommages posthumes
En 2010 est créée la Bobby Holcomb Foundation.
L'Office des postes et télécommunications de Polynésie française a émis en hommage à Bobby :
- Le 15 dĂ©cembre 2011, 1 timbre[4] et une enveloppe « Taâaroa »[5], ainsi qu'une tĂ©lĂ©carte « La lĂ©gende de Hotu Hiva »[6] ;
- Des prĂȘts Ă poster signĂ©s Bobby Holcomb : « Te heâeraâa o te peu tumu » 1979 et « Te heiva api » 1990[7].
En 2021, l'artiste Polynésien Evrard Chaussoy avec le soutien de son ami Heiarii Girard, réalise une statue de bronze de trois mÚtre cinquante de haut à l'effigie de Bobby[8].
Ćuvres
Musique
Pour ce qui est de la musique, Bobby enregistra d'abord au studio Arevareva, notamment la piĂšce "Bobby's House" sortie aussi en cassette sur laquelle il reprit avec Maire Tavaearii la vieille chanson de JosĂ©phine Baker, l'adaptant pour la tourner en « J'ai deux amours : mon pays c'est la PolynĂ©sie ». C'est en 1985 qu'il perça auprĂšs du grand public aprĂšs avoir remportĂ© avec "Orio" le concours de chant organisĂ© par François Nanai. Ceci lui valut un contrat avec la sociĂ©tĂ© OcĂ©ane Production, et sa popularitĂ© devint alors telle qu'il remporta haut la main le titre de "Homme de l'AnnĂ©e 1990" selon le vote des auditeurs de RFO et des lecteurs de La DĂ©pĂȘche. Son score Ă cette Ă©lection sera plus Ă©levĂ© que de nombreux hommes politiques. C'est ainsi que certains ministres tenteront de le faire expulser de la PolynĂ©sie française, mais n'obtiendront pas la majoritĂ© au sein du conseil des ministres, pour exĂ©cuter l'expulsion. Bobby Holcomb restera jusqu'Ă sa mort un citoyen amĂ©ricain. Il refusera la citoyennetĂ© française en signe de protestation contre les essais nuclĂ©aires, ainsi que le colonialisme français en PolynĂ©sie. Il aurait souhaitĂ© appartenir Ă un Triangle polynĂ©sien, te moana nui a diva, libre et indĂ©pendant. Malheureusement, ce Triangle polynĂ©sien qui regroupe sur un vaste territoire le peuple mÄâohi, allant de HawaĂŻ, Ă la Nouvelle-ZĂ©lande jusqu'Ă l'Ăle de PĂąques, ce territoire a Ă©tĂ© divisĂ© par les puissances coloniales, anglaises, amĂ©ricaines, françaises, chiliennes, entre autres.
Son succĂšs musical est liĂ© au fait qu'il a su mixer la musique reggae aux mĂ©lodies tahitiennes, en s'exprimant en langues polynĂ©siennes. Mais surtout qu'il a su faire passer des messages relatifs Ă l'environnement, l'amour du prochain, le savoir-ĂȘtre mÄâohi, le respect de dieux originels.
Ami de l'artiste peintre Vaea Sylvain, c'est en Polynésie française que son expression graphique lui permettra d'atteindre une notoriété particuliÚre et incontestable peu avant son décÚs. Avec Barthélémy Arakino et Angelo Neuffer, il est considéré comme un des artistes polynésiens les plus populaires. Il représente toujours un mythe pour de nombreux Polynésiens.
Chansons Ă succĂšs
Albums
Bobby a enregistré des cassettes produites par les studios O Tahiti, puis Arevareva sur plusieurs années. Avec l'arrivée du CD, Océane Production a commercialisé les chansons de Bobby sous ce nouveau format.
- Bobby
- Bobby et Angelo
- Les talents du siĂšcle - Bobby
- Ohipa
- Te Mana
Peinture
Bobby s'inspire des thÚmes de la mythologie polynésienne.
Notes et références
- Saura et Levy 2013, chapitre 1 Yellow boy. Lâenfant Ă la peau dorĂ©e
- Saura et Levy 2013, chapitre 4 La douce Océanie
- Saura et Levy 2013, p. 313-329.
- LĂ©gende polynĂ©sienne : Taâaroa; Ămis le 15 dĂ©cembre 2011; ProcĂ©dĂ© d'impression : Offset; Imprimerie : phil@post.fr; Production : PSP-OPT-2011 - Tableau: B.HOLCOMB
- LĂ©gende polynĂ©sienne : Taâaroa; Enveloppe premier jour
- La légende de Hotu Hiva - 2011 Emis le: 15 décembre 2011 Maquette: OPT/PSTF - tableau de Bobby
- Entiers postaux du Centre philatélique de Polynésie française
- L'ßle Sacrée célÚbre Bobby Holcomb
- « Bobby chante Porinetia », sur hiroa.pf, (consulté le ).
- Tahitijukebox - Album traditionnel - Paeore - Bobby
Annexes
Bibliographie
- Alex W. du Prel, « Voici 10 ans disparaissait un gĂ©nie : Bobby Holcomb », Tahiti-Pacifique, no 119,â (ISSN 1158-226X, lire en ligne)
- Bruno Saura et Dorothy Levy (préf. Marcel Rufo), Bobby : L'enchanteur du Pacifique, Pirae, Au vent des ßles, (1re éd. 2013), 376 p. (ISBN 978-2-36734-142-2, présentation en ligne)
Article connexe
Liens externes
- Ressources relatives Ă la musique :
- Discogs
- Last.fm
- (en) AllMusic
- (en) MusicBrainz
- (en) Muziekweb
- Bobby sur Dailymotion
- (en) John de Mello (frĂšre de Bobby Holcomb, dĂ©tenteur de tous les droits sur ses Ćuvres), « The Art and Music of Bobby Holcomb - Hawaiian Son, Tahitian Legend » [html], sur Bobby Holcomb's Estate, (consultĂ© le )
- (fr + en) Dorothy Levy, « Bobby Holcomb » [html], sur Bobby Holcomb Foundation (consulté le )