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Bioraffinerie

Les bioraffineries ou agroraffineries[1] sont des installations industrielles qui transforment (bioraffinage) les productions agricoles végétales et la biomasse en biocarburant, agrocarburant destinés à produire de la chaleur et de la puissance (agroénergie), ainsi qu'en produits chimiques à valeur ajoutée, biomatériaux voire en produits destinés à l'alimentation humaine, animale, etc.[2].

Le concept de bioraffinerie est basé sur une recherche de valorisation optimisée de toutes les composantes des agro-ressources transformées (les coproduits pouvant parfois avoir plus de valeur que le produit principal).

La commission de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) sur les bioraffineries a défini le bioraffinage comme la transformation durable de biomasse en énergie et une gamme de produits. Le bioraffinage est selon l'AIE le pilier central de la bioéconomie.

Présentation, exemples

Par exemple, en ce qui concerne le raffinage du blé[3], le fractionnement de la paille permet l'obtention de cellulose et lignines respectivement utilisées pour l'élaboration de pâte à papier et de colles. Le fractionnement du grain, quant à lui, permet d'isoler l'amidon, le glucose, le gluten et des fibres, composés ensuite utilisables comme ingrédients ou additifs alimentaires. Le glucose isolé peut encore subir d'autres transformations, pour être valorisé en sirop de glucose puis éventuellement en éthanol par un procédé de fermentation[4], ce dernier étant un composant de base des biocarburants à alcool.

En cela, une agroraffinerie présente des similitudes avec la raffinerie pétrolière[5], qui produit plusieurs carburants et produits chimiques (lubrifiants, solvants...) à partir du pétrole. Mais la bioraffinerie n'utilise du carbone non-fossile.

En diversifiant ses transformations, l'agroraffinerie peut ajouter de la valeur aux produits agricoles qu'elle transforme[5], par exemple pour en faire un produit chimique ou alimentaire à faible volume mais à haute valeur, en complément d'un carburant de transport produit en masse (comme le bioéthanol ou biogazole) éventuellement utilisable en cogénération ou trigénération sur place, pour générer du mouvement, de la vapeur, de l'électricité.

Typologie

Plusieurs types de bioraffineries sont parfois distingués :

  • en fonction de la Matière première ou de sa source (ex : produit marin, vĂ©gĂ©tal, animaux, fongique ou d'origine sylvicole, agricole, dĂ©chet organique, etc.) ,
  • en fonction des procĂ©dĂ©s mis en Ĺ“uvre : bioraffineries vertes (valorisant des composĂ©s Ă  fort taux d'humiditĂ© typiquement instables), de cĂ©rĂ©ales, d'olĂ©agineux, de microalgues ou macro algues, de matières lignocellulosiques ou de plantes entières[6].
  • selon les produits finaux issus de la transformation, notamment en rassemblant sous une mĂŞme catĂ©gorie toutes les bioraffineries fabriquant un type de produit (Gaz de synthèse par exemple).

Prospective

Dans le cadre de la transition énergétique et de la bioéconomie, la bioraffinerie semble amenée à se développer et jouer un rôle croissant dans la transformation de certaines biomasse (agricoles notamment) en produits chimiques et autres matières traditionnellement produits à partir du pétrole (agrocarburants par exemple).

En imitant certaines réactions biochimiques naturelles, des industriels pensent aussi pouvoir produire des molécules plus complexes et à forte valeur ajoutée. Il est aussi possible de combiner des solutions indusrielles classiqus à des innovations venant de la biomimétique ;
Ainsi Ă  ce jour les dĂ©chets organiques sont brĂ»lĂ©s ou valorisĂ©s sous forme de compost et de plus en plus en biogaz et biomĂ©thane, mais ils semblent pouvoir devenir une nouvelle source de molĂ©cules complexes pour la chimie verte, notamment via l'Ă©lectrosynthèse microbienne (procĂ©dĂ© Ă©tudiĂ© depuis 2010 aux États-Unis). C'est l'une des conclusions faites en 2017 par les membres du projet français Biorare (projet portĂ© par un consortium Irstea, Inra, CNRS-LGC, Suez) sur 5 ans.

Cependant, dans certains domaines (agrocarburant), la bioraffinerie n'a pas encore démontré de supériorité par rapport au pétrole concernant une quelconque soutenabilité[7].

État des lieux

En France, la plus importante des bioraffineries est celle de la Mède avec 500 000 litres de carburants annuels[8]. La seconde est celle de Pomacle-Bazancourt près de Reims (France) : l'Institut EuropĂ©en de la Bioraffinerie. 80 millions d'euros ont Ă©tĂ© investis par un consortium d'une dizaine de partenaires (dont le groupe Total pour crĂ©er un site pilote, capable de produire 180 000 litres de carburant chaque annĂ©e Ă  partir de paille ou d'Ă©corces de bouleau[9].. La plate-forme regroupe une sucrerie (Cristal Union), une unitĂ© de dĂ©shydratation (luzerne...), une unitĂ© de fabrication d'Ă©thanol, une unitĂ© de production d'amidon et de glucose, un centre de valorisation/production de gaz carbonique, l'usine-pilote du projet FUTUROL pour les biocarburants de 2e gĂ©nĂ©ration, un centre de recherche mutualisĂ© (ARD) et enfin le Centre EuropĂ©en de Biotechnologie et BioĂ©conomie. Ce centre regroupe les chaires d'enseignement supĂ©rieur et de recherche de CentraleSupĂ©lec (Chaire de biotechnologies), d'AgroParisTech (Chaire ABI), de NĂ©oma Business School (Chaire de bioĂ©conomie industrielle) et de l'UniversitĂ© de Reims Champagne-Ardenne (la Chaire AFERE - Agro-ressources FERmentation Enzymes - en lien avec la SFR Condorcet).

Notes et références

  1. https://colloque.inra.fr/means2015/content/download/3325/34163/file/3-ecoconception%20agroraffinerie_CS.pdf
  2. Delphine Christian, Comité de suivi Transfrontalier autour des bioraffineries, 2008, Gembloux, Mapping et panorama du bioraffinage en EU
  3. Jacky Vandeputte, Pôle de compétitivité Industries et agro-ressources Champagne-Ardenne et Picardie, 2007, Les enjeux de la bioraffinerie et de la raffinerie des glucides...
  4. (en) Accardi Daniele Salvatore, « From Soil Remediation to Biofuel: Process Simulation of Bioethanol Production from Arundo donax », CHEMICAL ENGINEERING TRANSACTIONS, no Vol. 43,‎ (ISBN 978-88-95608-34-1, ISSN 2283-9216)
  5. [PDF] Jean-Luc Wertz, Le bioraffinage ou valorisation optimale de la biomasse, ValBiom, 11 p., mai 2010
  6. Hugues de Cherisey, ADEME, octobre 2010, Panorama et potentiel de développement des bioraffineries
  7. Le Monde avec AFP, « Les agrocarburants sont-ils polluants ? », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  8. Le Point magazine, « La bioraffinerie de Total à la Mède a démarré », sur Le Point, (consulté le )
  9. Roussange g & Cheveau J (2018) EuropĂ©enne de Biomasse investit 100 millions d'euros dans la Marne, article plubliĂ© par Les Echos du 12/07/18

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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