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Bibliothérapie

La bibliothĂ©rapie dĂ©signe en premier lieu les vertus thĂ©rapeutiques de la lecture[1]. C'est Ă  partir des annĂ©es 1960 que l'on a commencĂ© Ă  dĂ©finir la bibliothĂ©rapie comme Ă©tant « l’utilisation d’un ensemble de lectures sĂ©lectionnĂ©es en tant qu’outils thĂ©rapeutiques en mĂ©decine et en psychiatrie ; et un moyen pour rĂ©soudre des problĂšmes personnels par l’intermĂ©diaire d’une lecture dirigĂ©e »[2] ; plusieurs dĂ©finitions sont apparues par la suite : quelques-unes sont reliĂ©es Ă  la littĂ©rature et Ă  la philosophie, que ce soit Ă  des fins de lecture ou de soin de l’esprit. D’autres sont plutĂŽt centrĂ©es sur un usage mĂ©dical, par exemple, la dĂ©finition proposĂ©e par Overstad qui dĂ©signait la bibliothĂ©rapie comme Ă©tant « l’utilisation des livres pour promouvoir la santĂ© mentale »[3].

Étymologie

Le terme « bibliothĂ©rapie », qui ne se trouve pas dans les dictionnaires de la langue française, est un nĂ©ologisme du XXe siĂšcle — le Centre national de ressources textuelles et lexicales n'en relĂšve qu'une seule occurrence en 1970[4] — composĂ© de deux termes d’origine grecque : ΒÎčÎČλÎčÎż « livre » et Î˜Î”ÏÎ±Ï€ÎŻÎ± « thĂ©rapie »[5]. Le mot « thĂ©rapie » dĂ©signe essentiellement un sens curatif tant en français qu’en anglais[6]. On peut donc interprĂ©ter la signification gĂ©nĂ©rale de ce nĂ©ologisme comme thĂ©rapie par le livre ou par la lecture.

Histoire

L’histoire de la bibliothĂ©rapie remonte Ă  la GrĂšce antique, comme en tĂ©moigne l’inscription « La poitrine mĂ©dicinale de l’ñme », qui se trouve au-dessus de la porte de la bibliothĂšque de ThĂšbes. Au XVe siĂšcle en France, Christine de Pizan relate dans ses Ă©crits des expĂ©riences bibliothĂ©rapeutiques qui lui permettent de se perfectionner intellectuellement et moralement, ainsi que de faciliter le veuvage de son dĂ©funt mari, Ă  qui elle restera fidĂšle jusqu'Ă  la mort[7]. On a connu des pratiques reliĂ©es Ă  ce type de traitement au milieu des annĂ©es 1800, alors que des mĂ©decins incorporent des livres dans les plans de traitement de leurs patients[8]. Au dĂ©but du XXe siĂšcle, Marcel Proust dans son texte Sur la lecture donne un indice sur le concept de bibliothĂ©rapie lorsqu’il parle du rapport entre lecture et thĂ©rapie, il suggĂšre la lecture comme un soin psychothĂ©rapeutique[9]. Cependant, ce n’est qu’en 1916[10], durant la PremiĂšre Guerre mondiale que la bibliothĂ©rapie connaĂźt ses premiĂšres expĂ©riences concrĂštes.

En effet, c’est Sadie Peterson Delaney, bibliothĂ©caire en chef de l'HĂŽpital des anciens combattants des États-Unis, qui utilise des livres afin d’aider les anciens combattants afro-amĂ©ricains qui sont traumatisĂ©s par les horreurs de la PremiĂšre Guerre mondiale[11]. Peterson Delaney arrive Ă  l'hĂŽpital de Tuskegee en 1924 et reste en poste jusqu'Ă  sa mort en 1958. Elle est chargĂ©e de crĂ©er un service de bibliothĂšques pour les patients. À son arrivĂ©e, la bibliothĂšque contient 200 volumes et une seule table de travail. À la fin de l'annĂ©e 1924, la bibliothĂšque contient au moins 4000 volumes destinĂ©s aux patients et environ 85 volumes sont disponibles pour le personnel mĂ©dical[12]. D'abord, elle devait Ă©largir la collection de la bibliothĂšque et la penser en fonction des lecteurs cibles. Elle inclut des livres de tous les horizons, mais comme les patients qu'elle rencontre sont des vĂ©tĂ©rans afro-amĂ©ricains, elle va inclure dans sa collection des Ɠuvres de la littĂ©rature afro-amĂ©ricaine et de la culture africaine pour rĂ©pondre Ă  la demande[13]. Peterson Delaney avait pour but d'amener les livres Ă  ceux qui n'y ont pas accĂšs. Elle joue un rĂŽle de facilitatrice en offrant des projections de livres pour les patients ayant des blessures aux mains ou au bras et qui ne peuvent physiquement tenir un livre. Elle va aussi offrir une collection de livres en braille et ouvrir une aile consacrĂ©e uniquement aux patients aveugles[14]. Peterson-Delaney pratique la mĂ©thode de la porte-ouverte dans sa bibliothĂšque[14] c'est-Ă -dire qu'elle crĂ©e un espace dans lequel les patients se sentent les bienvenus et qui est propice Ă  la lecture. Elle souhaite que les patients investissent l'espace de la bibliothĂšque et que ce soit un lieu de rassemblement et d'Ă©changes entre le personnel et les patients, mais aussi pour les patients entre eux. Elle crĂ©e l'heure du conte pour les adultes ainsi que des rencontres mensuelles afin de discuter de diffĂ©rents livres[13]. Les techniques de bibliothĂ©rapie de Peterson Delaney sont basĂ©es sur la lecture et la dĂ©couverte Ă  travers les livres. Elle permet de reconnecter[12] les patients ayant vĂ©cu les traumatismes de la guerre avec le monde qui les entoure et de se redĂ©couvrir eux-mĂȘmes par ce processus. La lecture permet ainsi de briser leur isolement et de remettre en perspective leur vĂ©cu en le comparant Ă  d'autres expĂ©riences similaires. L'Ă©change est tout aussi important que la lecture elle-mĂȘme. Les diffĂ©rentes activitĂ©s organisĂ©es par le service de bibliothĂšque font partie du processus thĂ©rapeutique. Les activitĂ©s crĂ©ent un espace sĂ©curitaire pour Ă©changer ses expĂ©riences et dĂ©battre d'idĂ©es sans jugement ou reprĂ©sailles. Peterson Delaney travaille de pair avec le personnel mĂ©dical afin de connaĂźtre l'histoire personnelle des patients et leur vĂ©cu et pouvoir ainsi adapter ses collections Ă  chaque patient et ainsi soutenir leur cheminement thĂ©rapeutique vers la guĂ©rison[15]. Elle connaĂźt trĂšs bien le contenu des livres de sa bibliothĂšque ce qui lui permet d'offrir une sĂ©lection personnalisĂ©e Ă  chaque patient en fonction de ses intĂ©rĂȘts personnels, ses besoins thĂ©rapeutiques ou ses objectifs d'apprentissage.

Dans les années 1930, Le Dr William C. Menninger, un psychiatre renommé, a également aidé à établir la bibliothérapie comme forme de traitement dans sa clinique du Kansas. Depuis sa création, la bibliothérapie a été étudiée par des personnes intéressées par la santé mentale afin de mieux comprendre ses utilisations et son efficacité[8].

En 1946, en France, Lucie Guillet incitait le patient souffrant d’une maladie mentale, Ă  lire des vers afin de se laisser gagner par ce « fluide poĂ©tique » bĂ©nĂ©fique. En 1973, on parle aussi de la thĂ©ĂątrothĂ©rapie, une mĂ©thode ressemble Ă  celle de la bibliothĂ©rapie oĂč se cherche une collaboration entre le psychiatre qui suit le malade et le moniteur[16]. C’est Ă  partir des annĂ©es 2000 que la bibliothĂ©rapie commence Ă  ĂȘtre reconnue et mise en pratique, notamment en Angleterre, ainsi qu’au Canada (QuĂ©bec) oĂč la bibliothĂ©rapie a commencĂ© Ă  ĂȘtre intĂ©grĂ©e aux diffĂ©rentes thĂ©rapies psychologiques pour les enfants souffrant d’hyperactivitĂ©, de dĂ©pression, de phobie sociale, etc[17].

Approche de la bibliothérapie

Pour certains, la lecture est considĂ©rĂ©e comme « un Ă©vĂ©nement solitaire, un rendez-vous privĂ© avec un autre monde, seul Ă  seul avec le livre, seul Ă  seul avec soi-mĂȘme »[18]. C’est pourtant la lecture qui a aidĂ© Ă  surmonter certaines Ă©tapes difficiles dans l’histoire de l’humanitĂ©. À cet Ă©gard, l’anthropologue MichĂšle Petit mentionne le rĂŽle de la lecture dans la reconstruction de soi en faisant le constat « que les livres aident quelquefois Ă  tenir la douleur ou la peur Ă  distance, Ă  transformer des chagrins en idĂ©es et retrouver la joie »[19].

Dans Proses philosophiques Victor Hugo dit : « Un livre est un engrenage. Prenez garde Ă  ces lignes noires sur du papier blanc ; ce sont des forces ; elles se combinent, se composent, se dĂ©composent, entrent l’une dans l’autre, pivotent l’une sur l’autre, se dĂ©vident, se nouent, s’accouplent, travaillent. Telle ligne mord, telle ligne serre et presse, telle ligne entraĂźne, telle ligne subjugue. Les idĂ©es sont un rouage. Vous vous sentez tirĂ© par le livre. Il ne vous lĂąchera qu’aprĂšs avoir donnĂ© une façon Ă  votre esprit. Quelquefois les lecteurs sortent du livre tout Ă  fait transformĂ©s. HomĂšre et la Bible font des miracles. »[20].

De la mĂȘme maniĂšre, d’autres auteurs dĂ©crivent les premiers efforts pour Ă©tudier la bibliothĂ©rapie comme un ensemble d’actions, en prenant la lecture comme un outil, qui mĂšne Ă  un changement d'attitude en rĂ©duisant les peurs et le stress chez les enfants et les jeunes[21].

En 2013 paraissait le livre trĂšs original d'Ella Berthoud et de Susan Elderkin "The Novel Cure" oĂč les auteures prĂ©sentent leur conseils de lecture sous forme de "remĂšdes littĂ©raires". L'ouvrage, trĂšs sĂ©rieux par ailleurs est prĂ©sentĂ© de façon humoristique comme un index des diffĂ©rents maux de l'Ăąme, avec Ă  chaque fois des recommandations de lecture. À noter qu'il s'agit uniquement de romans, ce qui diffĂ©rencie de façon intĂ©ressante l'approche de la bibliothĂ©rapie et la rend accessible Ă  tous.

Approche thérapeutique

Le pouvoir thĂ©rapeutique du livre consiste Ă  rendre accessible au grand public une littĂ©rature propre aux sentiments. Certains utilisent cette mĂ©thode thĂ©rapeutique afin de permettre au patient de sortir de l’enfermement, de la lassitude, pour se rĂ©inventer, vivre et renaĂźtre Ă  chaque instant dans la dynamique d’un langage en mouvement[22]. On peut ainsi considĂ©rer que la bibliothĂ©rapie fait partie de «l’art-thĂ©rapie», en soulignant que « la lecture Ă  haute voix est aussi un acte de crĂ©ation ». Autrement dit, c’est un des moyens par lesquels les personnes en difficultĂ© (psychologique, physique, sociale ou existentielle) mettent en Ɠuvre le traitement par lui-mĂȘme Ă  travers la lecture[23].

D'autre part, le livre peut ĂȘtre un vecteur d'analyse existentielle. CrĂ©Ă©e par le bibliothĂ©rapeute Erwin Julliard, la bibliothĂ©rapie existentiale[24] utilise la littĂ©rature et la Daseinsanalyse pour traiter les troubles psychologiques tels que la dĂ©pression, l'angoisse, le burn-out... InspirĂ©e par les travaux d'Heidegger et de Gadamer, la bibliothĂ©rapie existentiale tend Ă  passer de l'art-thĂ©rapie et de la recherche de bien-ĂȘtre Ă  une vĂ©ritable psychothĂ©rapie.

Dans son ouvrage La littĂ©rature peut-elle soigner ?, la psychiatre et psychanalyste Isabelle Blondiaux rĂ©sume l’approche thĂ©rapeutique de la bibliothĂ©rapie : « InsĂ©parablement technique de soin et mĂ©thode de dĂ©veloppement personnel, sa double vocation mĂ©dicale et existentielle en fait un ensemble de pratiques qui visent autant le traitement des maladies somatiques et psychiques que l’amĂ©lioration de la santĂ© et le mieux-ĂȘtre[25]».

Il existe alors deux modÚles de bibliothérapie, soit la bibliothérapie informative et la bibliothérapie créative. Dans le cadre de la thérapie cognitivo-comportementale, la premiÚre consiste à éduquer et à informer les personnes ayant des troubles diagnostiqués. La deuxiÚme consiste en une littérature imaginative distrayant le lecteur de ses préoccupations quotidiennes[26].

Bibliothérapie informative

AncrĂ©e dans la culture anglaise, la bibliothĂ©rapie informative est caractĂ©risĂ©e par une relation soignant-client et non selon un rapport soignant-patient comme c’est le cas dans la tradition française. On considĂšre alors que le patient est autonome et qu’il a le droit Ă  l’information[27]. Suivant les pratiques anglo-saxonnes, la bibliothĂ©rapie informative (aussi connue sous le nom de cognitive) se fraie progressivement un chemin dans le monde francophone, c’est-Ă -dire en France et au QuĂ©bec. De plus en plus, les professionnels de la santĂ© qui reconnaissent la complĂ©mentaritĂ© de la bibliothĂ©rapie Ă  leurs pratiques mettent Ă  profit les vertus thĂ©rapeutiques de la lecture en prescrivant des livres Ă  leurs patients [28].

Cette pratique est trĂšs rĂ©pandue en Angleterre avec le programme Reading Well Books on Prescription oĂč les professionnels de la santĂ© travaillent en Ă©troite collaboration avec les bibliothĂšques publiques dans le but d’aider les personnes souffrant de dĂ©pression, d’anxiĂ©tĂ©, de phobie ou de dĂ©sordres alimentaires. Certaines compagnies d’assurances remboursent les livres prescrits par le mĂ©decin[29].

Pierre-AndrĂ© Bonnet identifie trois maniĂšres diffĂ©rentes de prescrire la bibliothĂ©rapie par un mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste lors d’une consultation : « En premier lieu, le conseil de lecture non spĂ©cifique. La lecture est ici conseillĂ©e comme un moyen de s’extraire des difficultĂ©s, ou pour amener le patient Ă  mieux comprendre son problĂšme [
] En deuxiĂšme lieu, le conseil orientĂ© sur la rĂ©solution d’un problĂšme. [
] En inoculant par la lecture des notions thĂ©oriques on agit de maniĂšre non intrusive, sans surmĂ©dicaliser un problĂšme mineur mais en prenant en compte la plainte du patient [
] Enfin, lorsque les troubles sont marquĂ©s soit par leur gravitĂ© soit par leurs consĂ©quences dans la vie quotidienne [
] La prise en charge comprend un suivi en consultation classique associĂ© Ă  la lecture d’un livre spĂ©cifiquement Ă©crit pour la gestion d’un problĂšme ; pour exemple les phobies spĂ©cifiques. »[30]. On peut donc conclure qu’il existe trois catĂ©gories de bibliothĂ©rapie informative, soit une lecture pour approfondir un problĂšme sans chercher Ă  le guĂ©rir de prime Ă  bord, une lecture pour affronter un problĂšme mineur dans le but de le guĂ©rir et une lecture associĂ©e Ă  de multiples sĂ©ances thĂ©rapeutiques afin d’aider un patient empreint d’un problĂšme majeur Ă  le rĂ©soudre.

La popularitĂ© de la bibliothĂ©rapie informative dĂ©coule entre autres de sa simplicitĂ© autant au niveau de sa mise en application qu’à son Ă©valuation par les professionnels de la santĂ©. De plus, sur le plan Ă©conomique, elle reprĂ©sente une alternative thĂ©rapeutique moins dispendieuse[31].

« Les Ă©tudes prĂ©sentent la bibliothĂ©rapie informative Ă  la fois comme une mĂ©thode efficace de prĂ©vention et de soins primaires, une maniĂšre de supplĂ©er Ă  la dĂ©ficience de couverture mĂ©dicale des zones dĂ©favorisĂ©es et de complĂ©ter ou d’élargir aux champs de l’éducation thĂ©rapeutique et de la santĂ© mentale les domaines de compĂ©tence et les possibilitĂ©s d’intervention des mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes »[25].

Les livres de self-help

Les professionnels de la santĂ© prescrivent en grand nombre comme outils thĂ©rapeutiques les livres d’aide Ă  soi-mĂȘme, mieux connus sous le nom de Self-Help Books[32]. À la diffĂ©rence de la bibliothĂ©rapie crĂ©ative, ces ressources sont gĂ©nĂ©ralement des ouvrages non romanesques qui procurent de l’information afin de rĂ©soudre un problĂšme prĂ©dĂ©terminĂ©. Les livres d’aide Ă  soi-mĂȘme peuvent aussi contenir des marches Ă  suivre permettant aux lecteurs d’atteindre les objectifs du traitement [33]. La lecture du livre devient secondaire, laissant plutĂŽt place Ă  la connaissance supportĂ©e par celui-ci. Le but des livres d’aide Ă  soi-mĂȘme est donc d’assimiler des thĂ©ories et de les reproduire dans notre vie dans le but de l’amĂ©liorer[34].

Bibliothérapeutes

La bibliothĂ©rapie peut aussi ĂȘtre prescrite par un bibliothĂ©rapeute. Dans son mĂ©moire de maitrise intitulĂ©e La bibliothĂ©rapie – Quelles applications en lecture publique ?, Ludivine Blondelle nous offre une excellente dĂ©finition de la profession de bibliothĂ©rapeute : « Le bibliothĂ©rapeute est par dĂ©finition celui qui pratique la bibliothĂ©rapie. Il peut l’exercer aussi bien en libĂ©ral que dans le cadre ou en parallĂšle d’une autre profession, qui peut avoir rapport au secteur du livre (bibliothĂ©caire, documentaliste, libraire, Ă©diteur
) ou Ă  d’autres domaines, plus spĂ©cifiquement mĂ©dicaux et sociaux. Il ne s’agit pas d’une profession reconnue en France, et il existe trĂšs peu de bibliothĂ©rapeutes sur le territoire français actuellement. La premiĂšre, et jusqu’à rĂ©cemment seule, formation proposĂ©e Ă  ce jour est celle de RĂ©gine Detambel dans le sud de la France, Ă  proximitĂ© de Montpellier. Cette formation, d’une durĂ©e d’une journĂ©e, dĂ©livre une attestation donnant droit au bĂ©nĂ©ficiaire d’exercer cette pratique[35]. » Bien que cette profession ne soit pas reconnue, le ou la bibliothĂ©rapeute doit possĂ©der certaines caractĂ©ristiques essentielles telles que l’amour de la littĂ©rature, l’urge d’aider les autres et une stabilitĂ© Ă©motionnelle[36].

Bibliothérapie créative

L’objectif de la bibliothĂ©rapie crĂ©ative est d’accompagner le patient dans un processus d’actualisation et de dĂ©veloppement. Pour ce faire, le bibliothĂ©rapeute emploie la littĂ©rature de fiction ou la poĂ©sie, qui interpellent alors l’imaginaire du patient[37]. Les images structurĂ©es dont est composĂ© l’imaginaire[38] se trouvent Ă  ĂȘtre des ressources auxquelles le patient peut avoir recours de maniĂšre intuitive et crĂ©ative[39]. Ces images proviennent d’histoires et peuvent ĂȘtre intĂ©grĂ©es Ă  la vie, de sorte Ă  mieux l’orienter, tel que l'indique le psychologue Bruno Bettelheim[39]. La lecture crĂ©atrice qu’implique la bibliothĂ©rapie crĂ©ative confĂšre ainsi de nouveau un « rythme d’existence » grĂące Ă  un Ă©lĂ©ment du langage que le philosophe Paul RicƓur nomme l’« innovation sĂ©mantique », soit la poĂ©sie[40]. La lecture crĂ©atrice consiste donc en une expĂ©rience existentielle et linguistique, ce qui implique que la lecture et l’interprĂ©tation deviennent des rĂ©alitĂ©s non plus extĂ©rieures et objectives mais qui appartiennent au lecteur, pouvant dĂšs lors devenir sujet[41]. En bibliothĂ©rapie crĂ©ative, la fonction du bibliothĂ©rapeute est par consĂ©quent d’inciter le lecteur Ă  devenir le lecteur de lui-mĂȘme[42] puisque lire un texte c’est se lire soi-mĂȘme[43].

Poésie-thérapie

La psychothĂ©rapeute française Lucie Guillet explique dans son essai sur la poĂ©ticothĂ©rapie qu’elle soigne des patients par la poĂ©sie[44]. La diction poĂ©tique, contrairement aux ressassements automatiques de l’autosuggestion, constitue une activitĂ© physique et rythmique[45]. Chaque trouble a son traitement poĂ©tique correspondant. Autrement dit, la nature du trouble psychologique indique le type de poĂšme qui doit ĂȘtre prescrit au patient. À cet effet, les apports de Jacques Lacan induisent le soin par la mĂ©taphore, qui donne accĂšs aux Ă©motions et qui entre en rĂ©sonance avec des parties de la pensĂ©e difficilement accessibles[46]. Paul RicƓur indique que dans un texte, la mĂ©taphore « transfigure le rĂ©el » et redĂ©crit ainsi la rĂ©alitĂ©[47]. La mĂ©taphore implique donc la capacitĂ© de produire un sens nouveau et renvoie au fait que comprendre un texte implique que l’ĂȘtre se comprend devant le texte[43]. En bibliothĂ©rapie, la comprĂ©hension d'un texte n'est donc pas d'ordre intellectuel. La lecture vise plutĂŽt Ă  susciter une rĂ©action Ă©motive et thĂ©rapeutique[48].

Le traitement qu’implique la poĂ©sie-thĂ©rapie doit ĂȘtre effectuĂ© par le patient lui-mĂȘme puisque seule l’énergie du poĂšme doit pouvoir s’introduire en lui[45]. Lors de ses traitements, Lucie Guillet inculque Ă  ses patients la cure d’isolement par la poĂ©sie. Il s’agit, en fait, de rĂ©citer mentalement de la poĂ©sie. Ce processus d’isolement poĂ©tique permet de recouvrer une tranquillitĂ© d’esprit lorsqu'une forme d'angoisse surgit[49]

BibliothĂšque Apothicaire

Katy Roy, dans son ouvrage prĂ©citĂ©, propose l'expression BibliothĂšque Apothicaire, en associant Ă  la bibliothĂ©rapie un rĂŽle similaire Ă  l'apothicaire, terme autrefois utilisĂ© pour l'ancĂȘtre du pharmacien. [50]Apothicaire signifiant le responsable de l'entreposage, le rĂŽle du bibliothĂ©rapeute serait donc en quelque sorte un gardien des imaginaires.[50]

Le souci de soi

La bibliothĂ©rapie a affaire avec le soin[51]. Les philosophes stoĂŻciens SĂ©nĂšque, ÉpictĂšte et Marc AurĂšle ont fait rĂ©fĂ©rence aux moments qu’un ĂȘtre doit consacrer Ă  se tourner vers lui-mĂȘme[52]. Le philosophe français Michel Foucault mentionne que l’ĂȘtre a besoin de discours vrais et raisonnables, qui sont comparĂ©s par Plutarque Ă  des mĂ©dicaments[53]. Cette « mĂ©decine de l’ñme » doit pouvoir surgir d’elle-mĂȘme quand cela s’avĂšre nĂ©cessaire[53]. Les stoĂŻciens et les Ă©picuriens prĂ©conisaient la technique d’« armer le sujet d’une vĂ©ritĂ© qu’il ne connaissait pas et qui ne rĂ©sidait pas en lui »[53]. Diverses mĂ©thodes peuvent alors ĂȘtre employĂ©es telles que la remĂ©moration d’une vĂ©ritĂ© dĂ©jĂ  connue mais que l’ĂȘtre peut s’approprier davantage ainsi que la prise de notes au cours d’une lecture, pouvant ainsi ĂȘtre relues par la suite[53]. L’écrivain Franz Kafka soutient d’ailleurs que les gens ont besoin de livres qui agissent sur eux et qu’« un livre doit ĂȘtre la hache pour la mer gelĂ©e en nous »[54].

En bibliothĂ©rapie, le livre est un outil qui permet de communiquer des Ă©motions ou des intuitions qui mĂšnent Ă  une meilleure comprĂ©hension de soi[48]. Marc-Alain Ouaknin indique que le sens premier du terme thĂ©rapeute renvoie au prendre soin[55]. Il conçoit la bibliothĂ©rapie telle une mĂ©decine prĂ©ventive puisque le « premier mouvement de la maladie est l’enfermement »[48]. Dans un mĂȘme ordre d’idĂ©e, le thĂ©ologien Jean-Yves Leloup mentionne qu’il faut soigner particuliĂšrement ce qui n’est pas malade chez l’ĂȘtre[55]. L’ĂȘtre peut donc apprendre Ă  prendre soin de lui Ă  travers les livres[48]. D’ailleurs, soigner par les livres sacrĂ©s est Ă©galement une pratique de l’hindouisme[16].

Recherche

Dans le domaine acadĂ©mique, de nombreuses Ă©tudes ont Ă©tĂ© faites sur l’efficacitĂ© de la bibliothĂ©rapie comme traitement pour les troubles de santĂ© mentale. Par exemple, une analyse bibliographique de recherches s’étendant sur une pĂ©riode de 27 ans conclut que cette thĂ©rapie se montre efficace Ă  long terme pour les adultes dĂ©pressifs[56]. Une Ă©tude menĂ©e par Catherine Éthier en 2018 au QuĂ©bec prĂ©sente des rĂ©sultats qui suggĂšrent un autre bienfait potentiel de la lecture : Ă©valuĂ© dans un contexte de traitement autoadministrĂ©, on note une amĂ©lioration de la flexibilitĂ© psychologique[57]. MalgrĂ© ces rĂ©sultats, ces Ă©tudes mentionnent aussi que des recherches supplĂ©mentaires demeurent Ă  ĂȘtre complĂ©tĂ©es.

La recherche sur la bibliothĂ©rapie en milieu scolaire soutient l’intĂ©gration de programmes dans les Ă©coles. Par exemple, on propose que cette pratique dans les programmes d’intervention favorise le dĂ©veloppement de compĂ©tences sociales et intrapersonnelles chez des jeunes[58]. Ces mĂȘmes chercheurs proposent que la bibliothĂ©rapie puisse accroĂźtre les sentiments d’espoir chez les Ă©lĂšves et par consĂ©quent avoir un impact positif[59]. Par ailleurs, on suggĂšre aussi que la lecture Ă  voix haute favorise l’empathie et le dĂ©veloppement acadĂ©mique de l’enfant[60].

Au QuĂ©bec, diffĂ©rents outils dĂ©veloppĂ©s dans un contexte de recherche ont rĂ©cemment validĂ© les bienfaits d’une approche thĂ©rapeutique de la bibliothĂ©rapie. Notamment, une Ă©tude portant sur l’utilisation du livre Le TrĂ©sor de l’üle rouge[61] prĂ©sente 3 diffĂ©rents points de vue sur «L’adaptation d’un dispositif de bibliothĂ©rapie pour les enfants ĂągĂ©s de 7 Ă  11 ans vivant avec un parent ayant un trouble mental» : celui des parents, celui des intervenants, ainsi que celui des enfants – ce dernier, selon l'auteure, trop rarement pris en compte surtout lorsque l’on considĂšre qu’ils demeurent ceux Ă  qui s’adresse le livre[62]. Ces points de vue s’avĂšrent, en conclusion, favorables Ă  cette dĂ©marche et tendent donc Ă  dĂ©montrer tant la pertinence que l’apprĂ©ciation de la bibliothĂ©rapie dans ce contexte, notamment au regard des trois facteurs suivants : l’apprentissage concret de stratĂ©gies et d’outils dans la gestion quotidienne des dĂ©fis qu’ils peuvent rencontrer par l’entremise des aventures et dĂ©fis que rencontrent les personnages de l’histoire, afin d’amorcer la discussion en famille sur un sujet dĂ©licat et permettre le renforcement du lien familial, et la prĂ©vention de la santĂ© mentale chez les enfants par la prĂ©sentation de facteurs de protection plus gĂ©nĂ©raux[63]. Ensuite, l’essai doctoral sur la conception d’«un outil d'intervention bibliothĂ©rapeutique destinĂ© aux enfants ĂągĂ©s de 9 ans Ă  12 ans, endeuillĂ©s d'un parent Ă  la suite d'un suicide[64]» (JĂ©rĂ©my traverse un tsunami : une histoire pour aider les jeunes endeuillĂ©s d'un parent Ă  la suite d'un suicide, 2021[65]) s’articule lui aussi autour des points de vue : des enfants, des parents et des intervenants[64]. Des bĂ©nĂ©fices reliĂ©s Ă  la bibliothĂ©rapie sont d’ailleurs mentionnĂ©s pour chacun de ces publics :  Â« aide Ă  mettre en mots l'expĂ©rience de deuil, normalise les rĂ©actions et les pensĂ©es de deuil, diminue le sentiment d'isolement, illustre la diminution de la souffrance Ă©motionnelle et la continuation de la vie» pour l’enfant, «sensibilise au vĂ©cu de l'enfant endeuillĂ©, offre des verbatims d'interactions avec l'enfant, prĂ©sente un modĂšle parental optimal, vulgarise des connaissances scientifiques sur le deuil, prĂ©sente des moyens concrets pour soutenir l'enfant endeuillé» pour le parent endeuillĂ©, et offre Ă  l’intervenant un outil d’intervention sur un sujet pour lequel peu de livres pour les enfants vivant avec cette rĂ©alitĂ© semblent ĂȘtre offerts[64].

Lire pour se faire du bien

Bibliothérapie jeunesse

Jean Gervais, spécialiste québécois en psychologie de l'enfant, a révélé, en 2013, les bénéfices de la bibliothérapie jeunesse dans un programme de prévention des troubles anxieux dans le milieu primaire des enfants ùgés de 9 à 12 ans. La bibliothérapie fait référence à l'utilisation des livres et des histoires pour fournir des occasions de comprendre des problÚmes personnels et pour faciliter la guérison émotionnelle[66] - [67]. Les livres peuvent fournir un « filet de sécurité» pour les problÚmes émotionnels intenses en les plaçant dans une zone sécuritaire et ils permettent à l'enfant de les analyser et de les résoudre confortablement

Bien que les avantages de la bibliothĂ©rapie soient reconnus dans plusieurs recherches, les chercheurs mettent en garde contre certains aspects du processus. Par exemple, un enfant qui considĂšrerait les livres comme une forme de scolarisation ou de test pourrait donc ĂȘtre effrayĂ© par la suggestion de la lecture[68].

La bibliothĂ©rapeute pour la jeunesse, AurĂ©lie Louvel a mentionnĂ© qu’il est important d’accompagner les Ă©lĂšves avec des « activitĂ©s bibliothĂ©rapeutiques ludiques » sans Ă©voquer le mot « thĂ©rapie », ce qui est diffĂ©rent d’une dĂ©marche destinĂ©e aux adultes et cela favorise un bien-ĂȘtre des enfants et des adolescents par la lecture et par l’activitĂ© crĂ©ative qui permet d’identifier et d’extĂ©rioriser des Ă©motions et d’accĂ©der Ă  une meilleure comprĂ©hension des Ă©vĂšnements[69]. Sa mĂ©thode se compose de trois Ă©lĂ©ments principaux: la mise en place d’espaces propices Ă  la pratique de la bibliorelaxation qui utilise des techniques relevant des thĂ©rapies cognitives et comportementales (TCC), et la pratique de bibliothĂ©rapie ludique et crĂ©ative qui recourt Ă  la fois aux thĂ©rapies crĂ©atives et aux thĂ©rapies par le jeu[70]. AprĂšs avoir Ă©tabli l’importance de la lecture pour les enfants et les bienfaits de la lecture sur eux, dont le fait qu’il soit «  prouvĂ© scientifiquement que lire seulement six minutes par jour rĂ©duit le stress de 68%», cette bibliothĂ©rapeute pour la jeunesse marque la diffĂ©rence entre ces bienfaits et la bibliothĂ©rapie[71]. Ainsi, ce qui diffĂšre par exemple une lecture en classe et une lecture bibliothĂ©rapeutique tiendrait dans les objectifs visĂ©s, puisqu’une lecture menĂ©e par un biliothĂ©rapeute sera effectuĂ©e Ă  partir d’un ouvrage ciblĂ© pour cet usage, visera le mieux-ĂȘtre ou le bien-ĂȘtre tout en accompagnant l’enfant dans son ressenti, alors qu’une lecture en classe est plus souvent axĂ©e sur le plaisir de lire, la dĂ©couverte et/ou l’analyse littĂ©raire[71]. L’auteure mentionne Ă©galement qu’il importe d’ĂȘtre vigilant dans la sĂ©lection des textes, notamment quant Ă  une confrontation trop directe de ses Ă©motions, et de demeurer vigilant face aux rĂ©actions que peuvent manifester les enfants; le lien crĂ©Ă© entre l’enfant et le bibliothĂ©rapeute reste donc primordial afin que cet accompagnement puisse permettre Ă  l’enfant d’en ressentir les bienfaits[71]. Si l’auteure affirme que l’album est «le genre privilĂ©giĂ© de la bibliothĂ©rapie jeunesse», les bienfaits que seraient susceptibles de procurer les diffĂ©rents genres et des exemples de titres sont Ă©galement mentionnĂ©s[71]. Elle relĂšve aussi qu’il faille prendre en considĂ©ration le fait que certains genres plairont davantage Ă  certains lecteurs, renforçant l’importance du suivi que peut offrir le bibliothĂ©rapeute, de mĂȘme que son expertise quant Ă  la sĂ©lection des titres au regard de son rĂŽle de facilitateur[71]. Parce qu’elles semblent mieux se prĂȘter aux ressenti, les Ɠuvres plus poĂ©tiques ou prĂ©sentant des mĂ©taphores sont nommĂ©es comme des orientations Ă  considĂ©rer lors des acquisitions[71].

Associations

Plusieurs associations reliĂ©es Ă  la bibliothĂ©rapie existent Ă  l’échelle mondiale. Aux États-Unis, on retrouve notamment la National Association for Poetry Therapy (NAPT), une organisation Ă  but non-lucratif[72]. Toutefois, pour devenir praticien accrĂ©ditĂ©, il faut passer par l’International Federation for Biblio/Poetry Therapy (IFBPT)[73] - [74]. Le site de l’IFBPT contient des ressources, un rĂ©pertoire de professionnels et des renseignements sur la formation en poĂ©sie-thĂ©rapie/bibliothĂ©rapie. Il y a Ă©galement l’Association Française de bibliothĂ©rapie qui prĂ©sente de l’information et divers propos au sujet de cette pratique[75]. Au Canada, de 1990 jusqu’à 2011, il y avait l’Association of Bibliotherapy and Applied Literature (ABAL), une organisation qui est par la suite devenue la Canadian Applied Literature Association jusqu’en 2018, aprĂšs laquelle est devenue inactive[76].

Recommandations

Dans  Ces livres qui nous font du bien : invitation Ă  la bibliothĂ©rapie[77], Christilla PellĂ©-DouĂ«l propose :

  • En cas de perte du sens de l’humour : Trois hommes dans un bateau de Jerome K. Jerome
  • Pour lutter contre les sensations d’étouffement : Les derniers grizzlys de Rick Bass
  • Contre le dĂ©sespoir, ou pour retrouver l’espoir : Peter Pan de James Matthew Barrie

Dans son livre La bibliothĂ©rapie en mĂ©decine gĂ©nĂ©rale[78], Pierre-AndrĂ© Bonnet propose une liste de livres qu’il conseille dans le cadre de « self-help books » :

  • Christophe AndrĂ©, Imparfait, libre et heureux, Odile Jacob.
  • Lucien Auger, S’aider soi-mĂȘme, Éditions de l’Homme.
  • Charly Cungi et Ivan-Druon Note, Faire face Ă  la dĂ©pression, Éditions Retz.
  • Laurent Gounelle, L’Homme qui voulait ĂȘtre heureux, Anne CarriĂšre.
  • Rosette Poletti et Barbara Dobbs, L’Estime de soi, Jouvence

Le site Naßtre et grandir présente, dans sa fiche Bibliothérapie : aider son enfant grùce aux livres, différents usages du livre dans un contexte de bibliothérapie familiale afin d'accompagner l'enfant dans son développement : prise de conscience et compréhension, modélisation, identification, anxiété et détente, et propose également différents thÚmes pour lesquels des titres et des vidéos sont suggérés[79].

Dans un contexte scolaire, la professeure au dĂ©partement de didactique de l’UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al Élaine Turgeon proposait, dans la chronique de la revue de littĂ©rature quĂ©bĂ©coise pour la jeunesse Lurelu «Des livres au cƓur de la classe», le roman Une InfirmiĂšre du tonnerre, de Dominique Demers, afin de rĂ©aliser diverses activitĂ©s[80]. Le huitiĂšme chapitre, oĂč Mademoiselle Charlotte, la protagoniste, prescrit des livres Ă  ses patients, apparaĂźt comme une invitation aux Ă©lĂšves de rĂ©diger, pour des patients imaginaires, des prescriptions littĂ©raires[80].

Notes et références

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