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Benyahia Daïfi

Benyahia Daïffi, (en arabe : بن يحيى ضيفي), surnommé Le Blanc, né le 15 septembre 1930 à Bordj Okhriss en Algérie française et mort le 29 décembre 2015 à Limeil-Brévannes dans le Val-de-Marne[1], est un combattant algérien qui a participé à la guerre de libération nationale sous la bannière du Front de libération nationale (FLN).

Benyahia Daïffi
بن يحيى ضيفي
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Belkat, Mezdour
Nom de naissance
Benyahia Daïfi
بن يحيى ضيفي
Surnom
Le Blanc
Allégeance
Période d'activité
de 1956 à 1962
Famille
Sidi Mohammed Ben Daïf (1842 - ca 1905), arrière-grand-père
Père
Mohamed Daïfi (1907 - 1956)
Autres informations
Membre de
Héritier par droit d'aînesse de la tribu des Ouled Daïf, fondée par Sidi Mohammed Ben Daïf
Arme
Unité
Groupes de choc de la Fédération de France du FLN
Conflit
Grade
Condamné pour
Terrorisme
Condamnation
Emprisonnement du 17 octobre 1960 au 26 mars 1962
Lieu de détention
Titres honorifiques
Moudjahid (Algérie) en 1973

Biographie

Clandestinité

Arrivé clandestinement en France en 1951 à Marseille, il part rejoindre les centaines d'algériens installés dans le bidonville du Château Mirabeau à Argenteuil[2] et devient membre militant du parti politique de l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) de Ferhat Abbas[3].

Il trouve un emploi d'ouvrier des travaux publics à Bezons et mène une vie plutôt discrète.

Adhésion au Front de libération nationale

Au sein de la colonie algérienne de la région parisienne, il se rapproche du frère Hocini Mohand Chérif dit Si Seghir du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD)[4], fondé par Messali Hadj, qui lui propose de siéger au sein d'une délégation du Conseil supérieur islamique tenant plusieurs conférences religieuses à Argenteuil et à Gennevilliers jusqu'en 1954, année de la dissolution par décret du MTLD. Il se consacre alors de nouveau aux projets de l'UDMA, jusqu'à la disparition du parti politique en 1956.

Benyahia Daïfi (à gauche) et Hocini Mohand Chérif (au centre) lors d'une conférence religieuse à Argenteuil en 1953

Au mois de mai 1956, il rejoint en tant que simple adhérent la Fédération de France du FLN à Argenteuil qui fait partie de la Wilaya de Paris-extérieur, zone 2, région 3. Ayant trouvé ses marques parmi ses pairs, il passe au statut de militant d'un des groupes de choc, toujours à Argenteuil. Avec ses confrères, ils surveillent les nouveaux migrants algériens et collectent des fonds servant dans la lutte armée contre le Mouvement national algérien (MNA).

Tentative d'assassinat

En juillet 1957, un chef de secteur de Clichy remarque ses caractéristiques physiques (il est pâle de peau, malgré des cheveux noirs et a les yeux très bleus) et fait de lui son adjoint. Il prend alors le nom de guerre de Le Blanc afin de dissimuler son identité aux membres de la Sûreté nationale et du MNA[5]. Il sympathise rapidement avec Bachir Boumaza en début d'année 1958.

Une réunion de membres du FLN tenue par un chef de secteur

Le 13 mars 1958, durant la manifestation des policiers à Paris qui protestent contre l'administration, il est mitraillé à un café de la Porte de Clichy par un groupe armé du MNA. Il est alors grièvement blessé à la main, au bras et aux côtes gauches par plusieurs balles et transféré d'urgence au centre hospitalier de Mantes-la-Jolie où il reste en convalescence durant 37 jours. Dès sa sortie, il est convoqué par le préfet de police Maurice Papon, qui le laisse en liberté sans lui dire qu'il est surveillé[6]. Un rapport de la préfecture de police indique qu'il est soupçonné d'être un espion égyptien.

Montée en puissance

En 1958, il apprend que le MNA a découvert son identité et que des hommes armés du MNA ont assassiné son père, Mohamed, deux ans plus tôt à Mezdour en Algérie, en guise de représailles. Porté par la vengeance, son groupe de choc s'en prend aux membres du MNA en France à coups d'attaques ciblées en région parisienne[7].

Benyahia (troisième place en partant de la gauche) lors d'une réunion de planification du FLN vers 1958

Le 17 octobre 1958, il est arrêté par les forces de l'ordre après quelques mois de surveillance et par faute de preuves contre lui, il échappe à la prison. Le directeur général de la Sûreté nationale rédige tout de même un arrêté, indexé au AR/LB/AT n°14878 (son nom de famille est agrémenté par erreur d'un double F, qu'il décide de conserver avec amusement, se disant que son patronyme, devenu unique au monde, ne sera porté que par ses descendants) à l'attention des préfets de Seine-et-Oise, de police, de Seine-et-Marne et de l'Oise à son égard et chargés de l’exécution de l'arrêté. Déclaré dangereux pour la sécurité publique, il doit être tenu éloigné des départements de Seine-et-Oise, Seine, Seine-et-Marne, Clermont et Senlis dans l'Oise. Malgré cette mesure d'éloignement, il continue le combat et dès 1959, il devient chef de kasma permanent, toujours à Mantes-la-Jolie[8].

Chute

Le 17 octobre 1960, soit deux ans plus tard et par manque de prudence, il est arrêté à Versailles par la FPA de Raymond Montaner qui le remet à la Sûreté nationale. Emprisonné à la prison de Versailles sur un arrêté ministériel et forcé aux travaux publics, il organise des regroupements politiques, continue à donner des ordres et échappe à une tentative de meurtre orchestrée par d'ancien sympathisant du MNA, écroués au même endroit, qui profite d'une évasion de membres du FLN pour s'en prendre à lui[9].

Dès sa sortie de l'hôpital, un nouvel arrêté ministériel du 28 décembre 1960 (abrogeant celui du 17 octobre 1960) le fait transférer à la prison de Rouen deux jours après. Il est alors rapidement présenté à l'officier principal de police judiciaire, au commissariat central de l'agglomération rouennaise, qui lui remet son carnet d'assignation à résidence au centre de l'Aatnaar du Grand-Quevilly[10]. Il échappe alors au massacre orchestré par Maurice Papon, un an plus tard, le 17 octobre 1961[11].

Fin de la guerre

Il est libéré le après les Accords d'Évian mais est toujours interdit de séjour en Seine-et-Oise, Seine, Seine-et-Marne, Clermont et Senlis. La guerre étant terminée, il se marie en juillet 1962 quelques jours après la reconnaissance de l'indépendance de l'Algérie par la France.

Le , il pense à s'engager dans la Sûreté nationale, mais ne donnera pas suite, car il décide de fonder une famille. En 1966 et en 1967, il sera tout de même renvoyé deux fois en mission à Alger en tant que responsable de section à Paris et reconnu Moudjahid par l'ex-fédération de France du FLN en 1973.

Nouvelle vie

En 1992, alors qu'il se trouve sur les terres familiales en Algérie, occupé à bâtir paisiblement une maison pour ses enfants, plusieurs membres apparentés au Groupe islamique armé (GIA) des alentours de Sour el Ghozlane viennent en fin de soirée chez lui pour l'assassiner sous faux prétexte qu'il travaille pour le gouvernement. Par chance, il reconnait parmi les hommes armés, le fils d'une connaissance et cela lui sauve la vie. Toutefois, il est contraint de retourner en France car dès le lendemain, la gendarmerie nationale, prévenue de la présence de terroristes chez lui, l'approche et le soupçonne d'être un membre du GIA. Pris entre deux feux, les forces de l'ordre lui expliquent qu'il est désormais en danger de mort s'il reste et qu'il ne devra jamais revenir[12].

Un décret daté du 3 mai 1995 le réintègre d'ailleurs, par pure nécessité, dans la nationalité française qu'il avait perdu au profit de la nationalité algérienne en 1967[13].

Retour au pays

Il meurt 20 ans plus tard, le 29 décembre 2015 à Limeil-Brévannes en Val-de-Marne et son corps est rapatrié en Algérie par ses enfants pour être mis en terre aux côtés de son défunt père dans le cimetière de Sidi Mohammed Ben Ed Dif à Belkat, localité de Mezdour.

Notes et références

  1. Coret Genealogie, « Décès Benyahia Daiffi le 29 décembre 2015 à Limeil-Brévannes, Val-de-Marne, Île-de-France (France) », sur Archives Ouvertes (consulté le )
  2. Andrée Michel, Les travailleurs algériens en France, Centre National de la Recherche Scientifique, (ISBN 978-2-222-00257-4, lire en ligne)
  3. « Dictionnaire biographique de militants nationalistes algériens in La Revue d’Histoire de la Deuxième guerre mondiale 1988 », sur Benjamin Stora (consulté le )
  4. « Iferhounene », sur iferhounene2.rssing.com (consulté le )
  5. « Qui sont les 66 témoins qui ont raconté leur guerre d'Algérie | INA », sur ina.fr (consulté le )
  6. « Préfecture de police de Paris - Service des archives », sur FranceArchives (consulté le )
  7. Raphaëlle Branche et Sylvie Thénault, La France en guerre, 1954-1962: expériences métropolitaines de la guerre d'indépendance algérienne, Autrement, (ISBN 978-2-7467-1185-3, lire en ligne)
  8. « Annexe. La vie politique des Algériens », dans Le Paris des étrangers depuis 1945, Éditions de la Sorbonne, coll. « Internationale », (ISBN 978-2-85944-863-9, lire en ligne), p. 309–317
  9. « Six membres du F.L.N. s'évadent de la prison de Versailles », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  10. Bernard Jeanne, « Les algériens dans l’agglomération rouennaise », Études Normandes, vol. 83, no 250, , p. 1–16 (DOI 10.3406/etnor.1972.3086, lire en ligne, consulté le )
  11. Maurice Pons, « Nuit de cristal « à la française » », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  12. « Algérie Seize militaires tués dans une embuscade », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  13. « NATIONALITE FRANÇAISE : CAS DES ALGERIENS NES AVANT 1962 », sur Maître Corinne Giudicelli-Jahn, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

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