Benito Lué y Riega
Benito LuĂ© y Riega (Lastres, Colunga, dans les Asturies, 1753 - San Fernando, province de Buenos Aires, 1812), Ă©tait un ecclĂ©siastique espagnol. NommĂ© Ă©vĂȘque de Buenos Aires dans la phase finale de la domination espagnole en AmĂ©rique, il fut un adversaire notoire de la rĂ©volution de Mai de 1810 et sâopposa ensuite, quoique peu activement, au processus dâindĂ©pendance aux cĂŽtĂ©s des royalistes.
Benito Lué y Riega | ||||||||
Biographie | ||||||||
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Naissance | Lastres (Espagne) |
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DĂ©cĂšs | San Fernando (Argentine) |
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ĂvĂȘque de l'Ăglise catholique | ||||||||
Ordination Ă©piscopale | ||||||||
Dernier titre ou fonction | ĂvĂȘque de Buenos Aires | |||||||
ĂvĂȘque de Buenos Aires | ||||||||
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Biographie
NĂ© Ă Lastres, village dans le diocĂšse dâOviedo, le , il fut dâabord officier dâarmĂ©e dans sa jeunesse, mais, devenu veuf, embrassa la carriĂšre ecclĂ©siastique. Il Ă©tudia la thĂ©ologie Ă Saint-Jacques-de-Compostelle et devint doyen de la cathĂ©drale de Lugo.
Ăpiscopat Ă Buenos Aires
AprĂšs que le Conseil des Indes lâeut proposĂ© au roi pour occuper le siĂšge de Buenos Aires, il fut dĂ©signĂ© le Ă©vĂȘque de cette ville par le pape Pie VII.
Il arriva Ă Montevideo le , puis dĂ©barqua Ă Buenos Aires le . Il se transporta le Ă CĂłrdoba pour sây faire consacrer par lâĂ©vĂȘque Ăngel Mariano Moscoso le .
Le , il entama officiellement sa tournĂ©e pastorale par une visite de la ville de Santa Fe[1], puis se rendit dans diffĂ©rentes paroisses des provinces de Santa Fe (notamment Ă Rosario) et de Buenos Aires (notamment Ă Salto)[2]. Fin aoĂ»t, il se trouvait Ă LujĂĄn, et quelques jours plus tard dans la paroisse de MorĂłn (actuellement faubourg de Buenos Aires). Le , il revint Ă Buenos Aires, et visita durant tout le mois dâoctobre les cures de la capitale et celles de Quilmes, puis MorĂłn une deuxiĂšme fois. Il consacra les derniers jours dâ Ă visiter la cathĂ©drale mĂ©tropolitaine de Buenos Aires et le chapitre de chanoines.
Le , il sâembarqua Ă Buenos Aires avec sa suite, pour entreprendre une visite Ă la Bande Orientale. Il commença son pĂ©riple par Santo Domingo Soriano, puis fit Ă©tape Ă Dolores, VĂboras (village qui, transplantĂ©, donnera naissance Ă Carmelo), Colonia del Sacramento, Inmaculada ConcepciĂłn de Minas, El Cerro Largo (Melo), et dans le fort de Santa Teresa, dont il visita la chapelle. Le , il benit lâĂ©glise de San Carlos[3], et quelques jours aprĂšs poursuivit sa route pour San Fernando de Maldonado. Il atteignit Montevideo dĂ©but octobre et le 21 y assista Ă lâinauguration de la nouvelle Ă©glise dite Matriz. Le , on le retrouve Ă Las Piedras, Ă Nuestra Señora de Guadalupe (Canelones) et Ă San Juan Bautista (aujourdâhui Santa LucĂa ), puis fin novembre Ă San JosĂ© de Mayo, dâoĂč il se porta vers Colonia del Sacramento pour ensuite rentrer Ă Buenos Aires le [4].
Ă la suite de sa visite pastorale dans lâactuel territoire uruguayen, il Ă©rigea, par acte du , entĂ©rinĂ© dĂšs le mĂȘme jour par le vice-roi Rafael de Sobremonte, les paroisses et cures de SantĂsima Trinidad de los Porongos, actuelle Trinidad ; San Benito de Palermo Ă PaysandĂș ; Nuestra Señora del Pilar Ă Melo ; San JosĂ© de Mayo ; Inmaculada ConcepciĂłn de Minas ; Nuestra Señora del LujĂĄn del Pintado, transfĂ©rĂ©e en 1809 Ă la ville de Florida ; et enfin la cure de Yi, aux limites peu prĂ©cises, en partie situĂ©e dans lâactuel dĂ©partement de Durazno[5].
Dans le dernier tronçon de sa tournĂ©e, il parcourut la rive orientale du fleuve ParanĂĄ, remontant jusquâĂ la ville de Corrientes et aux villages des rĂ©ductions. Il sâen revint Ă Buenos Aires le , oĂč il fonda en 1806 les cures de San JosĂ© de Flores et San Pedro GonzĂĄlez Telmo. Dans le sud du pays, il crĂ©a la cure de Nuestra Señora del Carmen de Patagones.
Le , il rĂ©forma le sĂ©minaire, lui donnant une structure dĂ©finitive en mĂȘme temps quâun nouvel emplacement, lequel du reste ne connaĂźtra quâune existence Ă©phĂ©mĂšre, attendu qu'Ă la suite de la premiĂšre des offensives britanniques en lâĂ©difice fut rĂ©quisitionnĂ© pour y caserner des rĂ©giments de soldats.
LuĂ© y Riega Ă©tait dâun tempĂ©rament austĂšre et dur, et ne fut jamais trĂšs aimĂ© Ă Buenos Aires : par trois fois, le chapitre ecclĂ©siastique de Buenos Aires â qui avait pris le pli dâune certaine indĂ©pendance Ă la suite des prĂ©cĂ©dentes, et fort longues, pĂ©riodes de vacance de la fonction Ă©piscopale â sollicita qu'il fĂ»t remplacĂ©.
La longue visite pastorale quâil effectua au cours de ses premiĂšres annĂ©es dans la plupart des paroisses de son diocĂšse, si elle constitue un authentique exemple de dĂ©vouement, donna lieu aussi, en raison de ses positions inflexibles, Ă toutes sortes de problĂšmes avec maint curĂ© titulaire de ces paroisses.
Attitude politique
AprĂšs lâinvasion britannique du RĂo de la Plata de 1806, il prĂȘta serment au roi dâAngleterre[6], moyennant la promesse donnĂ©e par lâoccupant de respecter lâĂglise catholique et lâautoritĂ© de celle-ci. Il ne participa pas directement Ă la reconquĂȘte, mais aida, par un considĂ©rable soutien Ă©conomique, MartĂn de Ălzaga Ă organiser la dĂ©fense en 1807.
Lorsque le mĂȘme Ălzaga tenta son coup de force le , LuĂ© y Riega chercha Ă tirer parti des appuis dont, pour ĂȘtre restĂ© dans la lĂ©galitĂ©, le meneur du mouvement disposait encore, afin de destituer le vice-roi Jacques de Liniers sans pour autant installer Ă sa place une junte exĂ©cutive comme le voulait Ălzaga. Son candidat Ă la succession Ă©tait dâailleurs le gĂ©nĂ©ral Pascual Ruiz Huidobro. Seule l'intervention au dernier moment de Cornelio Saavedra sauva Liniers.
Câest Ă lui quâil fut donnĂ© dâinaugurer les dĂ©bats lors du cabildo ouvert du . Il dĂ©fendit la thĂšse selon laquelle la Vice-royautĂ© du RĂo de la Plata Ă©tait une colonie du peuple espagnol, duquel il excluait les AmĂ©ricains ; il sâobstina dans une position rĂ©solument lĂ©galiste, plaidant en faveur du serment au Conseil de rĂ©gence. Lorsque les patriotes voulurent le contredire, il leur rĂ©pliqua quâil nâavait pas Ă©tĂ©, lui, appelĂ© lĂ Ă dĂ©battre, mais seulement Ă exprimer librement son opinion. Curieusement, les ecclĂ©siastiques qui votĂšrent aprĂšs lui le firent tous en faveur de la rĂ©volution de Mai[7] - [8].
DerniÚres années
Il nâopposa aucune rĂ©sistance, ni en parole ni en acte, Ă la PremiĂšre Junte, et fit publiquement allĂ©geance au nouveau gouvernement. Le mois suivant, il se proposa dâorganiser une tournĂ©e pastorale dans la Bande Orientale, mais en fut empĂȘchĂ© par la Junte, qui le soupçonnait de vouloir en rĂ©alitĂ© sâenfuir Ă Montevideo, oĂč la Junte nâavait pas Ă©tĂ© reconnue par les autoritĂ©s locales. En juillet, il lui fut interdit de parler en public ou de confesser les fidĂšles. Il continua cependant de porter le titre dâĂ©vĂȘque, et nâexerça au demeurant aucune pression sur les prĂȘtres de son diocĂšse Ă lâencontre de la Junte. Le premier triumvirat dĂ©cida de le proscrire vers le village de San Fernando, au nord de Buenos Aires (aujourd'hui dans la grande banlieue portĂšgne).
En , un groupe de plusieurs personnages, qui nâĂ©taient rien de moins que ses ennemis, fĂȘtĂšrent son anniversaire par un repas, dans la propriĂ©tĂ© de San Fernando quâil habitait. Il fut retrouvĂ© mort le lendemain Ă lâaube, trĂšs vraisemblablement empoisonnĂ© par lâarchidiacre RamĂrez, partisan intransigeant de la RĂ©volution. Le 24 du mĂȘme mois, il fut inhumĂ© dans le PanthĂ©on souterrain de la cathĂ©drale de Buenos Aires.
Notes et références
- TomĂĄs SansĂłn Corbo, CrĂłnicas para una historia de la DiĂłcesis de Melo y Treinta y Tres, Melo, 2007, p. 22.
- HĂ©ctor G. RoldĂĄn, Historia de la parroquia San Pablo, 3e partie.
- Seijo, Carlos La Iglesia colonial de San Carlos, chapitre IV.
- Luis Astigarraga, Un cura del 1800: Manuel de Amenedo Montenegro, en BoletĂn HistĂłrico del EjĂ©rcito, Nros. 255-258, Montevideo, 1977, p. 22 y ss.
- Bruno, Cayetano. Historia de la Iglesia en Argentina, vol. VII (1800-1812), Buenos Aires, 1971, p. 46 etss, citĂ© par Juan JosĂ© Villegas Mañé, La erecciĂłn de la DiĂłcesis de Montevideo, Cuadernos del ITU, nÂș 4, Instituto TeolĂłgico del Uruguay, Montevideo, 1978, p. 225. V. Ă©g. : AnĂbal Barrios Pintos, Historia de los Pueblos Orientales, tome Ier, Banda Oriental - Cruz del Sur, Montevideo, 2008, p. 308-309.
- Eduardo C. Gerding, dans un article Ă propos de la premiĂšre offensive anglaise affirme cependant le contraire
- Mayo de 1810. Actas del Cabildo de Buenos Aires, avec une Ă©tude prĂ©liminaire dâIsidoro Ruiz Moreno, Ăd. Claridad, Buenos Aires, 2009.
- Une prĂ©sentation nuancĂ©e de la position de lâĂ©vĂȘque vis-Ă -vis de la rĂ©volution peut ĂȘtre trouvĂ©e dans Juan Guillermo DurĂĄn, La Iglesia y el movimiento independentista rioplatense: incertidumbres, aceptaciĂłn y acompañamiento (1810-1816), dans la revue TeologĂa, 103 Universidad CatĂłlica Argentina, 2010, p. 38 et ss.
Liens externes
- Ressource relative Ă la religion :
- (en) Catholic Hierarchy
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :