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Bataillon Dombrowski

Le Bataillon Dombrowski (Dąbrowszczacy en polonais) est une unitĂ© de volontaires ayant pris part Ă  la guerre civile espagnole au sein des Brigades internationales. Son nom vient de l'officier polonais JarosƂaw Dombrowski qui participa entre autres Ă  la Commune de Paris.

Bataillon Dombrowski
(es) BatallĂłn Dabrowski
Image illustrative de l’article Bataillon Dombrowski
Membres de la Brigade Dabrowski prĂȘtant serment au gouvernement de la rĂ©publique.

Création 24 octobre 1936
Dissolution 23 septembre 1938
Pays Drapeau de la Pologne Pologne
Allégeance Drapeau de l'Espagne République espagnole
Branche Brigades internationales
Type Bataillon d'infanterie
RĂŽle DĂ©fense territoriale
Garnison Albacete
Surnom Dąbrowszczacy
Devise Por vuestra libertad y la nuestra
Guerres Guerre d'Espagne
Batailles SiĂšge de Madrid
Bataille du Jarama
Bataille de l'Èbre
Commandant historique JĂłzef Strzelczyk

Parmi ses combattants, plusieurs milliers de mineurs polonais en France, milieu oĂč des milliers de salariĂ©s avaient par ailleurs Ă©tĂ© renvoyĂ©s chez eux dans les cinq annĂ©es qui ont suivi le krach de 1929, parfois pour fait de grĂšve. Entre 1945 et 1949, environ 62000 Polonais de France sont revenus en Pologne via une "reemigracja" d'abord spontanĂ©e puis organisĂ©e, parmi lesquels 5000 Ă  6000 mineurs du Nord-Pas-de-Calais, dont de nombreux rĂ©sistants communistes qui souhaitaient reconstruire leur pays Ă  cause, ce qui a rendu plus difficile la connaissance de l'histoire des polonais ayant participĂ© Ă  la Guerre d'Espagne puis rĂ©sistance en France.

DĂ©buts

En , au dĂ©but de la guerre civile espagnole, Willy MĂŒnzenberg, chef de la propagande du Komintern pour l'Europe occidentale, propose Ă  Staline d'aider la RĂ©publique espagnole en armant des civils de toute l'Europe, communistes, mais aussi anarchistes, socialistes ou simples compagnons de route.

Un mouvement de solidarité s'organise en Pologne, via les partis politiques les plus à gauche, en premier lieu les communistes. Un petit millier de Polonais partent en Espagne combattre aux cÎtés des républicains. L'hostilité de leur gouvernement oblige nombre d'entre eux à sortir du pays clandestinement. Parmi eux, environ 800 personnes réussissent à entrer en Espagne.

Le premier groupe arrive à Barcelone en : ce sont les "mitrailleurs Dombrowski" commandés par Franciszek Palka. Ils sont intégrés au bataillon Commune de Paris pour aller combattre sur le front d'Aragon.

Puis les Brigades internationales se constituent officiellement. Ils deviennent alors le "Bataillon Dombrowski", à Albacete le : 600 hommes placés sous le commandement de Stanislaw Ulanowski (en), intégrés à la XIe Brigade Internationale puis en décembre à la XIIe. Ces volontaires se déploient entre les villes de Tarazona de la Mancha, Mahora, Villanueva de la Jara et Quintanar del Rey[1] et se répartissent entre les bataillons "Louise Michel", "Tchapaiev", "Henri Vuillemin" et une organisation de combattants venus des Balkans[1].

Le commandement est confié à l'Allemand Wilhelm Zaisser "Gómez"[1] avec son compatriote Albert Schindler comme chef d'état-major et le Polonais Suckanek comme commissaire[1].

Effectifs

Le "Bataillon Dombrowski", en fait plusieurs unitĂ©s dissĂ©minĂ©es dans les brigades, regroupant des combattants se coordonnant grĂące Ă  l'usage commun de la langue polonaise, est intervenu trĂšs rapidement car ses hommes venaient pour l'immense majoritĂ© de France. D'octobre 1936 Ă  l’étĂ© 1938, de 32000 Ă  40000 combattants non-espagnols ont participĂ© aux brigades internationales, selon les estimations de diffĂ©rents historiens[2]. Parmi eux, prĂšs d’un tiers Ă©taient Français[2] soit environ 10000, dont 3000 tuĂ©s lors des combats[2]. C'est la plus nombreuse de la cinquantaine de nationalitĂ©s reprĂ©sentĂ©es[2] - . La moitiĂ© avait de 26 Ă  34 ans[2], mais aussi plusieurs centaines de vĂ©tĂ©rans de la Guerre de 14-18[2]. Un sur deux vient de la rĂ©gion parisienne, le reste surtout du Nord Pas-de-Calais, les trois grandes rĂ©gions socialistes, Midi-PyrĂ©nĂ©es, Languedoc-Roussillon et Aquitaine, ne pesant que 5 %[2]. Une grande partie sont en fait d'origine polonaise et parlent encore la langue d'origine ou sont bilingues, d'oĂč leur incorporation dans les bataillons "polonais".

Les "Polonais" ont constituĂ© plus de 14% de tous les brigadistes internationaux pendant la Guerre d'Espagne[3], leur effectif comptant de 5 000 Ă  5 400 hommes[3], dont 3000 issus de l’immigration demeurant en France[3]. D'autres estimations parlent de 3 800 mineurs polonais travaillant en France. L'expĂ©rience acquise pendant deux ans de combats en Espagne[3], fait qu'un nombre important d’anciens de la 13e BI « Dąbrowski se voient ensuite « confiĂ©es les missions Ă  caractĂšre militaire »[3] qui ont permis Ă  la RĂ©sistance de s'enhardir, comme lors de la grande grĂšve des mineurs de mai-juin 1941.

Environ 300 Ă©taient des polono-amĂ©ricains, quelques centaines provenaient d'autres pays d'Europe. Seulement 800 venaient de Pologne mĂȘme.

En analysant les archives du Komintern pour sa thÚse, l'historien Rémi Skoutelsky a découvert qu'ils étaient « ouvriers dans leur écrasante majorité »[2]. Parmi ces derniers, nombre de « mineurs, issus pour la plupart du pas-de-calais »[4].

Composition

Leaders syndicaux

Le dĂ©part en Espagne est souvent un exemple donnĂ© par les militants les plus respectĂ©s, polonais ou pas. Juste avant de partir en Espagne, Albert Senez, mineur de Lourches[4], secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du syndicat unitaire des mineurs du bassin d’Anzin au dĂ©but des annĂ©es 1930, qui regroupait prĂšs de 2 400 adhĂ©rents, et fut du 28 septembre 1935 au 15 janvier 1937, Ă©lĂšve de l’École lĂ©niniste internationale, sous le nom de Jules Lenoir, comme Georges Wallers de la mĂȘme promotion. A son retour en France en 1939, le premier s’installa dĂ©finitivement dans les Bouches-du-RhĂŽne, rencontrant comme beaucoup son Ă©pouse en Espagne[5].

Proportion prépondérante d'immigrés

Des documents, rĂ©digĂ©s en novembre 1940 en français et en espagnol par une «Commission de cadres (Ă©trangers) du ComitĂ© central du Parti communiste d’Espagne », rĂ©pertoriant 3805 noms des volontaires polonais[6], ne permet pas de dĂ©nombrer les Polonais mais de connaitre la part parmi eux de l'immigration polonaise en France[6]: plus de la moitiĂ©, soit 1 967 volontaires sont venus de France[6], 507 seulement de Pologne, et 67 de Palestine. Seulement 570 ont moins de 24 ans, et 1087 entre 25 et 30 ans[6] Statistiques.

Il montre que seulement 38 Polonais se trouvaient en Espagne au moment de la rĂ©bellion franquiste, 633 arrivant en 1936, puis 994 en 1937 et 379 en 1939[6], la date d’arrivĂ©e de 1761 brigadistes Ă©tant impossible Ă  dĂ©terminer[6]. Un autre dossier B liste 474 "Polonais" morts ou disparus en Espagne, mais il a Ă©tĂ© Ă©tabli huit mois avant la fin des combats, Ă  Barcelone le 9 avril 1938[6].

Parmi les 1300 combattants "Belges", environ 800 sont en fait des étrangers résidant en Belgique, selon les travaux terminés vers 1987 par l'historien belge Rudi Van Doorslaer[6], et 180 à 200 étaient des juifs[6]. Cet historien n'a cependant pu établir la nationalité que de 169 juifs partis en Espagne : il a découvert que 117, soit 69 % étaient Polonais, 25 (15 %) Hongrois, 10 (6 %) Roumains[6].

Combattants juifs

La plupart des combattants juifs des brigades internationales ont intégré des groupes de langue de leur pays d'origine, mais il a aussi été créé un peu plus tard, en 1938, une unite combattante pour ceux préférant s'exprimer en yiddish. Au sein de la communauté juive française, les milieux qui s'étaient déjà mobilisés pour le Front populaire ont organisé des collectes en faveur de la « Compagnie Naftali Botwin », de langue yiddish, formée au début de 1938 de 120 Juifs, polonais, hongrois ou tchécoslovaques, intégrée au bataillon Dombrowski[7]. Cette compagnie « Botwin » est en grande partie décimée durant l'offensive en Extremadure de . Emanuel Mink en sera le dernier commandant. M

Combats

En novembre, ils participent à la défense de Madrid, dans laquelle le bataillon p les deux tiers de ses hommes.

En , sous le commandement de JĂłzef Strzelczyk (pl), le bataillon constituĂ© de trois compagnies polonaises est rejoint par une compagnie espagnole, et affronte les franquistes Ă  la bataille de Jarama, oĂč il perd un tiers de ses effectifs.

En , est fondée une "Brigade Dombrowski", sous le commandement de Fernando Gerassi, formé par l'ancien bataillon Dombrowski, un bataillon franco-belge et un bataillon hongrois.

Dans le but de couvrir les pertes du front d'Aragon en mai, est aussi intégré un nouveau bataillon polono-espagnol, le José Palafox.

En , le bataillon franco-belge est remplacĂ© par le bataillon Adam Mickiewicz. À cette pĂ©riode, nombre de polonais ayant Ă©tĂ© tuĂ©s, 60 % de la brigade est composĂ©e d'Espagnols, et en sus des Polonais Ă©tait prĂ©sent un petit nombre de Hongrois.

En , cette unitĂ© opĂšre en Extremadure pour essayer d'empĂȘcher l'arrivĂ©e de renforts franquistes en Aragon, mais en mars, devant une grande offensive franquiste, il doit regagner l'Aragon. Cependant, il y arrive trop tard, puisqu'en pleine retraite des rĂ©publicains. Il rĂ©ussit nĂ©anmoins Ă  rallier la Catalogne et se rĂ©organise pour participer Ă  la bataille de l'Ebre.

Ensuite, aprÚs la décision du gouvernement Negrín de retirer les forces internationales du conflit, la brigade est démobilisée le .

Retraite de l'hiver 1938-1939

Au total, un millier de Brigadistes internationaux polonais, soit plus du quart du contingent polonais ayant combattu dans la Guerre d'Espagne[8], furent contraints à fuir à l'hiver 1938-1939 au delà des Pyrénées et internés dans les camps du sud-ouest de la France et en Afrique du Nord[8]. Les Polonais représentaient un sur six des Brigadistes internationaux de ces camps[8], qui accueillaient aussi des Espagnols.

À partir de l’étĂ© 1940, sur fond de pacte germano-soviĂ©tique, qui sera romptu en juin 1941, des nĂ©gociations dĂ©butent, organisĂ©es par l'entremise de l'ambassadeur d'URSS en France Alexandre Bogomolov[8]. Elles aboutissent Ă  transfĂ©rer en Union soviĂ©tique en mars 1941 les Polonais de ces camps qui avaient automatiquement acquis la nationalitĂ© soviĂ©tique, en vertu des nouvelles frontiĂšres du 28 septembre 1939[8], l'URSS ayant mordu sur le territoire polonais.

D’autres furent transfĂ©rĂ©s Ă  Djelfa, en Afrique du Nord, en 1941 et 1942[8] et seront au centre, aprĂšs novembre 1942 et le dĂ©barquement amĂ©ricain dit "opĂ©ration Torch", d’intenses tractations entre alliĂ©s[8]: aprĂšs six mois d'attente[8], certains furent incorporĂ©s dans les armĂ©es alliĂ©es et d'autres envoyĂ©s en URSS[8]. Certains intĂšgrent l’ArmĂ©e Rouge[8] et d'autres l’ArmĂ©e polonaise formĂ©e en URSS par Staline, confiĂ©e au gĂ©nĂ©ral Berling[8] en lien avec les ZPP (Union des Patriotes Polonais)[8].

Au total, le tiers de ces Polonais des camps du sud-ouest de la France est revenu en Pologne[8] avec l’ArmĂ©e Rouge et l'ArmĂ©e Berling au moment de la prise de pouvoir par les communistes[8]. Lieutenant-colonel dans l'ArmĂ©e d'Anders, Zygmunt Berling s'Ă©tait entendu avec les Britanniques pour lancer la 5e Division d'infanterie polonaise, avec Wanda Wasilewska, visant Ă  franchir la Vistule pour tenter, sans succĂšs, de secourir l'Insurrection de Varsovie, avec le feu vert de Moscou en sur fond de refroidissement entre Staline le gouvernement polonais en exil. WƂadysƂaw Anders, parti d'URSS en 1942 pour rejoindre les Britanniques par l'Iran, y avait vu une "dĂ©sertion"[9].

Ossature des FTP-Moi de la RĂ©sistance

Renouvellement Ă  la direction en 1936-1940

Seulement la moitiĂ© du total des brigadistes français « sont membres du PCF ou des JC. Si l’on y ajoute les militants socialistes, anarchistes, trotskystes et les syndicalistes, on dĂ©passe les 80% »[2]. Concernant les communistes polonais, leur activitĂ© clandestine avait auparavant souffert de grosses pertes humaines subies pendant la « Grande Terreur » stalinienne des annĂ©es 1937–1938[3], puis de l'internement ou la mort des anciens des Brigades internationales[3].

Symbole de cette situation, Marcel Kolorz, qui a grandi dans la partie de la Pologne rattachĂ©e Ă  l’Allemagne[10] et adhĂ©rĂ© en 1916 au syndicat des mineurs d'Allemagne[10] puis participĂ© aux grĂšves et manifestations de la rĂ©volution allemande[10], dans un groupe Spartakus de 1918 Ă  1919[10], avant de passer en nouvelle Pologne en mars 1919[10] et s’engager dans l’armĂ©e polonaise[10].

Animateur de 1920 Ă  1922 des grĂšve de mineurs en Haute-SilĂ©sie oĂč il est revenu[10], il doit Ă©migrer en 1922 Ă  MĂ©ricourt dans le Pas-de-Calais[10], il y participa Ă  des grĂšves en 1923 avec le syndicat unitaire des mineurs[10] puis devint instructeur du PCF dans les mines du Nord en 1926[10], et en 1927 dans celles de Lorraine[10].

CondamnĂ© Ă  huit jours de prison le 2 octobre 1929 et Ă  deux mois en avril 1931[10], il Ă©tait mariĂ© Ă  la responsable de la librairie des ouvriers polonais en France[10] et dirigea dĂšs 1931 la commission centrale des groupes polonais[10] puis en 1936 le travail de la MOI (Main d’Ɠuvre immigrĂ©e) pour l'ensemble du PCF[10], oĂč il siĂšge au ComitĂ© central[10].

En 1937, l’Internationale communiste dĂ©cide la dissolution du Parti communiste polonais[10] et l'Ă©quipe dirigeante, via la MOI, de l’immigration polonaise en France est purgĂ©e[10]: certains dirigeants sont Ă©cartĂ©s[10], une nouvelle direction Ă©lue, composĂ©e de mineurs « politiquement inexpĂ©rimentĂ©s »[11], tandis que Marcel Kolorz fut envoyĂ© Ă  la guerre d’Espagne dans les Brigades internationales[10] et tuĂ© en 1938 Ă  la bataille de l'Èbre[10].

A Paris, la direction centrale du « groupe de langue » polonais de la FTP-MOI, soumise aux changements causĂ©s par ces problĂšmes[3], fut « secrĂštement recrĂ©Ă©e » Ă  nouveau aprĂšs l'Armistice de juin 1940[3], selon des historiens, avec une direction parisienne effectivement composĂ©e « de jeunes ouvriers mineurs du Nord-Pas-de-Calais, politiquement inexpĂ©rimentĂ©s »[12] - [3], la section juive Ă©tant distincte[3]. Parmi eux, Jan Rutkowski, Stefan Franciszczak et Rudolf Larysz, rĂ©sistants dĂšs 1940[3], mais aussi BolesƂaw Maƛlankiewicz, StanisƂaw Kuc, Roman Kornecki[3] et Franciszek Sobecki, premier secrĂ©taire du « trio » dirigeant de la section polonaise Ă  Paris[3]. Cette mouvance polonaise se diffĂ©rencie de la rĂ©sistance d’obĂ©dience « londonienne » et regroupe des communistes qui ont alors « commencĂ© leur action clandestine en zone occupĂ©e »[3] mais certains communistes polonais ne voulaient pas s’engager avant la fin du pacte germano-soviĂ©tique[3].

Aleksander Bekier, autre responsable du PCF des immigrĂ©s polonais, pour l'est de la France[13], rĂ©dacteur de l’hebdomadaire PCF L'Aube nouvelle (Bagneux, Malakoff, Montrouge)[13] de 1935 Ă  1936, a suivi la mĂȘme voie que Marcel Kolorz: incorporĂ© le 12 dĂ©cembre 1936 dans la XIIIe Brigade "Dombrowski"[13], chargĂ© de la liaison du 5e corps d’armĂ©e avec la 35e Division comme commissaire politique adjoint, en lien avec le leader Gustav Reicher[13], dirigeant du Parti communiste polonais ensuite assassinĂ© Ă  Moscou en 1938[13]. Il combattit Ă  Teruel et Motril, en janvier et fĂ©vrier 1937, puis Ă  l'Ă©tĂ© suivant Ă  la bataille de Brunete et celle pour Saragosse Ă  Villamayor-de-Gallego[13]. Il cotoie Ă  l'"Etat-major Dombrowski" deux autres combattants venu de France, l'avocat Tadeusz Oppman[14] et le chef, l'architecte Boris Guimpel, fils de deux rĂ©volutionnaires russes en exil Ă  Paris depuis 1905. Comme lui, tous deux survivront[15], Tadeusz Oppman et Boris Guimpel restant amis et associĂ©s Ă  la tĂȘte des dirigeants PCF de la rĂ©sistance en zone sud[15] avant de chuter aprĂšs l'affaire Iltis et la rafle menĂ©e par Klaus Barbie, le 15 mai 1944 contre les FTP Ă  Lyon[15], Tadeusz Oppman Ă©tant accusĂ© par Raymond Guyot d'avoir Ă©tĂ© « un aventurier » ou « un irresponsable »[14], qui avait tentĂ© de « s’emparer de la direction de ce secteur »[14].

Dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, la plupart des groupes armés créés en 1940 ou 1941 ET rebaptisés fin 1942 FTP-MOI, le sont cependant par des anciens volontaires polonais des Brigades internationales : Bronislaw Kania, qui survivra, Simon Curlik, chef militaire de l'attaque des véhicules allemands de Vimy en septembre 1940, Jozef Szymczak, Wladislaw Wozniak, Franciszek Papiez, François Jarosz, Jan Kalkus, Antoni Chrost, Antoni Kieltyka, Konstantin Kupien, Jozef Migos, et Wladislaw Mazur[16].

Le nordiste Rudolf Larysz, dĂ©lĂ©guĂ© par la direction nationale, s'occupe aussi de la « reconstitution clandestine du PC dans le bassin minier du Tarn en particulier parmi les mineurs d’origine polonaise », grĂące au mineur Wladislaw Hamerlak, arrivĂ© en France en 1924, qui fut commissaire politique de compagnie dans la Brigade Dombrowski, et y reconstitua en 1942 un triangle de direction FTP-MOI, avec StĂ©fan Przenioslo et S. Laskawiec[17].

Combattants juifs polonais

Des combattants juifs polonais revenus d'Espagne constituent par ailleurs, un peu plus tard l'ossature de la des FTP-MOI. Parmi eux, Joseph Epstein, dit "Colonel Gilles", mariĂ© Ă  une française dirigeant des FTP-MOI Ă  Paris, griĂšvement blessĂ© en Espagne, puis organisateur de la compagnie maritime « France Navigation », chargĂ© du transport de l'aide Ă  l'Espagne rĂ©publicaine et affectĂ© Ă  la compagnie d'artillerie « Anna Pauker » lors de la bataille de l'Èbre. À son retour en France au dĂ©but de 1939, alors que Philippe PĂ©tain a Ă©tĂ© nommĂ© ambassadeur Ă  Madrid en 1939[7], il fait partie des 226000 rĂ©fugiĂ©s arrĂȘtĂ©s Ă  la frontiĂšre[7], dont 70000 seront internĂ©s Ă  Argeles-sur-Mer et 90000 Ă  Saint-Cyprien. Le dĂ©putĂ© pĂ©tainiste Jean YbarnĂ©garay rĂ©clame qu'on les fusille[7] et les Allemands en dĂ©poreront beaucoup au Camp de concentration de Mauthausen[7]. EmprisonnĂ© au camp de Gurs, libĂ©rĂ© en juillet 1939, Joseph Epstein devient en 1942 chef des groupes de sabotage et de destruction (GSD) crĂ©Ă©s par les syndicats CGT dans les entreprises travaillant pour l'occupant, puis de l'ensemble des FTP-MOI de la rĂ©gion parisienne en [18], lançant une tactique de guĂ©rilla urbaine[19], possiblement en lien avec le renseignement soviĂ©tique[20], via le 4Ăšme bureau de l'ArmĂ©e rouge[21]. ArrĂȘtĂ© avec Missak Manouchian, il fut fusillĂ© avec 23 autres FTP au fort du Mont-ValĂ©rien (France) le .

Autre dirigeant des "combattants Dombrowski", Marcel Langer passe à la 35e division de mitrailleurs et épouse une espagnole[7], Cecilia Molina. Lui aussi interné au Camp de Gurs[7], il fait partie des nombreux brigadistes qui ont réussi une évasion pour rallier la Résistance française[8], gagnant Toulouse pour diriger devient la 35e brigade, nommée en souvenir de sa 35e division de mitrailleurs des Brigades internationales, quand le , la MOI se transforme en FTP-MOI puis est guillotiné le à la prison Saint-Michel de Toulouse.

Transferts en Allemagne et en Pologne

Les anciens des "Bataillons Dombrowski" ont crĂ©Ă©es en 1941 des unitĂ©s polonaises chargĂ©es des nombreuses missions de sabotage[3], notamment contre l’infrastructure ferroviaire dans le Nord et dans le Pas-de-Calais[3], zone importante en raison de la production de charbon et de la proximitĂ© de l'Angleterre. Le mot d’ordre d'action immĂ©diate[3], malgrĂ© le risque des reprĂ©sailles allemandes[3], attirait de nombreux immigrĂ©s polonais, dĂ©sireux de venger l’occupation de leur deux pays, de la Pologne et de la France[3].

Cette activitĂ© trĂšs gĂȘnante pour les Allemands coĂŻncida avec le dĂ©but des dĂ©portations des immigrĂ©s polonais pour aller travailler en Allemagne[3], tandis que les cadres des FTP-MOI subissaient de nombreuses arrestations[3]. Par exemple, dans le Nord entre 1942 et 1943, leurs effectifs ont chutĂ© de moitiĂ©[3]. Leurs tĂȘtes Ă©taient mises Ă  prix. Il a alors Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© le passage clandestin d’un certain nombre de responsables communistes polonais vers le Sud de la France[3], pour crĂ©er entre 1942 et 1943, d'autres unitĂ©s de combats polonaises des FTP-MOIref name=PaweƂSękowski/>. Les RĂ©sistants polonais de France ont Ă©tĂ© aussi transfĂ©rĂ©s secrĂštement par les rĂ©seaux rĂ©sistants vers les territoires polonais occupĂ©s par les Allemands[3], afin de renforcer les cadres du Parti ouvrier polonais (Polska Partia Robotnicza)[3] et sa branche militaire, la Garde populaire (Gwardia Ludowa), au moment oĂč elle s'est constituĂ©e[3].

Les postes de responsabilitĂ© des « trios » de la FTP-MOI furent mĂȘme parfois vacants, y compris dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, dotĂ© du plus grand rĂ©servoir de militants[3]. Ces problĂšmes ont Ă©tĂ© surmontĂ©s au cours second semestre 1943[3], la surveillance par un commandant des unitĂ©s polonaises des FTP-MOI fut abandonnĂ©e[3] et permit un renouvellement[3].

À l'Ă©tĂ© 1942[22], l'occupant allemand dĂ©porte plusieurs milliers de civils ukrainiens et de prisonniers de guerre soviĂ©tiques dans le Nord-Pas-de-Calais[22], pour pallier la baisse de l'extraction de charbon[22], notamment Ă  Marles-les-Mines oĂč est Ă©rigĂ© un camp de prisonniers de guerre[22] au pied du terril du puits numĂ©ro 5[22]. D'autres furent installĂ©s dans les villages [3]. La connaissance des langues russe et française permit aux Polonais de faciliter les contacts entre ressortissants soviĂ©tiques et FTPF [3] mais aussi leurs Ă©vasions[3]. DĂ©but de 1944, l’effectif total des « groupes de langue » polonais FTP-MOI Ă©tait remontĂ© Ă  1 370 membres[3] puis environ 2500 en septembre 1944, selon des rapports Ă©crits[3]. Certains ont commandĂ© des dĂ©tachements plurinationaux[3] comme la 35e Brigade des FTP-MOI[3], dirigĂ©e par dans le Sud-Ouest par Jan Gerhard et Marcel Langer[3].

TĂ©moignages photographiques

Le jeune mĂ©decin Gabriel Ersler nĂ© en Pologne en 1913 s'y engage en septembre 1937 et prend une sĂ©rie de photographies du bataillon Dombrowski entre mars 1938 et avril 1939, pendant ses opĂ©rations militaires, pour illustrer les relations d’amitiĂ© entre les volontaires et le contexte militaire[23].

Sources

  • Sygmunt Stein, Ma Guerre d'Espagne, 1956, Paris, Éditions du Seuil, 2012, p. 215-228

Notes et références

  1. "SOUVENIRS DE LA GUERRE CIVILE ESPAGNOLE" 14 octobre 2009
  2. "Prosopographie et histoire du communisme : une identité plurielle" par CONSTANCEMARGAIN le 12 décembre 2013 dans la revue Paprika
  3. "Les polonais dans la rĂ©sistance communiste en france" par PaweƂ Sękowski, docteur en histoire moderne et contemporaine de l'UniversitĂ© Paris-Sorbonne, professeur Ă  l'universitĂ© Jagellonne de Cracovie
  4. "L'espoir guidait leurs pas", par RĂ©mi Skoutelsky, en 2014
  5. Biographie Le Maitron d'Albert Senez,
  6. "Polonais d’origine juive volontaires de la guerre civile en Espagne (1936-1939)" par Gaby Ersler Sichon, dans la revue MatĂ©riaux pour l'histoire de notre temps en 2004
  7. "Comment sont-ils devenus rĂ©sistants ? - Une nouvelle histoire de la rĂ©sistance (1940-1945)" par Robert Gildea, aux Édition Les ArĂšnes en 2017
  8. "Les Polonais de la Brigade internationale Dabrowski internés dans les camps en France et en Afrique du Nord. Destins et itinéraires" mémoire de maßtrise de Jean-Louis Robert, à l'Université Paris 1 en 1999
  9. Wladyslaw Anders, MĂ©moires, 1939-1946, La Jeune Parque, Paris 1948, p. 198
  10. Biographie Le Maitron de Marcel Kolorz
  11. Témoignage d'un autre immigré polonais, Louis Grojnowski, dans la biographie Le Maitron de Marcel Kolorz
  12. S. Courtois, D. Peschanski, A. Rayski, Le Sang de l’étranger. Les immigrĂ©s de la MOI dans la RĂ©sistance, aux Editions Fayard, en 1989, page 186
  13. Biographie Le Maitron de Aleksander Bekier
  14. Biographie Le Maitron de Tadeusz Oppman
  15. Biographie Le Maitron de Boris Guimpel
  16. "Ami, entends-tu...: La RĂ©sistance populaire dans le Nord-Pas-de-Calais" par Jacques Estager aux Editions Messidor
  17. Biographie Le Maitron de Wladislaw Hamerlak
  18. Jean Maitron, Claude Pennetier, « EPSTEIN Josep », sur Le Maitron en ligne.
  19. Albert Ouzoulias, Les bataillons de la jeunesse, p. 320-325.
  20. Les résistants : de la guerre de l'ombre aux allées du pouvoir 1944-1989 aux Editions Fayard en 1989, par Rémi Kauffer et Roger Faligot, page 517
  21. Les résistants : de la guerre de l'ombre aux allées du pouvoir 1944-1989 aux Editions Fayard en 1989, par Rémi Kauffer et Roger Faligot, page 190
  22. Article de Nathan Jendryka, le 1er novembre 2021 dans L'Avenir de l'Artois
  23. Exposition d'étudiantes en licence Humanités à Paris Ouest, à partir des collections de la BDIC
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