Accueil🇫🇷Chercher

Bataille de Girolata

La bataille de Girolata est un combat naval qui opposa le des navires génois et espagnols à des navires ottomans dans le golfe de Girolata, sur la côte ouest de la Corse, pendant la guerre entre Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain, et le souverain ottoman, Soliman le Magnifique.

Bataille de Girolata
Informations générales
Date
Lieu Golfe de Girolata
Issue Victoire Espano-génoise
Belligérants
GĂ©nois EspagnolsOttomans
Commandants
Gianettino Doria Berenguer de RequesensDragut Reddition
Forces en présence
21 galères11 galères
Pertes
11 galères 1200 prisonniers

Guerres austro-turques

Un escadron chrĂ©tien de 21 galères dirigĂ© par le gĂ©nois Gianettino Doria et l'espagnol Berenguer de Requesens surprit un escadron ottoman de onze galères ancrĂ© Ă  Girolata, dirigĂ© par l'amiral ottoman Dragut, que le commandant de la Marine ottomane, Khayr ad-Din Barberousse avait envoyĂ© faire des razzias sur la cĂ´te italienne après ses victoires dans la mer Adriatique l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Comme les Ă©quipages des navires de guerre ottomans Ă©taient Ă  terre, occupĂ©s au partage du butin de leurs pillages rĂ©cents, la flotte gĂ©no-espagnole les a facilement vaincus, capturant la totalitĂ© des onze galères et 1 200 prisonniers, dont Dragut, qui a Ă©tĂ© transportĂ© Ă  GĂŞnes et mis, avec ses capitaines, Ă  ramer dans les galères chrĂ©tiennes.

Contexte

En 1538, la flotte ottomane, dirigée par Khayr ad-Din Barberousse, a porté un coup décisif à la Sainte Ligue chrétienne constituée par le pape Paul III, avec la défaite de la flotte papale à la bataille de Préveza au large de la côte d'Epirote, et la prise de Castelnuovo[1]. Comme en 1540, Soliman préparait une opération terrestre en Hongrie, mais la marine ottomane, faible en effectifs, ne put y prendre part[2].

Kayr Barberousse envoya toutefois vers les eaux occidentales de la Méditerranée le chef de file de sa flotte, Dragut, avec comme tâche d'attaquer la côte italienne et de perturber le transport maritime espagnol. Dragut commença sa croisière avec la capture de cinq galères vénitiennes au large de l'île de Paxos près de Corfou. Les vénitiens ne purent pas exercer de représailles, puisqu'ils avaient signé un traité de paix avec le sultan peu de temps après[2].

Andrea Doria, portrait par Jan Matsys (1555). Galleria di Palazzo Bianco, GĂŞnes.

En rĂ©ponse Ă  la menace ottomane, Andrea Doria, le grand-amiral de Charles V, rassembla une flotte de près de 80 galères dans le port de Messine pour Ă©liminer les corsaires ottomans de la MĂ©diterranĂ©e occidentale, et suivant l'exemple de PompĂ©e dans sa guerre contre les pirates de Cilicie, il divisa ses navires en 5 escadres, qu'il chargea de patrouiller de diffĂ©rentes rĂ©gions[3]. Doria lui-mĂŞme navigua de Messine Ă  Tunis en fin avril, Ă  la tĂŞte de 55 galères, s'attendant Ă  surprendre Dragut Ă  sa base au large de Djerba[2].

Cependant, le lieutenant de Barberousse s'Ă©tait dĂ©placĂ© plus rapidement que Doria n'avait prĂ©vu[4]. L'amiral gĂ©nois envoya son neveu Erasmo Doria protĂ©ger les Ă®les BalĂ©ares avec 10 galères, Berenguer de Requesens et son autre neveu Gianettino Doria patrouiller au large de la Corse et de la Sardaigne avec 21 galères, Fadrique de Toledo dĂ©fendre le Golfe de Naples avec 11 galères, et le comte de Anguillara, aidĂ© par les chevaliers de Malte, protĂ©ger la Sicile avec 17 galères[3].

Ce fut l'escadre de Gianettino et de Requesens qui trouva la piste des galères de Dragut[5]. L'escadre fut supposément vue au large de Bonifacio et plus tard, quand Dragut attaqua l'île de Capraia, la canonnade fut entendue des galères génoises et espagnoles. Des pêcheurs qui avaient fui les ottomans ont prévenu Doria et Requesens que Dragut avait fait voile vers le Cap corse et, plus tard, que son escadre était ancrée dans le golfe de Girolata[3]

Bataille

L'escadron ottoman avait mis l'ancre dans le golfe de Girolata pour faire le partage du butin du razzia récent. Dragut avait choisi cet endroit parce qu'il était désert, loin des routes habituelles de navigation. Ainsi il n'avait posté aucun navire comme garde à l'entrée du golfe[4]. Arrivant à proximité, Gianettino Doria envoya son parent Giorgio Doria dans le golfe avec 6 galères et une petite frégate, afin d'identifier les galères qui y étaient ancrées[3].

Les comptes rendus du cours de la bataille diffèrent. Selon Cesáreo Fernández Duro (es) et Julien de La Gravière, les marins et soldats ottomans étaient à terre, endormis sous les arbres ou prenant un repas, lorsque l'arrivée des galères chrétiennes les prirent par surprise[4] - [2]. Selon de La Gravière, 600 ottomans fuirent vers les montagnes environnantes, avant même que la bataille ait vraiment commencé, et Dragut eut à peine eut le temps de s'embarquer et de faire feu une seule fois, avant que les génois et les espagnols soient montés à bord de ses navires. Dès les premiers coups de feu, beaucoup de ses hommes, turcs ou chrétiens renégats, ont sauté à la mer pour s'échapper vers l'intérieur de l'île[2].

Le golfe de Girolata en 2007.

Alberto Guglielmotti donne un compte rendu plus dĂ©taillĂ© de la bataille. Il affirme que Dragut eĂ»t le temps d'embarquer ses Ă©quipes lorsqu'il vit venir les 7 navires envoyĂ©s Ă  l'avance par Doria, et que, laissant Ă  l'arrière 2 galères pour garder le butin, il s'engagea aux forces de Giorgio Doria avec les 9 galères qui lui restaient[3]. S'attendant Ă  se battre avec une supĂ©rioritĂ© numĂ©rique, Dragut est entrĂ© dans l'embuscade prĂ©vue par Doria et de Requesens, dont les 15 autres galères apparurent Ă  l'ouest, prenant avantage du vent. Dragut a tentĂ© alors de s'Ă©chapper en tournant ses navires, mais lorsque les galères chrĂ©tiennes sont venues passer sous sa poupe, il a dĂ©cidĂ© d'essayer d'y faire une percĂ©e[3]. Cependant, un seul coup de canon de la galère de Gianettino infligea des dommages tellement graves au navire amiral de Dragut qu'il a failli couler. Perdant espoir de s'Ă©chapper, la plupart des marins et soldats ottomans ont sautĂ© Ă  la mer pour se sauver vers la plage et l’intĂ©rieur de l'Ă®le[6].

Suite

La flotte chrĂ©tienne captura les 11 galères ottomanes, dont 2 Ă©taient les navires vĂ©nitiens Moceniga et Bibiena, capturĂ©s lors de la bataille de PrĂ©veza[1]. Ils ont Ă©galement fait prisonniers 1 200 ottomans et libĂ©rĂ© 1 200 galĂ©riens chrĂ©tiens. Dragut fut parmi les prisonniers ottomans. Furieux d'avoir Ă©tĂ© pris par un homme aussi jeune que Gianettino Doria, il insulta son ravisseur, qui le rossa[5]. Dragut fut transportĂ© Ă  GĂŞnes et rĂ©duit en esclave. LĂ , selon l'historien français du XVIe siècle, Pierre de Bourdeille, trouvant l'ancien lieutenant de Barberousse ramant dans une galère, Jean de Valette, le futur grand maĂ®tre de l'ordre des Hospitaliers, lui dit : "Señor Dragut, usanza de guerra!" (M. Dragut, la coutume de la guerre), Ă  ce que Dragut rĂ©pondit : "Y mudanza de fortuna" (Et le changement de fortune)[5].

Le 1540, les corsaires turcs furent battus à nouveau par des navires chrétiens à la Bataille d'Alborán (en), dans les eaux à l'est du détroit de Gibraltar[7].

Au dĂ©but de 1541, Barberousse proposa 3 500 ducats pour la libĂ©ration de Dragut. En 1543 (Doria le libĂ©ra, ce qui fut par la suite considĂ©rĂ© comme une erreur) dans l'espoir de gagner la faveur ottomane au cas oĂą l'un de ses neveux tomberait entre leur mains [8]. Dragut s'allia alors avec le corsaire Euldj Ali pour constituer une gigantesque armada.


Références

  1. Fernandez Duro, l'avenida de cesáreo: Armada Española (desde la unión de los reinos de Castille et d'Aragon, Chapitre XVIII, Jornada de Argel
  2. De La Gravière, Julien, « Les corsaires barbaresques et la marine de Soliman le Grand »
  3. Guglielmotti, Alberto P., « La guerra dei pirati e la marina pontificia dal 1500 al 1560, Vol. 2 »
  4. Fernandez Duro, l'avenida de cesáreo : Armada Española (desde la unión de los reinos de Castille et d'Aragon, Chapitre XVIII, Jornada de Argel
  5. De Bourdeille de BrantĂ´me, Pierre : MĂ©moires
  6. Guglielmotti, Alberto P. : La guerra dei pirati e la marina pontificia dal 1500 al 1560, vol. 2
  7. De Carranza, Fernando : La guerra santa por mar de los corsarios berberiscos
  8. Meyer. Setton, Kenneth : La Papauté et le Levant, 1204-1571 : le XVIe siècle, sous le règne de Jules III
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.