Bassin de l'Atalante
Le bassin de l'Atalante est un lac de saumure hypersalin situé au fond de la mer Méditerranée.
Caractéristiques
Le bassin est situé environ à 192 km à l'ouest de la Crète[1]. L'Atalante et ses voisins, Urania et Discovery, sont des bassins hypersalins anoxiques âgés de plus de 35 000 ans et formés par des dépôts salins d'évaporites messiniennes qui se sont dissoutes au large de la dorsale méditerranéenne et accumulées dans des dépressions abyssales profondes d'environ 3 000 m[2]. L'Atalante est le plus petit des trois bassins ; sa surface est environ à 3 500 m sous le niveau de la mer[3].
Le bassin porte le nom de L'Atalante, l'un des navires de recherche océanographique qui ont participé à sa découverte en 1993[4].
Salinité
La salinité du bassin, 365 g/L, est proche de la saturation (huit à dix fois la salinité ordinaire de l'eau de mer). Elle empêche les eaux oxygénées qui la surplombent de s'y mélanger : elle est donc complètement anoxique[3].
Faune
À la limite entre l'eau de mer et la saumure, l'halocline d'environ 1,5 m d'épaisseur est colonisé par des cellules bactériennes et archéennes : il comprend des organismes chimiolithotrophes, qui utilisent l'ammoniac de la saumure, mais ne peuvent pas survivre sans oxygène, ainsi que des halophiles[3]. Dans la saumure, les cellules sont moins nombreuses ; les extrêmophiles prédominent, comprenant des méthanohalophiles et des protéobactéries, des euryarchées des monts hydrothermaux[3]. Le bassin comprend également des eukaryotes, dont des ciliés (45 %), des dinoflagellés (21 %) et des choanoflagellés (10 %)[5].
Les sédiments anoxiques au fond du bassin sont recouverts d'une couche noire d'1 cm d'épaisseur. Les microbes qui y vivent sont à 90 % des Bacillus[1].
En 2010, trois espèces de loricifères ont été découvertes dans les sédiments, les premières formes de vie multicellulaires connues vivant entièrement sans oxygène[6].
Annexes
Liens internes
Références
- (en) Andrea M Sass, Boyd A McKew, Henrik Sass, Jörg Fichte, Kenneth N Timmis et Terry J McGenity, « Diversity of Bacillus-like organisms isolated from deep-sea hypersaline anoxic sediments », Saline Systems, BioMed Central, vol. 4, no 8,‎ (DOI 10.1186/1746-1448-4-8, lire en ligne)
- (en) Nicoetta Fusi, Giovanni Aloisi de Larderel, Ada Borelu, Ottavio Amelio, Davide Castradori, Alessandra Negri, Bianca Rimoldi, Rossella Sanvoisin, Paola Tarbini et Maria B Cita, « Marine geology of the Medriff Corridor, Mediterranean Ridge », The Island Arc, The Geological Society of Japan, vol. 5, no 4,‎ , p. 420-439 (DOI 10.1111/j.1440-1738.1996.tb00163.x, lire en ligne)
- (en) Michail M Yakimov, Violetta La Cono, Renata Denaro, Giuseppe D'Auria, Franco Decembrini, Kenneth N. Timmis, Peter N. Golyshin et Laura Giuliano, « Primary producing prokaryotic communities of brine, interface and seawater above the halocline of deep anoxic lake L'Atalante, Eastern Mediterranean Sea », The ISME Journal, Nature Publishing Group, vol. 1,‎ , p. 743–755 (DOI 10.1038/ismej.2007.83, lire en ligne)
- (en) Giovanni Aloisi, Davide Castradori et Maria Bianca Cita, « Sediment injection in the pit of the Urania Anoxic brine lake (Eastern Mediterranean) », Rendiconti Lincei, Springer Milan, vol. 17, no 3,‎ , p. 243-262 (DOI 10.1007/BF02904765, lire en ligne)
- (en) Eva Alexander, Alexandra Stock, Hans-Werner Breiner, Anke Behnke, John Bunge, Michail M. Yakimov et Thorsten Stoeck, « Microbial eukaryotes in the hypersaline anoxic L'Atalante deep-sea basin », Environmental Microbiology, Society for Applied Microbiology, vol. 11, no 2,‎ , p. 360-381 (DOI 10.1111/j.1462-2920.2008.01777.x, lire en ligne)
- (en) Janet Fang, « Animals thrive without oxygen at sea bottom », NatureNews,‎ (lire en ligne)