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Barrage de Bort-les-Orgues

Le barrage de Bort-les-Orgues est un barrage en béton situé sur la Dordogne, sur les communes de Bort-les-Orgues (Corrèze) et de Lanobre (Cantal), retenant le lac homonyme. Il s'agit d'une des plus grandes retenues françaises pour un barrage en béton.

Barrage de Bort-les-Orgues
Vue du barrage.
GĂ©ographie
Pays
RĂ©gions
DĂ©partements
Communes
Coordonnées
45° 24′ 48″ N, 2° 29′ 51″ E
Cours d'eau
Objectifs et impacts
Vocation
Propriétaire
EDF - Unité de production Centre
Date du début des travaux
Date de mise en service
Barrage
Type
poids-voûte en béton
Hauteur
(lit de rivière)
120 m
Hauteur
(fondation)
135 m
Longueur
390 m
Épaisseur en crête
m
Épaisseur à la base
80 m
RĂ©servoir
Nom
Altitude
542,5 m
Volume
477 millions de mÂł
Superficie
10,7 km²
Longueur
21 km
Centrale(s) hydroélectrique(s)
Nombre de turbines
2
Type de turbines
Puissance installée
235 MW
Production annuelle
310 GWh/an
Localisation sur la carte de France
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Localisation sur la carte du Cantal
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Localisation sur la carte de la Corrèze
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Localisation sur la carte d’Auvergne-Rhône-Alpes
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Localisation sur la carte de Nouvelle-Aquitaine
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GĂ©ographie

Le barrage de Bort-les-Orgues est situé en France, sur les communes de Bort-les-Orgues (Corrèze) et de Lanobre (Cantal), dans le Massif central.

Il retient les eaux de la Dordogne. Exploité par EDF, il est placé sous le contrôle de la DRIRE Limousin.

Histoire

Le projet de barrage rencontre une opposition limitée, mais trouve son sens dans une volonté de la France de refuser la dépendance en charbon au Royaume-Uni et à l’Allemagne. Dès 1939, des experts fonciers démarchent les habitants des trois villages qui seront engloutis (Port-Dieu, Mialet et Valette), prédisant des offres d'achat très intéressantes et l'assurance d'exploiter les terres jusqu'à la mise en eau. Il est également prévu de submerger le château de Val, dont la propriétaire sera expropriée en 1948, mais une révision de la hauteur initialement envisagée permettra au château d'échapper à l'engloutissement.

En 1941, le conseil municipal de Bort-les-Orgues s’est opposĂ© Ă  la construction du barrage et Ă  la fin de la Seconde Guerre mondiale près de 500 communes s’étaient mobilisĂ©es contre la suppression de la ligne de chemin de fer reliant Paris Ă  BĂ©ziers, passant par la vallĂ©e de la Dordogne et s’arrĂŞtant Ă  la gare de Bort.

Les travaux dĂ©butent en juin 1942, avec un chantier de 300 personnes qui Ă©vitent ainsi le STO. Les conditions sont particulièrement difficiles : le chantier sera plusieurs fois emportĂ© par les crues de la Dordogne, et les avaries multiples feront 23 morts au cours du chantier. Au cours des travaux, on dĂ©couvre que les conditions gĂ©ologiques ne correspondent pas aux prĂ©visions et complexifient encore la mise en Ĺ“uvre du barrage. Des travaux supplĂ©mentaires sont nĂ©cessaires, et en particulier la consolidation des fondations. En 1949, le nombre de travailleurs sur le chantier est portĂ© Ă  1 500.

Les vannes du barrage sont fermées le , et la retenue se remplit en quelques semaines. Les travaux sont finalisés en 1952, ils auront duré dix ans.

L'importante quantité d'eau ainsi retenue submerge une partie de la ligne Bourges - Miécaze de la SNCF, plus précisément le tronçon Eygurande - Bort-les-Orgues, ainsi que les villages de Port-Dieu, Mallet et Vallette. Il était prévu que la ligne soit déviée à l'ouest, en utilisant le tronçon Eygurande - Ussel, puis une voie nouvellement construite devait continuer d'assurer la liaison ferroviaire Ussel - Bort-les-Orgues. Cette section a été mise en travaux mais ceux-ci ont été rapidement abandonnés. Bort-les-Orgues a par la suite subi les fermetures de lignes ferroviaires vers Neussargues et Miécaze (près d'Aurillac), qui se dirigeaient vers le sud. La disparition et le non-remplacement de la seule ligne venant du nord est à l'origine de cet abandon ferroviaire, dans une gare qui fut autrefois un centre de correspondances assez important.

En juillet 1957, un joint de la conduite forcée de Granges, qui amène les eaux de la Rhue, se rompt. Cet incident a provoqué une inondation dans certaines rues de la ville, causant une belle frayeur aux habitants.

Le , la vidange décennale est précédée d'une exploration par la capsule du commandant Cousteau.

Description

Le barrage a une hauteur de 120 mètres et possède une retenue longue de 21 km[1] permettant de nombreuses activitĂ©s nautiques. C'est la troisième plus grande retenue française pour un barrage en bĂ©ton (hors DROM-COM).

Il est Ă©quipĂ© d'un Ă©vacuateur de crue, de type « saut Ă  ski » en raison de sa forme, capable d'assurer un dĂ©bit de 1 200 m3/s d'eau. Cet Ă©vacuateur n'a jamais servi en dehors de tests.

Chaque année, 45 à 50 % de l’eau sont livrés par le barrage de Vaussaire dans le Cantal via la Rhue[2].

Usine

Vue du complexe hydroélectrique et d'une partie de la ville depuis le haut du barrage.

L'usine hydroélectrique possède trois turbines de type Francis :

  • deux groupes principaux de puissance maximale 250 MVA pour un dĂ©bit turbinĂ© maximum de 250 m3/s ;
  • un groupe de restitution de puissance maximale 3,5 MVA pour un dĂ©bit turbinĂ© maximum de m3/s.
  • deux groupes auxiliaires de 450 kVA.

La hauteur de chute nominale est de 114,8 mètres[1].

Le barrage de Bort-les-Orgues permet d'alimenter en Ă©lectricitĂ© plus de 128 000 foyers[2].

Hydrologie

Ă€ l'amont du barrage, le bassin versant de la Dordogne s'Ă©tend sur 1 010 km2. Les dĂ©bits augmentent fortement en pĂ©riode de crue[1] :

  • dĂ©bit moyen : 40,07 m3/s ;
  • crue dĂ©cennale : 380 m3/s (estimation) ;
  • crue mesurĂ©e en 1952 : 477 m3/s ;
  • crue centennale : 670 m3/s (estimation) ;
  • crue millĂ©nale : 1 154 m3/s[3] (estimation).

Le barrage attĂ©nue les crues vers l'aval par une Ă©lĂ©vation du niveau d'eau de son bassin de retenue de 25 cm, pour atteindre sa cote de plus hautes eaux (PHE) de 542,75 m NGF. Le barrage possède deux vannes, de 8,25 m par 11,50 m, qui permettent un dĂ©bit Ă  plus hautes eaux de 1 200 m3/s, largement dimensionnĂ© par rapport aux dĂ©bits de crue estimĂ©s. Le dernier essai en conditions rĂ©elles a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© le 26 juin 2012[3].

Analyse des risques et conséquences

L'exploitant du barrage, EDF, a rĂ©alisĂ© une analyse des risques de rupture du barrage dans le cadre extrĂŞme d'une crue dĂ©camillennale (ayant une probabilitĂ© d'une chance sur 10 000 de se produire chaque annĂ©e). Les risques de tremblement de terre et de glissement de terrain dans le bassin de retenue n'ont pas Ă©tĂ© retenus[1].

La hauteur de la lame d'eau résultant de la rupture du barrage, ainsi que le temps (t) d'arrivée ont été évalués en aval[1] - [4] :

Les temps d'arrivée sont à majorer de 24 heures car l'exploitant doit avertir les autorités 24 heures avant le risque de rupture. Au passage de l'onde de crue, les barrages de Marèges, de l'Aigle, du Chastang et du Sablier à Argentat seraient également détruits[4].

Face à ces risques, un Plan Particulier d'Intervention (PPI) a été élaboré en octobre 2007[4].

Tourisme

Depuis sa mise en service en 1952, le barrage de Bort-les-Orgues attire de nombreux visiteurs chaque annĂ©e. Il existe, depuis juillet 2011, un espace de visite (appelĂ© Espace EDF) situĂ© au pied du barrage, Ă  cĂ´tĂ© de l'usine hydroĂ©lectrique. Ouvert toute l'annĂ©e, ce lieu pĂ©dagogique, ludique et interactif accueille les visiteurs qui peuvent dĂ©couvrir les diffĂ©rents moyens de production d'Ă©lectricitĂ© et leur fonctionnement. L'Espace EDF du barrage de Bort-les-Orgues est aussi un lieu de sensibilisation aux Ă©conomies d'Ă©nergie et Ă  la protection de la faune et de la flore. Par an entre 14 000 et 18 000 personnes viennent visiter cet Espace EDF[2].

Environnement

L’installation joue également un rôle important dans la sécurisation de l’écosystème de l’ensemble de la région, en régulant la Dordogne[5]. Les ingénieurs à l’origine de la construction ont notamment anticipé le débit de la crue millénale, en installant un évacuateur de crue. Encore jamais utilisé, il a notamment fait l’objet de travaux de maintenance en 2012 [6].

En 2015, le barrage aurait également joué un rôle déterminant dans la protection de l’environnement en empêchant des « tonnes de sédiments déversées dans la rivière Dordogne après l'ouverture d'une vanne à La Bourboule » de se propager plus en aval[7].

Notes et références

  1. Plaquette de présentation du barrage de Bort-les-Orgues par la DRIRE Limousin
  2. Malik Kebour, « Dans les coulisses du barrage de Bort-les-Orgues (Corrèze), robinet de la Dordogne », La Montagne (journal),‎ (lire en ligne)
  3. Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du Logement du Limousin, « Barrage de Bort-les-Orgues - Essais de l’évacuateur de crues », sur http://www.limousin.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=sommaire, (consulté le )
  4. Un mur d'eau de 19 mètres Ă  Bergerac, Journal Sud Ouest du 2 dĂ©cembre 2009
  5. Office du Tourisme Bort-Artense.
  6. Ministère de l'Environnement.
  7. France 3 Limousin.

Voir aussi

Bibliographie

  • Alexandre Pau, prĂ©face de François Hollande, Bort-les-Orgues, Un Barrage dans l'Histoire, Toulouse, Éditions Privat, , 94 p. (ISBN 978-2-7089-5894-4)
  • Armelle Faure, photographies de AdelaĂŻde Maisonabe, Bort-les-Orgues, les mots sous le lac : rĂ©cits et tĂ©moignages d'avant le barrage, Toulouse, Éditions Privat, , 95 p. (ISBN 978-2-7089-8354-0)

Articles connexes

Liens externes

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