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Bannique

La bannique est une sorte de pain plat, fait avec de la farine sans levain, du saindoux, du sel et de l'eau. C'est une recette originaire d'Amérique du Nord, plus précisément des Autochtones d'Amérique[1] - [2]. Dans différentes versions, elle peut être composée de bulbes de Camassia quamash et de maïs. La bannique, en langue atikamekw, est appelée pakwecikan, qui se traduit par « prendre ses mains » symbolisant le fait d'en prendre un morceau[3]. Les Innus du Québec-Labrador la connaissent également[4] Ce plat est la base de l'alimentation des premiers colons européens de l'Amérique du Nord[5].

Préparation de la bannique atikamekw.
Bannique inuite.

Angleterre, Écosse et Irlande

Le mot « bannique » dérive de l'écossais bannock, lui-même dérivé, selon l'Oxford English Dictionary, du mot latin panicium, ou panis (« pain[6] »). Historiquement, le terme est utilisé d'abord en Irlande, en Écosse et dans le nord de l'Angleterre[6].

Robert Burns parle de la bannique dans son Å“uvre Epistle to James Tennant of Glenconner[7].

Amérique du Nord

Élaboré avec de la farine de maïs, des racines, de la sève et des agents levants, un « pain des voyageurs Â» trouve d'abord sa place dans l'alimentation autochtone d'Amérique du Nord. Des bulbes de Camassia quamash (jacinthe des Indiens), travaillés et réduits en farine, font partie de sa composition et en seraient à l'origine. Selon Nancy Turner, « les peuples indigènes avaient leur propre recette avec une plante sauvage nommée camas dont le bulbe était cuit longuement, puis aplati et haché, afin de constituer des gâteaux et des pains semblables à notre moderne bannique[8] - [9] ».

La farine utilisée peut être aussi, selon les régions, d'orge commune, d'orge d'hiver (escourgeon), d'avoine.

Les Autochtones d'Amérique du Nord ont des mots propres à leurs langues pour nommer celui-ci, comme muqpauraq en inuvialuktun. Les Micmacs l'appelle 'luskinikn', les Ojibwés 'ba`wezhiganag'[9].

Ce pain des voyageurs se rencontre chez les Inuits, les Autochtones d'Alaska, les Premières Nations, les Métis, et les Autochtones des États-Unis. Il est connu comme « pain banique Â» ou « banique Â» au Québec et a sa place aux meilleures tables[10].

Des versions modernes proposent des pains baniques au miel de forêt, avec des baies[11], etc.

Enjeux

La bannique est l'aliment le plus répandu chez les Autochtones canadiens. Elle est présente en région Arctique et subarctique, dans les Plaines, et dans les aires culturelles du Pacifique (côte Ouest du Canada et des Ètats-Unis).

Les recettes modernes de la bannique ont été tributaires des rations que le gouvernement distribuait dans les réserves à la fin du XIXe siècle, quand l'accès à la nourriture autochtone (en)[12] était restreinte à cause de l'arrivée des colons. Ces rations comprenaient les aliments de base du régime des Canadiens d'origine européenne à cette époque : farine (de blé, d'orge, etc.), sucre, lard, beurre ; tous hautement caloriques et à faible teneur en éléments nutritifs ; denrées alimentaires stables produites en grandes quantités et transportées sur de longues distances (avec les conservateurs et les additifs alimentaires et le sel).

Ces nouveaux ingrédients ont aidé les peuples indigènes à dépasser la perte de leur accès à la nourriture autochtone, et ils sont, de nos jours, vus par quelques-uns comme partie intégrante de l'identité indigène, et même comme « nourriture de l'âme indienne Â». Tandis que d'autres les considèrent comme une imposture, une réminiscence de l'impact négatif du colonialisme[13].

Autres

La bannique est présente dans les films Powwow Highway et Phoenix Arizona.

La bannique est aussi évoquée dans le livre Les Étoiles s'éteignent à l'aube de Richard Wagamese (Éditions Zoé avril 2016 (ISBN 978-2889273300)

Notes et références

Notes

Références

  1. Stéphan Gervais, Martin Papillon et Alain Beaulieu, Les Autochtones et le Québec. Des premiers contact au Plan Nord, Presses de l'Université de Montréal, (lire en ligne).
  2. Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et Labrador, « Non, les Autochtones ne sont pas des Amérindiens », sur quebec.huffingtonpost.ca, (consulté le ).
  3. « La recette de pain bannique de Méline », sur latabledemeline.canalblog.com (consulté le )
  4. Le monde en images / bannique traditionnelle : femme innue préparant une bannique
  5. John Robert Colombo, « Bannique », sur thecanadianencyclopedia.ca, L'Encyclopédie canadienne (consulté le ).
  6. (en) John Simpson et Edward Weiner (éditeurs), Oxford English Dictionary, Second Edition, Clarendon Press, (lire en ligne).
  7. (en)Robert Burns, « Epistle To James Tennant Of Glenconner », sur robertburns.org, The Complete Works of Robert Burns, Robert Burns Country (consulté le ).
  8. Seul le bulbe est comestible, les autres parties de la Camassia quamash sont toxiques. Il existe différentes variétés de Camassia dont certaines sont toxiques : il convient de ne pas prendre de risque à recréer une « farine ancestrale Â».
  9. « Bannock, a brief history », sur cbc.ca (consulté le ).
  10. « La cuisine amérindienne, entre influences d’hier et saveurs d’aujourd’hui »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur radio-canada.ca. Explore l'histoire de la cuisine des Premières Nations. Trois épisodes font découvrir le pain banique, la queue de castor et le vin amérindien.
  11. Attention, toutes les baies ne sont pas comestibles.
  12. Pour avoir un aperçu de la Nourriture autochtone de nos jours au Canada : « Des restauratrices autochtones porteuses de traditions face à la pandémie » Radio-Canada
  13. Zoé Heaps Tennant, « Does Bannock Have a Place in Indigenous Cuisine? », sur thewalrus.ca, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • J. E. Konlande et John R. Robson, « The nutritive value of cooked camas as consumed by Flathead Indians », Ecology of Food and Nutrition, no 2,‎ , p. 193-195.

Articles connexes

Liens externes

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